Nouveau Clip : Sasha Go Hard – Beast Mode

Yaneisha Franklin, mieux connue sous son nom de scène Sasha Go Hard, est une rappeuse américaine originaire  de Chicago.
Ses influences musicales vont de Lauryn Hill, Trina à Lil ‘Kim et Nicki Minaj. Sasha fait partie du petit nombre de jeunes rappeuses associées à la scène musicale Hip Hop de Chicago. Elle a été présentée au public sur MTV Sucker Free , a fait la couverture du Redeye Journal à Chicago et a été élue artiste de la semaine par WorldstarHipHop et le magazine Complex. Elle a sorti une chanson intitulée « I Is not No Hitta » avec Dreezy en 2012.

Sa septième mixtape, Nutty World 2, est sortie en avril 2015. 

La bande originale de Chi-Raq de Spike Lee, contient notamment la chanson « Born in Chicago » par Bruce Hornsby and the noisemakers. On retrouve également le MC en featuring  sur « Below Me » de Faze Miyake, qui a été nommé 18ème meilleur remix dance de 2015 par Spin.

Voici son nouveau clip :

Andréa Bescond : « Quand on est victime de pédophilie, on l’est toute sa vie »

Rencontre avec la comédienne et danseuse Andréa Bescond, qui a remporté le Molière 2016 du « Seul.e en scène »  pour son spectacle Les Chatouilles – La danse de la colère. Elle nous parle de son amour pour le hip hop et la danse, de résilience et de pédocriminalité, dont elle a été victime.

Quand et comment as-tu commencé la danse le hip hop ?

J’ai toujours dansé, dès que j’ai su marcher. J’ai suivi une formation très poussée au Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris, classique et contemporaine. Ce n’est que vers l’âge de vingt ans, lors d’un long séjour à New York que j’ai commencé le hip hop en club et dans la rue.

Tu as notamment travaillé avec Bill T. Jones et Blanca Li. Que t’ont apporté ces expériences en tant qu’artiste ?

Elles m’ont apporté beaucoup de rigueur, ce sont deux chorégraphes très exigeants, qui demandent beaucoup de travail et d’énergie à leurs interprètes, rien n’est laissé au hasard.

Quand on arrivait sur une date de tournée, Blanca nous faisait faire un filage technique, un filage dansé et ensuite le spectacle! Les journées étaient denses!

Puis ce sont de grands artistes, ils m’ont apporté beaucoup d’inspiration.

Quel rôle joue la danse hip hop dans ta vie aujourd’hui ?

Elle est omniprésente. D’abord parce que j’écoute beaucoup de hip hop et que forcément cela me donne l’envie de danser et ensuite car je suis toujours en contact avec beaucoup de danseurs hip hop par les réseaux sociaux, du coup, chaque jour ou presque il y a une vidéo qui m’enchante et m’inspire.

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Quand et comment est née l’idée du spectacle Les Chatouilles ou la danse de la colère ?

L’idée d’écrire ce spectacle m’est venue il y a quelques années car je connais personnellement les dégâts de la pédophilie et qu’on en a assez peu parlé en spectacle vivant. Mélanger la danse et le texte pour ce spectacle me paraissait fondamental. Mon héroïne, Odette, s’exprime par son corps pour combler son manque de mots.

Deux enfants sur dix seront violés une fois dans leur vie, il me paraissait nécessaire d’aborder ce thème en tant qu’artiste.

Tu as remporté le Molière 2016 du « Seul.e en scène » pour ce spectacle. Qu’est ce que cette consécration t’a apporté d’un point de vue personnel et professionnel ?

J’ai eu le bonheur de recevoir le Molière 2016 du spectacle seul/e, c’était très émouvant de se sentir considérée par ses pairs, c’est gratifiant, motivant mais la vraie récompense sont les salles pleines et les standing ovations.

Dans ce seule en scène, tu retraces ton histoire personnelle et racontes, à travers le personnage d’Odette, avoir été victime d’un pédocriminel. Comment ta vie actuelle est-elle encore impactée par ces violences ?

Quand on est victime de pédophilie, on l’est toute sa vie, c’est un drame inoubliable qui dirige toute notre construction psychologique et dépasser cette douleur prend beaucoup de temps.

Ecrire ce spectacle m’a permis d’exorciser, de poser des mots sur des sensations difficiles et surtout, de me sentir moins seule car de nombreuses victimes m’ont témoigné leur reconnaissance pour la véracité du parcours de mon personnage d’Odette, ces victimes se reconnaissent toutes à travers elles et ça me fait du bien.

Les Chatouilles parlent notamment de résilience et mélangent habilement souffrance et humour. En quoi la danse représente-t-elle une forme de résilience à tes yeux ?

Malgré ce thème complexe, on rit beaucoup dans « Les Chatouilles », c’est vrai, nous voulions des soupapes de décompression, c’est aussi notre manière de vivre avec mon metteur en scène Eric Métayer, même dans les pires moments, nous trouvons toujours l’occasion de rire. Quant à la danse, elle a été mon premier mode d’expression, elle m’a permis d’y évacuer ma colère, ma souffrance mais aussi toute ma joie et mon espoir. Elle me porte vers le haut, me fait rêver, c’est en cela qu’elle représente une résilience.

Que penses-tu de la manière dont la société et la justice s’emparent du problème de la pédocriminalité et plus généralement des violences faites aux femmes ?

Nous avons encore beaucoup de chemin à faire en politique en ce qui concerne la pédophilie. La justice écoute mais pas suffisamment. Des femmes politiques comme Chantal Jouano ou Muguette Dini appuient pour rallonger le délais de prescription qui est, pour l’instant, fixé à vingt ans après la majorité des victimes. Cette durée parait considérable mais elle n’est pas suffisante car les victimes subissent une amnésie émotionnelle après les viols qui peut durer des décennies. L’idéal serait que ce délais de prescription atteigne trente ans.

