Lansky Namek : « Je tente de faire la critique de la société et de me remettre en question »

D’origine russe, marocaine et polonaise, Lansky Namek a fait ses armes au Cours Julien et à la Plaine à Marseille. La rappeuse nous a parlé de son nouveau clip Arkham, de son parcours dans le rap et de son incompréhension vis-à-vis du monde qui nous entoure.

D’où vient ton nom « Lansky Namek » ?

Lansky vient de Meyer Lansky, une personnalité qui m’a impressionnée étant enfant. Les gens vouent une adoration pour les gangsters, pour moi, c’est un peu ce qui s’est passé. Namek, parce qu’on pourrait dire que j’ai du mal à m’ancrer dans notre monde, je suis une grande enfant venant d’une autre planète. Namek fait référence à la planète dans le manga Dragon Ball Z.

« Je suis une artiste qui ne se classe dans aucune case. »

Comme définirais-tu ta musique ?

Je suis une artiste qui ne se classe dans aucune case. Un jour, je fais du rap et compose des instrus, le lendemain, je fais du graffiti et la semaine d’après, je tape dans le ballon ou dans un punching-ball. Je peux aussi bien chanter de la soul, du punk bien énervé que du boom bap ou de la trap.

Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?

On n’écoutait pas vraiment de rap chez moi, ça tournait à coup de bon vieux rock, de variété parfois même de classique ou de jazz. Ce sont mes cousins et ma curiosité qui ont fait que je me suis passionnée de hip hop.

Quand et comment as-tu commencé à rapper ?

J’ai dû commencer à écrire autour du CM1 pour affronter une petite dyslexie. Je me souviens d’un texte voix/darbuka qui était à pleurer de rire en prenant du recul.

J’ai osé me lancer il y a 4 ans et ça m’a pris deux ans pour fouler la scène.

« J’ai ces démons qui me torturent. »

Tu viens de sortir ton premier clip Arkham. Pourquoi ce titre ? L’asile d’Arkham est un  hôpital psychiatrique fictif servant de prison qui apparaît dans les comics Batman. Le personnage de Batman représente-il l’une de tes influences ?

Mon clip s’appelle Arkham en raison de la folie qui me caractérise ! On ne peut pas dire que je sois quelqu’un qui rentre dans la norme. J’ai ce franc-parler typiquement marseillais et un caractère bien trempé. Cela peut parfois mettre mal à l’aise, mais je suis comme ça. Pour moi, Arkham représente l’incompréhension que j’ai pu ressentir vis-à-vis du monde qui nous entoure, la cruauté gratuite, l’avarice et le fait qu’on ne pense plus aux choses réellement importantes, le fait qu’on veuille me mettre en quarantaine loin de la population lambda au vue de mes idéaux politiques, du fait que je ne veuille pas rentrer dans le moule et rester moi-même.

J’ai ces démons qui me torturent, l’État en bourreau, beaucoup de métaphores se retrouvent dans mon clip. L’univers des comics m’a toujours accompagné, Batman n’est pas ma seule référence. D’ailleurs, une petite anecdote : à l’école, j’étais persuadée que mon vrai père était Batman !

Comment écris-tu tes morceaux ? As-tu des rituels particuliers et/ou des thèmes de prédilection ?

J’écris souvent dans les transports en commun, ça m’inspire. Le fait de voir la réalité, les gens, leur humeurs parfois même leur état, voir un cadre assis à côté d’un ouvrier, une personne qui rentre de soirée quand une autre se lève pour aller au travail, toutes ces différences qui peuvent nous séparer ou nous rapprocher…

Cela me conforte dans mes idéaux et convictions. Je me vois comme une artiste qui décrit le monde qui l’entoure. Je tente de faire la critique de la société actuelle, de me remettre en question aussi. Il m’arrive de me réveiller en pleine nuit pour écrire une phase qui me passe par la tête. En fait j’arrête toute activité quand se pointe l’inspi.

Quelle place les rappeuses occupent-elles sur la scène hip hop marseillaise ?

Les rappeuses se font rares malheureusement. Je pense que la scène marseillaise est en train de prendre un tournant. Le rap est devenu facile d’accès, les petites salles sont mises à l’écart… Difficile de se faire une place, vous me direz. Je me considère comme quelqu’un qui veut changer la donne, motiver les plus jeunes et celles qui n’osent pas se lancer. J’ai de la chance de vivre dans une grande ville et d’être entourée d’autres rappeuses.

Quel·le·s sont les artistes qui t’inspirent ?

C’est compliqué de répondre à cette question. Je m’inspire de beaucoup d’artistes, qu’iels soient du milieu hip hop ou non, comme par exemple Brassens, Ella Fitzgerald , Jannis Joplin… Niveau hip hop ce serait plus Sinik, Furax, KDD, Funkdoobiest, le label Hight Focus et ses artistes, Kekra, Capo plaza, Alpha 520, Casey, Princess Nokia, Doja Cat, Gavlyn, Lady Leshurr et tellement d’autres…

Généralement ce qui m’inspire, ce sont leurs paroles ou leurs flows pour certains.

« Ça me soule qu’on veuille faire la différence entre ce qu’on a dans le froc. »

Te définis-tu comme féministe ?

Je ne me considère pas comme féministe mais humaniste. Ça me soule qu’on veuille faire la différence entre ce qu’on a dans le froc. On se lève tous le matin et on se couche tous le soir, quoique ça dépend du mode de vie !

J’ai l’impression que notre société est constamment en train de créer de la conflictualité. Le combat féministe est tout à fait légitime dans la mesure où il vise une égalité des droits entre les hommes, les femmes et les non-binaires. Je déplore malgré tout que ce soit souvent les femmes qui soient victimes de violences, de discriminations, de harcèlement et d’injustices. J’ai envie de conserver et de faire progresser les droits des femmes.

Féministe pour moi, c’est s’ancrer dans l’humanisme et ne pas faire de différences.

Quels sont tes projets à venir ?

Je travaille énormément ma musique. J’ai écrit et composé beaucoup de morceaux qui sortiront dans les prochains mois, mais je vous laisse la surprise !

En parallèle, j’organise des concerts, notamment le 24 janvier avec le KINT FLOSH CREW au Makeda (103 rue Ferrari 13005 Marseille) où ne joueront que des rappeuses. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant, mais j’ai hâte de vous présenter mes projets. 

Que penses-tu de Madame Rap ?  Des choses à changer/améliorer ? 

Heureusement que des sites comme ça existent et donnent de la confiance aux femmes du milieu hip hop, boostent des carrières ou donnent tout simplement de la visibilité et proposent à l’auditeur des artistes variés, sans peur de jugement. Ce serait génial de créer une appli Madame Rap !

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Ekloz : « Si on commence à s’imposer des règles, c’est compliqué de créer »

Originaire de Sète et basée à Montpellier, la rappeuse Ekloz s’est fait remarquer au Demi Festival l’été dernier. L’artiste de 20 ans nous a parlé de son parcours dans le rap, de son premier projet Dimension qui sort le 13 décembre et de son aversion pour les étiquettes.

Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?

Quand j’étais petite, j’avais demandé l’album de Diam’s à Noël. Après, à l’âge de 15 ans, j’ai fait une section artistique au lycée parce que je faisais de la danse et j’avais des potes qui rappaient. Je trouvais ça trop cool et j’ai eu envie de rapper avec eux donc j’ai commencé à écrire.

Quel·le·s sont les artistes qui t’ont inspirée ?

Le rap indé local m’a beaucoup attirée. J’ai été amenée à aller dans des concerts ou des événements. Mais aussi Keny Arkana, la Bastard Prod et Diam’s forcément. Sinon, j’écoutais ce que mes parents écoutaient à la maison : les Beatles, Aretha Franklin, les Clash…

« Je fais ce qui se fait en ce moment, mais avec du texte. »

Comment définirais-tu ta musique ?

