Auteur/autrice : madamerap
Nouveau clip – « Little Sabrina » de Red Shaydez
« Red Shaydez sort le vidéo « Little Sabrina » !
Plus qu’un simple clip, c’est un véritable mini-film que la rappeuse de Boston propose ici pour accompagner son titre qui retrace le parcours d’une adolescente influençable et confrontée à la pression de son entourage.
« Little Sabrina » a été composé pour la compilation de Madame Rap « Still I Rise« , sortie en novembre 2016, qui rassemble 10 MCs internationales mobilisées contre les violences faites aux femmes.
Toya Delazy : « Je n’ai pas envie qu’on me pose des questions sur mon apparence et ma sexualité »
Madame Rap a rencontré Toya Delazy à Paris, lors de sa participation à notre Madame Rap Cypher au Terrass Hôtel. La rappeuse sud africaine nous a parlé de sa nouvelle mixtape « Jet Lag », de sa vie à Londres et de son prochain album.
Comment as-tu vécu ce Madame Rap Cypher avec Lor’a Yéniche, Hechi MC et Dinamita ?
J’ai adoré ! Même si je suis habituée aux freestyles, j’étais un peu stressée. J’ai trouvé que chacune avait son propre style et c’est ce que j’aime dans le rap. Le simple fait de sentir leur flow, même si je ne comprenais pas la langue, était génial. Ça m’a fait réaliser que les femmes sont bien là et qu’il faut qu’on en fasse quelque chose.
Tu viens de sortir la mixtape « Jet Lag », qui est ton premier projet depuis 2015. Que s’est-il passé pendant ces deux années ?
J’étais coincée dans un contrat avec mon ancien label et ne pouvais pas m’exprimer comme je le souhaitais. J’ai dû patienter et me retrouver. J’ai appris à mieux me connaître, à mieux définir ce que j’aimais et ce que je pensais. C’est un drôle de processus. Pendant cette période, de nombreux artistes m’ont envoyé des titres et j’ai fini par avoir un grand nombre de chansons en attente sur mon disque dur.
Comment définirais-tu ce projet à des gens qui ne connaissent pas ta musique ?
C’est un mélange de jazz, d’électro et de hip hop. Ecoutez le !
Avec qui as-tu travaillé ?
J’ai produit le titre « Mgani Wami » en featuring avec Moonchild. On l’a enregistré dans un entrepôt à Johannesbourg et on ressent bien cette ambiance. J’ai aussi collaboré avec le producteur américain Synesthetic, qui m’a envoyé de nombreux beats. Il a notamment composé « Do It For You » et « Boss Bitch ». EW, de Pologne, et Ameen, de Cape Town, ont aussi produit plusieurs morceaux.
Certains de tes titres, notamment « Kangaroo », font penser à Missy Elliott…
Si mon son peut avoir la même énergie, je suis ravie ! J’adore sa musique, elle est dingue et imaginative. J’ai envie que mes morceaux passent aussi en club, donc la comparaison est cool.
Pourquoi le titre « Jet Lag » (= décalage horaire) ?
Parce que j’ai beaucoup voyagé et j’ai écrit la plupart des titres dans l’avion. Aussi, « Jet Lag » parle de changement et du fait de ne pas toujours réussir à s’y adapter. Je me suis dit que j’étais une jet-setteuse qui s’était retrouvée confrontée à un changement de statut, de star de la pop à rappeuse qui ne veut pas être une poupée. J’aime la pop et ne vais pas cracher dessus, mais tu ne peux pas être coincée dans un certain style et interdite d’explorer un autre espace. J’avais 21 ans à l’époque et j’ai 27 ans maintenant, j’ai grandi.
Il y a deux ans, tu as quitté l’Afrique du Sud pour t’installer à Londres. Pourquoi ce choix ?
J’avais besoin d’une pause. Je suis partie d’Afrique du Sud pour tenter une expérience nouvelle et me redécouvrir. J’ai mis toutes mes affaires dans un box à Cape Town et j’ai déménagé. J’y retourne régulièrement, mais je pense que partir est la meilleure chose qui me soit arrivée. Au début, c’était difficile parce que tout était différent. Je n’habitais plus au bord de la mer, j’ai même perdu mon teint ! Je comprends le concept de bronzage maintenant ! Mais je n’ai aucun regret. C’est tellement beau d’explorer et de ne pas trop se prendre au sérieux.
Quelles différences perçois-tu entre la scène hip hop au féminin en Afrique du Sud et au Royaume-Uni ?
