La rappeuse et DJ malaisienne Arabyrd nous parle de son parcours dans le hip hop, de sa dernière collaboration avec Cee et Rider Shafique et de ses projets malgré le Covid.
D’où vient le nom Arabyrd ?
J’avais un ami qui me surnommait « Birdie » et quand mon manager m’a demandé si je voulais garder mon vrai nom pour mon premier show, je lui ai dit que j’allais utiliser « Arabird ». Il l’a remplacé par « Arabyrd » parce que le « y » rendait mieux avec la police qu’on avait choisie pour le flyer.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
En 1997 quand les gamins dans mon école dessinaient le logo du Wu-Tang sur leur bureau. J’ai écouté Wu Tang-Forever et vous connaissez la suite.
Comment as-tu commencé à rapper ?
Après qu’on m’ait offert ma première cassette de Tupac. Il m’a appris la poésie et j’ai commencé à mettre mes écrits en musique. J’ai toujours adoré écrire et j’ai grandi dans une famille qui aimait beaucoup la musique. Je ne savais pas chanter alors je me suis mise au rap.
Quel titre conseillerais-tu d’écouter en premier à quelqu’un qui veut découvrir ta musique ?
Byrdkick, qui a été produit par Stereotyp. C’est le titre le plus complexe que j’ai fait avec mon alter ego Beams. Si vous me voyez le jouer sur scène, c’est une véritable expérience « Arabyrd ».
Tu viens de sortir le morceau Worldwide avec Cee et l’artiste dub Rider Shafique. Comment vous êtes-vous rencontrés et avez-vous travaillé sur ce projet ?
On s’est rencontré par l’intermédiaire de Cee. Cee and moi étions signés chez Crunchtime Records à Vienne (Autriche). Après dix ans d’amitié, il m’a envoyé cette prod, m’a demandé d’écouter le travail de Rider et de les rejoindre sur ce titre. C’était mortel.
Tu es aussi DJ et fais partie du duo Twinkies avec DJ Nadia. En quoi cette pratique influence t’elle sur ton écriture et ton rap ?
Je ne dirais pas que c’est le cas. Je pense que je suis une spécialiste de l’alter ego.
Tu as collaboré avec d’autres rappeuses malaisiennes, dont Sophia Liana et Hullera sur le titre Hal. Pourquoi est-ce important pour toi de travailler avec d’autres femmes ?
Les bases sont plus solides quand on construit ensemble. Nos voix sont plus fortes quand on s’exprime ensemble.
Te définis-tu comme féministe ?
Non.
Qui sont tes rôles modèles ?
Feu ma grand-mère.
Quels sont tes projets à venir ? En quoi la pandémie de coronavirus a-t’elle impacté tes activités ?
J’ai récemment appris à écrire en malaisien et je me concentre sur cette exploration avec des producteurs locaux. La pandémie m’a permis de prendre du temps pour moi, pour respirer et creuser le personnage d’Arabyrd. Bien que le fait de jouer devant un public me manque cruellement, je suis reconnaissante d’avoir appris tant de choses.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
J’ai découvert un nombre fou de rappeuses incroyables sur Madame Rap et ça me motive. Ce serait génial d’avoir des paroles de chansons et leur traduction.
Active depuis 2014, la rappeuse rémoise d’origine congolaise et centrafricaine inonde Instagram de freestyles depuis plusieurs années.À l’occasion de la sortie du single Tous à table, l’artiste nous parle de la sortie imminente de son premier EP et de sa passion pour les freestyles et Nicki Minaj.
Le rap serait plus transphobe que le reste de la société et que les autres genres musicaux ? Vraiment ? Madame Rap vous présente une sélection vidéo de 23 rappeuses·eurs trans, qui rappelle que le hip hop peut être un espace de liberté et d’expression pour ces artistes !
Depuis quelques années, les artistes trans gagnent progressivement en visibilité dans le hip hop. En effet, bien qu’on l’oublie souvent (ou qu’on ne le dise jamais), le rap est historiquement lié à la ball culture, cette scène alternative américaine gay et trans mise à l’honneur dans le désormais mythique documentaire Paris Is Burning de Jennie Livingston.