Je n’aime pas du tout les cases et les étiquettes.  En général, quand on me demande, je dis que je fais ce qui se fait en ce moment, mais avec du texte.  

Tu trouves qu’aujourd’hui le texte est passé au second plan ? 

Carrément. Même dans l’indé. Quand tu creuses un peu, je trouve c’est beaucoup moins riche qu’il y a quelques années.

Comment écris-tu tes morceaux ?

Ça dépend. Je sors d’une résidence d’une semaine et j’ai découvert d’autres processus de création. Avant, quand je finissais un morceau, j’avais tendance à me dire « après ça, je ne pourrais rien faire d’autre. » Là, j’ai découvert que je pouvais produire beaucoup et que ça ne s’arrêtait pas là. Je m’autorise à me focaliser sur certaines choses selon mon humeur. Il n’y a pas de règles et si on commence à s’en imposer, c’est compliqué de créer. Sinon, je bosse avec le producteur Toffi depuis un an, c’est lui qui a entièrement produit mon prochain projet.

On t’a vu au Demi-Festival cet été. Comment s’est passée ta rencontre avec Demi Portion ?

Le Demi Festival, c’est un peu la famille à la maison. Je suis de Sète comme Demi Portion et tout le monde se connaît. Il y a deux ans, un ami de ma famille nous a présenté backstage pendant le festival. Demi P m’a dit : « si tu arrives à te glisser sur scène à la fin, je te donne le micro ». J’ai escaladé les barrières et je suis montée sur scène !

« Le but est que j’affirme de plus en plus mon identité musicale. »

Tu viens de sortir le titre Dimension, issu de ton premier album éponyme qui sort le 13 décembre. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce projet ? 

C’est un 6 titres autoproduit qui sera disponible en CD et sur toutes les plateformes de téléchargement.

C’est le résultat de ma rencontre avec Toffi. Entre nous, ça a matché de ouf. Il m’avait envoyé des prods et dans la soirée, j’ai écrit deux ou trois morceaux qui se trouvent sur le projet. Ça s’est fait spontanément. On l’a appelé Dimension parce que c’est un nouvel univers et le but est que j’affirme de plus en plus mon identité musicale. C’est la première dimension que je peux proposer.

Le projet est actuel en termes de sonorités et je pense que je vais perdre un certain public avec ça et en gagner un autre, mais ça va se rééquilibrer petit à petit. 

Pourquoi d’après toi ?

Je pense qu’il y a un public « puriste » qui m’a suivie à un moment et qui va être surpris.

Ça te fait peur de perdre du public ?

Non, je trouve ça dommage. Mais je mets des techniques en place pour récupérer tout le monde !

« Ça fait quatre ans que je fais des concerts et j’en ai minimum un par mois. »

Aujourd’hui encore, on voit très peu de rappeuses en France. Est-ce que tu souffres de cette invisibilisation ?

J’ai eu la chance de faire des scènes hyper tôt. Je rappais depuis seulement un an quand on m’a proposé des dates. Ça fait quatre ans que je fais des concerts et j’en ai minimum un par mois. Je m’en fous un peu de ne pas avoir de presse parce que tant que je fais des concerts, je suis contente. Ce que j’aime vraiment, c’est la scène. Des personnes proches ou que je ne connais pas me disent que je suis une artiste de live. En tout cas, c’est galère d’être un artiste et de se démarquer qu’on soit une femme ou un homme.

Quelles sont les femmes, connues ou pas, qui t’inspirent ?

J’écoute beaucoup de femmes dans tous les genres : Angèle, Rosalia, Reverie, Aretha Franklin, que j’ai toujours écoutée… Quand j’écoute du rap, j’ai du mal à ne pas poser une oreille professionnelle, du coup je suis hyper exigeante. Et quand c’est des filles, n’en parlons pas ! J’apprécie peu de rappeuses en vrai.

Qu’est-ce que tu attends d’une rappeuse ?

Je trouve que les gens n’ont pas autant d’exigences envers les femmes qu’envers les hommes dans le rap. Du coup, j’essaie de caler les mêmes exigences et je trouve qu’elles ne sont pas souvent remplies par les femmes. À mon goût, il y a très peu de nanas où je me dis « elle, elle kicke, elle m’a conquise de A à Z. » Après, il y a tellement de mecs que si j’étais un mec, je ne ferais pas de rap !

« Continuer de faire circuler une pensée est l’essence même de ce qu’on fait. »

Te définis-tu comme féministe ?

Être féministe, c’est juste soutenir les mêmes droits pour les femmes et les hommes et on ne devrait même pas avoir à le souligner. Donc je le suis, mais je n’ai pas envie de l’être. C’est comme quand les gens me disent « tu es bi ou tu es lesbienne ? Tu es ceci ou cela ? » Je suis comme je suis, si demain j’ai envie de me taper un mec c’est comme ça, si j’ai envie de me taper une fille c’est comme ça et je trouve que c’est pareil avec l’étiquette « féministe ».

Je comprends les personnes qui se revendiquent féministes et je les soutiens moralement, mais mes textes parlent d’eux-mêmes et je ne ressens pas le besoin de m’exprimer en plus que dans mes textes. Mais ça peut devenir un devoir selon l’ampleur que prend ma musique. Continuer de faire circuler une pensée est l’essence même de ce qu’on fait.

Tu es appréciée dans le milieu LGBT+. Qu’est-ce que ça t’évoque ?

Pas grand-chose ! C’est cool, mais comme si on me disait « tu es connue chez les fermiers.» Je comprends que je puisse parler à ces personnes, mais ce n’est pas un but. C’est juste ce que je suis moi. Mais je trouve intéressant de susciter de l’intérêt dans un milieu a priori peu fervent de rap.

Quels sont tes autres projets ?

J’ai deux projets d’avance. Je vais tourner cette année et de belles scènes arrivent normalement. On a beaucoup réfléchi à la scène sur les projets suivants. C’est dans ma lignée, c’est ça que j’aime faire.

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Que mes petits trucs en attente se passent bien, de faire le plus de scènes possibles et de vivre du rap.

Que penses-tu de Madame Rap ?  Des choses à changer/améliorer ? 

Je trouve ça cool de soutenir les femmes, mais je trouve un peu dommage de séparer les hommes des femmes, même si j’en comprends la nécessité.

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© Lady B Photographie / Sarah Cabos

Haviah Mighty : « Je veux continuer à grandir en tant qu’artiste et être humain »

La rappeuse canadienne Haviah Mighty nous a parlé de sa carrière solo, de son expérience avec le trio de rappeuses The Sorority et de la manière dont les productrices sont perçues aujourd’hui.

Comment as-tu découvert le hip hop et comment as-tu commencé à rapper ?

Au début de l’adolescence, par la radio, la télé et au lycée. J’ai vu quelque chose de très beau dans la manière dont les rappeuses·eurs racontaient leurs propres histoires. Je me suis reconnue dans cette musique. À 13 ans, j’ai commencé à essayer d’écrire mes propres histoires sur des instrus. Et c’est ça qui a suscité ma curiosité. Ensuite, j’ai commencé à faire et enregistrer mes propres raps.

Quel·le·e artistes écoutais-tu quand tu étais plus jeune ?

Quand j’étais petite, j’écoutais plus de chansons et de la pop comme Lauryn Hill, Céline Dion, Britney Spears, Christina Aguilera et des boys bands comme B2K. Plus tard, quand j’ai commencé à être à fond dans le hip hop, j’ai eu une période Ludacris et tout le movement Disturbing Tha Peace.

« C’est plus difficile pour une femme d’être acceptée et reconnue en tant que productrice. »

Est-ce que tu as suivi une formation musicale ?

