A l’occasion de la sortie de sa mixtape « ORA », KT Gorique sort un freestyle en exclusivité sur Madame Rap sur un son du beatmaker ZonaZero !
Après le succès de son premier album « Tentative de Survie » sorti en 2016, la rappeuse suisse KT Gorique poursuit sur sa lancée avec la sortie d’une nouvelle mixtape intitulée « ORA« .
Pour ce projet, KT a choisi de transmettre ses messages à travers un nouveau concept musical : le conte rappé. En effet, la mixtape est une compilation de 10 titres, tous liés les uns aux autres par une narration. Inspirée par les conteurs et griots africains, « ORA » aborde plusieurs thématiques autour de la recherche de soi dans un contexte atypique, sur fond de boom bap et de reggae, parfois teinté d’une touche de musique africaine.
« La plupart des albums que j’ai signé étant petite avaient des interludes cachées qui plongeaient l’auditeur dans un univers« , nous explique la MC/chanteuse/comédienne. « Parfois c’était des sons d’ambiance, parfois des dialogues, des citations ou autres. J’avais envie d’exploiter cette idée tout en y ajoutant ma touche personnelle.
Au départ, j’écrivais ce que j’avais besoin d’exprimer sans me poser de question. Quand je suis arrivée à mi-chemin, j’ai réalisé que mes morceaux suivaient un fil conducteur: la recherche de soi et de l’identification de notre force intérieur. Les années, les expériences, les voyages et la musique m’ont permis de me trouver, et de saisir des choses que je n’avais pas encore compris sur moi. Tout ça m’a énormément aidé. J’avais envie de le partager avec les personnes qui m’écoutent dans le but de leur donné une « clé », et de peut-être les aider aussi.
J’ai donc choisi d’utiliser les interludes comme des chapitres qui formeraient un grand conte, un voyage auditif. J’ai essayé de créer un face à face entre conscient et subconscient. La narration du conte représente le subconscient, la voix intérieur et les choses que j’ai compris, tandis que les morceaux représentent la conscience, la voix extérieure et ce que j’ai décidé de faire avec ce que j’ai compris.«
Comme à son habitude, la Championne du monde « End Of the Weak » 2012 a travaillé avec plusieurs beatmakers différents : les Suisses TReBeats, qui ont aussi participé au mixage, au mastering et aux scratches sur certains morceaux, Askaine, Kala et Fonky B, les Français Sewam et Kung-Fu Beats, et Fana, beatmakeuse toulousaine avec qui elle travaille régulièrement.
« Mes DJs officiels Mikey et Kamo ont contribué aux cuts, aux scratches et aux arrangements. Pour le conte, j’ai écrit les textes qui ont été interprétés par la conteuse suisse Audrey Bestenheider (c’est elle qui joue le rôle de Râfi Ké, le personnage qui raconte). Quant au featurings, il n’y en a que deux. Mon amie Rebeca Lane (rappeuse guatémaltèque) et mon cousin Raylika qui est également chanteur. Nous avons tous mis beaucoup de cœur dans ce projet. J’espère qu’il plaira mais surtout que les auditeurs recevront le message !«
Keny Arkana vous fait visiter son Marseille à elle en invitant un grand nombre d’artistes de la cité phocéenne dans le clip de « De l’Opéra à la Plaine 3 », tiré de son projet « L’Esquisse 3 » sorti le 2 juin.
A 33 ans, et après deux ans d’absence, Sharaya J revient avec la mixtape « Dope Product – Vol. 1» et le clip « BIG ». La rappeuse de Jersey City nous parle de sa rencontre décisive avec Missy Elliott – elle a signé chez Goldmind en 2010 avant de lancer son propre label Banji Entertainment LLC en 2016 –, de son mouvement BANJI et de l’importance de rester soi-même.
Dans les années 1990, ton père était membre du groupe de hip hop Double XX Posse. Est-ce lui qui t’a initié au rap ?
Oui, j’ai grandi dans une famille hip hop. Ma mère et mon père étaient hyper calés en musique et m’ont fait découvrir plein de styles musicaux différents dès mon plus jeune âge. J’ai beaucoup appris de mon père rien qu’en l’observant. Quand je rentrais de l’école, il y avait des cyphers dans mon salon ou je le retrouvais régulièrement en studio. Ça m’a donné un aperçu de ce qu’était notre monde. Il a un peu été ma première inspiration dans le rap.
