Madame Rap dans la campagne Fraternité générale diffusée sur France Télévisions

Madame Rap fait partie de la campagne « France Fraternelle » de Fraternité générale diffusée sur France Télévisions !

Chaque année, l’association Fraternité générale met en lumière les récits inspirants de femmes et d’hommes qui s’engagent.

 

Voir sur YouTube.

Lapili : « Les principaux obstacles que je rencontre sont liés à mon corps et au fait que je sois une femme »

Chanteuse, rappeuse, styliste, designer, danseuse et chorégraphe, Lapili est originaire de Ciudad Real, ville espagnole située à 200 km au sud de Madrid dans la communauté autonome de Castille-La Manche. Dans ses morceaux, qui mêlent rap, kuduro, afrohouse, amapiano, et reggaeton, elle explore les thèmes de la diversité corporelle, de la grossophobie et de l’acceptation de soi. Elle nous parle de son parcours, de l’importance de la danse dans sa musique et des obstacles qu’elle rencontre en tant que femme et artiste indépendante.

Comment et quand as-tu découvert le hip hop ?

J’ai découvert le hip hop quand j’étais très jeune, à l’âge de trois ou quatre ans, grâce à l’un de mes oncles qui aimait beaucoup la musique. Il faisait du skateboard et était en contact avec des graffeurs. Il m’a principalement fait découvrir du hip hop américain. C’est ce que j’écoutais le plus quand j’étais petite.

Tu es à la fois chanteuse, rappeuse, styliste, designer, danseuse et chorégraphe. Comment ces différentes activités se complètent-elles ?

Je me considère plutôt comme un artiste multidisciplinaire. J’aime tout faire et finalement, je pense que la musique me le permet. Parce qu’avec la musique, je peux tout combiner. Je peux m’impliquer dans la création, la composition musicale, la partie esthétique, la chorégraphie, dans tout ce qui a trait à la direction artistique et au stylisme. J’adore ça.

Es-tu autodidacte ou as-tu reçu une formation ou un enseignement musical ?

J’ai suivi une formation en art textile et dans la mode, mais je n’ai pas reçu de formation ou d’éducation musicales. C’est plutôt quelque chose d’autodidacte et d’un peu intuitif. Maintenant, j’ai l’occasion de travailler avec de nombreux producteurs et musiciens merveilleux et j’apprends beaucoup.

Aussi, j’ai commencé à me former par rapport à ma voix, avec une coach vocale et une professeure de chant, et j’adore apprendre. J’espère ne jamais cesser d’apprendre.

Quels principaux avantages et inconvénients vois-tu dans le fait d’être une artiste multidisciplinaire ?

Les avantages sont que tu peux pratiquement tout faire. Tu as cette capacité à voir l’œuvre dans son ensemble. Peu importe ce que tu vas faire, tu peux le visualiser. Mais il est parfois très important de savoir déléguer : je pense que c’est un problème de vouloir tout couvrir, parce qu’on ne peut pas tout contrôler. Nous sommes des êtres humains.

Je pense aussi qu’au final, la chose la plus merveilleuse dans ce métier, c’est d’avoir une équipe qui t’accompagne, qui est là pour toi, qui aime ton projet autant que toi. Et c’est important que chacun dispose de son propre espace de travail.

Quand as-tu créé le personnage de Lapili et comment le définirais-tu ?

Lapili n’est pas n’importe quel personnage, c’est moi telle que je suis. Évidemment, je ne suis pas la même personne dans mon fauteuil à la maison et sur scène. Mais j’ai toujours été moi-même. Cela a des avantages, c’est-à-dire qu’il n’y a rien d’autre que moi.

Mais ça a aussi des inconvénients, notamment le fait que je sois tout le temps et complètement exposée. Et parfois, il y a beaucoup de personnes malveillantes qui peuvent te faire du mal. Mais je sais me protéger.

Ta musique incorpore des éléments de hip hop, de dancehall ou encore d’afrobeat. Comment la décrirais-tu à quelqu’un qui l’écoute pour la première fois ?