Oui, j’ai pris des cours de chant pendant sept ans. Ma sœur a pris des cours de piano donc j’ai grandi dans cet environnement.

Tu es également productrice. Comment es-tu perçue en tant que femme qui produit ?

Oui, je produis depuis que j’ai 14 ou 15 ans. C’est plus difficile pour une femme d’être acceptée et reconnue en tant que productrice. Les gens s’attendent à ce que les producteurs soient des hommes. On ne s’attend pas à ce que tu sois douée à cause de ton genre, donc c’est beaucoup plus difficile pour une femme de se faire remarquer. Mais il y a de plus en plus de productrices qui commencent à attirer l’attention aujourd’hui et à être reconnues.

Penses-tu que le public est prêt à accepter des productrices ?

De manière générale, le public aime savoir comment un titre a été fabriqué. Quand on écoute une chanson, on ne sait pas qui l’a produite et je pense que beaucoup de gens seraient surpris d’apprendre que c’est une femme qui a produit une chanson qu’ils apprécient. Très souvent, cela vient aussi de l’ingénieur du son, de l’artiste et d’autres personnes dans l’industrie musicale qui ont le pouvoir d’ouvrir ou de fermer la porte à une productrice et de lui donner l’opportunité de faire ce en quoi elle excelle.

Qu’as-tu appris de ton expérience avec The Sorority ?

J’ai appris la convivialité, l’esprit de communauté et à travailler dans d’autres cercles pour le plus grand bien. J’ai appris beaucoup de la vie sur la route et en tournée, mais aussi à développer différentes compétences en termes d’écriture, à me mettre au défi sur des scènes différentes devant des publics différents tout en apprenant à interagir avec d’autres MCs. C’est un voyage incroyable!

« Je suis une femme qui soutient les droits des femmes et en parle ouvertement dans et en dehors de sa musique. »

Tu as sorti en mai dernier ton premier album solo 13th Floor qui comporte plusieurs titres qui encouragent les femmes à s’assumer et à s’unir. Peut-on dire que cet album est féministe ?

Je ne sais pas si je dirais que c’est un album féministe. Je pense que c’est aux gens de déterminer s’il l’est ou pas. Je dirais que je suis une femme qui soutient les droits des femmes et en parle ouvertement dans et en dehors de sa musique. Pour cette raison, j’imagine que son existence est lié au féminisme.  

Ta sœur et ton frère ont également travaillé sur cet album. Qu’est-ce qui te plaît dans le fait de travailler en famille ?  

Tout d’abord, ils sont extrêmement talentueux et sont très exigeants dans leur travail, un peu comme moi ! C’est très facile de leur faire confiance parce que ma famille m’a encouragée à tenir mes critères d’exigence. Nous ne sommes pas forcément perfectionnistes mais nous nous efforçons toujours d’aboutir au meilleur résultat. Ma famille comprend également mes intérêts et me soutient de manière inconditionnelle. Donc, je fais de même avec eux.

Si quelqu’un ne connaît pas ta musique et a envie de la découvrir, quel titre lui conseillerais-tu d’écouter en premier ?

Je dirais Blame. Il montre mes qualités de rappeuse, ma capacité d’écrire dans le cadre d’un concept défini avec un flow rapide, articulé de manière efficace et propre. Il y a de l’énergie, du fun, et à la fin du morceau, un changement de prod qui montre ma singularité, mes compétences en tant que productrice et chanteuse. Blame propose une large palette de ce que je sais faire.

Quels conseils donnerais-tu à une adolescente qui veut devenir rappeuse ?

Vas-y ! La société ne sera pas ta meilleure alliée ou ton plus grand soutien au début, mais ça se passera dans ton cœur : ce besoin impérieux de tenir le micro, cet engagement que tu es prête à prendre et alors, tu pourras commencer à bâtir ton public. Va dans des espaces que tu aimerais conquérir. Des salles de concerts. Des interviews. Sois mal à l’aise pendant un temps. Fais savoir que c’est ça que tu fais, n’accepte pas qu’on te dise non et prends chaque espace qu’il faudra. Tes véritables soutiens, ceux chez qui ton message, ton énergie, ta vibe et tes chansons résonnent, viendront ensuite. Et ne cherche pas trop ton public. N’essaie pas de faire quelque chose qui n’est pas toi. Fais juste ce que tu fais et rends le accessible. Promeus-le. Et tu trouveras ton public.  

Quels sont tes projets à venir ? Une tournée européenne peut-être ?

Travailler sur des nouveaux titres, sortir plus de singles de 13th Floor. Repartir en tournée en Europe, et aussi, j’espère, faire d’autres concerts aux États-Unis et partout ailleurs. Je suis prête.

Que peut-on te souhaiter pour 2020 ?

Je souhaite continuer à progresser. J’ai envie de poursuivre cet élan. Tout ce que je veux, c’est continuer à grandir en tant que musicienne, artiste et être humain.

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© Matt Barnes

George Ka : « J’ai envie d’utiliser ma musique comme vecteur de mes engagements »

Alors qu’elle s’apprête à sortir un nouveau titre mi-janvier, la rappeuse franco-vietnamienne George Ka, basée dans le Val-de-Marne (94), nous a parlé d’écriture, de l’invisibilisation des Asiatiques, de métissage et de féminisme.

Comment as-tu commencé à rapper ?

Au début, je réalisais de petites vidéos pour moi avec des voix-off qui rimaient. Un jour, j’ai participé à un open mic de slam avec une de ces voix-off. J’ai enchaîné les scènes ouvertes, un ami m’a filmée et a montré ça un compositeur qui m’a proposé de mettre mes textes en musique.

Quel·le·s sont les artistes qui t’ont inspirée ?

En termes d’inspiration, je suis le cas classique de la petite sœur qui a écouté ce que lui donnait la grande : A Tribe Called Quest, Keny Arkana, Rocé… J’étais fascinée par les chansons que je pouvais écouter comme des histoires, celles d’Oxmo Puccino ou Jacques Brel… Le travail de Gaël Faye a été déterminant pour moi, il illustrait son métissage avec des images qui me donnaient envie de trouver les miennes.

Je ne connaissais pas un morceau de rap francophone qui rende hommage à la communauté vietnamienne, je voulais le faire exister.

Comment définirais-tu ta musique ?

Pour simplifier, je dirais que ça se situe entre le rap et la chanson. J’ai l’impression que mes textes sont un peu restés des voix-offs, j’aime décrire des environnements, des personnages, fictifs ou non. Parfois, on m’introduit comme une « slammeuse ». Pour moi le slam, ça décrit plutôt un événement, un lieu, un cadre où les personnes viennent déclamer des textes sans instrus.

Tu viens de sortir le titre Saigon. Pourquoi as-tu eu envie de parler du Vietnam et quels liens entretiens-tu avec cette ville ?

Ce qui me tenait à cœur avec ce morceau, c’était d’aborder un sujet qui touche beaucoup de personnes – la définition d’une identité quand on est métisse – avec pour arrière-plan Saigon, ses rues, la culture et la diaspora vietnamiennes. Je ne connaissais pas un morceau de rap francophone qui rende hommage à la communauté vietnamienne, je voulais le faire exister.

Je suis née d’un père français et d’une mère vietnamienne. En 2015, je suis partie vivre 7 mois à Saigon. Jusque-là, je ne m’étais pas rendu compte que quand tu es métisse, tu l’es sur les deux territoires.

Dans Saigon, je veux rendre hommage à notre héritage multiple, dont je tire énormément d’inspiration et de fierté, mais aussi expliquer l’inconfort et la perte de repères qu’on peut ressentir lorsqu’on est « moitié-moitié ». Pour que ceux avec des histoires similaires puissent s’y reconnaître et que les autres puissent comprendre.

De nombreux clichés gravitent encore autour des Asiatiques, hommes ou femmes.