Au Royaume-Uni, même si cette scène n’est pas énorme, il se passe des choses, avec des artistes comme Lady Leshurr ou Little Simz. Mais en Afrique de Sud, il y a très peu de femmes capables de remplir une salle de concerts. C’est un milieu très largement dominé par les hommes. J’ai l’impression qu’au Royaume-Uni, c’est une question de talent alors qu’en Afrique du Sud les filles doivent faire les potiches pour attirer l’attention. Les femmes avec lesquelles je travaille ne sont pas ce type de filles. Elles n’essaient pas de démontrer quoi que ce soit. Elles sont juste douées et font leur truc, mais il leur manque une plateforme pour s’exprimer. Là-bas, tu te fais juger avant même que tu aies pu montrer ce que tu valais. Par exemple on te dit : « Pourquoi tu ressembles à un mec ? » Je n’ai pas envie qu’on me pose des questions sur mon apparence et ma sexualité. C’est vraiment dur d’être une femme en Afrique. Je me sens plus en sécurité au Royaume-Uni. Je peux être moi-même.
Nous t’avions interviewée en juin 2016, quand tu venais de lancer Klutch Kollective, premier groupe de rap féminin en Afrique du Sud. Où en est ce projet aujourd’hui ?
On a travaillé sur un EP et j’ai produit des titres pour elles. Elles sont incroyables. Elles ont travaillé avec des artistes américains et enregistré des morceaux de ouf, que vous entendrez cette année si tout va bien !
Quels sont tes projets à venir ?
La mixtape a reçu un très bel accueil, ça me fait super plaisir. Sinon, je travaille sur mon album. Je suis venue à Paris pour enregistrer un titre avec KillASon. On a déjà beaucoup discuté mais je suis impatiente de le rencontrer !
Retrouvez Toya Delazy sur son site, Facebook, Twitter et Instagram.
Stéphane Amiel : « Ce qui m’intéresse, c’est de montrer la diversité des modèles féminins »
Madame Rap a rencontré Stéphane Amiel à l’occasion du concert de Sônge et Little Simz à La Gaîté Lyrique à Paris. Le fondateur et programmateur des Femmes S’en Mêlent (LFSM) nous a parlé des 20 ans du festival, de la difficulté de monter un tel événement aujourd’hui et de sa collaboration avec Barbieturix.
Qu’est ce qui a changé depuis les débuts du festival il y a vingt ans ?
Quand j’ai commencé le festival, 80% de la programmation était mes artistes. Maintenant qu’Imperial Prod n’existe plus et que je ne suis plus agent d’artistes, je suis beaucoup plus détendu. Je suis prêt à aller partager, à défendre des projets à droite à gauche et je regarde moins ce que fait le voisin.
Les premières années, on était tout le temps complet parce qu’il y avait moins de concurrence à l’époque. Lors de la troisième édition, on a programmé Kim Gordon, Electrelane, Feist, Metric, Le Tigre, M.I.A… C’est plus compliqué aujourd’hui. Il faut penser différemment. Je me demande toujours si j’ai la bonne programmation !
Les gens ont peut-être envie d’écouter autre chose que du rock…
Oui, on est dans une période charnière. Ce qui excite les gens aujourd’hui, c’est la musique hybride, plus urbaine, hip hop, avec des mélanges. L’indé périclite. Ce n’est pas évident pour moi parce que je viens de l’indé et je booke parfois des artistes qui ont le cul entre quatre chaises. Par exemple, Emily Wells, qui fait à la fois de l’expérimental et de l’indé, c’est beau, onirique, ça pourrait plaire, mais c’est dur à cataloguer.
Quel regard portes-tu sur les autres festivals musicaux dédiés aux femmes ?
Il existe très peu de festivals musicaux dédiés aux femmes aujourd’hui. J’étais étonné de voir que Elfondurcok en était à sa 22e édition parce que tous les festivals, comme Muzik’elles à Meaux, se cassent la gueule faute de subventions ou lâchent l’affaire au bout d’un moment. LFSM a cette longévité parce qu’on fait preuve d’acharnement. Je peux commencer le festival avec zéro euro, en partant bille en tête et en me disant que je trouverai bien un moyen de le monter. Je le fais avec passion.
En quoi LFSM est-il unique ?
LFSM est à l’image des artistes que je programme : il est indé. Il prend des risques et essaie d’être précurseur. Je demande souvent aux artistes ce que jouer aux Femmes S’en Mêlent représente pour elles et elles me répondent que c’est important, qu’elles se sentent valorisées et bien accueillies. On a créé une communauté, une famille, d’artistes, où on défend toutes et tous la même chose, à savoir, une nouveauté, une fraîcheur et la volonté de sortir des sentiers battus. C’est pour ça que le festival reste malgré tout dans une sphère intimiste.