C’est une fusion de rythmes qui incluent le hip hop, la danse, l’afro, le kuduro, l’afrohouse, l’amapiano, le reggaeton… C’est ce que j’aime et que j’écoute depuis que je suis petite.

C’est aussi très important pour moi qu’on puisse danser sur ma musique. Parce que la musique, surtout à travers la danse, est ce à quoi je me sens la plus connectée, et m’a sauvé à de nombreuses reprises.

Tu as coréalisé la vidéo de la chanson « Gorda », que tu as sortie en octobre. Comment as-tu travaillé sur le concept et l’esthétique de cette vidéo ?

Depuis que je suis petite, j’ai toujours voulu rendre hommage à mon clip préféré, qui est « Soldier » des Destiny’s Child. C’est de là qu’est venue l’idée. J’ai toujours adoré cette vidéo et j’ai senti que c’était le bon moment pour faire cet hommage.

Les thèmes de la diversité corporelle et de l’acceptation de soi sont au cœur de tes chansons. Penses-tu que le rap peut être un outil efficace pour éduquer les gens sur ces questions ?

Pas seulement le rap. Toute la musique et tous les outils de communication, c’est-à-dire tous les médias, sont des outils pour communiquer ce que l’on veut. Je pense que le monde a déjà traversé une période où il y avait beaucoup de répression, où l’on fixait beaucoup de limites, où les choses étaient plus sombres.

Je pense qu’en tant qu’humanité, nous devons évoluer vers cette véritable mondialisation, vers l’intégration, avoir plus d’empathie et se respecter les uns les autres. Je ne sais pas vraiment comment améliorer ces qualités qui, selon moi, définissent le fait d’être humain.

Te décrirais-tu comme une artiste féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?

Je me définis comme féministe. Il est évident que dans tout ce que je vais faire, le féminisme sera présent parce que je ne sais pas vivre sans. Le féminisme, c’est l’égalité et il est très important que nous gardions à l’esprit que nous sommes tous des êtres humains et des habitants d’une même planète. C’est pour ça que je pense que tout le monde devrait être féministe.

De quel(s) morceau(x) es-tu la plus fière à ce jour ?

C’est très difficile pour moi de choisir. Il y a aussi beaucoup de nouveaux titres qui ne sont pas encore sorties. Mais je peux dire que « Piligrossa » est une chanson que j’adore. Être artiste indépendante est très difficile : bien que beaucoup de portes se ferment, beaucoup d’autres portes merveilleuses s’ouvrent en même temps. Mais il faut rester constamment à l’affût et on se sent parfois comme un poisson à contre-courant.

Alors quand j’ai besoin d’aide, « Piligrossa » me rappelle pourquoi je fais ça, pourquoi je suis là. C’est très important parce que ça me donne de la force.

En tant que femme artiste, quels sont les principaux obstacles que tu rencontres ?

Les principaux obstacles que je rencontre la plupart du temps sont liés à mon corps et au fait que je sois une femme. Comme le fait d’essayer de discréditer mon travail. Aujourd’hui, je veux me concentrer davantage sur le bon que sur le mauvais.

Mais je pense que les plus gros obstacles viennent un peu de là, en tout cas en Espagne. C’est comme si les gens ne comprenaient pas bien les genres de musique que je fais. Ce sont des genres qui n’ont pas encore été tellement explorés ici. Et c’est aussi compliqué pour eux de comprendre que je puisse varier autant d’un genre à l’autre.

Quels sont tes projets à venir ?

Je ne veux pas trop en dire sur mes projets à venir parce qu’ils sont encore en cours de finalisation à l’heure actuelle. Mais je peux dire qu’il se profile des choses très intéressantes.

J’espère aussi pouvoir faire plus de choses en France. Je suis souvent allée à Paris, et j’espère que j’y reviendrai bientôt pour jouer, faire des DJ sets et que nous danserons toutes ensemble. Bisous et merci beaucoup !