Le 20 novembre, journée internationale du souvenir trans, le monde entier rendait hommage aux victimes de transphobie. Si les discriminations et les crimes de haine sévissent encore dans nos sociétés, voici un petit florilège de rappeuses·eurs trans qui rappelle que le hip hop peut être un espace de liberté et d’expression pour ces artistes.
Katey Red (États-Unis, Nouvelle-Orléans)
Katey Red est l’une des premières rappeuses trans de bounce. Affiliée au twerk, cette musique dérivée du Dirty South a émergé à La Nouvelle-Orléans à la fin des années 1980. L’artiste est souvent désignée comme l’une des pionnières de la « Sissy Bounce », un sous-genre de la bounce porté par des artistes queer. Également professeure de twirling-bâton et « gay mother », elle est très investie dans les luttes LGBT+.
Darkksun (France, Haute-Garonne)
Rappeur trans de 17 ans originaire de Haute-Garonne, Darkksun qualifie sa musique de « rap émotionnel ». Bercé par le hip hop durant son enfance, il se découvre une passion pour la littérature et l’écriture. Après de nombreux freestyles postés sur Instagram, le jeune rappeur sort son premier album SUN en avril 2020.
Lia Sahin (Allemagne)
Lia Sahin est une rappeuse, productrice et beatboxeuse allemande d’origine turque. Après une longue quête identitaire, l’artiste explique que la musique lui a sauvé la vie. Elle décide alors de se servir du rap pour éveiller les consciences aux questions de genre. Aujourd’hui, elle vit de son art et donne notamment des cours de beatbox à des enfants.
Quay Dash (États-Unis, New York)
Rappeuse trans originaire du Bronx, Quay Dash commence à rapper au sein de la Cunt Mafia, collectif d’artistes fondé par la musicienne/rappeuse/performeuse queer Contessa Stuto. Elle se fait rapidement un nom sur la scène des clubs LGBT+ new-yorkais et développe ses projets musicaux en solo. Dans son EP Transphobic, elle dénonce la transphobie, le racisme et le sexisme auxquels les femmes noires trans sont confrontées. Malgré le succès de son projet, elle déplore d’être systématiquement réduite à son genre.
Linn da Quebrada (Brésil)
Rappeuse, actrice, chanteuse et compositrice, Linn da Quebrada est également une célèbre militante antiraciste et pro-LGBT+ au Brésil. Élevée au sein de la religion des Témoins de Jéhovah, elle a fait face à de nombreux préjugés en tant que « femme queer, trans et noire ». Son concept-album audiovisuel Pajubá, pensé comme l’équivalent trans de Lemonade de Beyoncé, lui confère le statut d’icône sur la scène musicale brésilienne.
faulenzA (Allemagne)
C’est d’abord en tant qu’autrice-compositrice et guitariste que Faulenza s’est fait connaître. Avec désormais deux albums de rap à son actif, elle continue d’explorer des sonorités hip hop, pop et punk, où se mêlent guitare et accordéon. Dans ses textes, elle dénonce l’oppression des normes sociales, les violences policières et le spécisme. Elle évoque aussi sa vie de femme trans et les obstacles interpersonnels, administratifs et socio-politiques qui se dressent sur son chemin.
Trans Trenderz (États-Unis/Québec)
Heather Hills, Lady Londyn, Jupiter Gray, Blxck Cxsper & la chanteuse/compositrice Jæ font partie du collectif Trans Trenderz. Ce label d’artistes noir·e·s et trans vise à visibiliser les voix trans et non binaires dans l’industrie musicale. Fondé par l’artiste montréalais Blxck Cxsper, ce projet vise à aider des artistes noir·e·s et trans à vivre de leur musique. Le clip Splash a été tourné à l’été 2020 à New York, où Jupiter Gray et Lady Londyn ont enregistré leurs premiers singles.