Ce qui m’intéresse, c’est de montrer toutes ces facettes et la diversité des modèles féminins. On peut passer de l’Islandaise Soley à la rappeuse Little Simz, puis à Michelle Gurevich, artiste mature de cabaret lynchien mais soviétique et Rebeka Warrior de Sexy Sushi, plus militante.
Aussi, c’est un festival itinérant, ce qui fait sa force. Ça permet à ces femmes artistes de se rencontrer dans un autre cadre. Elles partagent souvent beaucoup de choses sur les tournées.
En quoi la situation des femmes a-t-elle évolué ?
Ce qui m’a marqué cette année, c’est la parité dans le groupes. Hurray for the Riff Raff étaient trois filles et deux garçons, Pi Ja Ma, trois filles, un garçon, Michelle Gurevich, trois filles, un garçon. A la basse, à la batterie, partout ! Les choses bougent mais les groupes 100% féminins, comme The Organ, Chastity Belt ou Warpaint, restent rares.
Comment trouves-tu ces artistes ?
Je reçois tellement de projets et de propositions ! J’ai des sympathisants dans chaque pays, des gens à qui je fais confiance. Certaines artistes qui ont été programmées nous recommandent à d’autres. Par exemple, Metric a joué au festival parce que Feist leur en avait parlé. C’est comme ça qu’ils ont fait leur première date en France.
Que bilan tires-tu de cette 20e édition ?
On ne fait pas le bilan mais on s’ouvre et on se tourne vers l’avenir. Il est temps d’intégrer d’autres choses et de se réadapter. Par exemple, notre collaboration avec Barbieturix était cool parce qu’elle nous a emmenés ailleurs. Avec Rag, j’ai trouvé une autre vraie passionnée de musique, qui vient autant aux concerts d’électro que de folk et qui aime toute la musique dans son ensemble.
Qu’attendre de l’édition 2018 ?
L’idée serait de développer plus de collaborations, d’organiser des soirées où on sait qu’on est au bon endroit avec les bonnes personnes. Il faudrait qu’on soit moins isolé.
J’adorerais être deux ou trois soirs dans un même lieu avec plusieurs scènes. Organiser plusieurs soirées successives peut conduire à perdre du public. Alors que l’idée d’un festival c’est ça : se dire que même si tu n’aimes pas le métal, tu peux tomber par hasard sur un groupe que tu n’étais pas venu écouter et te laisser séduire. Mais j’aime le côté DIY de ce festival et je n’ai pas envie qu’il devienne trop institutionnel.
Cette année, j’ai essayé d’avoir Beth Ditto comme marraine et on m’a dit non, alors qu’elle vient jouer à Paris au mois d’avril… Ce milieu me rend triste et au final, je ne l’aime pas. C’est pour ça que j’adore mon indépendance. Parfois c’est la lose, mais au moins c’est de la lose flamboyante !
Retrouvez Les Femmes s’en Mêlent en tournée en France jusqu’au 10 juin 2017, sur leur site, Facebook, Twitter et Instagram.
Nouveau single – « Nubes » de Niña Dioz
Niña Dioz sort le titre « Nubes » featuring Shigeto !
La MC mexicaine basée à Los Angeles et l’artiste nippo-américain de Detroit, signé sur le célèbre label électro Ghostly, ont enregistré le morceau à Joshua Tree dans le cadre d’un programme lancé par Smirnoff Sound Collective.
Madame Rap Cypher au Terrass Hôtel
Madame Rap a organisé son premier Madame Rap Cypher au Terrass Hôtel à Paris avec 4 rappeuses internationales :
– Hechi MC ( Chili )
– Toya Delazy ( Afrique du Sud )
– Dinamita ( Costa Rica )
– Lor’a Yéniche ( Metz / France)
et la DJ Emeraldia Ayakashi aux platines !
Retrouvez les vidéos du cypher sur YouTube :
Sônge : « Je ne mets pas forcément mon genre en avant »
Madame Rap a interviewé la chanteuse Sônge quelques minutes avant qu’elle ne monte sur la scène de La Gaîté Lyrique, en première partie de la rappeuse britannique Little Simz dans le cadre du festival Les Femmes S’en Mêlent à Paris. L’artiste électro R&B nous a parlé genre, synesthésie et Rihanna !
Mona Haydar
NOM : Mona Haydar
TITRE : Hijabi
ANNÉE : 2017
PAYS : Syrie/États-Unis
Chilla : « Je ne suis pas dit : je vais faire du rap féministe »
The Sorority : « Nous sommes tellement plus que des corps et nos rimes le prouvent »
The Sorority s’est fait connaître en sortant une reprise de « Ladies Night » de Lil’ Kim à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Madame Rap a parlé féminisme et hip hop au féminin avec les quatre rappeuses du groupe Keysha Fresh, Lex Leosis, Haviah Mighty et pHoenix Pagliacci.
