Playlist #43 – Octobre 2022

Retrouvez notre playlist #43 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

 

Avec :

  • Gazzel (France, Lyon)
  • Chilla (France, Gex/Paris)
  • Le Juiice (France, Boissy-Saint-Léger)
  • KT Gorique (Suisse)
  • Calamine (Canada, Québec)
  • Sara ATH (Grèce)
  • Alice Dee (Allemagne)
  • Kerosin95 (Autriche)
  • Die P (Allemagne)
  • Rua (Maroc/Égypte/Allemagne)
  • Huda (Maroc/Espagne)
  • Anier (Espagne)
  • Santa Salut (Espagne)
  • Ajuliacosta (Brésil)
  • Oshun (États-Unis, Washington D.C.)
  • Nappy Nina (États-Unis, Oakland)
  • Cakes Da Killa (États-Unis, New York/Allemagne)
  • Coi Leray (États-Unis, New Jersey)
  • Connie Diiamond (États-Unis, New York)
  • Talia Goddess (États-Unis, New York)
  • Young Devyn (États-Unis, New York)

VIDÉO – 8 rappeuses du Grand Est à suivre

Célèbre pour ses maisons à colombage, son Champagne, sa choucroute et ses bretzels, l’Est de la France l’est moins pour son rap ! À tort. De l’Alsace à La Champagne-Ardenne en passant par la Lorraine, notre East Coast nationale abonde de talents souvent méconnus. La preuve avec cette sélection de 8 rappeuses originaires du Grand Est.

 

Ana (Nancy)

Rappeuse basée à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et originaire de Clamart (Hauts-de-Seine), Ana s’essaye pour la première fois au freestyle à l’été 2020 à partir des notes écrites dans son téléphone. Quelques mois plus tard, elle participe au concours Trace Talent Marseille Saison 1 en tant qu’artiste-autrice et y rencontre Mystik, ancien rappeur à succès aujourd’hui « poétiseur », qui la convainc de se lancer sérieusement dans le rap.

Férue d’écriture, Anaïs Leroi, de son vrai nom, a déjà signé un premier livre. « J’écris avant tout. Des textes crus mais réfléchis. Ce qui me touche chez un artiste, c’est la profondeur, alors j’essaie d’en faire autant. J’écris sur la vie, et mon univers évolue avec elle, guidée par mes émotions. » Actuellement étudiante en licence de psychologie, la jeune MC travaille à la préparation d’un album.

Audace (Thionville)

Orginaire de Thionville (Moselle), Audace vit actuellement à Lille où elle étudie le journalisme. Comme son nom l’indique, l’artiste se définit comme une personne « très audacieuse, (qui) ne manque pas de culot, de courage et ne laisse aucun obstacle (l’) arrêter dans (sa) course à la réussite. »

Anaïs, à la ville, rappe depuis l’âge de 14 ans et écrit depuis ses 11 ans. « En primaire, j’écrivais sur des bouts de papiers, des tickets de bus, des enveloppes à la poste. J’écrivais mon histoire. J’avais beaucoup de choses à raconter, un lourd vécu et il fallait que ça sorte. »

Sa musique très éclectique s’inspire du théâtre et de ses références cinématographiques. Bien qu’elle priorise ses études, son ambition principale serait de devenir une artiste à temps complet, si ses finances le lui permettent !

F-Two (Nancy)

Rappeuse et médecin légiste (oui oui), F-Two est originaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle) où elle réside actuellement.

C’est en Roumanie, où elle a étudié pendant sept ans, qu’elle fait son premier showcase de rap en tant que F2theWI (tiré de son nom de famille Fekraoui). « À l’époque, je faisais du Rap US, donc l’idée c’était « From the F to the oui » = f2thewi. Finalement, j’ai remarqué que c’était trop compliqué à prononcer ou à mémoriser, et ma communauté me surnommait F2, donc c’est devenu F-Two. Le 2 représente aussi la dualité qui reflète autant ma personnalité, mon parcours de vie et ma musique. »

F-Two commence à rapper il y a environ trois ans, après une soirée où elle fait une cover de Nicki Minaj « pour rigoler. » Elle se lance alors dans l’écriture de ses propres textes en anglais puis découvre des concours de rap français sur les réseaux. « J’ai posté, ça a plu et j’ai trouvé plus de liberté d’expression en français, donc j’ai continué. »

Influencée par le rap US, mais aussi par la pop et le classique, l’artiste propose un univers éclectique, entre l’ego trip et l’introspectif, à l’image de son personnage aux multiples facettes qui s’exprime à travers son alter-ego « La 99ème ».