Tu as été danseuse pour Diddy, Rihanna, Ciara et Alicia Keys et as travaillé avec des chorégraphes renommées comme Laurieann Gibson (Beyonce, Lady Gaga, Alicia Jeys), Fatima Robinson (Michael Jackson, Aaliyah, Mary J. Blige), et Jamaica Craft (Usher, Nicki Minaj, Justin Bieber). Quelle place la danse occupe-t-elle dans ta musique aujourd’hui ?
La danse a toujours occupé une place primordiale dans ma musique. Quand je compose, je me place aussi d’un point de vue de danseuse. Si le son me fait bouger, je suis quasiment sûre que d’autres danseurs vont ressentir la même chose. Quand je suis devenue artiste après avoir été danseuse/chorégraphe, je me suis jurée de ne jamais abandonner mon amour pour la danse. Mais en fait, elle est restée la source de mon voyage musical.
Tu viens de sortir la mixtape de 17 titres « Dope Product – Vol. 1». Avec qui as-tu travaillé sur ce projet et comment le définirais-tu ?
Je suis très fière de cette mixtape. Quand j’ai initié ce projet, j’ai choisi d’avoir une approche naturelle. Je ne voulais pas me fixer de limites, je voulais être aussi créative, nostalgique, drôle et surtout aussi mortelle que possible. J’ai eu la chance de travailler avec des producteurs incroyables comme Razors Music, DJ Jayhood, Web of the Machine et des artistes comme Izza Kizza et Samad Savage. En fin de compte, je crois que nous avons créé quelque chose de spécial que les gens peuvent écouter en kiffant du début à la fin.
Tu viens aussi de sortir le clip « BIG ». Quelle est l’histoire de ce titre ?
« BIG » est clairement particulier pour moi. C’est le premier projet sur lequel je collabore avec mon père. On est allé en studio, on a trouvé une vibe de ouf, et on s’est laissé porter. C’est lui qui chante « BIG » sur le refrain. Le morceau parle du fait d’entreprendre les choses en grand : rêver en grand, penser en grand, vivre en grand… Je trouve que ce titre est très inspirant, sans parler de son beat hip hop hyper authentique.
Tu as lancé le mouvement Banji (Be Authentic Never Jeopardize Individuality) (Sois authentique et ne compromets jamais ton individualité). En quoi consiste ce projet ?
J’ai créé le mouvement « BANJI » comme un véritable témoignage de vie. Un jour, des patrons de label m’ont demandé de changer complétement qui j’étais pour signer avec eux. Ils étaient d’accord pour dire que j’avais le profil d’une star mais voulaient que je m’habille de manière un peu plus sexy, que je sois un peu plus dévêtue, que je mette des talons hauts et un tissage. A ce moment-là, j’ai réalisé que mon image leur importait plus que mon talent. J’avais toujours entendu parler de ces stéréotypes dans cette industrie, mais le fait d’en faire l’expérience directement comme ça m’a fait réaliser que j’avais le choix entre me battre pour quelque chose ou me soumettre à n’importe quoi. Forte de cette expérience, j’ai décidé de lancer un mouvement qui engloberait l’individualité, le caractère unique de chacun, et encouragerait tout le monde à se sentir bien dans sa peau. C’est pour ça que je vis ma vie sans honte et sans peur… BANJI.
Missy Elliott est une sorte de mentor pour toi et elle dit que tu es « l’avenir ». Comment l’as-tu rencontrée et comment a-t-elle influencé ton travail ?
J’ai rencontré Missy Elliott à la soirée d’un ami commun. On a tout de suite accroché. A cette époque, j’étais en train de faire la transition entre mon métier de danseuse et celui d’artiste. Elle m’a dit que j’avais un potentiel de superstar et m’a offert l’opportunité de ma vie. Elle m’a proposé de me former, de m’encadrer et de me montrer les ficelles du métier. J’ai sauté sur l’occasion bien sûr, on parle de l’un des génies musicaux de notre époque ! C’est un vrai privilège d’avoir eu un mentor comme Missy. Elle m’a tant appris, et pas seulement en termes de musique, mais dans la vie en général. Je lui rendrai toujours hommage et lui serai éternellement reconnaissante pour sa sagesse et toutes les choses précieuses qu’elle m’a données à ce tournant de ma carrière.
