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Touche Pas Ma Go : un projet rap contre les violences conjugales

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Touche Pas Ma Go. À travers ce projet au titre évocateur, porté par la ville de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), une rappeuse et un rappeur locaux, des jeunes souhaitent sensibiliser aux questions de l’égalité femmes-hommes et des violences conjugales.

Lutter contre les violences intrafamiliales, le harcèlement et le droit à la différence, tels sont les objectifs de Touche Pas Ma Go (TPMG). Supervisé par le CCAS (Centre communal d’action sociale) de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais, le projet a été initié en octobre 2020.

« La directrice de la bibliothèque municipale connaissait une jeune fille qui écrivait et rappait, Lolo, (Lauraleen Fijalkowski de son vrai nom, ndlr), et moi j’ai pris contact avec Teïva, un jeune de la Cité 8 », explique le directeur du centre Oliver Hober. « La rencontre a été géniale, empreinte de compréhension et de bienveillance. »

À l’occasion du 8 mars 2021 (Journée internationale de lutte pour les droits des femmes), une préfiguration du projet, financé par l’État dans le cadre de la politique de la ville, est présentée au préfet du Pas-de-Calais. Rapidement, Lolo, Teïva et 12 jeunes de 10 à 25 ans enregistrent un EP de 7 titres en studio à La Condition publique de Roubaix (Nord). S’ensuit la sortie du clip « violence conjugale » en avril 2022.

« L’écriture s’est déroulée en plusieurs séances », raconte Lolo. « Nous avons d’abord recueilli les idées des filles et des garçons séparément, puis nous avons fait une séance tous ensemble pour débattre et échanger. Ensuite, j’ai commencé à écrire avec leurs idées. Je leur ai présenté mes textes et ils ont pu ajouter leur touche. Je pense notamment à Angéline, une jeune fille qui a composé un couplet sur la chanson. »

 

« Notre but était de parler au nom de ces femmes/hommes qui n’ont pas accès à la parole. »

Pour Angéline Moreaux, élève de première, passionnée de lecture et de musique, participer à un projet autour du rap ne semblait pourtant pas évident : « j’ai découvert le rap vers l’âge de 12 ans, avec une chanson de Jul, mais je n’ai pas vraiment apprécié, ce n’était pas mon style de musique. À partir de ce jour, j’ai donc refusé d’écouter du rap français et j’ai mis tous les rappeurs dans une case. Chose que je n’aurais pas dû faire !! Aujourd’hui, j’écoute du rap de temps en temps, surtout du rap engagé. »

Si TPMG a en partie réconcilié la lycéenne de 17 ans avec cette musique, il lui a aussi permis d’aborder la question des violences conjugales. « Mes deux grands frères (qui font eux aussi parti du projet) et moi y avons été confrontés dès petits. Pour nous, ce thème était une évidence et nous voulions montrer que, malgré notre jeune âge, nous étions intéressés par ce sujet. Notre but principal était de parler au nom de toutes ces femmes/hommes qui n’ont pas accès à la parole, ou du moins, moins que nous. »

Pour Oliver Hober, « l’idée de travailler avec des jeunes sur la thématique des violences intrafamiliales et de l’égalité femmes/hommes par le vecteur rap semblait évidente ». Néanmoins, il ne s’’attendait pas à ce que les participant·es se sentent autant concerné·es par ces problématiques.

« Chaque année plus d’une centaine de femmes sont tuées par leur (ex) mari (…). Il faut que cela cesse. »

« Chaque année plus d’une centaine de femmes sont tuées par leur (ex) mari », rappelle Lolo. « En 2021, 113 femmes se sont éteintes à la suite des violences qu’elles avaient subies (source : #NousToutes, ndlr). Certes, des hommes meurent aussi à cause des violences conjugales, mais moins que les femmes. C’est un sujet important à aborder. Il faut faire passer le message, il faut que cela cesse. »

Quand Lolo découvre le rap en 2011, alors que l’un de ses grands frères lui fait écouter le titre « RaelSan » d’Orelsan, elle ressent une connexion immédiate avec cette musique. « J’ai tout de suite compris que c’était par ce biais que je pouvais extérioriser mes émotions. Depuis ce jour, je suis une grande amatrice de rap français. »

Aujourd’hui âgée de 24 ans, l’artiste voit avant tout l’écriture comme un moyen de « raconter sa souffrance » : « je suis diagnostiquée en dépression et j’ai le trouble de la personnalité d’état limite borderline. Je passe mon temps entre mon travail à la médiathèque de Vendin-le-Vieil et l’hôpital de jour, une clinique psychiatrique qui accueille des jeunes pour leur proposer des activités et des soins. »

Si Lolo partage ponctuellement sa musique en ligne, Olivier Hober espère également pouvoir sortir le projet TPMG sur les différentes plateformes d’écoute. Le but : « postuler auprès d’établissements scolaires pour proposer un concert suivi d’un débat animé par une association de femmes victimes de violences intrafamiliales. »

Retrouvez Touche Pas Ma Go sur YouTube.

  1. un grand MERCI à Madame Ferrand, à Monsieur Hober, sans qui le projet n’aurait jamais vu le jour…et à Madame Rap, pour cet article o combien pertinent … Merci à tous ceux qui croient en Lolo, notre fille en mal de vivre dans cette société qui ne laisse pas la place qu’il faut à la différence…notre fille est différente, certes, est ce la psychiatrie qui va la sortir de son mal être? nous ne le pensons pas! les personnes précitées l’en sortent petit à petit….continuez, Mesdames Messieurs, nous croyons en vous! Merci….

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