Quand et comment avez-vous fondé The Sorority ?
Juste après avoir tourné notre Cypher « TeamBackPack » pour la Journée Internationale des Droits des Femmes en 2016. Nous avons reçu tellement de soutiens et de demandes que nous avons décidé de former un groupe. Nous avons joué un peu avec cette idée avant de l’officialiser en novembre 2016.
Pourquoi avoir choisi de reprendre « Ladies Night » ? Qu’est-ce que ce titre représente pour vous ?
C’était une idée que nous avions depuis longtemps sans savoir quoi en faire, alors quand on a formé le groupe c’était parfait. Le morceau original de 1997 valorise l’unité entre rappeuses et on voulait remettre ce message au goût du jour.
D’après vous, que doit-on encore changer pour améliorer la situation des femmes dans le hip hop ? Et dans la société ?
Keysha : L’idée fausse selon laquelle le sexe fait vendre. Nous sommes tellement plus que des corps et nos rimes le prouvent.
pHoenix : Il faut arrêter de discriminer les femmes dans le hip hop surtout par rapport à leurs textes et leur contenu. Nous sommes obligées de rentrer dans des moules invisibles, que des rappeuses comme Remy Ma et Young M.A. parviennent à briser. Les femmes peuvent parler de violence et de sexe sans être « trop masculines ». De la même manière, les hommes peuvent parler de leurs sentiments et de relations amoureuses sans être « trop féminins ». La société a beaucoup avancé, mais on a encore un long chemin à parcourir.
Haviah : Le hip hop n’offre pas suffisamment d’opportunités aux femmes et manque de solidarité féminine. Il y a moins de promoteurs de concerts, de bookeurs, d’agences et de managers pour les rappeuses. Et le peu qui parviennent à passer entre les mailles du filet se battent souvent pour rester les seules dans cette position qu’elles ont si difficilement obtenue. Il faut programmer plus de femmes sur les scènes, dans les festivals, avoir plus d’ingénieures, de femmes qui enroulent des câbles en studio, plus de femmes partout ! Les entreprises doivent recruter activement des femmes, considérer des services fournis par des femmes et le préconçu selon lequel les femmes et les hommes devraient s’engager dans certains domaines doit disparaître. Une fois que ce sera la cas, nous verrons clairement qu’il y a de la place pour tout le monde et nous pourrons alors travailler ensemble, promouvoir des messages similaires et atteindre des buts communs.
Lex : Pensez à nous pour les festivals, programmez nous en tête d’affiche. Il y a tellement de femmes talentueuses qui passent des tonnes d’heures à bosser leur art.
Vous définissez-vous comme féministes ? Pourquoi ?
pHoenix : Je suis super féministe. Je suis pour que les femmes travaillent ensemble, bousculent les rôles de genre et les mythes d’effacement, s’imposent dans des univers dominés par les hommes, soient payées équitablement, partagent les rôles reproductifs et parentaux avec les hommes, soient capables de briser le plafond de verre du sexisme, des abus et de l’irrespect. Je suis assurément Team Feminist !
Haviah : Je ne me suis jamais définie comme féministe, bien que je croie en l’égalité pour les femmes, l’égalité salariale, et la majorité des sujets qui généralement désignés comme étant féministes. Je soutiens aussi les droits de Noir.e.s, des enfants, des indigènes. En tant que femme, un grand nombre de mes actes ont une visée féministe car je suis constamment en train de repousser les limites, me mettre dans des positions dans lesquelles de nombreuses femmes seraient mal à l’aise et intégrer des femmes comme moi là où nous l’avons décidé. Mais je soutiens tout le monde, surtout les défavorisé.e.s et ce, quel que soit le domaine. Et je ne colle pas d’étiquettes.
Keysha : Personnellement non, bien que je croie en l’égalité.
Lex : Je pense que le terme « féministe » a une connotation tellement péjorative auprès des gens que je ne connais même plus la vraie signification du mot. Mais si « féministe » signifie se battre pour les femmes, être fière d’être une femme et vouloir être jugée de la même manière que nos frères dans le hip hop, alors oui, je suis féministe.
A quoi ressemble la scène hip hop au féminin à Toronto ?
Lex : Elle est en plein essor. Tant de talent. Tant de voix de femmes véritablement dédiées à leur art.