Qui sont tes rôles modèles féminins et pour quelles raisons ?
Principalement ma mère (Deborah) et ma grand-mère (Jestine), mais j’ai la chance d’avoir eu d’incroyables rôles modèles féminins qui m’ont aidé à évoluer et à être la femme que je suis aujourd’hui. Un grand nombre de femmes fortes m’ont inspirée dans la vie et je leur en suis extrêmement reconnaissante.
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
Oui, je me définis comme féministe, dans le sens où je trouve important de soutenir et d’encourager les femmes. Je pense que l’on devrait tout le temps nous rappeler notre valeur et notre grandeur. C’est aussi important que les femmes se soutiennent mutuellement dans l’industrie musicale et dans le monde.
Quels sont tes projets à venir ?
Je viens de finir trois nouveaux clips pour « Dope Product – Vol. 1 » et j’en suis hyper contente. Je m’apprête à sortir mon premier EP et le single « New Weave ». Je travaille aussi sur un projet un peu spécial, un pilote que j’ai écrit et produit intitulé « Roomies ». J’ai beaucoup de choses prévues dans les prochains mois et j’ai hâte de les partager avec les gens qui me suivent.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ? Sommes-nous certifiées « BANJI » ? : )
Madame Rap est génial ! Je ne peux que vous conseiller de continuer à être vous-mêmes et de toujours rester BANJI ! Vous êtes sans aucun doute #CertifiéesBANJI !
« S’il ne restait qu’un chien », c’est la rencontre entre un auteur, Joseph Andras, et un rappeur/slammeur/comédien/metteur en scène, D’ de Kabal.
Dans une grange de la Manche, en Kanaky et en banlieue parisienne, les deux artistes ont croisé leurs univers pour donner vie à ce monologue ou poème fleuve. Le texte a été mis en musique par les deux musiciens du Trio.skyzo.phony, Raphaël Otchakowksy et Franco Mannara, groupe de human beatbox fondé en 2014 dont D’ est également membre.
Voici un premier avant-goût en images, avec une réalisation signée Aurélien Peilloux.
S’il ne restait qu’un chien sera disponible le 31 mai 2017 chez Actes Sud.
Une lecture-concert aura lieu le 3 juin 2017 au Canal 93 à Bobigny (92), en co-plateau avec Magyd Cherfi, de Zebda.
A seulement 18 ans, Kodie Shane a déjà tout d’une grande. Issue de la « Sailing Team » de Lil’ Yachty, l’artiste, qui écrit et rappe depuis l’âge de 14 ans, nous parle de son nouveau clip « A OK », de sa dernière mixtape Big Trouble Littler Jupiter et de la scène des rappeuses à Atlanta.
Quand et comment as-tu commencé à rapper ?
Je me suis mise sérieusement à la musique et au rap à l’âge de 14 ans mais j’ai toujours eu des mélodies dans la tête.
Tu viens de sortir le clip “A OK”. Que raconte ce titre ?
Pour moi « A OK » parle juste du fait de prendre du bon temps, comme des enfants qui s’amusent et se détendent, juste une énorme fête !
Tu as aussi sorti il y a trois mois une mixtape de dix titres intitulée Big Trouble Littler Jupiter, qui sonne plus R&B que ton précédent projet Zero Gravity. À quoi cette évolution est-elle due ?
Ma musique n’a pas vraiment changé. Avec « Big Trouble Little Jupiter », je voulais révéler un autre aspect de ma créativité pour que mes fans (et mes détracteurs) se fassent une meilleure idée de qui j’étais musicalement parlant.
De nombreux auditeurs jugent mon talent sur un ou deux disques qu’ils ont peut-être entendu dans un club branché, mais je suis bien plus que ça et je voulais montrer à tout le monde que si vous pensez que je ne suis que ça, vous devriez reconsidérer votre avis. Voilà ce qu’est « Big Trouble Little Jupiter ». Et il y en a encore d’autres à venir.
Tu es actuellement en tournée aux États-Unis. Quelle place la scène et la performance occupent-elles dans ta musique ? As-tu également prévu de tourner en Europe ?
Tout à fait. Quand le moment sera venu et que l’Europe voudra de moi, je serai là ! J’ai hâte et mon équipe prépare déjà des projets pour le marché européen. Etre en tournée est ce que je préfère, j’adore être sur scène, je reçois l’énergie que le public me donne (qu’elle soit positive ou négative) et la réinvestis dans mes futurs projets.