Aujourd’hui encore, on voit très peu de rappeuses asiatiques en France. Pour quelles raisons d’après toi ?

De nombreux clichés gravitent encore autour des Asiatiques, hommes ou femmes. Des clichés qu’on connait tous : les Asiatiques seraient discrets, conciliants, dociles, sérieux à l’école… Une image tenace qui n’en font pas des candidats idéaux dans le monde du spectacle ou l’industrie musicale. Et puis, comme pour la sous-représentation des communautés noires, arabes et asiatiques au cinéma, l’absence génère l’absence : il est plus dur pour une jeune fille asiatique de s’imaginer devenir rappeuse si elle n’a aucun modèle auquel s’identifier.

Aujourd’hui, plusieurs auteures et artistes s’attaquent à ces clichés, comme Grace Ly, Thérèse Sayarath, Julie Hamaïde… Sur Instagram, je suis une jeune rappeuse qui s’appelle Sheng, qui se retrouve régulièrement en finale des concours de freestyle sur 1min2rap ou lerapfrancais.  Je pense que des figures comme elles peuvent vraiment changer la donne.

Comment écris-tu tes morceaux ? Commences-tu par écrire ou par écouter des prods ? 

Je décris beaucoup ce que je vois, des personnes, des anecdotes, ce que je ressens par rapport à des sujets qui me tiennent à cœur. Quand j’étais petite, j’avais besoin de tout décrire par écrit de façon un peu compulsive, ça me rassurait.

Habituellement, je prends une prod sur YouTube, je pose par-dessus, puis je bosse avec Siegfried. Il crée l’instru avec moi, étape par étape. J’adore bosser avec lui parce qu’il est très talentueux, mais aussi patient et bienveillant, il me laisse explorer toutes les pistes. C’est précieux de collaborer avec un ami qui vu le projet naître.

Pour les freestyles, c’est l’inverse. Via Instagram, certains beatmakers m’ont envoyé leurs prods – Glasender, MJFP, Alban Yé… – je laisse tourner en boucle et je vois ce qui vient. Récemment, j’ai participé au concours de freestyle du Règlement, c’était une prod imposée de Exkar. C’est cool d’avoir une contrainte, ça te fait un point de départ.

Quelles sont les femmes, connues ou pas, qui t’inspirent ?

Elles sont innombrables. Anaïs Nin, Agnès Varda, Christiane Taubira, Ru Paul, Ibeyi, Casey, Ali Wong…

J’ai grandi avec une mère et une grand-mère aux personnalités fortes, très drôles et qui manient la langue française avec précision. J’ai un lien très fusionnel avec ma sœur, c’est la personne en qui j’ai le plus confiance au monde, je la consulte systématiquement avant de prendre une décision. Elle est militante et a des idées qui prennent de la place.

En musique sur la scène actuelle, je suis profondément admirative de celles qui ont forgé un style inédit adossé à une écriture très riche, comme Kate Tempest ou Aloise Sauvage. J’adore passer du temps avec mon amie Anna Majidson, la chanteuse du duo Haute. Elle passe des journées entières seule en studio, elle produit, elle se forme, elle collabore avec des dizaines de musiciens différents, c’est une artiste complète. 

Ce que je pense pouvoir faire à mon niveau, c’est d’alerter sur le statut de la femme dans l’espace public en décrivant ce qui se passe dans la tête d’une fille dans la rue à Paris à 4h du mat.

Te définis-tu comme féministe ? Si non, pourquoi et si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?

Oui, je me définis comme féministe. La variété des opinions et des mouvements féministes ne m’empêche pas de me considérer comme telle, j’ai collé des affiches anti-féminicides aux côtés d’activistes dont je partageais l’indignation mais pas toutes les idées, je pense qu’on peut avoir des opinions différentes et être impliqué·e·s dans un combat commun.

J’ai envie d’utiliser ma musique comme vecteur de mes engagements, la lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas le seul, mais elle en fait partie. C’est une lutte multiple et complexe, je ne me sens pas en mesure d’aborder tous les sujets. Ce que je pense pouvoir faire à mon niveau et en écrivant, c’est générer de l’empathie, alerter par exemple sur le statut de la femme dans l’espace public en décrivant ce qui se passe dans la tête d’une fille dans la rue à Paris à 4h du mat. Lutter aussi contre des conceptions normées du genre, avec des morceaux comme Garçon Manqué Fille Manquante.

Quels sont tes projets à venir ?

J’ai récemment participé au tremplin Levi’s Music Project parrainé par Gaël Faye, et j’ai sorti mon premier single Saigon le 21 octobre.

J’ai plusieurs morceaux à sortir, sûrement un par un plutôt que sous forme d’EP. Tout est encore assez artisanal et autoproduit ! Le prochain morceau sortira mi-janvier. Le 29 novembre, j’étais invitée par Excuse My French pour faire la première 1ère partie de Foreign Beggars. Je jouerai le 11 décembre au Breakfast Club et annoncerai bientôt d’autres petites dates à Paris.

Que penses-tu de Madame Rap ?  Des choses à changer/améliorer ? 

J’ai fait énormément de découvertes via Madame Rap, dont certaines artistes qui sont rentrées dans ma playlist quotidienne, comme Brö et Fanny Polly que je suis allée voir en concert par la suite. Je trouve que c’est un média essentiel pour prendre la mesure de la diversité et de l’ampleur du rap féminin et queer, et inspirer d’autres artistes à se lancer. Merci, ne touchez à rien !

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© Caroline Nasica

Paigey Cakey : « C’est beaucoup plus dur pour les femmes de se faire remarquer »

Quelques jours après la sortie du single An I Oop, la rappeuse britannique Paigey Cakey nous a parlé de son nouvel EP prévu pour début 2020, de son métier d’actrice et de l’importance de se soutenir entre rappeuses.

Comment as-tu découvert le hip hop ?

J’ai grandi avec des mes parents qui écoutaient beaucoup de hip hop donc je l’ai découvert à un jeune âge. J’ai toujours adoré la musique. J’ai commencé à rapper avec des amis pour rigoler quand j’avais 10 ou 11 ans. On enregistrait des chansons sur un lecteur cassette et on les chantait dans ma chambre. Parfois, je montrais à ma mère une chanson que j’avais écrite. C’était plus un hobby. Je n’ai jamais pensé que je deviendrais rappeuse.

Quel·le·s artistes écoutais-tu quand tu étais petite ?

J’écoutais différents styles de musiques, allant du hip hop au garage, en passant par le dancehall et la pop. J’adorais les Spice Girls. En grandissant et en commençant à apprécier le rap, je sus devenue fan de Missy Elliott et Ms Dynamite. À l’époque, je me faisais même appeler Hype Dynamite parce que je voulais ressembler à ma chanteuse préférée !

Ma musique est faite de mélodies et de bons mots.

On te présente souvent comme une artiste grime, mais te reconnais-tu dans cette appellation ?  

Je crois que beaucoup de gens se trompent au sujet de ma musique. Je ne suis pas une artiste grime, je n’ai aucun titre de grime. Je pense que c’est parce que je viens du Royaume-Uni, d’où vient le grime, que les gens supposent que tous les artistes britanniques qui rappent sont des artistes grime. J’adore le grime mais je suis plus hip hop. J’aime rapper et chanter. Ma musique est faite de mélodies et de bon mots.

Je soutiens toutes les rappeuses.

Tu as sorti la mixtape Flavours en février dernier sur laquelle tu as travaillé avec de nombreux artistes. Comment se sont passées ces collaborations ?

J’aime travailler de manière organique avec d’autres artistes. Alors j’organise des sessions en studio, j’invite les artistes à passer et on travaille. J’avais tellement de titres prêts que j’ai pensé que c’était le bon moment pour sortir un nouveau projet. J’ai appelé la mixtape Flavours (saveurs) parce qu’elle comporte différents genres musicaux. C’est comme une assiette de nourriture pleine de différentes saveurs.