Keysha : Il y a de nombreuses femmes qui sont très talentueuses et beaucoup de camaraderie. La plupart d’entre nous essayons de nous soutenir mutuellement de manières différentes.
pHoenix : Malgré tout, cette scène est éparpillée, outre les événements consacrés aux femmes. La plupart des artistes travaillent seules sur leurs propres projets solo. Il n’y a pas de haine ou d’aversion, ce qui est cool. Juste pas beaucoup d’unité, hormis dans les shows 100% féminins.
Haviah : Une poignée de filles font leur truc en indépendante. Certaines artistes super douées assurent grave. Il faut juste que les publics potentiels ouvrent les yeux, viennent aux concerts et voient ce que je vois. Il faudrait aussi que les femmes dans le hip hop travaillent plus ensemble, au lieu de toujours collaborer avec un homologue masculin.
Qui sont vos rôles modèles féminins et pourquoi ?
pHoenix : Mes rôles modèles féminins sont DJ MelBoogie, une légende à Toronto qui me rappelle qu’on peut tout faire (travailler de 9h à 17h, être parent et être DJ). J’admire aussi beaucoup Eternia et Michie Mee, deux légendes de la scène canadienne qui m’ont montré la voie. Aussi Janelle Monàe, humble, modeste et qui déchire tout. Roxanne Shante, la première femme à avoir dépassé les lignes du genre dans le hip hop américain. J’ai plein de rôles modèles ! Lol.
Keysha : Queen Latifah est un grand modèle pour moi. Elle possède plusieurs entreprises, produit des films et de la musique. Elle ne se cantonne pas à une seule chose. J’adore. J’aspire à être comme ça.
Haviah : Aussi cucul que cela puisse paraître, ma mère et mes sœurs sont mes premiers rôles modèles féminins. Elles m’ont montré ce que signifiait le fait d’ouvrir de nouveaux horizons. Exploite un talent, pratique le, crée un projet qui se sert de ce talent et sors-le. C’est comme ça que tu ouvres de nouveaux horizons. On ne m’a jamais donné de formule toute faite, mais on m’a apporté du soutien au cours de ce processus et on m’a toujours rappelé mes responsabilités. C’est grâce à elles que je suis capable de jongler entre un job à plein temps et le management de ma carrière.
Lex : Je dirais que chaque femme court après un rêve. Ça a l’air super ringard mais je le pense vraiment au plus profond de mon âme. Que ce soit chez les femmes de ma famille, les rappeuses, les femmes de « carrière » ou les femmes au foyer, rien n’arrête une femme passionnée.
Qu’écoutez-vous en ce moment ?
Lex : Beaucoup de grime. Le nouvel album de Stormzy est génial. J’écoute aussi en boucle le nouvel opus de Jidenna.
Haviah : Mon album vient de sortir donc je ne suis pas objective : j’écoute «Flower City» de Haviah Mighty ! Drake vient de sortir « More Life » et j’essaie de me faire un avis sur cette « playlist ». Le nouveau Big Sean est cool aussi. En fait, je bidouille sur Spotify et cherche à trouver des nouveaux sons. « On My Grind » de Tunji Ige est mortel. Je suis tombée dessus il y a deux semaines.
Keysha : J’écoute beaucoup Popcaan, Charly Black et Chronixx.
pHoenix : J’écoute tout ce qui sort. Le nouveau Drake, le nouveau Future, le nouveau Migos, le nouveau Thundercat. Si c’est nouveau, j’écoute.
Quels sont vos projets à venir ?
Keysha : Je travaille sur différents projets avec plusieurs artistes avec qui je collabore.
pHoenix : Mon prochain projet s’appelle « TRP.P ». Il s’agit d’une collaboration de production/chanson avec TRuss, un producteur/auteur/chanteur de Toronto. Ça va être du lourd et ça sort en octobre.
Haviah : Je viens de sortir mon cinquième EP solo « Flower City » le 10 mars dernier.
Lex : The Sorority travaille dur sur de nouveaux titres et mon projet solo « Tomboy » sortira au printemps avec du merchandising et des vidéos !
Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
pHoenix : J’aime le fait que le site montre la diversité du hip hop. Bien que vous vous focalisiez sur les femmes, ce que J’ADORE, vous vous focalisez aussi sur les différents styles, couleurs, thématiques et personnalités des femmes. Ça couvre vraiment tout le spectre sans nous cataloguer. J’aime beaucoup. Bon boulot !
Haviah : Je kiffe ! Apparemment, nous partageons un même but : créer de la solidarité et de l’unité entre femmes dans le hip hop et une plateforme qui leur permet de briller hors des cadres et au-delà des frontières. Je suis à fond, continuez à déchirer !
Lex : Je suis d’accord avec Haviah !
Keysha : Continuez le super boulot, vous assurez grave !