Elle prépare actuellement la sortie de trois clips et de son premier EP, prévu pour courant 2023.

Héro Écho (Troyes)

Rappeuse agenre née à Troyes dans l’Aube, Héro Écho grandit à Poitiers, où elle vit toujours aujourd’hui.

L’artiste découvre le rap sur le tard, vers l’âge de 28 ans, et commence alors à écouter les classiques du rap français (NTM, IAM, Casey, Rocé ou Lunatic) et s’imprègne de toute la culture hip hop.

Mue par sa passion pour les mots, elle s’essaye à poser sur des instrumentales et se prend au jeu. En décembre 2020, elle sort le clip « Amazones », hymne anti-patriarcal avec zéro homme cisgenre à l’image, qui lui vaut un raid de la fachosphère et de masculinistes sur les réseaux sociaux.

Fatiguée d’être présentée sous l’étiquette réductrice de « rappeuse engagée », en dépit de ses convictions, l’artiste continue d’ écrire sur les thématiques qui lui sont chères : la révolution, le féminisme, l’amour, les difficultés sociales et la santé mentale.

JeanneTo (Metz)

Née et basée à Metz (Moselle), JeanneTo a commencé à faire de la musique quand elle habitait en Irlande. « Je travaillais dans un bar et on m’appelait Jeanne (prononcé « gin ») & « tonic ». C’est devenu mon blaze sur Insta et j’ai gardé ce nom. »

À l’époque, l’artiste se lance sans projet précis, mais au bout d’à peine un an, son univers prend forme et rencontre son public. Avec une approche maximaliste de la pop, sa musique hyperpop teintée de sons ultravitaminés rap, électro, gabber et dance des années 2000, donne assurément envie de faire la fête.

Après le single « Citron gingembre » révélé mi-octobre, l’artiste s’apprête à sortir plusieurs EPs et espère faire beaucoup de scènes. « J’ai envie de faire un max de concerts parce que ma musique se vit vraiment en live et c’est ce que je préfère. »

Lora Yeniche (Yutz)

Installée à Yutz (Moselle) près de Metz, Lora Yeniche découvre la musique par le chant avant de se lancer dans le rap en 2015. « Un jour, j’ai rappé devant ma sœur pour rigoler. On était dans le salon, on mettait des instrus et je l’ai gentiment clashée sur son physique, et j’ai vu qu’elle kiffait ! Elle m’a dit : « Mais ça déchire, tu sais rapper ! » Je suis montée dans ma chambre, j’ai écrit un texte, et c’est là que j’ai vraiment commencé le rap. »

Autant inspirée par Edith Piaf que par Diam’s, Ministère AMER, la FF, IAM, ou la Scred Connexion, l’artiste s’inscrit dans la tradition du rap dit « conscient » et célèbre ses origines Yeniche et la richesse de cette culture encore méconnue et discriminée.

En 2021, elle lance sur les réseaux une série de freestyles intitulée #Gtonclassique, où elle reprend des incontournables du rap français, accompagnée de leurs auteurs.

On attend la sortie imminente de son premier EP Nés comme ça, réalisé avec Calbo du célèbre groupe Ärsenik.

Neïssy (Nancy)

Born and raised in Nancy (Meurthe-et-Moselle), Neïssy (Inès à l’envers) rappe depuis toute petite, mais décide de se lancer sérieusement dans la musique des années plus tard sous l’impulsion de son entourage.

Capable de rapper et chanter sur des prods dansantes ou plus mélodieuses, l’artiste fonctionne au feeling et propose une musique polyvalente qui s’inspire de son quotidien.

Après le titre « Pocahontas » sorti début octobre, la rappeuse envisage « d’envoyer single par single, en espérant agrandir ma visibilité et que le plus de monde possible puisse découvrir ma musique. »

Rachll (Strasbourg)

Après avoir grandi en région parisienne, Rachll vit aujourd’hui entre Strasbourg (Bas-Rhin) et Paris.

