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Yacko : « Pour arriver à l’égalité, les hommes et les femmes doivent agir ensemble »

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Star du rap en Indonésie, Yacko est aussi professeure à l’université où elle enseigne le commerce. La MC nous parle de ses deux activités, de la scène hip hop au féminin à Jakarta et des stéréotypes de genre.

Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?

J’ai découvert le hip hop en 1992, à, l’âge de 13 ans. A l’époque, en Indonésie, on pouvait seulement entendre du rap à la radio ou à la télé. La télévision ne diffusait pas beaucoup de musiques étrangères, alors je me suis rabattue sur la radio. Il y avait une station de radio qui passait du rap comme Run DMC, Public Enemy, Beastie Boys, Kid Rock, Cypress Hill, Afrika Bambaataa et plein d’autres. J’adorais cette musique parce qu’elle me faisait bouger la tête et il y avait une telle énergie dans chaque morceau que ça me donnait envie de comprendre les paroles. C’est là que j’ai commencé à creuser et à explorer davantage le rap et la culture hip hop.

Tu es rappeuse et maîtresse de conférences à l’université. Comment allies-tu ces deux activités et comment s’influencent-elles l’une et l’autre ?

Les gens pensent que ce sont deux mondes très différents et pourtant, les deux me passionnent car ils sont liés. Il m’arrive de rapper sur un son pendant mes cours. Ça crée un environnement ludique pour mes étudiants, mais en même temps je suis assez stricte en termes de discipline. Ma méthode d’enseignement est la suivante : apprendre est partager. Je partage ce que j’ai expérimenté dans le hip hop jusque-là et j’apprends de mes étudiants en écoutant ce qu’ils disent de notre monde actuel. De cette manière, je connais les problèmes qui touchent les jeunes et essaie d’en faire des textes. Avec ces deux activités, je veux aussi leur montrer qu’ils peuvent faire plusieurs choses qu’ils aiment en même temps tant qu’ils y sont dévoués.

Ton single « Thang » encourage les femmes à faire ce qu’elles veulent. Qu’est ce qui t’a incité à écrire ce titre ? 

En Indonésie, il existe encore le stéréotype qui consiste à penser que les femmes n’ont pas la liberté de faire ce qu’elles aiment. Surtout après le mariage, où leur travail se résume à s’occuper des enfants et elles doivent renoncer à leurs rêves. Elles ne sont pas soutenues par leur famille et par la société. Par ailleurs, je suis divorcée et les gens dénigrent souvent ce statut pour une femme. Par exemple, à chaque fois que je rentre tard chez moi après un concert, les gens pensent que j’ai fait quelque chose d’horrible et m’étiquettent « mauvaise fille ». Donc ce titre exprime le droit des femmes à faire ce qu’elles veulent sans avoir peur d’être jugées et cataloguées et de se battre pour l’égalité des sexes.

Tu es une MC renommée en Indonésie. Y en a-t’il d’autres ? A quoi ressemble la scène hip hop au féminin à Djakarta ?

Le hip hop en Indonésie (comme dans d’autres pays) est toujours largement dominé par les hommes. A Jakarta, disons que sur 50 rappeurs, seules 5 sont des femmes. Et dans le pays, il y a moins de 20 rappeuses encore actives aujourd’hui. On peut retrouver la plupart d’entre elles sur YouTube ou Soundcloud. Très peu ont sorti des albums.

Quelles sont tes rôles modèles féminins ? Pourquoi ?

J’adore Missy Elliott. J’adore son énergie. Elle est humble, a une forte personnalité et reste authentique. J’adore aussi Lauryn Hill pour ses textes et les mêmes raisons que j’aime Missy.

Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?

Je crois que je le suis. Je ne veux pas dominer les hommes, mais je me bats pour l’égalité hommes/femmes en Indonésie. Je m’exprime contre la discrimination envers les femmes et c’est souvent difficile parce que le patriarcat joue encore un rôle central dans la culture indonésienne. Donc pour arriver à l’égalité, les hommes et les femmes doivent agir ensemble.

Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Du hip hop local comme Laze et son crew Onar, Raben, Niska, UBC et plein d’autres, mais aussi Danny Brown, Shy FX, A Tribe Called Quest, Childish Gambino, Missy Elliott, Silverchair, Wiley et M.I.A.

Quels sont tes projets à venir ?

Sortir un single et faire plus de collaborations. Et j’espère, lancer une compilation de rappeuses indonésiennes.

Que penses-tu de Madame Rap ? Qu’est ce qui devrait être changé ou amélioré ?

C’est vraiment inspirant de voir l’Instagram de Madame Rap parce que vous l’actualisez régulièrement. Continuez comme ça ! Jute une suggestion : peut-être d’intégrer votre chaîne sur Instagram. Si possible aussi, avoir une version anglaise de votre site.

Retrouvez Yacko sur Facebook, son blog, TwitterSoundcloud et Instagram.

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