Cela permettrait à beaucoup de victimes d’être reconnues en tant que telles par la justice et surtout, cela empêcherait beaucoup de malades pédophiles de nuire.

Je crois que les gens ne se rendent pas bien compte des chiffres concernant la pédophilie et la violence sur les femmes, une femme meurt tous les trois jours en France à l’issue de violences conjugales, glaçant non? Alors je crois que oui, en effet, la société a encore beaucoup de travail à accomplir pour prendre conscience et faire baisser ces chiffres.

Te considères-tu comme féministe ? Pourquoi ?

Je me sens féministe, oui. J’aime être une femme. J’aime être mère, femme mariée, femme indépendante, femme active, femme forte, j’aime porter mon foyer et en prendre soin, je ne rejette pas cette idée. Je pense qu’être féministe c’est aimer « être » tout cela.

Quels sont tes projets à venir ?

Mon plus grand projet à venir est de co-réaliser le long métrage des Chatouilles avec Eric Métayer où je jouerai le rôle d’Odette aux côtés de Karin Viard, le tournage commencera l’été prochain, nous sommes en plein découpage du scénario.

Nous avons co-écrit une pièce intitulée Déglutis, ça ira mieux avec Eric Métayer que nous comptons mettre en scène fin d’année prochaine et nous avons l’idée de monter une adaptation de Roméo et Juliette avec huit danseurs-acteurs masculins.

D’ailleurs, je me remets à bosser!

Pour aller voir Les Chatouilles, c’est ici.

Nouveau Clip : DEVMO – Wah Wah Wah

Devin Moses aka Devmo est une rappeuse de Los Angeles. Sa passion pour la poésie remonte à son enfance, mais c’est quand sa famille a déménagé en Californie qu’elle a découvert la musique hip hop de la West Coast.

En mars 2015, elle a sorti son premier album intitulé « Real Talk », où elle explorait  plusieurs sous-genres du hip hop et parlait d’amour, de la mort, de la sexualité et des droits des femmes.

« Wah Wah Wah » raconte la véritable histoire d’amour entre deux femmes, alors que leur famille n’approuve pas cette relation.
Devmo n’a pas peur de montrer sa vulnérabilité sur ce nouveau titre et on ne peut que s’en réjouir !

En attendant la sortie de son nouvel E.P, voici son dernier clip  » Wah Wah Wah » : 

NEW E.P : QUAY DASH : ‘Transphobic’

Jusqu’à présent, Quay Dash n’avait sorti que quelques singles, mais déjà fort convaincants. Ce week-end, Mme Dash a finalement sorti son nouvel  EP  » Transphobic « , où elle relate ses expériences « up and down » jusqu’à son accès à la reconnaissance du public et des médias, ainsi que son quotidien de femme transgenre en ces temps politiques effrayants. « J’ai écrit des chansons quand je traversais une période difficile de ma vie où il y avait beaucoup de haine envers les femmes transgenres noires en Amérique« , explique t-elle.

Vieux beats hip hop et sonorités deep-house se mélangent à la perfection !

« Je voulais créer une ambiance différente pour chaque chanson, » a-t-elle ajouté. « Chaque chanson représente une expérience différente. »

Quay Dash sera également rejointe par la légende de l’électroclash Peaches sur sa tournée nord-américaine.

[Photos by Sonny Martinez, with makeup by Raisa Flowers, hair by Kira Stuger, styling by Michael Louis, and editing by Ashley Smith]

Pour streamer l’E.P çà se passe ici :  
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Suivre Quay Dash : Facebook, Instagram, Twitter, et Soundcloud.

Pourquoi je suis féministe et j’aime le rap

« Ah bon, tu es féministe et tu aimes le rap ? Mais comment c’est possible ? » Si vous saviez le nombre de fois que j’ai entendu cette phrase !

Depuis toujours, le rap et le hip hop sont décriés pour leur sexisme. Sur fond de racisme systémique, de mépris de classe ou d’ignorance de cette culture, la société dominante nous apprend que le rap est la pire des musiques pour les femmes et les LGBT+. Pourtant,  je m’identifie comme femme, queer,  féministe et blanche et j’aime le rap. Dilemme.

Ironiquement, c’est par le rap que j’ai découvert le féminisme. Entre autres. A la fin des années 1990, au lycée, je faisais de la danse hip hop à un niveau intensif et j’écoutais beaucoup de rappeuses américaines : Queen Latifah, Missy Elliott, Salt N Pepa, MC Lyte, EVELauryn HillDa Brat, Lady of Rage, Bahamadia, Rah Digga, Lil’ Kim, Foxy Brown….

J’étais fascinée par leur liberté, leur impertinence et leur manière frontale de parler de certaines thématiques, comme la sexualité et l’indépendance financière des femmes, l’avortement, les violences physiques et sexuelles et bien sûr le clitoris, dont j’ai découvert l’existence grâce à Lil’ Kim et son titre Not Tonight ! Des sujets dont je n’avais jamais entendu parler ailleurs.

J’ai ensuite creusé le sujet à la fac. Dans le cadre de mes études d’anglais, je me suis spécialisée dans le féminisme africain-américain et les mouvements des droits civiques aux États-Unis. J’ai découvert le livre When Chickenheads Come Home to Roost  de l’écrivaine et journaliste américaine Joan Morgan dans lequel elle parle de « hip hop feminism ». Je me suis parfaitement reconnue dans ce terme. Pour moi, le lien entre les deux était évident.

