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Sharaya J : « J’avais le choix entre me battre pour quelque chose ou me soumettre à n’importe quoi »

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A 33 ans, et après deux ans d’absence, Sharaya J revient avec la mixtape « Dope Product – Vol. 1» et le clip « BIG ». La rappeuse de Jersey City nous parle de sa rencontre décisive avec Missy Elliott – elle a signé chez Goldmind en 2010 avant de lancer son propre label Banji Entertainment LLC en 2016 –, de son mouvement BANJI et de l’importance de rester soi-même.

Dans les années 1990, ton père était membre du groupe de hip hop Double XX Posse. Est-ce lui qui t’a initié au rap ?

Oui, j’ai grandi dans une famille hip hop. Ma mère et mon père étaient hyper calés en musique et m’ont fait découvrir plein de styles musicaux différents dès mon plus jeune âge. J’ai beaucoup appris de mon père rien qu’en l’observant. Quand je rentrais de l’école, il y avait des cyphers dans mon salon ou je le retrouvais régulièrement en studio. Ça m’a donné un aperçu de ce qu’était notre monde. Il a un peu été ma première inspiration dans le rap.

Tu as été danseuse pour Diddy, Rihanna, Ciara et Alicia Keys et as travaillé avec des chorégraphes renommées comme Laurieann Gibson (Beyonce, Lady Gaga, Alicia Jeys), Fatima Robinson (Michael Jackson, Aaliyah, Mary J. Blige), et Jamaica Craft (Usher, Nicki Minaj, Justin Bieber). Quelle place la danse occupe-t-elle dans ta musique aujourd’hui ?

La danse a toujours occupé une place primordiale dans ma musique. Quand je compose, je me place aussi d’un point de vue de danseuse. Si le son me fait bouger, je suis quasiment sûre que d’autres danseurs vont ressentir la même chose. Quand je suis devenue artiste après avoir été danseuse/chorégraphe, je me suis jurée de ne jamais abandonner mon amour pour la danse. Mais en fait, elle est restée la source de mon voyage musical.

Tu viens de sortir la mixtape de 17 titres « Dope Product – Vol. 1». Avec qui as-tu travaillé sur ce projet et comment le définirais-tu ?

Je suis très fière de cette mixtape. Quand j’ai initié ce projet, j’ai choisi d’avoir une approche naturelle. Je ne voulais pas me fixer de limites, je voulais être aussi créative, nostalgique, drôle et surtout aussi mortelle que possible. J’ai eu la chance de travailler avec des producteurs incroyables comme Razors Music, DJ Jayhood, Web of the Machine et des artistes comme Izza Kizza et Samad Savage. En fin de compte, je crois que nous avons créé quelque chose de spécial que les gens peuvent écouter en kiffant du début à la fin.

Tu viens aussi de sortir le clip « BIG ». Quelle est l’histoire de ce titre ? 

« BIG » est clairement particulier pour moi. C’est le premier projet sur lequel je collabore avec mon père. On est allé en studio, on a trouvé une vibe de ouf, et on s’est laissé porter. C’est lui qui chante « BIG » sur le refrain. Le morceau parle du fait d’entreprendre les choses en grand : rêver en grand, penser en grand, vivre en grand… Je trouve que ce titre est très inspirant, sans parler de son beat hip hop hyper authentique.

Tu as lancé le mouvement Banji (Be Authentic Never Jeopardize Individuality) (Sois authentique et ne compromets jamais ton individualité). En quoi consiste ce projet ?

J’ai créé le mouvement « BANJI » comme un véritable témoignage de vie. Un jour, des patrons de label m’ont demandé de changer complétement qui j’étais pour signer avec eux. Ils étaient d’accord pour dire que j’avais le profil d’une star mais voulaient que je m’habille de manière un peu plus sexy, que je sois un peu plus dévêtue, que je mette des talons hauts et un tissage. A ce moment-là, j’ai réalisé que mon image leur importait plus que mon talent. J’avais toujours entendu parler de ces stéréotypes dans cette industrie, mais le fait d’en faire l’expérience directement comme ça m’a fait réaliser que j’avais le choix entre me battre pour quelque chose ou me soumettre à n’importe quoi. Forte de cette expérience, j’ai décidé de lancer un mouvement qui engloberait l’individualité, le caractère unique de chacun, et encouragerait tout le monde à se sentir bien dans sa peau.  C’est pour ça que je vis ma vie sans honte et sans peur… BANJI.

Missy Elliott est une sorte de mentor pour toi et elle dit que tu es « l’avenir ». Comment l’as-tu rencontrée et comment a-t-elle influencé ton travail ?

J’ai rencontré Missy Elliott à la soirée d’un ami commun. On a tout de suite accroché. A cette époque, j’étais en train de faire la transition entre mon métier de danseuse et celui d’artiste. Elle m’a dit que j’avais un potentiel de superstar et m’a offert l’opportunité de ma vie. Elle m’a proposé de me former, de m’encadrer et de me montrer les ficelles du métier. J’ai sauté sur l’occasion bien sûr, on parle de l’un des génies musicaux de notre époque ! C’est un vrai privilège d’avoir eu un mentor comme Missy. Elle m’a tant appris, et pas seulement en termes de musique, mais dans la vie en général. Je lui rendrai toujours hommage et lui serai éternellement reconnaissante pour sa sagesse et toutes les choses précieuses qu’elle m’a données à ce tournant de ma carrière.

Qui sont tes rôles modèles féminins et pour quelles raisons ?

Principalement ma mère (Deborah) et ma grand-mère (Jestine), mais j’ai la chance d’avoir eu d’incroyables rôles modèles féminins qui m’ont aidé à évoluer et à être la femme que je suis aujourd’hui. Un grand nombre de femmes fortes m’ont inspirée dans la vie et je leur en suis extrêmement reconnaissante.

Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?

Oui, je me définis comme féministe, dans le sens où je trouve important de soutenir et d’encourager les femmes. Je pense que l’on devrait tout le temps nous rappeler notre valeur et notre grandeur. C’est aussi important que les femmes se soutiennent mutuellement dans l’industrie musicale et dans le monde.

Quels sont tes projets à venir ?

Je viens de finir trois nouveaux clips pour « Dope Product – Vol. 1 » et j’en suis hyper contente. Je m’apprête à sortir mon premier EP et le single « New Weave ». Je travaille aussi sur un projet un peu spécial, un pilote que j’ai écrit et produit intitulé « Roomies ». J’ai beaucoup de choses prévues dans les prochains mois et j’ai hâte de les partager avec les gens qui me suivent.

Que penses-tu de Madame Rap ?  Des choses à changer/améliorer ? Sommes-nous certifiées « BANJI » ? : )

Madame Rap est génial ! Je ne peux que vous conseiller de continuer à être vous-mêmes et de toujours rester BANJI ! Vous êtes sans aucun doute #CertifiéesBANJI !

Retrouvez Sharaya J sur son siteFacebook, TwitterSoundcloud et Instagram.

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