A quoi ressemble la scène des rappeuses à Atlanta ?
Je trouve que la scène hip hop au féminin est assez concurrentielle, et pas seulement à Atlanta, mais à Atlanta cette concurrence empêche de nombreuses artistes de collaborer.
Soyons honnêtes, il n’y aura jamais trop de rappeuses qui réussissent en même temps, mais du coup, elles se battent toutes pour réussir un gros coup et gardent leurs cartes en main sans les dévoiler à personne. On veut toutes y arriver mais les collaborations aident à faire avancer les choses et je pense qu’on souffre de ce manque.
Qui sont tes rôles modèles et pour quelles raisons ?
J’ai la chance d’avoir quatre grandes sœurs et les considère comme des rôles modèles, tout simplement parce que ce sont de belles personnes et que cette donnée compte beaucoup dans ma vie.
Dans la musique, j’ai toujours adoré Nicki Minaj parce qu’elle repousse tout le temps les limites.
J’ai aussi toujours admiré Ashanti parce qu’elle était une jeune parolière de talent et j’ADORE tout ce qu’elle a écrit quand était enfant.
Missy Elliott, parce qu’elle lance des tendances et dépasse les clivages.
Lisa « Left Eye » Lopes, car elle a construit une équipe, une famille et a toujours soutenu les autres talents qu’elle côtoyait.
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
Oui, par nature, je soutiens les droits des femmes. Tout ce que je suis est lié à ça. Je pense que les femmes sont aussi talentueuses, intelligentes, et puissantes que les hommes. Et elles méritent une reconnaissance égale pour ça.
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Ma nouvelle musique, ma nouvelle musique, des tubes old school, Future, Drake, Uzi, Carti, Frank Ocean, Travis Scott, tout ce qui sort, oh, et ma nouvelle musique.
Quels sont tes projets à venir ?
Je travaille sur un album qui devrait sortir à l’automne.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je trouve ça cool, il existe peu de médias qui célèbrent les femmes dans le rap ou le hip hop donc c’est mortel ! Peut-être que vous devriez avoir plus d’exposition…
La rappeuse londonienne Pagey Cakey accuse SCH d’avoir plagié l’un de ses morceaux.
Tout commence le 5 mai, quand l’artiste britannique découvre une ressemblance fort troublante entre son titre « Down », extrait de sa mixtape « Red Velvet » sortie en décembre 2016, et le morceau d’un mystérieux rappeur français. Rapidement, des internautes font le rapprochement avec le MC d’Aubagne SCH et sondernier single « Ça va » featuring Lacrim, qui figure sur son second album « Deo Favente », sorti le même 5 mai.
Et en effet, les morceaux, euh… se ressemblent un peu quand même…
Le morceau de Paigey Cakey sorti en 2016 :
Le morceau de SCH sorti en 2017 :
Sur l’album de SCH, on découvre que le compositeur crédité sur le track est le Français DJ Bellek, mais aucune mention de Paigey Cakey ou des producteurs américains RicandThadeus, à l’origine de « Down ». Tout ceci n’a pas manqué d’agacer la rappeuse qui s’est indignée sur Twitter, accusant ouvertement le MC de plagiat.
« Oh mon dieu il a volé tout mon refrain et a pompé le beat ! WTF » « Ce rappeur français a vraiment pompé mon titre « Down » et l’a sorti en single. Il a copié la totalité de mon refrain et pompé le beat WTF »
Et à un twittos qui lui proposait « viens en France, on ira parler à SCH », l’artiste britannique a répliqué avec humour « Haha, je joue en France le 6 août ».
De son côté, le rappeur n’a pas réagi à la polémique.
La rappeuse mexicaine basée à Los Angeles Niña Dioz sort le clip « Dale » en exclusivité française sur Madame Rap !
Le clip, tourné entre Monterrey et Los Angeles, a été réalisé par Cynthia Vance, avec qui l’artiste travaille régulièrement. Le titre a été produit par deux grands noms de la Global Bass, Captain Planet & Futura, qui ont notamment collaboré avec Asap Mob et Lloyd Banks.