Mais très vite, on m’a fait comprendre que hip hop et féminisme étaient incompatibles et qu’il me fallait choisir mon camp. Si je voulais être crédible en tant que défenseuse des droits des femmes, je devais tirer à boulet rouge sur le rap. Et si j’en écoutais quand même en cachette, comme mon sale petit secret de complice occulte du patriarcat, j’étais priée de brûler tous mes vinyles et de trasher mes playlists pour les remplacer par des musiques convenables. Les Spice Girls, Taylor Swift ou Patti Smith feraient l’affaire.

Alors que les amatrices•teurs de rap ne m’ont jamais reproché d’être féministe, #lesgens me serinent souvent avec l’idée que toute bonne militante qui se respecte ne peut se retrouver dans ces paradoxes. Je me suis alors demandé d’où venait ma passion paradoxale, que la réalisatrice américaine Ava DuVernay résume avec ce tweet :

« Être une femme et aimer le hip hop revient à être amoureuse de son agresseur. Parce que c’est bien ce qu’était et ce qu’est cette musique. Et pourtant, cette culture nous appartient. »

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Serait-ce du déni ? Du sexisme intériorisé ?

Et surtout, pourquoi les filles qui ont grandi en écoutant les Red Hot Chili Peppers, en regardant des films de Roman Polanski et en lisant Charles Bukowski seraient-elles de « meilleures » féministes que moi ?

Alors oui, le hip hop est un milieu largement masculin, sexiste et LGBTphobe. Il ne s’agit pas de prétendre que tout va bien. Selon une étude états-unienne de 2009, entre 22 % et 37 % des paroles de rap sont misogynes et 67 % des chansons de rap objectivent sexuellement les femmes.

D’innombrables textes de rap, reliques du gangsta rap, banalisent la culture du viol ou glamourisent les violences de genre. Dans les années 1980-1990, le groupe NWA a largement participé à la glorification de cette imagerie caricaturale et de la vie de « thug » avec grosses caisses tunées, filles à poil asservies, culte de l’argent, ego trip et hyper-virilité exacerbée. « Si une salope essaie de me manquer de respect quand je suis bourré, je la défonce et tue le n**** qui est avec elle » rappait Dr Dre. Mais en même temps, le trio de Compton dénonçait les violences policières, le racisme systémique, la misère sociale, les foyers brisés et la dureté du quotidien dans les quartiers défavorisés américains.

En faisant l’apologie du viol, Rick Ross s’est aussi attiré les foudres des féministes. « J’ai mis de l’ecstasy dans son champagne / Elle ne le sait même pas / Je l’ai ramenée à la maison et j’en ai profité / Elle ne le sait même pas » (Rocko ft. Future & Rick Ross – « U.O.E.N.O »).

En France, Booba se fait régulièrement épingler pour ses rimes : « j’ai de quoi te siliconer si jamais tu vieillis mal / Gangster et gentleman, c’est dans le mille que je tire / Je fais mal mais je fais jouir si tu vois ce que j’veux dire » (« Pourvu qu’elles m’aiment »). 

Idem il y a quelques années pour Busta Flex : « Une fois montée en selle / Tu détrônes Julia Chanel / Ne t’attends pas à un roulage de pelle / T’as beau mettre du rimmel / C’est criminel mais c’est ton cul qui m’interpelle » (« J’aime bien ton boule »).

La Fouine : « Pétasse suis-moi dans mon hôtel / Pour une volontaire agression sexuelle / Faites monter les mineurs j’suis pire que R. Kelly / 1 pour le sexe 2 pour la money » (« Sexe et money »).

Black M : « Ta gueule ! Parce que t’es stupide, matérialiste, cupide, stupide, stupide, stupide, stupide / Et tu te crois super intelligente et mature / Hélas, la seule raison pour laquelle on t’écoute sont tes obus / Sinon t’as pas un 06 ? J’crois que j’ai l’coup de foudre / Euh non ! Bon OK va te faire foutre » (« Je ne dirai rien »).

Ou encore Orelsan : « J’respecte les schnecks avec un QI en déficit / Celles qui encaissent jusqu’à finir handicapée physique » et « Ferme ta gueule, ou tu vas t’faire MarieTrintigner », finalement relaxé en février 2016 de poursuites pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers les femmes.

Dans les années 1990, c’était Doc Gynéco avec « Ma salope à moi » ou NTM, dont le simple nom « Nique Ta Mère » suscitait l’ire de certain·es.

Pourtant, ces violences verbales ne tombent pas du ciel et proviennent directement de la manière dont les femmes sont traitées dans la société.

L’écrivaine et militante américaine bell hooks l’explique parfaitement :

« Sans aucun doute les hommes noirs, jeunes et vieux, doivent être tenus responsables de leur sexisme. Cependant, cette critique doit toujours être contextualisée ou nous risquons de donner l’impression que ces comportements – le viol, la violence des hommes envers les femmes, etc. – est un truc d’homme noir. Et c’est ce qui se passe. Les jeunes hommes noirs sont forcés d’en ‘prendre pour leur grade’ pour encourager, via leur musique, la haine et la violence envers les femmes, qui est un élément central du patriarcat. »

En outre, tout le hip hop n’est pas misogyne. Certains artistes, comme Kendrick Lamar, Talib Kweli, Lupe Fiasco ou Common aux États-Unis, Shad au Canada, Médine, D’ de Kabal, Youssoupha, Gaël Faye, Hyacinthe, Ismaël Métis ou Georgio en France, proposent d’autres discours ou d’autres performances de genre, moins conformes aux codes d’une masculinité hégémonique.

 

De nombreuses MCs portent un message ouvertement féministe et émancipatoire.