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Nouveau clip – « Critique Like Me » de Reverie
Reverie sort « Critique Like Me » produit par Louden et extrait de son projet « Satori » prévu pour le 14 avril prochain.
Nouveau freestyle – « Céleste » de Renä
Nous avions déjà partagé le E.P. de Renä « PARTITION D’UNE PARTIE SOMBRE » sorti en septembre 2016. La rappeuse continue sur sa lancée avec son freestyle « Céleste ».
Nouvel album – Yin Yang de Yésima
Misstake
NOM : Misstake
TITRE : Boomerang
ANNÉE : 2017
PAYS : Italie
Nouveau clip – « Sale chienne » de Chilla
Découvrez le nouveau clip de Chilla « Sale chienne » !
Dans cette vidéo en noir et blanc 100% féminin, Chilla dénonce la stigmatisation des femmes et la misogynie de la société avec des lyrics explicites comme « J’aurais beau tarté des milliers d’MCS, les femmes ne s’raient bonnes qu’à la vaisselle » ou encore « Si tu fais des tunes, t’es une salope, même avec un pull, t’es une salope« .
Après « Si j’étais un homme« , qui abordait le thème des violences faites aux femmes, notamment du harcèlement de rue et des violences conjugales, la rappeuse de 22 ans originaire de Gex, près de Lyon, s’inscrit avec « Sale chienne » dans une démarche ouvertement féministe. La preuve une fois de plus que les femmes issues de la génération Y insufflent un vent de renouveau sur le rap français.
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Jeu concours – Les Femmes S’en Mêlent x Madame Rap
Madame Rap vous fait gagner 3×2 places pour le concert de la rappeuse britannique Little Simz jeudi 30 mars à La Gaîté Lyrique à Paris, dans le cadre du festival Les Femmes S’en Mêlent !
Pour participer, il vous suffit de répondre aux trois questions ci-dessous et d’envoyer vos réponses à madamerap@gmail.com (OBJET : Jeu concours LFSM). Les trois gagnant.e.s seront tiré.e.s au sort. Go !
1. En quelle année le festival Les Femmes S’en Mêlent a-t-il été lancé ?
a) 2007
b) 2000
c) 1997
2. Quel est le surnom de Little Simz ?
a) Bart Simpson
b) Bars Simzson
c) Lisa Simzson
3. En décembre 2016, Little Simz a sorti l’album « Stillness in Wonderland » inspiré d’un livre. Lequel ?
a) Alice au Pays des Merveilles
b) Cendrillon
c) Le Chat Botté
Billeterie / Site Officiel du festival / Facebook du festival
Milly Parkeur : « Je suis une femme, je suis africaine et j’en suis fière »
Rencontre avec Milly Parkeur, rappeuse togolaise afroféministe de 20 ans, qui vient de sortir un titre pour dénoncer le problème des grossesses non désirées.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop et qu’est ce qui t’a donné envie de te mettre à rapper ?
J’ai découvert le rap en 2002 avec la sortie de « Temps mort » de Booba. A l’époque, c’est mon grand frère qui l’écoutait en boucle ! Pour ce qui m’as donné envie de rapper Je ne saurais dire ce qui m’a donné envie de rapper parce que ce n’est pas parti d’une simple envie mais d’un appel, un peu comme les prêtres quoi ! Quand Dieu t’appelle, tu comprends qu’il est temps de le suivre. C’était pareil avec le rap ! Ce qui est chouette avec le rap, c’est que ça permet de s’exprimer, de jouer avec les mots, c’est de la poésie moderne !
Quelles sont tes modèles féminins dans le hip hop et tes sources d’inspiration ? Pourquoi ?
Je n’en ai pas tellement, vu que je n’écoute pas exclusivement du hip hop. Mais j’aime beaucoup Lauryn Hill. Dans un autre style, j’aime bien ce que fait Nicki Minaj et sa façon de s’affirmer.
Mes sources d’inspirations sont plutôt personnelles … D’abord moi, mon vécu (à 20 ans on pourrait bien en douter ! ), mon quotidien et surtout mon entourage ! Bref, j’écris sur la société dans laquelle je vis.
Tu viens de sortir le clip « Toi et moi contre le monde » qui parle du problème des grossesses non désirées. Pourquoi as-tu voulu aborder ce sujet ?
Malheureusement, le problème des grossesses précoces chez les jeunes filles, notamment à l’école, est assez répandu au Togo et une grossesse à 16 ans détruit la vie. Même dans le cas où la jeune fille garderait l’enfant avec le soutien de sa famille et de celle du père de l’enfant, elle serait obligée d’arrêter l’école pendant un an au minimum. Dans la plupart des cas, elles arrêtent l’école définitivement alors que les hommes poursuivent leurs études sans problèmes.