La MC a expliqué à Madame Rap que ce morceau parlait « du fait de se battre pour ce en quoi tu crois, dans mon cas pour mon art, et d’avoir surmonté tous les obstacles que j’ai rencontrés pour arriver où j’en suis aujourd’hui. Le titre parle de persévérance, du fait de se concentrer sur son art sans prêter attention aux haters. En espagnol « dale », signifie « continue » !
Pour le clip, je voulais montrer les différentes contrecultures qui existent au Mexique à Plaza Fundadores, qui est un endroit essentiel pour la culture hip hop, où je vais me faire tresser depuis que j’ai 15 ans. Enfin, je voulais montrer les mariachis de East LA, qui attendent avec leurs instruments que quelqu’un leur demande de venir jouer chez eux. Mes amis « Blaxican » ou afro-mexicaines que l’on voit à l’image représentent également la grande diversité que l’on trouve au Mexique et qui est généralement peu reconnue.
En fait, je voulais montrer les endroits qui font qui je suis aujourd’hui et représentent les différentes facettes de la vie mexicaine, que ce soit au Mexique ou aux Etats-Unis. »
Si hip hop et islam semblent antithétiques, certaines artistes concilient parfaitement les deux et ont fait de ce paradoxe une vraie force. Voici 8 rappeuses musulmanes qui défient les clichés sur l’islam.
Star du rap en Indonésie, Yacko est aussi professeure à l’université où elle enseigne le commerce. La MC nous parle de ses deux activités, de la scène hip hop au féminin à Jakarta et des stéréotypes de genre.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
J’ai découvert le hip hop en 1992, à, l’âge de 13 ans. A l’époque, en Indonésie, on pouvait seulement entendre du rap à la radio ou à la télé. La télévision ne diffusait pas beaucoup de musiques étrangères, alors je me suis rabattue sur la radio. Il y avait une station de radio qui passait du rap comme Run DMC, Public Enemy, Beastie Boys, Kid Rock, Cypress Hill, Afrika Bambaataa et plein d’autres. J’adorais cette musique parce qu’elle me faisait bouger la tête et il y avait une telle énergie dans chaque morceau que ça me donnait envie de comprendre les paroles. C’est là que j’ai commencé à creuser et à explorer davantage le rap et la culture hip hop.
Tu es rappeuse et maîtresse de conférences à l’université. Comment allies-tu ces deux activités et comment s’influencent-elles l’une et l’autre ?
Les gens pensent que ce sont deux mondes très différents et pourtant, les deux me passionnent car ils sont liés. Il m’arrive de rapper sur un son pendant mes cours. Ça crée un environnement ludique pour mes étudiants, mais en même temps je suis assez stricte en termes de discipline. Ma méthode d’enseignement est la suivante : apprendre est partager. Je partage ce que j’ai expérimenté dans le hip hop jusque-là et j’apprends de mes étudiants en écoutant ce qu’ils disent de notre monde actuel. De cette manière, je connais les problèmes qui touchent les jeunes et essaie d’en faire des textes. Avec ces deux activités, je veux aussi leur montrer qu’ils peuvent faire plusieurs choses qu’ils aiment en même temps tant qu’ils y sont dévoués.
Ton single « Thang » encourage les femmes à faire ce qu’elles veulent. Qu’est ce qui t’a incité à écrire ce titre ?
En Indonésie, il existe encore le stéréotype qui consiste à penser que les femmes n’ont pas la liberté de faire ce qu’elles aiment. Surtout après le mariage, où leur travail se résume à s’occuper des enfants et elles doivent renoncer à leurs rêves. Elles ne sont pas soutenues par leur famille et par la société. Par ailleurs, je suis divorcée et les gens dénigrent souvent ce statut pour une femme. Par exemple, à chaque fois que je rentre tard chez moi après un concert, les gens pensent que j’ai fait quelque chose d’horrible et m’étiquettent « mauvaise fille ». Donc ce titre exprime le droit des femmes à faire ce qu’elles veulent sans avoir peur d’être jugées et cataloguées et de se battre pour l’égalité des sexes.
Tu es une MC renommée en Indonésie. Y en a-t’il d’autres ? A quoi ressemble la scène hip hop au féminin à Djakarta ?