Queen Latifah avec son hymne planétaire U.N.I.T.Y,  Missy Elliott, EVE, Angel HazeLauryn Hill, Cardi B, Nicki Minaj, Princess Nokia, MC Lyte, pour n’en citer que quelques-unes.

 

 

Cette dernière a même qualifié Fetty Wap de féministe pour son titre « Trap Queen » : « C’est très courageux par rapport à ce qu’il représente dans sa musique parce que ce n’est vraiment pas la norme. »

Mais le message de certains rappeurs n’est pas toujours si facile à décrypter. Ainsi, 2Pac rend hommage aux femmes dans » Wonda Why They Call U Bitch », « Keep Ya Head Up » et « Never Call U Bitch Again » mais a été reconnu coupable du viol d’une femme en 1993. Compliqué de continuer à l’écouter en ayant cette information.

Drake, quant à lui, se prévaut de promouvoir une image valorisante des femmes, mais lâche quand même dans « Paris Morton Music » : « je déteste appeler les femmes ‘salopes’ mais les salopes adorent ça. »

Mais, si l’on est honnête, on ne peut pas dire que le rap est plus misogyne que d’autres courants musicaux. Il use juste de codes différents, sans détours et sans fioritures, ce qui rend le problème plus visible.

Les autres styles musicaux produisent un sexisme plus mainstream et pernicieux, presque indécelable et surtout beaucoup mieux accepté.

Parce que quand on fouille dans la culture populaire, il n’y a pas vraiment de quoi pavoiser. Entre les « Murder Ballads » de Nick Cave et Johnny Cash, qui nous racontent des errances meurtrières avec zigouillage de femmes, Pink Floyd qui veut « passer (une femme) à tabac un samedi soir » (« Don’t Leave Me Now »), Tom Jones qui « a senti le couteau dans (sa) main et elle a arrêté de rire » (« Delilah ») et les Misfits qui menacent « si tu ne fermes pas ta gueule, tu vas mordre la poussière » (« Attitude »), on est servi.

De son côté, John Lennon, expert avéré en violences conjugales, prévient : « je préfèrerais te voir morte, petite fille, plutôt qu’avec un autre homme » (« Run For Your Life »). Et les Rolling Stones annoncent la couleur « Sous mon joug, elle est le plus adorable animal de compagnie au monde / Ça dépend de moi, la manière dans elle parle quand on lui adresse la parole » (« Under My Thumb »).

Pas mieux quand on sonde les classiques de la chanson française, truffés de misogynie. Parmi eux,  feu Michel Delpech : « Que c’est bon de choisir une minette / Dans ces filles à vedette qui ne sont venues que pour ça / C’est bon de serrer dans ses bras une groupie, une groupie (…) / C’est un joli parasite qui s’accroche et que l’on quitte / Quand on en connaît un meilleur, ça ne reste pas dans le cœur » (« Les groupies »).

Feu Georges Brassens : « Le comble enfin, misérable salope / Comme il n’restait plus rien dans le garde-manger / T’as couru sans vergogne, et pour une escalope, / Te jeter dans le lit du boucher » (« Putain de toi »). 

Julien Clerc avec une bonne couche de colonialisme en sus : « Sous la soie de sa jupe fendue en zoom en gros plan / Tout un tas d’individus filment noirs et blancs / Mélissa, métisse d’Ibiza, a des seins tous pointus » (« Mélissa »). 

Ou encore le champion toutes catégories Michel Sardou avec son sexisme à papa : « Si tu sais te servir de ta beauté, ma belle / Et pour lui faire plaisir t’encombrer de dentelles (…) / Si tu n’écoutes pas la voix des mal-aimées qui voudraient à tout prix te citer comme témoin au procès du tyran qui caresse ta main… » (« Une femme, ma fille ») et son désormais culte « J’ai envie de violer des femmes, de les forcer à m’admirer / Envie de boire toutes leurs larmes et de disparaître en fumée » (« Les villes de solitude »).

VIDÉO – 30 chansons populaires bien sexistes qui ne sont pas du rap (Part 2)

Alors pourquoi s’offusque-t-on plus des paroles de rap que de ces horreurs ? Sans doute, parce que le rap est toujours méprisé et regardé par un prisme raciste et classiste. Tant qu’il s’agit d’hommes blancs, « présentables », à la masculinité acceptable, on les érige en références populaires. On applaudit tous ces messieurs hétérosexuels de la variété qui parlent de leur désir pour des femmes, souvent objectivées et dont on ignore le degré de consentement, car le tout est enrobé dans du prétendu romantisme et de la chanson d’amour.

Résultat, on nous colle des stéréotypes désastreux dans le crâne et on nous apprend que ces chanteurs normés sont des gentlemen, tandis que les rappeurs sont des brutes bornées, des racailles misogynes, des sauvages ou des délinquants illettrés. Quand Marc Lavoine déclare : « Une femme qui boxe ça reste une femme avec des petits seins, un petit sac à mains et du bordel dedans« , personne n’est là pour le relever.

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Désolée, mais en tant que féministe, je me reconnais davantage dans l’énergie, le discours et le langage de Cardi B, Casey et PNL que dans Benjamin Biolay, Clara Luciani ou Vianney.  En tant que militante, je suis plus sensible à cette musique ancrée dans le réel qui produit un large spectre de récits de soi.

Être féministe, c’est aussi choisir. Choisir ses combats, sa musique, sa consommation et ses contradictions.

 

En tant que féministe, j’ai aussi pu trouver dans le rap des rôles modèles diversifiés et des images de femmes plurielles. Ou d’autre peut-on voir des femmes de toutes origines, âges, classes sociales, religions, orientations sexuelles, identités de genre et morphologies parler de leur plaisir sexuel, de body positivisme, de violence conjugale, d’inégalités de genre, de politique, de violence policière, de racisme, de sexisme, de LBTphobies ou de PMA ?