Quelle place les rappeuses occupent-elles sur la scène londonienne ? 

La scène des rappeuses est très importante à Londres. On y trouve des artistes très talentueuses. Chacune d’entre nous fait son truc. On a toutes des styles et des sonorités différents, ce qui est vraiment cool. Je soutiens toutes les rappeuses. Je trouve que c’est important de s’encourager mutuellement vu que cette scène est largement dominée par les hommes. C’est toujours beaucoup plus dur pour les femmes de se faire remarquer.

Tu as sorti le clip Lotto Bars il y a quelques mois. Penses-tu que le fait d’avoir de « bonnes rimes » est l’un des critères qui font un•e bon•ne rappeuse•eur ?  

Le titre résulte d’une collaboration avec la marque de sports Lotto. Ce n’est que de la rime en gros ! Du feu, des métaphores, des punchlines. Selon moi, ce qui fait un bon rappeur est sa manière d’interagir avec le public. Certains artistes interagissent avec leur audience par le biais de l’émotion, d’autres par le biais d’histoires. J’aime me connecter avec le public avec des punchlines fortes et un flow bizarre.

C’est difficile de trouver un équilibre entre la musique et la comédie.

Tu es également comédienne. Qu’est-ce que ta carrière d’actrice a apporté à ta carrière de rappeuse ?

Quand j’ai commencé en tant qu’actrice, ça m’a vraiment aidé à booster ma carrière musicale. J’ai joué dans Waterloo Road, l’une des plus grosses séries diffusées en prime time à la télé britannique. Ça passait toutes les semaines. À chaque épisode, le nombre de mes followers augmentait. Ces followers ont ensuite découvert que je faisais de la musique et j’ai rapidement été suivie par un grand nombre de personnes. C’est difficile de trouver un équilibre entre la musique et la comédie, mais j’adore les deux donc je fais en sorte de pouvoir les concilier.

Qui sont tes rôles modèles ?

L’un de mes rôles modèles est ma mère. Elle a toujours travaillé très dur. Quand j’étais jeune, elle avait deux jobs juste pour que l’on ait un toit au-dessus de nos têtes. Elle m’a appris à être consciencieuse et à ne jamais abandonner mes rêves.

Quels sont tes prochains projets ? 

Je travaille actuellement sur une nouvelle mixtape qui sortira en début d’année avec des clips bien mortels. Le premier single de ma mixtape intitulé An I Oop featuring Daina sort le 1er décembre.

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

J’adore Madame rap. J’aime le fait que vous donniez aux femmes une plateforme qui leur permet d’être entendues. On a besoin de plus de gens comme ça. Donc continuez à faire ce que vous faites !

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Le Juiice : « Avec la trap, on est moins moralisateurs que les anciens »

Depuis ses débuts en 2018, Le Juiice a su fédérer une solide fanbase sur les réseaux. Originaire de Côte d’Ivoire et basée à Boissy-Saint-Léger (94), l’auto-proclamée « Trap Mama » nous a parlé de rap, et surtout de trap. 

Comment as-tu découvert le hip hop ? 

J’ai découvert le rap et le hip hop via des chaînes telles que MTV mais aussi dans des magasins comme la FNAC. On allait au rayon rap/hip hop pour écouter de la musique. Ensuite, j’ai écouté des mixtapes et des compilations. 

Je ne m’imaginais pas faire du rap.

Comment as-tu commencé à rapper ?

J’ai commencé à rapper de manière très spontanée et un peu pour rire. Je ne m’imaginais pas faire du rap. C’était plus pur rigoler. J’ai posté des freestyles et de vidéos sur les réseaux. Après, ça s’emballe, les gens aiment bien et ça suit. 

Quel·le·s sont les artistes qui t’ont inspirée ?

J’écoute beaucoup de rappeuses américaines que ce soit des rappeuses plus anciennes comme Queen Latifah, Da Brat, Lil’ Kim ou Foxy Brown et plus récentes comme Megan Thee Stallion, Mulatto, Cardi B et Kash Doll.

Comment définirais-tu ta musique ?

Je fais de la trap. J’appellerais ça de la « juicy trap », avec des sonorités un peu enfantines sur quelques titres et parfois des mélodies plus sombres.

Tu es très prolifique sur les réseaux et sors régulièrement des clips et des freestyles. Comment fais-tu ? Est-ce que tu as des titres déjà prêts en réserve ? Est-ce que tu enregistres régulièrement ? 

J’enregistre régulièrement en studio, au minimum une fois par semaine. Ce n’est pas toujours évident de trouver le temps de le faire. Mais pour moi, je ne suis pas encore assez productive, je considère que ce n’est pas suffisant !

La trap est la musique hip hop qui me ressemble le plus.

Comment écris-tu tes morceaux ? Commences-tu par écrire ou par écouter des prods ?

Je n’ai pas vraiment de schéma classique pour écrire, c’est plus une question d’instant. Je peux avoir des idées de lyrics quand je suis dehors et les mettre de côté. Je peux sélectionner une prod, l’écouter et commencer à écrire dessus selon l’endroit où je me trouve.

Tu te présentes souvent comme la « Trap Mama » dans tes textes. Qu’est-ce que le trap a de particulier pour toi ?

Quand j’ai commencé, les prods que je choisissais étaient souvent de la trap, c’est pour ça que je me suis proclamée « Trap Mama ». Pour moi, la trap est la musique hip hop qui me ressemble le plus.

Je pense que c’est la trap qui ouvre l’esprit des nouvelles générations, des anciennes et d’un certain types de personnes. Par exemple, aujourd’hui, des jeunes issus de la culture rock peuvent écouter du rap parce que la trap peut avoir des sonorités rock’ n’ roll. C’est un nouveau mouvement qui a débuté il y a quelques années et qui va s’installer. Je pense que le mot « rap » va être remplacé par le mot « trap ».

Au niveau des sonorités et des rythmiques, la trap est différente du rap. Avec la trap, on veut juste s’amuser, délirer, rêver, oublier nos problèmes et on est moins moralisateurs que les anciens. C’est différent de la scène rap un peu consciente qui pouvait exister avant. 

Je suis une femme et c’est déjà beaucoup.

Quelles sont les femmes qui t’inspirent ?

La première est ma mère, sans hésitation. Elle incarne le courage, l’humilité et la force d’esprit. Ensuite, il y a des personnalités telles que Rihanna, Michelle Obama et l’actrice américaine Taraji Henson. Ce sont des femmes qui se sont battues et sont aujourd’hui des icônes dans leurs domaines.

Tu as mis un emoji arc-en-ciel dans la bio de ton profil Instagram. Qu’est-ce que cela signifie ?

C’est une marque de soutien à la communauté LGBT, tout simplement.

Te définis-tu comme féministe ?

Pas du tout. Je suis une femme et c’est déjà beaucoup, je n’ai pas besoin d’être classifiée comme féministe. Je préfèrerais le terme « humaniste » avant tout.

Être féministe, c’est simplement être soi, faire ce que l’on veut quand on veut, avoir sa propre morale. Deux féministes peuvent avoir différentes opinions et différentes morales tout en étant féministes quand même. Être féministe, ça ne veut rien dire en vrai. Les gens peuvent se proclamer féministes, panafricains, tout ce que tu veux, et se mettre dans des cases, mais l’être humain défend simplement ses intérêts. Moi, je défends mes intérêts et ceux de ma famille avant tout.

Quels sont tes projets à venir ?  

Sortir une mixtape, faire des clips et simplement faire de la musique, sans me prendre la tête.