Retrouvez Lapili sur Instagram, TikTok, YouTube et son site.

Photo © Maral Fard

Playlist #55 – Décembre 2023

Retrouvez notre playlist #55 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

Avec :

🇫🇷 Nayra
🇫🇷 Saaphyra
🇫🇷 Le Juiice
🇫🇷 Juste Shani
🇫🇷 Oxni
🇲🇦 Frizzy
🇪🇸 Santa Salut
🇲🇽 Ana MC, Ximbo & Vicky MC
🇧🇴 Hyena
🇦🇱🇨🇭Loredana
🇧🇷🇪🇸 🇳🇱 Dachoyce
🇧🇷 Boombeat
🇩🇪 Die P
🇩🇪 Adden
🇫🇷🇬🇧 Sorah
🇬🇧 Teezandos
🇺🇸 Cakes da Killa
🇺🇸 Choppa Tee
🇺🇸 Lola brooke & Coi Leray
🇺🇸 Connie Diiamond

VIDÉO – 25 rappeuses de 25 pays qui dénoncent les violences faites aux femmes

En ce 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, Madame Rap a sélectionné 25 rappeuses de 25 pays différents qui luttent contre les violences faites aux femmes.

Du Kenya au Guatemala en passant par l’Allemagne et l’Indonésie, ces artistes, qu’elles se disent féministes ou pas, dénoncent les discriminations sexistes à travers leurs textes, leur parole publique, ou dans le cadre d’autres projets.

Dans le monde, 736 millions de femmes (près d’une sur trois) ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire, des violences sexuelles non commises par un partenaire, ou les deux, au moins une fois dans leur vie. La plupart des violences faites aux femmes sont perpétrées par des (ex)-maris ou des (ex)partenaires. (Organisation mondiale de la santé, 2021).

En Europe, 2 femmes sur 10 ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire ou d’un ami, 3 sur 10 de la part d’un parent ou d’un membre de la famille et 10 femmes sur 20 ont été victimes de harcèlement sexuel (Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, août 2023).

En France, les violences conjugales ont augmenté de 15 % en un an. On dénombre 244 000 victimes en 2022 (dont 87 % de femmes). 89 % des agresseurs sont des hommes et seule 1 victime sur 4 a porté plainte (Ministère de l’Intérieur, novembre 2023).

 

Avec :

🇫🇷 Chilla
🇨🇭🇲🇦 Nasma
🇩🇪 Nashi44
🇸🇦 Leesa A
🇮🇷 Justina
🇸🇾 Mona Haydar
🇦🇫 Sonita Alizadeh
🇮🇳 Dee MC
🇮🇩 Yacko
🇰🇪 Muthoni Drummer Queen
🇿🇦 Dope Saint Jude
🇨🇺 Krudas Cubensi
🇬🇹 Rebeca Lane
🇲🇽 Masta Quba
🇨🇱🇫🇷 Ana Tijoux
🇪🇸 Tribade
🇺🇸 Queen Latifah
🇨🇦 Haviah Mighty
🇮🇸 Daughters of Reykjavík
🇸🇬 Masia One
🇯🇵 Akkogorilla & Yayoi Daimon
🇧🇼 Danielle Swagger & 🇫🇷 Queen Favie
🇸🇳 GOTAL
🇲🇿 Iveth
🇧🇷 Karol Conka & MC Carol

VIDÉO – 22 chansons populaires qui font l’apologie de la pédocriminalité et de l’inceste (Part 2)

En ce 18 novembre 2023, Journée européenne pour la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels, (et à l’avant-veille du 20 novembre, journée internationale des droits des enfants), Madame Rap vous a concocté une sélection de 22 chansons populaires qui font l’apologie de la pédocriminalité et de l’inceste, classées par ordre chronologique de 1952 à 1996.