Au Togo, ce n’est pas comme en France l’avortement est interdit. Quand des jeunes filles désespérées décident d’avorter, elles font des mélanges de médicaments dangereux ou de « recettes » traditionnelles. Perdre ses jambes, comme je le dis dans la chanson, est peu probable, mais il n’est pas rare d’y perdre la vie tout court…
Il faut donc résoudre le problème avant qu’on en arrive à une grossesse. Les contraceptifs ne sont pas faciles d’accès ici (plutôt chers aussi), l’éducation sexuelle est assez limitée et de manière générale, les femmes ont du mal à imposer le préservatif.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai voulu aborder ce sujet. Bien sûr, un titre ne peut pas tout changer, mais si en m’écoutant certaines jeunes filles décident de penser à elles en premier ou certains garçons réfléchissent aux conséquences de leurs actes, j’aurais déjà tout gagné !
Quels messages souhaites-tu véhiculer à travers ta musique ?
J’écris avant tout pour que les jeunes comme moi se reconnaissent dans mes textes. Je ne cherche pas à faire passer un message à chaque fois, tout dépend de « l’inspi ». La musique sert aussi à distraire. Donc je parle de mon vécu, de nos vécus, du vécu des gens qui m’entourent et si ça donne fait réfléchir quelques-un.e.s, tant mieux ! Sinon, l’important c’est qu’elles/ils « bougent la tête » en rythme !
A quoi ressemble la scène rap féminine au Togo ? Comment les rappeuses sont-elles perçues ?
En fait, l’expression « rap féminin » m’indispose assez. Elle montre bien à quoi ressemble la scène rap : les hommes font du rap et les femmes font du « rap féminin !
La scène rap est en pleine expansion chez nous avec l’avènement de nombreux rappeurs, hommes comme femmes. La difficulté c’est que ce qui marche en ce moment c’est la « trap », les bits qui font danser. Le public veut bouger ! Les rappeur/ses comme moi qui essayent de faire passer le texte avant tout cherchent l’équilibre entre le message et le « commercial ». Sinon il faut dire qu’au Togo, on n’a pas vraiment d’industrie musicale en tant que telle. Personnellement, j’ai la chance d’être soutenue par un petit label, Africa Real Music Industry, lancé par un réalisateur togolais (ETSE Edem Prudencio). Ici, on ne vend pas d’albums physiques et encore moins de vinyles ! Le seul moyen de se financer un peu est la scène, mais les cachets ne sont pas vraiment conséquents. Tout cela fait qu’on a du mal à espérer vivre de notre art. Et ce qui fait un peu le « buzz », c’est les paroles sexuellement explicites, la provoc…
Donc quand tu es une fille, il en faut bien « une ». A l’affiche de scènes qui réunissent une trentaine d’artistes, on compte les femmes sur les doigts de la main (pas seulement les rappeuses). Le rap reste considéré comme un domaine exclusivement masculin donc ce n’est pas facile de s’imposer, mais on se bat ! Je communique beaucoup sur le fait que le rap n’est pas forcément une musique de voyous. C’est la mauvaise réputation de ce style de musique qui empêche aussi les filles de se lancer. Après, j’entends souvent dire « Milly, elle rappe plus que « (nom d’un rappeur homme) ». Les rappeurs restent la référence.
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
Oui ! Afroféministe ! Pour tout ce dont on parle depuis tout à l’heure, pour qu’un jour chaque petite fille africaine puisse avoir la chance de devenir qui elle veut dans la vie ! Je suis une femme, je suis africaine et j’en suis fière. Je ne vois pas pourquoi je devrais me limiter.
Qu’écoutes-tu en ce moment ? D’autres artistes togolaises à nous conseiller ?
J’écoute pas mal de choses, pas seulement du hip hop. Par exemple, le nouvel EP de Jok’air (« Big Daddy Jok »), Blacko puis j’adore le son de Vianney (« T’es pas là »), Julio Iglesias (« Je n’ai pas changé ») Miriam Makeba et Nat King Cole (« Unforgettable »). C’est ma playlist du moment !
En ce qui concerne les Togolaises on est peu nombreuses donc je peux vous citer toutes mes consoeurs : Chelsea, Myra, Aurly Shiaki, Flash Marley, Ayamey et Joëlle. Je crois que je n’ai oublié personne ! Mais au-delà des rappeuses j’apprécie vraiment Kézita qui fait du reggae et Adjoa Sika qui a une voix sublime !
Quels sont tes projets à venir ?