C’est en regardant la série britannique Sherlock qu’elle trouve l’idée de son nom de scène. « Dans un épisode, une victime écrit « Rache » avec ses ongles sur le parquet avant de mourir. Sherlock se demande alors quel message elle a voulu laisser après sa mort. Est-ce qu’elle a voulu écrire « vengeance » (c’est ce que « Rache » signifie en allemand), ou est-ce qu’elle n’a pas eu le temps d’écrire le nom « Rachel » ? Je cherchais un blaze à l’époque, ça m’a marqué. »

Chanteuse et rappeuse, elle utilise ces deux outils en fonction de ses envies. « Ce ne sont pas les mêmes parties de moi qui s’expriment quand je rappe ou quand je chante, c’est ce qui m’a poussé à faire se rencontrer les deux. Le chant ne suffit pas pour créer ce que je veux et inversement.« 

Sa musique évolutive, généreuse, chaleureuse et sombre s’inspire de son ancien projet de dark pop expérimental (dont le vinyle Skod, sorti en 2020, est un bon exemple) et du hip hop qu’elle écoute au quotidien. Son but : proposer un univers artistique intense, proche de son énergie, faire danser et bouger les gens, mais aussi les aider à ralentir le rythme afin d’apprécier la solitude.

Un nouveau clip réalisé par @david_and_data est prévu pour le 2 novembre.

À lire aussi : 9 rappeuses bretonnes à découvrir, 10 rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ toulousain·nes à suivre et 10 rappeuses lilloises et roubaisiennes à écouter au plus vite.

VIDÉO – 6 titres à écouter cette semaine #8

Découvrez notre sélection de 6 titres à écouter cette semaine !

 

Avec :

 

VIDÉO – 10 rappeuses iraniennes à écouter de toute urgence

Découvrez notre sélection de 10 rappeuses iraniennes à écouter de toute urgence !

En Iran, un mois après le début du mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini et réprimé dans le sang, la population continue de manifester pour dénoncer les violences des autorités envers les femmes.

Dans ce pays où les femmes qui chantent seules en public risquent la prison, de nombreuses rappeuses (en exil pour une partie d’entre elles) font néanmoins entendre leur voix et participent au dynamisme de la scène hip hop.

Voici donc 10 artistes à écouter de toute urgence, sélectionnées parmi les 19 MCs iraniennes répertoriées sur Madame Rap.

 

Avec :

  • Salome MC
  • DIA
  • Vatani
  • Justina
  • Alexie Ivanovich
  • Tarin
  • Roody
  • Elham
  • Malake
  • 021G

Carmeline : « Assumer mes cheveux bouclés et mes origines, c’est important pour la représentation »

Née en Autriche d’une mère française et d’un père palestinien, Carmeline rappe et chante en français, en arabe et en anglais. L’artiste nous parle de sa musique « aux sonorités urbaines et orientales », de l’importance d’assumer ses origines dans le milieu du rap et de la production et de son féminisme.

Tu es née à Vienne d’une mère française et d’un père palestinien. Pour quelles raisons et à quel âge es-tu venue en France ?

À 17 ans, j’ai quitté l’Autriche pour m’installer à New York car j’avais obtenu une bourse pour faire de la comédie musicale. Finalement, ça m’a ouvert les yeux sur le show business et je n’arrivais pas à y voir ma place.

Après cette expérience, j’ai décidé de venir en France (à Montpellier) pour faire des études de droit car j’avais pour but de me spécialiser en droit de la musique et travailler à l’avenir dans l’industrie musicale (c’était pour moi un moyen d’être proche de la musique si je n’arrivais pas à gagner ma vie en tant qu’artiste).

C’est exactement pour ces raisons que j’ai débarqué par la suite à Paris : pour faire un Master en Management de la production musicale. J’ai appris énormément sur l’industrie ce qui m’a beaucoup aidé pour lancer mon projet.

Pourquoi avoir choisi le nom Carmeline ?

C’est mon prénom ! Mes parents ont décidé de m’appeler Carmeline en hommage à mes arrières grands parents et grands-parents qui habitaient proche du Mont Carmel à Haïfa, Palestine. Ma famille, du côté de mon père, était des réfugiés palestiniens qui ont dû tout quitter du jour au lendemain.

Petite, je n’aimais pas mon prénom car il était très difficile à épeler et à prononcer en Autriche. En grandissant, j’ai compris qu’il racontait l’histoire de ma famille mais aussi celle de tout un peuple et aujourd’hui je suis vraiment fière de le porter.

Comment as-tu découvert la culture hip hop pour la première fois ?