Le hip hop en Indonésie (comme dans d’autres pays) est toujours largement dominé par les hommes. A Jakarta, disons que sur 50 rappeurs, seules 5 sont des femmes. Et dans le pays, il y a moins de 20 rappeuses encore actives aujourd’hui. On peut retrouver la plupart d’entre elles sur YouTube ou Soundcloud. Très peu ont sorti des albums.
Quelles sont tes rôles modèles féminins ? Pourquoi ?
J’adore Missy Elliott. J’adore son énergie. Elle est humble, a une forte personnalité et reste authentique. J’adore aussi Lauryn Hill pour ses textes et les mêmes raisons que j’aime Missy.
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
Je crois que je le suis. Je ne veux pas dominer les hommes, mais je me bats pour l’égalité hommes/femmes en Indonésie. Je m’exprime contre la discrimination envers les femmes et c’est souvent difficile parce que le patriarcat joue encore un rôle central dans la culture indonésienne. Donc pour arriver à l’égalité, les hommes et les femmes doivent agir ensemble.
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Du hip hop local comme Laze et son crew Onar, Raben, Niska, UBC et plein d’autres, mais aussi Danny Brown, Shy FX, A Tribe Called Quest, Childish Gambino, Missy Elliott, Silverchair, Wiley et M.I.A.
Quels sont tes projets à venir ?
Sortir un single et faire plus de collaborations. Et j’espère, lancer une compilation de rappeuses indonésiennes.
Que penses-tu de Madame Rap ? Qu’est ce qui devrait être changé ou amélioré ?
C’est vraiment inspirant de voir l’Instagram de Madame Rap parce que vous l’actualisez régulièrement. Continuez comme ça ! Jute une suggestion : peut-être d’intégrer votre chaîne sur Instagram. Si possible aussi, avoir une version anglaise de votre site.
La rappeuse/productrice new-yorkaise Pretty Lyon vient de sortir le single « Trippin », extrait de sa mixtape « Princess of Brooklyn. L’artiste, qui a notamment fait les premières parties de Young Jeezy, Trina et Travis Porter, nous a parlé des femmes, de Brooklyn et de son prochain EP.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
J’ai découvert le hip hop très jeune. J’ai grandi dans les années 1990 et quand j’étais petite, mes deux parents écoutaient du hip hop old school et des sons plus actuels. Qu’on soit en voiture, à la maison ou à un barbecue, on passait du Jay Z, Foxy Brown, DMX, Lil’ Kim, Biggie, The LOX, et plein d’autres. J’ai appris le swag du hip hop, son jargon et ce que ça signifiait pour la culture.
Tu viens de sortir le single « Trippin » extrait de la mixtape « Princess of Brooklyn ». Quelle est l’histoire de ce titre ?
J’ai eu envie de faire quelques titres qui racontaient une vraie histoire. L’idée de « Trippin » m’est venue après avoir écrit un autre morceau intitulé « Why » (qui n’est pas encore officiellement sorti). « Why » et « Trippin » s’inspirent d’expériences personnelles et d’éléments fictionnels pour pimenter le tout. Pour que les paroles sortent, je dois me mettre dans un état particulier qui permet à mes émotions de s’exprimer de manière brute.
Tu as produit une partie de« Princess of Brooklyn ». Comment es-tu perçue en tant que productrice ?
Etre dans une industrie dominée par les hommes est difficile en soi. Quel que soit ce que tu fais, ce sera 10 fois plus dur si tu es une femme. J’ai plusieurs casquettes et je fais quasiment tout moi-même. En tant que productrice, j’ai été surprise, même très très surprise, de constater que la plupart des gens, tant des hommes que des femmes, respectaient mon oreille et ma capacité à juger la bonne musique.
A quoi ressemble la scène hip hop au féminin à Brooklyn ?
Brooklyn regorge de talents. En fait, j’ai l’impression que les femmes sont en train de s’imposer et envoient du lourd ! Pendant longtemps, nous avons été reléguées au second plan, à moins de faire partie d’une équipe masculine. Maintenant, je vois arriver de plus en plus de femmes en solo qui montrent aux mecs que « We can do it too ! »
Que t’inspirent des mouvements comme la Women’s March et Black Lives Matter ?