Dans le rock ? La pop ? La variété ? En France, nulle part ailleurs. Le rap est le seul espace artistique qui donne aux femmes cette liberté de parole. Et c’est notamment pour cette raison que je continuerai à être féministe et à aimer le rap.

Éloïse Bouton

Une version courte de cet article a été publiée dans Le Huffington Post ici.

D’ de Kabal : « Beaucoup de rappeurs se considèrent comme révolutionnaires mais ne parlent jamais d’homophobie ou de sexisme »

Connu pour avoir bousculé la scène hip hop des années 1990 avec le groupe Kabal puis en solo, D’ de Kabal s’inscrit en marge d’un rap stéréotypé et aseptisé. Le musicien/slammeur/comédien/metteur en scène nous a parlé de son parcours et de ses projets autour des masculinités et du rôle des hommes dans la concrétisation des féminismes.

Quand et comment as-tu commencé à rapper ?

J’ai commencé à rapper à l’âge de 19 ans en sortant d’un concert d’Assassin. C’était en 1993, au moment de leur tournée « Le futur que nous réserve-t-il ? ». J’étais allé les voir avec un collègue, Djamal, et on a pris une grosse claque. A l’époque, il y avait Rockin’ Squat, Solo, Doctor L à la batterie et Dee Nasty aux platines. On s’est dit qu’il fallait qu’on fasse un groupe de rap. Du coup, on a monté Kabal. On a rencontré Assassin et ça a super bien matché.

La tournée d’après, on était sur scène avec eux et ils ont produit un de nos EPs en 1996. On a passé deux belles années à leurs côtés, ce qui nous a permis d’avoir tout de suite un rayonnement hexagonal à une époque où Internet n’existait pas encore. Sinon, on peut aussi ajouter que plus jeune, je kiffais les rédactions en français et pour moi, le rap était un moyen de poursuivre mon amour de l’écriture et de le mettre à l’oral.

Quels artistes écoutais-tu ?

A l’époque, j’écoutais tout ce qui sortait. Les premiers albums de NTM, Timide & Sans Complexe, Ministère A.M.E.R. , les Little… On achetait tout ce qui sortait en rap français. De mémoire, mes premiers émois c’était Eric B & Rakim, LL Cool J , tous ces mecs-là.

Et des femmes ?

Très peu. A l’époque, c’était MC Lyte, Queen Latifah, Yo-Yo, puis plus tard Foxy Brown, Lil’ Kim, Missy Elliott. En France, j’ai flashé sur Saliha quand elle a sorti son premier titre. Melaaz aussi, on était hyper fier quand elle a été invitée sur l’album de Kabal. Plus tard, Princess Anies et Sté Strausz. J’ai rencontré Nina Miskina, qui a été un gros flash. Une meuf super hardcore et véner… Casey, un peu ma sœur de plume, on se connaît bien et on se respecte mutuellement.

Ta musique a rapidement évolué et tu as multiplié les projets très diversifiés…

J’ai rencontré très vite des musiciens de jazz. Alors que je rappais seulement depuis quatre ou cinq ans, je me suis retrouvé à jouer avec Marc Ducret, Hélène Labarrière ou Benoît Delbecq, des pointures de la scène improvisée jazz en France. Je me suis dit que je devais être adroit dans mon verbe, au même titre qu’ils étaient adroits avec leur instrument. Au moment de préparer le premier album de Kabal, Djamal et moi avons décidé de monter sur scène avec des musiciens live. On a formé une équipe incroyable avec DJ Toty, Skalp, un guitariste issu du rock, Professor K, un bassiste issu de la musique afro et Franck Vaillant, un batteur issu du jazz. On s’est mis à jammer régulièrement et ça a ouvert mon spectre de possibilités.

La tournée qu’on a faite avec Assassin entre 1995 et 1997 nous a permis de rencontrer beaucoup de gens et de nous confronter à leur regard. Je suis sorti de cette tournée en me disant que je n’avais pas envie de passer pour une espèce de guerrier impitoyable qui mange bio, ne met pas ses tunes à la banque, n’achète pas de Nike et ne boit pas de coca. Je voulais trouver une autre vérité et montrer que j’étais plus complexe que ça.

Tout ça a conditionné mon travail sur mon premier album solo. J’ai essayé de brouiller un peu les pistes avec des titres humoristiques, chelous et complétement barrés, qui me donnaient la possibilité d’aller où je voulais. Ensuite, j’ai travaillé sur d’autres projets, comme La théorie du K.O.et Spoke Orkestra qui m’ont permis d’évoluer. J’ai toujours eu envie de faire plein de choses en même temps.

Comment as-tu fait tes premiers pas au théâtre ?

C’est arrivé un peu par accident. En 1998, j’ai rencontré l’auteur Mohamed Rouabhi qui m’a fait jouer dans quelques pièces. Au début, j’incarnais des silhouettes ou des rôles musicaux. Les textes étaient mortels, c’était vraiment du théâtre engagé, même si le mot est galvaudé aujourd’hui. J’ai ensuite été mis en scène par Stéphanie Loïk  et j’ai joué avec Hassane Kouyaté , qui un jour m’a demandé si j’avais déjà écrit pour le théâtre.

Je l’ai pris comme un défi et je me suis dit que c’était comme écrire un rap mais en plus long.  J’ai écrit ma première pièce et ça a été le déclencheur. Je ne me suis plus jamais arrêté depuis. J’ai monté ma compagnie R.I.P.O.S.T.E. en 2005 et je me suis rendu compte qu’il y avait un espace peu investi dans le théâtre français que j’avais envie d’occuper.