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VIDÉO – 150 rappeuses en France depuis Diam’s

« Il n’y a eu aucune rappeuse en France depuis Diam’s. »

Qui n’a pas déjà entendu cette phrase ? Fin 2019, l’un des stéréotypes récurrents concernant les rappeuses est tout simplement qu’elles n’existent pas.

Alors oui, Diam’s a marqué la scène du rap français par son talent et sa popularité.  Elle fait partie des trois seules rappeuses à avoir été couronnées disques d’or (plus de 50 000 ventes) en France : Keny Arkana avec Tout tourne autour du soleil en 2012, Shay avec Jolie Garce en 2016 et Diam’s donc avec Brut de femme en 2005 (plus de 100 000 ventes à l’époque), qui remporte également la Victoire de la musique 2004 dans la catégorie album rap/hip hop de l’année. En 2007, son troisième opus Dans ma bulle devient le seul album de rap certifié disque de diamant (750 000 ventes) en quatorze ans.

C’est sûr que tout ça met un peu la pression ! Pourtant, depuis Diam’s, le nombre de rappeuses ne cesse de croître.  La preuve, avec cette sélection de 150 rappeuses actives en France depuis que Diam’s a officiellement pris sa retraite il y a sept ans.

Avec :

  • A2N – Paris (75)
  • Ak47Meow – Saint-Ouen (93)
  • Alissa Latymi – Montreuil (93)
  • Almaz – Paris (75)
  • Amnez – Paris (75)
  • Amy – Choisy-Le-Roi (94)
  • Anass – Var (83)
  • Arsonist – Guadeloupe (971)
  • Art & Miss – Strasbourg (67)
  • Asinine 237 – Marseille (13)
  • Asmatiff – Aulnay-Sous-Bois (93)/Cergy (95)
  • Ayelya – Bobigny (93)
  • Babysolo33 – Bordeaux (33)
  • Bambina – Nanterre/Clichy (92)
  • Bau Bô – Paris (75)
  • Bethsabée – Poitiers (86)
  • Billie Brelok – Nanterre (92)
  • Bounty – Montreuil (93)
  • Brö – Les Lilas (93)/Levallois-Perret (92)
  • Bry’O – Bry-Sur-Marne (94)
  • Bumble Bzz – Saint-Ouen (93)
  • Chilla – Gex (01)/Paris (75)
  • Cindy Stawz – Guadeloupe (971)
  • C’est Coffee – Neuilly-Sur-Marne (93)
  • Cœur – Paris (75)
  • Cyrine J – Paris (75)
  • Davinhor Pacman – Creil (60)
  • Debbie Sparrow – Paris (75)
  • Dey Ef – Niort (79)
  • Djaahaya – Châteauroux (36)/Cayene (973)
  • Don Oma – Marseille (13)
  • Eesah – Lille/Roubaix (59)
  • Ekloz – Sète/Montpellier (34)
  • Éléa Force – Lyon (69)
  • Eli – Nantes (44)
  • Émasculation – Saint-Ouen (93)
  • Emma – Lille (59)
  • Esthr – Seine-Saint-Denis (93)/Paris (75)
  • Evara – Pau (64)/Abbeville (80)
  • Eyline – La Réunion (974)
  • Fanky Sista – Toulouse (31)
  • Fanny Polly – Mouans-Sartoux (06)/Paris (75)
  • Flo – Guadeloupe (971)
  • G-Ana – Le Mans (72)
  • George Ka – Paris (75)
  • Grâce et Volupte Van Van – Toulouse (31)
  • He Elle – Noisy-Le-Grand (93) / Champs-Sur-Marne (77)
  • Holy G – Saint-Étienne (42)
  • Illustre – Clermont-Ferrand (63)
  • Inayat – Paris (75)
  • Janus – Paris (75)
  • Jomei – Paris (75)
  • Shani – Wissous (91)
  • K-Lypso – Paris (75)
  • Kaipy – Paris (75)
  • Kassiopaix – Amiens (80)
  • Kayanna Isis – Guyane (973)
  • Kayline – Aubervilliers (93)
  • Kenny Curly – Montreuil (93)
  • Kim Liberty – Poitou-Charentes (36)
  • Kitsuné Kendra – Gennevilliers (92)
  • Kli – Hautmont (59)
  • KLM – Lyon (69)
  • Koundy – Paris (75)
  • K’s Khaldi ? LaMadâme – Saint-Étienne (42)
  • KVM – Roubaix (59)
  • L’4lgerin4 – Bordeaux (33)
  • La Tchad – Guadeloupe (971)
  • Ladéa – Aix-En-Provence (13)
  • Lala &ce – Lyon (69)
  • Laradji – Dijon (21)
  • Larose – Guadeloupe (971)
  • Lasista – Montélimar (26)
  • Lau Rinha – Aix-En-Provence (13)
  • Le Juiice – Boissy-Saint-Léger (94)
  • Lean Chihiro – Paris (75)
  • Les Vulves Assassines – Aubervilliers (93)
  • Lexie T – Lille (59)
  • Leys – Reims (51)
  • Liyahs – Le Havre (76)
  • Liza Monet – Paris (75)
  • Lor’A Yéniche – Metz (57)
  • L’Originale K – Nantes (44)
  • Loup – Charleville-Mézières (08)
  • Lov’Nee – Martinique (972)
  • Lylice – Montreuil (93)
  • Mac Manu – Alpes-Maritimes (06)/Paris (75)
  • Maïcee – Montpellier (34)
  • Maglight – Guadeloupe (971)
  • Majuscule – Paris (75)
  • Mary Sweett – Montpellier (34)
  • Maëv – Béziers (34)
  • Maya Biizy – Évry (91)
  • MBK Doe – Paris (75)
  • Meg – Saint-Ouen (93)
  • Méryl – Martinique (972)
  • Moon’A – Athis-Mons (91)
  • Milky M – Colombes (92)
  • Myrna – Paris (75)
  • Namek – Marseille (13)
  • Nancy Logan – La Réunion (974)
  • Nayra – Saint-Denis (93)
  • Neithea – Paris (75)
  • Nsy – Guadeloupe (971)
  • Orel Sowha – La Rochelle (17)
  • Original Laeti – Paris (75)
  • Ossem – Paris (75)
  • Paloma – Paris (75)
  • PBL – Livry-Gargan (93)/La Réunion (974)
  • Pearly – Paris (75)
  • Pumpkin – Brest (29)/Nantes (44)
  • Punchlyn – Roubaix (59)
  • Queen Favie – La Réunion (974)
  • Renä – Nîmes (30)Radikale Junkypop – Saint-Étienne (42)
  • Rikla – Val-De-Marne (94)
  • Rima – Nantes (44)
  • Robinson – La Réunion (974)
  • Rocka Frenchrapqueen – Montpellier (34)
  • Romy Maya Chanel – Paris (75)
  • Roxaane – Amiens (80)
  • Ryaam – Paris (75)
  • Safyr Sfer – Lyon (69)
  • Sarazz – Avignon (84)
  • Savannah Sweet – Paris (75)
  • Sheng – Paris (75)
  • Sianna – Beauvais (60)Siren – Brest (29)
  • Sista MK – La Réunion (974)
  • Sista Sony – Guyane (973)
  • Skar Leina – Nantes (44)
  • Skyna – Grasse (06)
  • Stélyna – Paris (75)
  • Suka – Paris (75)
  • Syn Cha – Marseille (13)
  • Tahrasssss – Montpellier (34)
  • The Unlikely Boy – Paris (75)
  • Tipimente – La Réunion (974)
  • Tracy De Sà – Lyon (69)
  • Tracy K – Marseille (13)/Paris (75)
  • Turtle White – Montreuil (93)
  • Veemie – Marseille (13)
  • Vicky R – Lille (59)
  • Waka – Marseille (13)
  • Wanda – Bagnolet (93)
  • Wen’Dee – Saint-Denis (93)
  • X (Ekis) – Montpellier (34)/Paris (75)
  • Xzena – Audincourt (25)
  • YC – Chaumont (52)
  • Yelsha – Caen (14)
  • Yésima – Granville (50)
Anticipation de remarques pouvant émerger :
  • « Il en manque dans votre liste »

On est au courant, c’est le principe d’une sélection.