Je soutiens ces deux mouvements. Je suis fière d’être une femme noire et je suis fière de le dire aussi souvent que possible. Je trouve ça incroyable que les gens se rassemblent et se battent pour ce qui est juste. Ça n’apportera peut-être pas le changement recherché, mais c’est une étape. Je me trouve régulièrement dans des situations où je suis discriminée parce que je suis une femme, parce que je suis noire, ou les deux. C’est difficile, mais j’ai appris à ne pas laisser ça entraver ma réussite et diminuer ma fierté. Je veux montrer l’exemple. Peu importe ce que les gens disent ou pensent de vous, soyez toujours, toujours, fiers de qui vous êtes.
Qui sont tes rôles modèles féminins et pour quelles raisons ?
Mon premier rôle modèle est ma mère. C’est une femme forte, indépendante et instruite. Elle m’a appris à me battre et à travailler dur pour les choses que je voulais. Elle a toujours été mon plus grand soutien tout en me disant de rester humble et de garder les pieds sur terre. Elle m’a montré, et continue de me montrer, comment affronter les difficultés avec style et grâce.
J’admire aussi beaucoup Oprah Winfrey. Son histoire est puissante et inspirante. Ça me rappelle qu’on est amené à rencontrer des obstacles ou de l’adversité mais que mon plus grand accomplissement sera de les dépasser et de réussir alors que personne ne l’aurait imaginé.
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
Oui. Je soutiens activement les mouvements pour les droits des femmes. Je crois que quand les femmes se serrent les coudes, elles peuvent conquérir le monde. C’est ce que je pense depuis que j’ai réalisé qu’elles étaient sans cesse montées les unes contre les autres. C’est devenu normal pour elles de ne pas se soutenir mutuellement et d’être en compétition permanente. Je crois que quels que soient notre morphologie, notre race et notre âge, les femmes doivent s’exprimer et être courageuses. Il y a tellement de choses que la société nous interdit de faire, mais plus nous prenons des risques et lui démontrons qu’elle a tort, plus nous construisons ensemble, plus il est évident que rien ne peut arrêter le pouvoir d’une femme !
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Je m’écoute beaucoup ! : ) Quand je fais du sport, j’écoute Migos et Future. J’aime aussi beaucoup le nouveau projet de Kendrick Lamar. Dans ma playlist, j’ai toujours du Kehlani, du Chris Brown, du Rae Sremmurd et toute ma musique des années 1990.
Quels sont tes projets à venir ?
Je travaille actuellement sur une autre mixtape, mais je me concentre surtout sur mon EP dans lequel je dévoile un côté plus mature et plus intime de moi.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je pense que Madame Rap déchire ! J’adore les projets qui s’adressent aux femmes, particulièrement dans l’art. En tant que femmes, ça nous donne de la reconnaissance et nous pousse à avancer. Continuez comme ça !
Madame Rap a interviewé la très prometteuse MoniNayo, rappeuse originaire de Brooklyn désormais basée à West Palm Beach en Floride, et lui a parlé de la Harlem Renaissance, la Women’s March, Black Lives Matter et du pouvoir du vagin !
Quand as-tu découvert le hip hop et comment as-tu commencé à rapper ?
J’ai toujours adoré écouter de la musique et en écrire. J’ai commencé à écrire quand j’étais très jeune, mais je m’intéressais davantage au R&B et à la chanson. J’ai toujours écouté du hip hop (surtout 2Pac), mais je n’avais pas envie de rapper à proprement parler. Ce n’est qu’en première année de fac que quelqu’un m’a demandé de rapper et je me suis dit « oh je peux le faire, c’est facile. » J’avais tort parce que j’étais assez mauvaise, mais bien sûr, je l’ignorais à l’époque. Plus tard, j’ai commencé à faire des freestyles sur YouTube. Je me suis fait repérer par un label indé et j’ai en quelque sorte suivi une formation intensive de hip hop. C’est là que je me suis vraiment perfectionnée et que je suis devenue totalement obsédée par le hip hop (je veux dire le vrai hip hop).
En décembre 2015, tu as sorti un album intitulé « Pussy Power: The Plot Thickens » (« Le pouvoir de la chatte : l’histoire se complique »). Quels pouvoirs spéciaux la chatte possède-t-elle à tes yeux ?
Lol. En fait, le titre ne parle pas de « chatte » en tant que telle mais des femmes et du pouvoir des femmes. Le projet débute par ces phrases : « These are the passages I write; about the passages of life. » (« Voici les passages que j’écris ; sur les passages de la vie »). C’est ce que nous vivons, nous femmes, et ce que nous traversons tout en restant fortes. Le vagin représente le passage de la vie. Il peut supporter tant de douleur, créer la vie, et se rétablir rapidement, alors existe-t-il quelque chose de plus puissant au monde ?