Aujourd’hui, j’écris, je fais de la mise en scène et je joue. J’aime bien travailler en collaboration avec d’autres personnes, surtout en termes de mise en scène. Mes spectacles sont souvent très musicaux et j’adore l’idée de travailler à transformer des matériaux.

A quel moment et par quel biais as-tu développé une « conscience féministe » ?

J’ai toujours fait des morceaux qui parlaient de ces problématiques. Il existe des gens antisexistes mais racistes, des antiracistes mais homophobes… Ca m’a très vite gêné. Ma réflexion sur les femmes et venue de là. De plus, je trouvais que c’était le sujet le plus complexe à aborder en tant qu’homme.

Une fois, ma mère a tenu des propos homophobes chez moi et je l’ai incendiée. Pour moi, c’est ça être engagé. L’engagement de posture, c’est un business, mais être engagé dans son quotidien auprès de ses proches, c’est différent. Régulièrement, je prends position et fais ce que j’appelle des mises à jour vis-à-vis de mon entourage, et ça fait le tri, ça crée des frottements.

C’est ce que je raconte dans « PUNCHLÎNE» : ce n’est pas très courageux de se dire « auteur engagé » et de ne pas traiter des sujets qui fâchent. Quand je parle des sujets qui fâchent, je pense à des sujets qui fâchent nos proches. Beaucoup de rappeurs se considèrent comme révolutionnaires et prétendent avoir une plume acerbe mais ne parlent jamais d’homophobie ou de sexisme. Soit c’est parce qu’il n’y en a pas dans leur entourage, ce qui m’étonnerait, soit il y en a, mais ils choisissent de ne pas l’aborder. Et dans ce cas, ça me pose problème.

Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment cela est-il perçu ? 

Je me dis comme féministe ou pro-féministe, les deux termes me vont. J’ai des amies féministes qui me disent que je ne peux pas revendiquer ce terme parce que je suis un homme. Mais vu que je suis un mec des mots, quand on me dit que je ne peux pas dire quelque chose, ça rentre par une oreille et ça sort par l’autre ! C’est comme les gens qui me disent que je ne fais pas de rap, ça ne me dérange pas et je comprends. Parce que ma musique est super particulière. Je suis un humaniste, parce que ça englobe tout.

Le rap est souvent présenté comme la plus sexiste des musiques. Qu’en penses-tu ?

Il y a du sexisme dans le rap, et je le combats, mais le rap n’est pas plus sexiste que la société. Si avant de s’attaquer au sexisme dans le rap, les gens luttaient contre le sexisme en politique, dans la pub et partout dans la société, ça ne me dérangerait pas. Je connais des gens qui se battent sur tous les terrains, toute l’année, et elles/eux, j’accepte leurs critiques. Elles/ils ne hiérarchisent pas les luttes.

En revanche, les gens de mauvaise foi qui disent que le rap est la musique la plus sexiste du monde, ce n’est pas possible. On demanderait donc au rap d’être plus propre que le monde qui l’a conçu ?! C’est un moyen de stigmatiser une fois de plus les classes populaires alors que tout le reste de la société est misogyne. Je trouve que c’est un sacré foutage de gueule.

Comment réagissent les hommes face à ton travail ?

J’ai eu des retours assez dingues sur ma pièce L’homme-femme, les mécanismes invisibles, qui a été créée en 2015. Un octogénaire qui avait vu le spectacle à Avignon m’a dit ce truc hyper beau : « C’est un discours inconnu que j’ai reconnu ».  C’est ce genre de retours hyper touchants qui m’a incité à continuer à explorer le sujet.

Quels sont tes projets à venir ?

Je viens de sortir la mixtape de sept titres FB (Faces B) Saturation. Ce projet est parti d’une envie de kicker sur des instrus américaines. La mixtape reprend des statuts Facebook remodelés ou jamais publiés. Ca m’amusait de donner une vie musicale à ces écrits publics et de travailler sur cette transformation. Je pense que je ferai ça régulièrement parce que ça fait du bien de retourner en studio, même si je n’ai pas envie de refaire un album de rap.

J’ai aussi mon projet Trioskyzophony, un groupe de  hip hop vocal improvisé lancé il y a quatre ans. C’est un collectif à géométrie variable qui existe en trois version différentes et on organise des Microphone Clubs, où on joue en live et on reçoit des invités.

Au mois de juin, j’ai monté ma pièce de théâtre Fêlures, un triptyque autour du féminin et du masculin.

J’ai également lancé les Laboratoires de déconstruction et revalorisation du masculin par l’art et le sensible, des groupes de réflexion masculin qui visera à identifier, questionner et combattre les sexismes et les mécanismes de domination du masculin On se retrouvera deux fois par mois à Bobigny et Villetaneuse pour des séances gratuites de 2 ou 3 heures. Les hommes qui voudront s’inscrire pourront me contacter sur ma page Facebook.

Ce projet est né du fait que j’ai réalisé que la société mettait l’homme à un endroit, sans que ce soit réfléchi et discuté, comme un réflexe grégaire. Ca m’a fait halluciner. En discutant avec mes proches, je me suis rendu compte qu’il y avait une zone de réflexion où personne n’allait. Ca m’a intéressé et j’ai commencé à faire un travail personnel sur moi.

Je suis antillais, descendant d’esclaves et vivant en France. Je peux parler de racisme en tant que victime potentielle. Je me suis alors demandé ce que ça me ferait de me mettre dans la peau du bourreau potentiel sur certaines questions. J’ai immédiatement pensé aux violences faites aux femmes et j’ai creusé le sujet. C’était passionnant de réfléchir à quel discours je voulais sculpter et quelles pensées je voulais amener. Ma façon de travailler consiste vraiment à réfléchir, traduire cette réflexion en mots et la transmettre.