[TW : inceste, pédocriminalité, violences sexuelles]

Si le rap reste désigné par la culture dominante comme la musique la plus violente et sexiste qui soit, ces chansons de variété, pop ou rock, banalisent la culture du viol, la pédophilie, le grooming et glamourisent les violences sexuelles faites aux enfants.

Un florilège nauséabond qui se décline sous diverses formes : des agressions sexuelles présentées comme des romances consenties (et rock n’roll), des désirs pédophiles vendus comme de sulfureuses transgressions, des jeunes filles mineures décrites comme des aguicheuses assoiffées de sexe piégeant de pauvres hommes adultes, ou des fantasmes, voire des récits, d’incestes.

Ces textes posent de nombreuses questions. Pourquoi, aujourd’hui, six ans après MeToo, ne sommes-nous toujours pas capables de porter un regard critique sur ces paroles plus que problématiques ? Il est urgent de les condamner car elles ont forgé les imaginaires de générations entières et accompagné de nombreux moments de nos vies quotidiennes, amoureuses, festives, familiales ou intimes.

Aussi, alors que l’on continue de nier aux rappeurs leur qualité d’auteurs, leur capacité de narration et de second degré, ces grands messieurs de la chanson peuvent se draper dans leur masculinité bien normée pour bénéficier d’une totale impunité. Mieux encore, ils sont érigés en poètes, génies, fiertés de notre héritage culturel, modèles à suivre ou stars à convoiter. Certains de leurs écrits s’apparentent pourtant clairement à de la prédation.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les images, textes ou représentations sexualisant les enfants et célébrant la pédophilie ne sont pas exceptionnels mais systémiques et totalement acceptés dans notre société. Ils gangrènent la littérature, le cinéma, les arts, la musique, les médias, la publicité et la culture populaire depuis trop longtemps. Si nous ne sommes pas capables de le reconnaître, comment prendre correctement les victimes en charge et prétendre endiguer ces violences ?

160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France selon un rapport de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) paru en septembre 2023. 45 % des enfants qui révèlent les violences au moment des faits ne sont pas mis en sécurité et ne bénéficient pas de soins et 58 % des professionnels alertés n’ont pas protégé l’enfant à la suite de la révélation des violences.

 

Avec :

  • Henri Salvador – Ma petite Jacqueline (1952), écrit par Maurice Pon
  • Claude Nougaro – Cécile, ma fille (1963), écrit par Claude Nougaro
  • Elvis Presley – Kissin’ Cousins (1964), écrit par Bernie Baum et Bill Giant
  • The Grateful Dead – Good Morning, Little School Girl (1967), écrit par inconnu / version originale enregistrée par Sonny Boy Williamson en 1937
  • France Gall & Maurice Biraud – La petite (1968), écrit par Robert Gall
  • Van Morrison – Cyprus Avenue (1968), écrit par Van Morrison
  • Léo Ferré – Petite (1970), écrit par Léo Ferré
  • The Rolling Stones – Brown Sugar (1971), écrit par Mick Jagger
  • Serge Gainsbourg – Ballade de Melody Nelson (1971), écrit par Serge Gainsbourg
  • Christian Delagrange – Petite fille (1972), écrit par Frank Gérald (pseudonyme de Gérald Biesel)
  • Michel Berger & France Gall – Si l’on pouvait vraiment parler (1974), écrit par Michel Berger
  • Led Zeppelin – Sick Again (1975), écrit par Robert Plant
  • Christophe – Petite fille du soleil (1975), écrit par Didier Barbelivien
  • Gilbert Bécaud – Une petite fille entre neuf et dix ans (1976), écrit par Gilbert Bécaud
  • Rod Stewart – Tonight’s the Night (Gonna Be Alright) (1976), écrit par Rod Stewart
  • The Knack – My Sharona (1979), écrit par Doug Fieger
  • Jean-Luc Lahaye – Gamine (1989), écrit par Jean-Luc Lahaye
  • Bernard Minet – Hey jolie petite fille (1990), écrit par Jean-Luc Azoulay
  • François Feldman – Joy (1991), écrit par François Feldman
  • Faith No More – Edge of the World (1991), écrit par Mike Patton
  • Neil Diamond – Happy Birthday Sweet Sixteen (1993), chanson originale écrite par Neil Sedaka et Howard Greenfield en 1961
  • Étienne Daho – Quand tu m’appelles Éden (1996), écrit par Étienne Daho