Je suis en studio et j’écris beaucoup. Je prépare la sortie d’un EP de huit titres. Je prends le temps de bien bosser, donc je ne peux pas vous donner la date pour le moment !
Que penses-tu de Madame Rap ? Qu’est ce qui devrait être changé ou amélioré ?
Alors je connais Madame Rap depuis peu de temps mais j’ai vraiment aimé l’initiative et l’espace de visibilité que ça donne aux rappeuses ! J’ai bien aimé l’article que vous avez écrit pour le 8 mars pour Cheek Magazine qui montre qu’on peut faire du rap sans être irrespectueux envers les femmes. Vous faites ce que j’essaye de faire à mon échelle, casser les clichés qui collent au hip hop. Mais surtout je voulais vous dire un grand merci de me laisser l’opportunité de m’y exprimer. Continuez de faire ce que vous faites et de nous dénicher même à des milliers de kilomètres !
Festival Les Femmes s'en mêlent #20
Depuis vingt ans, le festival » les Femmes s’en Mêlent » n’a de cesse de défendre et de mettre en lumière la scène musicale féminine indépendante.
Avec une programmation d’artistes au caractère bien trempé, cette édition anniversaire nous promet encore de belles découvertes musicales.
Du 27 au 31 mars, la capitale résonnera donc aux rythmes singuliers et innovants des jeunes perles d’aujourd’hui et de demain.
Du flow aiguisé de Little Simz aux mélodies galvanisantes d’Austra, en passant par les productions minimales et organiques de Laurel, le festival renouvelle une fois encore ses promesses de dénicheur de talents au féminin !
DÉCOUVREZ LE PROGRAMME :
—————-LUNDI 27/03 AU DIVAN DU MONDE —————-
HURRAY FOR THE RIFF RAFF (UK) // Pop
Ecoutez un extrait de son album The Navigator : Hungry Ghost
LAUREL (UK) // Pop organique
Ecoutez un extrait de son EP PARK : Hurricane
CANNERY TERROR (FR) // Garage Psyché
Découvrez leur morceau : Cheese
—————- LUNDI 27.03 À MADAME ARTHUR —————-
LES DEMOISELLES S’EN MÊLENT (FR) // Pop/Rock
VICTORINE
Ecoutez un extrait de son album Desunis de l’Univers : Desunis de l’Univers
KUMISOLO
Ecoutez un extrait de l’EP La Femme Japonaise : Transports en commun
—————- MARDI 28.03 AU DIVAN DU MONDE —————
MICHELLE GUREVICH (CA) // Rock hypnotique
Ecoutez un extrait de son album New Decadence : First Six Months Of Love
EMILIE & OGDEN (CA) // Indie-pop
Ecoutez son nouveau morceau : White Lies
—————- MARDI 28.03 À MADAME ARTHUR —————-
NILÜFER YANYA (UK) // Chill Jazzé minimaliste
Retrouvez un extrait de son EP The Small Crimes : Keep On Calling
—————- MERCREDI 29.03 AU DIVAN DU MONDE ————
SOLEY (ISL) // Pop Feutrée
Ecoutez un extrait de son album :Ævintýr
LOWLY (DK) // Noise-pop
Ecoutez extrait de leur album : Word
ISTACA (NY) // Folk mélancolique
Découvrez un extrait de son album Open Chance : Buddy
————— MERCREDI 29.03 À MADAME ARTHUR ————–
PI JA MA (FR) // Alt Rock, Indie pop
Ecoutez son 1er single extrait de son EP Radio Girl : Radio Girl
—————- JEUDI 30.03 À LA GAITE LYRIQUE —————-
3 x 2 places à gagner sur Madame Rap, rendez-vous le 20 Mars sur notre page Facebook !
LITTLE SIMZ (UK) // Hip-Hop
Ecoutez un extrait de son album Stillness In Wonderland : Stillness In Wonderland
SÔNGE (FR) // Electro-pop, R&B lunaire
Ecoutez son 1er extrait de son EP : Colorblind
—————- VENDREDI 31.03 AU TRIANON —————-
AUSTRA (CA) // Electro
Ecoutez un extrait de son album Future Politics : I love You More Than You Love Yourself
SANDOR (FR) // Pop Synthétique
Découvrez son premier single : Rincez à l’eau
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—————- VENDREDI 31.03 AU TRABENDO —————-
NUIT DE CLÔTURE avec REBEKA WARRIOR (Sexy Sushi dj set), Barbieturix Dj crew, MORGAN HAMMER dj set, NOVA TWINS et CORINE.
Billeterie / Site Officiel du festival / Facebook du festival
Babs Bunny
NOM : Babs Bunny
TITRE : Sippin
ANNÉE : 2017
PAYS : États-Unis