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ? 

Peut-être qu’il serait intéressant d’avoir des vidéos de live de rappeuses. Je trouve que le concept est mortel. Vu que je suis attaché à l’idée de rendre les femmes visibles, notamment dans mes Microphone Clubs, c’est une mine d’or et je suis hyper content !

Retrouvez D’ de Kabal sur YouTube

© Alma

EXCLU – D’ de Kabal sort la mixtape "FB/Faces B Volume 1 Saturation"

Le rappeur D’ de Kabal sort la mixtape « FB/Faces B Volume 1 Saturation » en exclusivité sur Madame Rap !

Le projet de sept titres est parti « d’une envie de kicker sur des instrus américaines« , explique le MC. « La mixtape reprend des statuts Facebook remodelés ou jamais publiés. Ca m’amusait de donner une vie musicale à ces écrits publics et de travailler sur cette transformation.« 

Retrouvez l’interview de D’ de Kabal ici

Design © BATSH

Cheek Magazine x Madame Rap – 10 rappeuses qui se battent pour les droits des femmes

Madame Rap s’associe à Cheek Magazine !

Tous les mois, vous pourrez retrouver un article de Madame Rap consacré aux  femmes et au hip hop sur le site de Cheek.  Notre premier papier, « 10 rappeuses qui se battent pour les droits des femmes », est à lire ci-dessous et ici.

Le rap serait la musique la plus misogyne qui existe. C’est ce que les médias traditionnels et la société nous répètent depuis des décennies. Pourtant, quand on s’y intéresse de près, on découvre que la scène hip hop internationale regorge de rappeuses qui luttent pour les droits des femmes. Petit tour d’horizon.

Krudas Cubensi ( Cuba/USA )

C’est par leur action sociale que les “artivistes” de Krudas Cubensi se sont lancées dans le hip hop. Poètes, performeuses, éducatrices et musiciennes, Odaymara Cuesta et Olivia Prendes ont travaillé à Cuba avec des femmes et des populations queer, non blanches ou immigrées, afin de favoriser leur intégration et valoriser leurs différences. Le duo s’est inspiré de ces expériences pour porter un rap “dégenré” et militant, tout en continuant de mener un travail de terrain auprès de minorités.

Justina ( Iran )

Comment rapper dans un pays qui l’interdit et envoie les artistes en prison? La rappeuse iranienne Justina a trouvé la solution. C’est dans des studios clandestins de Téhéran qu’elle a enregistré une vingtaine de titres, avant de les sortir sur des plateformes de téléchargement américaines. A visage découvert, consciente des risques qu’elle encourt, la MC continue aujourd’hui de se battre pour la liberté d’expression et les droits des femmes en Iran. “Je revendique mes droits, mes droits humains, des droits que les hommes ont, mais que je n’ai pas.”

Blimes Brixton ( Los Angeles )

Initialement connue sous le nom de Oh Blimey, la rappeuse californienne Blimes Brixton évolue sur la nouvelle scène queer de Los Angeles. La MC, qui se définit comme “profondément féministe, antiraciste et humaniste”, multiplie les collaborations avec des artistes locales et participe à de nombreux festivals hip hop LGBTQ pour démontrer que “rap” et “queer” ne sont pas incompatibles. Bien au contraire.

Dee MC ( Inde )

Depuis Bombay, Dee MC tente d’éveiller le monde à la condition des femmes dans son pays. Bien que la scène hip hop locale connaisse un réel essor, les rappeuses y sont toujours très minoritaires. Par le biais de la musique, la MC compte bien y remédier. “Je crois que le gens ne se rendent pas compte que les femmes sont toujours discriminées dans la majeure partie de l’Inde. Il y a vraiment beaucoup de choses à améliorer, même dans les zones urbaines, où le sexisme et les inégalités existent de manière indirecte, quand elles ne sont pas visibles au grand jour.”

GOTAL ( Sénégal )

Fondé en 2009, le collectif GOTAL rassemble quatre artistes sénégalaises, Vénus, Anta Ba, Lady Zee et DJ Zeyna, qui usent du hip hop pour mener des actions sociales auprès de la population, et notamment des jeunes femmes. Parmi leurs principaux combats, la prévention des cancers du sein et du col de l’utérus et des ravages de la dépigmentation de la peau. En 2014, elles reprennent le titre U.N.I.T.Y de Queen Latifah pour “dénoncer les hommes qui pensent que pour percer dans ce milieu, il faudrait passer par une promo canapé.”

Rebeca Lane ( Guatemala )

Poète, écrivaine, performeuse et rappeuse, Rebeca Lane a choisi le rap comme outil de lutte féministe et de justice sociale. Membre de Somos Guerreras, un réseau des femmes dans le hip hop en Amérique Centrale, elle a notamment produit un documentaire sur des rappeuses et activistes sud-américaines. Elle organise également des festivals et des ateliers au Guatemala pour sensibiliser les femmes au féminisme et à la sororité.

Neblinna ( Venezuela )

Originaire de Maracaibo, une ville à 500 km à l’ouest de Caracas, Neblinna rappe depuis 2008. Dans ses textes, elle fustige les clichés sexistes persistants qui contraignent les femmes à choisir entre l’archétype de la reine beauté et le modèle de la mère de famille. Elle évoque aussi la corruption politique, l’IVG (interdite au Venezuela) et le tabou de la sexualité des femmes.