  • « Pourquoi avoir mis X et pas Y ? »

Nous avons choisi des artistes qui disposaient de vidéos, donc déjà un minimum visibles. Nous recensons par ailleurs plus de 200 rappeuses françaises ici.

  • « Et les pionnières ? »

Comme indiqué, il s’agit d’une sélection de rappeuse actives depuis Diam’s, donc dans les années 2010.

Retrouvez la vidéo sur YouTube.

© URMAN LIONEL/SIPA

La Souterraine : « Plus il y a de modèles, plus il y a de rappeuses qui oseront se lancer »

La Souterraine sort demain LE RAP2FILLES SOUTERRAINE, qui réunit 12 rappeuses underground francophones. Les créateurs de la compilation Bérénice Cloteaux-Foucault et Benjamin Caschera nous ont expliqué comment et pourquoi ils ont lancé ce projet.

Pour celles·eux qui ne vous connaîtraient pas, qu’est-ce que La Souterraine ?

C’est une plateforme vitrine de l’underground francophone, dans tous les genres. On y trouve 230 mixtapes, compilations, albums et EPs à prix libre, enregistrés par approximativement 700 artistes qui ont au moins un titre sur La Souterraine (parfois pour un seul track, parfois 3 mixtapes). Leur seul point commun c’est qu’iels chantent en français.

Notre newsletter est suivie par 20 000 usagers-abonnés, amateurs de musique, professionnels (maisons de disque, éditeurs, programmateurs, radio, organisateurs de concert, médias, etc.) ou simple fans de musique. Ce qu’on encourage, c’est la curiosité, les alternatives au courant principal.

Comment et quand est née l’idée de cette compilation de rappeuses ?

Il y a un an et demi/deux ans, on s’est vraiment dit qu’il fallait qu’on base nos recherches sur le rap, puisqu’on n’en documentait pratiquement pas sur la plateforme et que c’est le genre musical hégémonique, le plus écouté en France aujourd’hui, populaire dans tous les sens du terme, donc incontournable. On s’est dit que ce serait bien plus intéressant de chercher des rappeuses que des rappeurs, puisqu’ils sont partout et qu’elles sont invisibles. C’est vrai pour l’industrie musicale de manière générale, mais c’est encore plus flagrant dans le rap, alors on avait bien envie de renverser les enjeux de représentation.

On a commencé à observer l’underground là où il s’exprime le plus en évidence, dans les concours de freestyles sur Instagram (@lerapfrancais@1minute2rap@lagalaxiedurap…), sortes de battles dématérialisées et on est tombé sur @rap2filles qui est le premier tremplin non-mixte, exclusivement féminin. On a proposé à Julien qui gère le compte de nous aider à faire cette mixtape, avec beaucoup de MCs qui n’avaient rien sorti du tout.

Pourquoi avoir eu envie de mettre en avant des rappeuses underground en particulier ?

La Souterraine observe toujours les artistes minoritaires ou à la marge : c’était donc une évidence, venant de l’extérieur, en s’attaquant au rap de chercher les rappeuses qui sont pour l’immense majorité dans l’obscurité. Honnêtement qui peut citer trois rappeuses connues du grand public ?

Ce qui nous intéresse, c’est que c’est un genre hyper émergent et bouillonnant artistiquement, toutes les semaines on voit apparaître une nouvelle MC qui a un talent. On est là pour promouvoir cette démarche et les encourager à franchir le pas à faire un premier son officiel. C’est le lancement d’un cercle vertueux : plus il y a de modèles, plus il y a de rappeuses qui oseront se lancer.

Comment avez-vous choisi les 12 rappeuses présentes sur le projet ?

Sur le profil de Rap2filles, il y a environ 200 MCs qui ont participé aux 7 concours qui ont eu lieu. C’est une super base de travail pour démarrer, on est aussi allé en chercher ailleurs, dans d’autres concours. Le premier critère de sélection, c’est qu’elles devaient avoir un son entier d’au moins 2 minutes, enregistré correctement.

Après, on a essayé d’avoir plusieurs styles représentés, plusieurs villes de France et d’ailleurs (Sensei H vit à Québec, par exemple). Ensuite, il fallait que les MCs acceptent qu’on distribue leur son. On a eu un refus, on espère l’avoir la prochaine fois.

Le terme « rap de filles » peut avoir une connotation péjorative et stéréotypée. Avez-vous volontairement choisi cette expression pour la déconstruire ou la réhabiliter ?

On s’est dit que puisque cette mixtape est la collaboration de la Souterraine avec Rap2filles, on serait dans la pure logique d’appeler la compilation LE RAP2FILLES SOUTERRAINE. Effectivement, on se dit que c’est un peu cliché, et que ça peut donner l’impression que les rappeuses ne font pas simplement du rap, mais du « rap de filles », néanmoins ça a le mérite d’être très clair, très lisible. On avait comme autre option « Trop d’hommes dans le rap français », mais on ne voulait pas le définir par la négative. On préfère aussi écrire « Les filles du rap », d’ailleurs.

En tout cas, quand on y prête attention, on s’aperçoit quand même que le rap de filles underground s’organise comme une communauté, a ses principes propres, et ses personnages qui animent la communauté. Il est tellement minoritaire qu’effectivement, c’est encore une branche du rap.

Vous organisez une soirée de lancement de la compilation le 11 décembre au Punk Paradise à Paris. Quel est le programme ?

Un showcase de Pearly en clou du spectacle – c’est la plus expérimentée parmi les MCs du premier volume, elle a gagné le tremplin Rappeuz en début d’année, des sets de Turtle White (Montreuil), de Djaahaya, rappeuse guyanaise de Châteauroux, Ossem de Belleville, et puis toutes celles qui souhaitent participer à la scène ouverte dès 20 heures, il suffit de nous écrire avant le 11 décembre pour ça à ouf@souterraine.biz, qu’on s’organise.

Il y aura aussi plusieurs DJ sets, de la musique et des rencontres. Le but, c’est de rendre cette compilation vivante, de la partager, et de permettre aux MCs de pratiquer.

Quel avenir envisagez-vous à cette compilation ? 

Ceci n’est que le premier volume de la série, on en prépare un second pour le premier trimestre 2020, sur lequel on aimerait expérimenter un peu plus en termes de prods, et on va essayer de tenir un rythme de soirées régulier à Paris et ailleurs (on prépare une résidence de création live en octobre à La Soufflerie à Rézé, près de Nantes).

Retrouvez LE RAP2FILLES SOUTERRAINE le 29/11 sur toutes les plateformes de streaming et à prix libre ici.

Retrouvez La Souterraine sur son site, FacebookTwitter et Instagram.

Ettijah : « Notre rap parle des défis quotidiens que nous devons affronter »

Ettijah est le premier groupe de rappeuses palestiniennes basé dans un camp de réfugiés. Fondé en 2013, le trio composé de Dalya Ramadan, 18 ans, Nadeen Odeh, 17 ans, et Diala Shaheen, 16 ans, vit à Dheisheh, un camp situé au sud de Bethléem en Cisjordanie et administré par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Les trois rappeuses nous ont parlé de leur parcours dans le hip hop et de leurs combats quotidiens. 

Comment avez-vous commencé à rapper ?

Nous avons suivi le programme de l’association caritative Musicians Without Borders, en 2011 et 2012. En 2013, nous avons rejoint un groupe de rap composé de neuf filles à Shoruq, (une ONG fondée en 2012 dans le camp de Dheisheh, N.D.L.R.).