L’un des titres de cet album s’appelle « Harlem Renaissance ». En quoi ce mouvement social et artistique t’a t-il inspiré ?
J’écrivais un papier pour un ami dans le cadre d’un cours de littérature africaine-américaine et lui ai demandé son manuel. J’ai commencé à lire des choses sur la Harlem Renaissance. J’ai tout de suite su que je voulais une chanson qui porte ce nom, c’était une célébration de l’art, de la littérature et de la pensée à une époque où il était très difficile pour des Africains-Américains de recevoir une bonne éducation, alors qu’ils étaient perçus comme tellement classes et dégoûtants à la fois. Harlem était alors comme La Mecque noire des Américains. C’est triste parce que la plupart des gens connaissent très peu la Harlem Renaissance. Je pense que ce n’est pas un sujet jugé suffisamment important pour être enseigné en cours d’histoire au lycée. Mais apparemment, ç’est quand même l’Amérique à vos yeux !
Que penses-tu de mouvements comme laWomen’s March et Black Lives Matter ?
Je crois qu’ils ont émergé à un moment bien pratique, c’est-à-dire après des tragédies, qui pourtant, se déroulent tous les jours. Ces combats doivent être menés en dehors d’incidents dramatiques comme Ferguson. J’ai l’impression que nous avons encore tant à faire parce que peu de choses ont changé en réalité. En ce qui concerne la Women’s March, honnêtement, Trump n’est pas le plus grand des désastres (pourtant je ne le soutiens pas). On ne marche pas quand des millions de filles noires se font kidnapper. Si on considère que le fait que l’un des hommes les plus sexistes devienne président est plus important que le fait que la vie de ces filles soit en danger, sommes-nous vraiment féministes ou sommes-nous féministes quand ça nous arrange ?
Qui sont tes rôles modèles féminins ? Pourquoi ?
J’en ai tellement, probablement trop à nommer, mais en voici quelques-unes. Oprah, parce que waouh comment être aussi forte d’esprit ! Venir d’une famille abusive et finir multimilliardaire, c’est incroyable. J’aime Maya Angelou pour les mêmes raisons, elle a dépassé tous ses traumatismes et a su rester positive avant tout. Beyoncé est l’un de mes principaux rôles modèles parce qu’elle a juste tellement la classe, elle n’a jamais sombré dans la bêtise et a bossé comme une malade pour être où elle en est aujourd’hui et se présente comme une reine. Dans le monde du divertissement, elle est clairement l’un des meilleurs rôles modèles que des jeunes filles puissent avoir.
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
Je pense qu’il y a beaucoup de formes de féminisme dans l’air. Ma définition du féminisme est une complète égalité entre les sexes à tous les niveaux et en ce sens, je suis féministe. J’aime profondément les femmes et j’aime leur rendre hommage parce que on est géniales comme vous le savez lol.
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
J’écoute beaucoup le projet de J. Cole « 4 Your Eyez Only », tous les vieux Jay-Z et beaucoup de hip hop old school. J’ai récemment commencé à écouter pas mal de Nas aussi. Je n’avais jamais accroché avant mais depuis peu, j’apprécie différemment sa musique et elle me plaît vraiment.
Quels sont tes projets à venir ?
Je prépare une tournée pour cet été, principalement sur la côte est des Etats-Unis (et en Californie) et j’espère que tout ça va bien se goupiller. Je suis aussi en train d’enregistrer mon prochain projet, qui devrait être bientôt terminé. Je sais déjà comment il va s’appeler mais je ne veux pas en dire plus pour le moment !
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
J’adore le fait que Madame Rap s’intéresse aux femmes dans le hip hop parce que nous n’avons pas la place que nous méritons dans cette industrie dominée par les hommes et il y a très peu de rappeuses grand public. C’est drôle parce que ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas, mais c’est juste parce que c’est comme ça que l’industrie fonctionne aujourd’hui ! Le seul conseil que je pourrais vous donner serait de continuer à exister et à grossir pour que de plus en plus de gens découvrent les talents incroyables des dames du hip hop que vous mettez en avant. Parce que nous en avons grandement besoin en ce moment.
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