Reykjavíkurdætur ( Islande )

La politique, les abus sexuels, la corruption, le féminisme, la sodomie, les poils, le body shaming ou la culture du viol, tels sont les thèmes abordés par Reykjavíkurdætur. Ce collectif de 17 artistes (16 rappeuses et une DJ) s’est imposé sur la scène islandaise et européenne grâce à un univers loufoque et un discours d’empowerment décoiffant: “Les gens disent trop que nous sommes sexy mais que nous n’avons aucun talent. Les médias parlent davantage de nos vêtements et de notre attitude que de notre musique. Mais nous avons bien l’intention de changer ça!”

Klutch Kollective ( Afrique du Sud )

Premier groupe de rap 100% féminin en Afrique du Sud, Klutch Kollective a vu le jour en 2015. Alors qu’elle regarde les South African Hip Hop Awards à la télévision, la chanteuse/danseuse/pianiste/productrice Toya Delazy constate que les femmes sont absentes de la sélection. Elle décide alors de lancer un projet hip hop avec trois amies: “La clé de la vie est l’égalité, tout le monde doit avoir sa chance et son mot à dire. Les femmes ne devraient pas avoir à lutter pour réussir, que ce soit dans l’art ou dans le monde de l’entreprise.”

Queen Latifah ( USA )

On ne la présente plus. Rappeuse pionnière, féministe et lesbienne, Queen Latifah est l’une des premières MCs à aborder certaines thématiques dans les années 1990 aux Etats-Unis, comme le harcèlement de rue et les inégalités femmes/hommes. Bien qu’elle ait délaissé le rap au profit de la comédie et de la production audiovisuelle, elle demeure une référence dans le hip hop et ne cesse de prendre position en faveur d’une plus grande visibilité des femmes et des Noir.e.s dans le monde de la musique.

Le site de Cheek Magazine, son Facebook et son Twitter.

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NOUVEAU CLIP : Sianna – Go Fast

Née à Bamako au Mali, puis adoptée, Sianna arrive en France, à Beauvais, à l’âge de 8 mois. Elle grandit dans l’Oise bercée par les tubes de Michael Jackson et la variété française qu’écoutent ses parents. Une formation empirique qui développera son sens de la ritournelle contagieuse.

Elle a sorti son premier EP Sianna, en mars dernier. Un projet éclectique et furieux, sur lequel feeling et maîtrise se côtoient et se nourrissent, et où elle exprime sa personnalité, sa sensibilité et son sens de la mélodie.

Sianna marque  l’éclosion d’un talent singulier, décomplexé, en phase avec sa génération et son époque, l’émergence d’une voix unique, immédiatement identifiable et donc inoubliable.

Lauréate du FAIR 2016, elle a déjà fait plus de 50 dates en un an et a assuré les premières parties de Soprano, Niska et Booba. Elle a aussi participé à de nombreux festivals comme le Printemps de Bourges, Les Francofolies de La Rochelle, les Eurockéennes, le Paléo…

Premier album et en tournée en 2016 et nouveau clip ! 

NEW E.P : THE STEP SISTERS – Savages Sisters

Les Stepsisters : Mona vinci et Nenah Blaque sortent un nouvel E.P « Savages » .
Un come back à  suivre de près, des rappeuses de Miami après le gros succès de leur EP « 40’s and Jumpsuits » et le morceau « DopeBitch ».

Émergeant de la scène hip hop underground de Miami, the Step Sisters est le premier duo de rap féminin de la dernière décennie dans la ville.

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Leur dernier clip « Self Made Bitch  » :

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Clip de la semaine : "The Remix" MC Lyte ft Lee Mazin

MC Lyte est  la première rappeuse en solo à publier un album, Lyte as a Rock, acclamé par la presse spécialisée. Elle a longtemps été considérée comme une rappeuse féministe.

Après douze ans d’absence – elle a sorti l’année dernière son huitième album Legend Ball et le titre Ball en featuring avec Lil Mama et AV-, la MC revient ce mois-ci avec Lee Mazin en featuring sur le morceau  » The Remix », çà se passe ici :

Madame Rap Party #1 You Can’t Play With My Yo-Yo

Madame Rap, première plateforme dédiée aux femmes dans le hip hop vous donne rendez-vous pour la soirée You Can’t Play With My Yo-Yo  jeudi 29 septembre 2016 à partir de 19h à La Mutinerie à Paris !

Flyer Madame Rap - Mutinerie V1

Au programme, un open mic de rappeuses, des concerts de MCS internationales et un DJ set.
Ensemble, célébrons les femmes, les féminismes, l’art et les cultures urbaines !
20H – 21H O P E N M I C – Rappeuses
21H – 22H L I V E S + Special Guest !
Valore ( U.S.A.)

Dinamita ( Costa Rica )

A2n  ( Paris )


22H – 0H DJSET HIP HOP RAP Old Schol
→ EMERALDIA AYAKASHI ( Madame Rap )
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ENTREE LIBRE
Happy Hours 19h-20h
———-INFOS———-
La Mutinerie
176-178 Rue Saint-Martin Paris
Métro Rambuteau
EN PARTENARIAT AVEC :
CHEEK MagazineUNION STREETHip-Hop 4 LifeStreetPress

Retrouvez l’événement sur  Facebook.

Clip de la semaine : Lucci Vee x Queen Envi – Champions

Les rappeuses Lucci Vee et Queen Envi font à nouveau équipe sur le titre et le clip « Champions ».

A 23 ans, Lucci Vee, anciennement connu sous le nom Sneaker Vixen, est un phénomène du rap féminin. « Je suis prête à changer l’ensemble du Rap Game  » déclare-t-elle dans une interview récente.

Cette DMV (Dc, MD, VA) native de Chicago semble en bonne voie, avec ses lyrics street et sexy et des prestations impeccables. 


En en bonus on vous fait (re) découvrir ou la mixtape  « Confessions of a Glamazon » : http://www.datpiff.com/embed/m17a10c8/