Notre premier coach Mohammed Azmi nous a appris à rapper et à développer notre technique. Par la suite, nous avons décidé de lancer notre propre groupe Shoruq Rap Girls et il y a trois ans, nous l’avons rebaptisé Ettijah.

Comment le groupe Ettijah a-t-il été fondé ?

Le groupe a été fondé pendant un camp d’été en 2013. Nous avons participé à ce programme et à la fin, nous avons continué à utiliser le matériel et les studios d’enregistrement mis à disposition par Shoruq. Nous avons reçu le soutien de plusieurs personnes, ce qui nous a permis de continuer. Notre coach actuel est Nadim Alayaseh.

Quel•le•s artistes écoutiez-vous en grandissant ?

Nadeen Odeh : Shadia Mansour, DMAR et Future.

Diala Shaheen : Eminem et Big Sam.

Quels messages souhaitez-vous véhiculer avec votre musique ?

Nadeen Odeh : Notre rap parle des défis quotidiens que nous devons affronter : l’occupation, les attaques nocturnes, les check points, les droits des femmes et les traditions et restrictions auxquelles les femmes doivent faire face.

Diala Shaheen: Nous parlons des droits humains de différents points de vue, de liberté et de la manière dont les gens se jugent entre eux sans se connaître.

Existe-t-il beaucoup de rappeuses en Palestine ? Êtes-vous en contact avec d’autres artistes ?

Oui, il y a Shadia Mansour, les filles de DMAR et Safaa Hathot, mais aujourd’hui Ettijah est le seul groupe de rappeuses actif. Nous sommes les seules rappeuses issues d’un camp de réfugiés en Palestine et les seules à avoir commencé à rapper quand nous étions jeunes.

Nous avons rencontré DMAR cette année et Shadia Mansour plusieurs fois à Shoruq il y a deux ou trois ans.

Vous définissez-vous comme féministes ? Si oui, comment définissez-vous votre propre féminisme ?  

Nadeen Odeh : Je ne me définis pas comme féministe mais je parle des droits des femmes dans mes raps et défends les autres femmes.

Diala Shaheen: Non.

Quels sont vos rôles modèles ?

Nadeen Odeh : Chaque femme qui résiste et qui essaie de défendre ses droits.

Diala Shaheen : Pourquoi est-ce que je devrais avoir des rôles modèles ? Je suis moi-même un rôle modèle.

Quels sont vos projets à venir ?

Nous travaillons actuellement sur trois nouveaux morceaux. L’un d’eux s’appelle Ettijah et raconte notre parcours dans le rap depuis sept ans. Il y a aussi un clip sur lequel nous allons commencer à travailler en janvier. Nous essayons également de mettre en place une tournée aux États-Unis pour l’été prochain.

Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?  

Nadeen Odeh : C’est génial parce que ça nous permet de découvrir d’autres rappeuses et nous donne l’opportunité de raconter notre histoire et d’être fortes avec d’autres femmes dans le monde. Ça nous aide à continuer notre chemin en tant que jeunes rappeuses. Néanmoins, je serais contente de ne pas voir le nom de l’occupant sur votre site.

Diala Shaheen : J’aime bien ! Je vous suggère de publier plus de chansons sur votre plateforme et des articles sur les événements et les concerts à venir et aussi de développer plus de coopérations avec des rappeuses.

Retrouvez Ettijah sur Facebook et Instagram.

Dai Burger : « Être queer, c’est simplement être honnête envers qui tu es »

La rappeuse new-yorkaise Dai Burger nous a parlé de son parcours dans le rap, de son deuxième album qui sort le 6 décembre et de ce qu’être queer signifie pour elle.

Comment as-tu découvert le hip hop et qu’est-ce qui t’a donné envie de commencer à rapper ?

En tant que fille unique qui a grandi dans le Queens à New York, je m’occupais en regardant la télévision et en faisant des travaux manuels. C’était l’époque de MTV, TRL et BET et des magasins de locations de vidéos. Je suis vite devenue obsédée par cette pop culture en devenir. Vu que tout ça a bercé mon enfance, je ne peux pas m’empêcher de l’intégrer dans ce que je suis et dans ma musique. C’est ce que j’aime appeler un « mélange de hip pop ».

Quel·le·s artistes écoutais-tu quand tu étais plus jeune ?

Parmi mes préférés, il y avait Missy Elliot, TLC, Kelis, Gwen Stefani et des artistes comme Ludacris et Busta Rhymes. Je les écoute toujours aujourd’hui ! J’aime le hip hop qui a une dimension comique et un sens théâtral.

Je fais mon féminisme à ma propre sauce.

Tu as commencé ta carrière comme danseuse. En quoi le rap et la danse sont-ils complémentaires à tes yeux ?

Ils vont de pair et mes performances scéniques jouent un rôle énorme dans mon identité et qui je suis. C’est incroyable ! Lol. J’adore faire participer la foule, les grands mouvements et gérer la scène. La danse est obligatoire pour moi.

Tu viens de sortir le titre Salty. Est-ce un avant-goût d’un nouveau projet ? 

Oui ! Mon deuxième album sort le 6 décembre. Je suis très impatiente de le partager parce qu’il retrace mon chemin jusqu’ici. Disons que je suis expérimentée à ce stade, mais pressée de continuer à grandir. 

Mes pairs et moi incarnons le changement.

Est-ce que tu t’identifies comme queer ? Que signifie ce terme pour toi ?

Oui ! Pour moi, être queer, c’est simplement être ouvert et honnête envers qui tu es et ne pas se limiter à quoi que ce soit. Même si tu n’es pas sûr de qui tu es ou de qui tu veux devenir, que ce soit en termes de genre, de sexualité, de choix de carrière ou de conformités sociales, il s’agit d’être honnête et de dire que tu essaies de le comprendre et de te découvrir. Je peux dire en toute sincérité que je profite de la vie comme bon me semble, point barre !

Te définis-tu comme féministe ?

En tant que femme qui vient d’une industrie dominée par les hommes, je ne peux pas m’empêcher de prendre en compte la force, la sagesse et la compassion que les femmes apportent. Si être féministe signifie être fière de qui je suis, des femmes qui m’ont élevée, de toutes les femmes qui représentent et mettent les bouchées doubles pour leur familles, alors je le suis ! Et au passage, le féminisme est pour tout le monde et peut être représenté de nombreuses manières différentes. Je fais mon féminisme à ma propre sauce.

Le hip hop est souvent présenté comme sexiste et homophobe. Pourtant, il est bien plus inclusif que d’autres genres musicaux et de nombreux artistes LGBT+ s’expriment dans le rap.  Comment l’expliques-tu ?  

En effet, le hip hop a souvent été présenté de cette manière, mais je suis ravie de faire partie du changement et d’assister à son évolution et son inclusion. Mes pairs et moi incarnons le changement. La musique ne voit ni les couleurs, ni les genres ou les sexualités. La musique est ce que tu ressens. C’est ce que TOI tu en fais.

Qui sont tes rôles modèles ?

Ma mère et ma grand-mère. Elles m’ont montré ce qu’il fallait faire pour être une femme forte et indépendante, alors que l’on attend des femmes qu’elles soient d’une certaine manière. Je les remercie de m’avoir permis de briser mes propres préjugés sur la « normalité » et de devenir mon propre rôle modèle.

Quels sont tes projets pour les prochains mois ?

Plus de musique, de clips, de folies, de matière et de tout ! Je fais ça à fond depuis plus de 5 ans et je ne fais que grandir !

Que penses-tu de Madame Rap? Des choses à changer/améliorer ? 

J’adore Madame Rap parce que les femmes dans la musique et la pop culture méritent d’avoir une telle plateforme où nous pouvons être acceptées, entendues et médiatisées dans la bonne lumière. C’est ce que fait Madame Rap. Merci !

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