Rappeur trans franco-algérien basé au Canada, Alias Jazz débarque dans le rap en 2010. Avec quatre projets et une cinquantaine de scènes à son actif, l’artiste fait partie des figures de proue du rap français underground. Après s’être installé à Montréal et avoir fait son coming out trans, il travaille actuellement sur une nouvelle mixtape.
Ms Boogie & Trannilish (États-Unis, New York)
Active sur la scène hip hop depuis le début des années 2010, Ms. Boogie est originaire de Brooklyn et de République Dominicaine. En mai 2018, elle publie une lettre ouverte dans le magazine indépendant américain Paper où elle annonce sa transition. Elle devient alors l’une des voix majeures des femmes noires et trans aux États-Unis. On la retrouve dans le titre Fem Queen aux côtés de la rappeuse/chanteuse/ productrice new-yorkaise Trannilish.
Katastrophe (États-Unis, San Francisco)
Rappeur et producteur basé à San Francisco, Katastrophe est souvent considéré comme le premier rappeur trans. Il découvre le rap par le slam et remporte le concours de slam Youth Speaks en 1998. En 2004, il est nommé Producteur de l’année aux Outmusic Awards pour son premier album Let’s Fuck, Then Talk About My Problems. On peut le retrouver sur la bande originale de la série The L Word.
Backxwash (Québec/Zambie)
Backxwash est une rappeuse trans zambio-canadienne inspirée par Missy Elliott et Redman. Sa musique hybride mêle hip hop, heavy metal, post-rock et des samples de Black Sabbath. À travers ce personnage de Backxwash, elle explore des thèmes comme la religion, la sorcellerie, l’intersectionnalité et la quête d’identité. En 2020, son premier album remporte le prix Polaris, prestigieuse récompense musicale décernée chaque année par la critique canadienne.
Miss Pvssy (États-Unis, Chicago)
Miss Pvssy se fait connaître en 2017 avec son ChiRaq Freestyle, où elle aborde sa sexualité de femme trans. Née à Chicago, l’artiste compose de la musique dès l’école primaire. Elle passe son adolescence à travailler son écriture, ses prods et sa présence scénique. De 2007 à 2016, elle est régulièrement programmée au Blow Pony à Portland (Oregon), célèbre événement queer de la ville.
Taz da Realist (États-Unis, Houston)
Originaire de Houston (Texas), Taz Da Realist est surnommé Taz en référence au personnage des dessins animés Looney Tunes. Adolescent introverti, il découvre qu’il parvient mieux à exprimer ses sentiments par le biais de la musique. À partir de 2010, il poste des freestyles et des clips en ligne, puis écume les émissions de radio LGBT+ et les clubs de sa région. Il fait son coming out trans en juin 2020 dans un post Instagram qui a été supprimé depuis.
Sir Mantis (Allemagne)
Pour Sir Mantis, le hip hop est une forme d’exutoire et un moyen de renverser le patriarcat. Avec sa musique, le producteur et rappeur entend « éduquer la société » et « autonomiser les personnes trans ». Basé à Leipzig, il est investi dans des associations LGBT+ et d’aide aux réfugiés. Il travaille actuellement sur son premier projet, qui sera le premier album d’un rappeur trans à sortir en Allemagne.
KC Ortiz (États-Unis, Chicago)
KC Ortiz est une figure majeure de la scène hip hop underground de Chicago. Son rap célèbre les femmes trans racisées et fustige les normes sociales oppressives. En 2017, elle s’oppose à l’administration Trump qui veut bannir les personnes trans de l’armée américaine. Ancienne militaire, elle a été contrainte de cacher son genre et son identité quand elle servait dans l’US Air Force.
3 of a Kind (Threee of a Kinddd) (États-Unis, Los Angeles)
Formé début 2020, 3 Of A Kind se présente comme le premier groupe de rappeuses trans. Originaire de Californie et de l’Ohio, le trio se compose de Barbie, Queen et Bella. Les trois acolytes déconstruisent les codes et militent pour une plus grande inclusivité dans le hip hop. Elles rappellent aussi que leur identité de genre ne définit pas leur musique et qu’elles sont des artistes à part entière.
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