Je me souviens que je passais des heures devant MTV à regarder les clips de P Diddy, Missy Elliott, Eminem et d’être complètement fascinée par cette culture. Mon père aussi écoutait beaucoup de hip hop dans sa voiture et me faisait découvrir pleins d’artistes (pas que hip hop d’ailleurs).

Tu es chanteuse, rappeuse, autrice et productrice. As-tu reçu une éducation musicale quand tu étais plus jeune ?

J’ai commencé en autodidacte avec le piano, j’ai remarqué assez tôt que j’avais une oreille musicale car j’arrivais à reproduire des mélodies que j’entendais à la radio ou à la télé, directement au piano.

J’ai pu finalement prendre des cours pendant plusieurs années, j’ai découvert la musique classique qui m’a bouleversée, et j’ai appris le solfège mais j’ai toujours eu du mal à me fier à des partitions car j’aimais jouer librement sans diction.

À la maison, j’écoutais beaucoup de musique classique (Vienne est aussi l’épicentre du classique avec Mozart, Schubert…), les cassettes de Fairuz, Nancy Ajram que ramerait mon père et les chansons françaises qu’écoutait ma mère. Toutes ces influences ont forgé la musique que je compose aujourd’hui.

Tu rappes et chantes en français et arabe. Comment choisis-tu la langue dans laquelle tu écris ? Est-ce qu’elle s’impose à toi ?

Au départ, je pensais devoir m’adapter à un marché et ne rapper/chanter qu’en français. Finalement, je me suis dit que le marché devrait s’adapter à moi, car j’ai toujours dû jongler entre les différentes langues dans ma vie car je parle le français avec ma mère, arabe avec mon père, mes parents parlent anglais entre eux et j’ai grandi avec l’allemand.

Finalement, je ne me suis donc mis aucune limite et j’ai mélangé le français, l’arabe et même l’anglais de manière instinctive. Peut-être qu’un jour, il y aura même de l’allemand, je ne ferme pas les portes.

Comment composes-tu un morceau en général ? Est-ce que tu pars du beat, du texte, les deux ?

Je compose d’abord la prod avec mon acolyte Alex Grox dans son studio. Je repars avec quelques productions et ensuite c’est un taf très solitaire : c’est moi, mon micro, et la prod. Je tente plein de choses, plusieurs voix, plusieurs toplines et j’écris le texte.

Une fois que je suis satisfaite de ma maquette, je reviens en studio et j’enregistre tout de manière assez efficace étant donné que je sais exactement à quoi doit ressembler le titre. Toutes les expériences se passent donc plutôt chez moi que dans le studio d’enregistrement.

De quel titre es-tu la plus fière à ce jour et pour quelles raisons ?

Je suis vraiment fière de « Ali-en », je pense que c’est le titre qui m’a permis de m’affirmer dans mon identité musicale. Le titre parle du fait d’avoir grandi en Autriche en tant que franco-palestinienne, et de se sentir alien dans son propre pays. J’ai reçu pleins de messages par la suite de personnes qui se reconnaissaient dans les paroles et pour moi, c’est vraiment une fierté.

Te définis-tu comme féministe ? Comment définirais-tu ton propre féminisme ?

Bien sûr ! Mon féminisme, c’est d’occuper les places habituellement occupées par des hommes. Être là où l’on ne nous attend pas, être présentes et ouvrir des portes pour les générations qui vont suivre.

Je suis accompagnée par le collectif Kourtrajmeuf qui est un collectif de réalisatrices et photographes. Qu’elles soient présentes dans le milieu de la réalisation qui est un milieu encore principalement masculin, je trouve ça très puissant et inspirant.

Me concernant, d’être dans le milieu de la production, de faire du rap, d’assumer mes cheveux bouclés et mes origines, je pense aussi que ce soit important pour la représentation.

Est-ce que la musique est ton métier aujourd’hui ? Est-ce un objectif à terme ?

Pendant plusieurs années j’étais obligée de travailler à côté, courir en studio après le taf et rentrer tard le soir. Tout mon argent allait dans la production musicale : le studio, le mix, le mastering, ça coûte très cher ! Aujourd’hui je commence à pouvoir en vivre et j’en suis extrêmement reconnaissante. Tous les jours je me réveille et je remercie le ciel de pouvoir faire ce que j’aime.

Que peut-on te souhaiter ?

Beaucoup de force pour continuer. : )

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

Je trouve ça lourd ! On a besoin de représentation. : )

Retrouvez Carmeline sur Instagram, TikTok, Twitter, Facebook et YouTube.

© Charlotte Abramow