À lire aussi : 30 chansons populaires qui font l’apologie de la pédocriminalité et de l’inceste (Part 1), 30 chansons populaires bien sexistes qui ne sont pas du rap Part 1 et Part 2 et 30 punchlines sexistes qui ne sont pas du rap mais de la littérature et Pourquoi je suis féministe et j’aime le rap.

Zetas : « Notre musique vient de la rue et de ses histoires »

Le duo de rappeuses Zetas vient tout droit de la ville de Salerne, en Campanie, sur la côte sud-ouest de l’Italie. Annarella et Miriade nous parlent de leur amour pour le boom bap, de leur musique « 100% underground », et de leur premier album Didattica, produit par le beatmaker, rappeur et DJ Tonico 70, figure phare de la scène old school.

Vous souvenez-vous de quand et comment vous avez découvert le hip hop pour la première fois ?

On a commencé à écouter du hip hop quand on était adolescentes. On a grandi pendant le boom du rap en Italie, en regardant des émissions de télévision comme MTV Spit, où des rappeurs nationaux et des freestylers s’affrontaient dans des battles.

Ce monde nous fascinait tellement, les rappeurs étaient libres de montrer leur talent sans compromis et c’est ce que nous avons toujours eu envie de faire. 

Quels artistes vous ont inspiré pendant votre enfance ? 

Le rap underground et mainstream nous a toujours inspirées. En Italie, les artistes qui nous ont donné de l’inspiration sont Marracash, Fabri Fibra, Club Dogo, CoSang, Tonico 70 (notre producteur et manager) et Morfuco. Ce sont quelques noms parmi nos préférés, mais la liste est bien plus longue.

Notorious B.I.G, Sean Price, Nas et Salt’N’Pepa sont des artistes internationaux qui sont également très importants pour nous.

Comment avez-vous commencé à rapper ?

On a fait nos premiers pas dans des battles, des jam sessions et des événements hip hop partout dans notre région. On a toujours aimé écrire des chansons et le fait de découvrir le rap sous toutes ses formes nous a fait croire en nous-mêmes. On a mélangé nos mots avec la musique hip hop, et c’est comme ça que nous avons commencé.

Comment vous êtes-vous rencontrées et avez-vous décidé de créer Zetas ?

On avait des amis en commun et on se connaissait de vue, mais on s’est officiellement rencontrées à TheSquare, un espace social qui organise toujours des sessions d’écriture musicale dans la rue et des cours de breakdance avec les crews de bboys et flygirls de la ville. Quand on a commencé à rapper, on s’est rendu compte que nos styles de rap étaient plus forts ensemble, et que le produit final était cool et frais.

Comment décririez-vous votre musique et votre identité musicale ?

100% underground. Notre musique vient de la rue et de ses histoires, allant des luttes quotidiennes à notre désir de nous émanciper de notre réalité.

Comment avez-vous rencontré le producteur Tonico 70 et comment avez-vous collaboré sur votre album Didattica ?

On connaissait déjà Tonico car il est très connu et important dans et pour notre ville. On l’a rencontré à TheSquare et il a cru en notre musique. On a commencé notre collaboration officielle avec lui en 2020.

À partir de là, l’album a pris des années de travail parce qu’on on voulait proposer un produit de qualité. Chaque morceau a une histoire et un son unique, c’est notre objectif.

À quoi ressemble la scène pour les rappeuses en Italie ? Êtes-vous en contact avec certaines d’entre elles ?

Il n’y a pas beaucoup de rappeuses en Italie. Par rapport aux années précédentes, il y a beaucoup plus de filles qui font du rap, mais l’idée que des filles rappent est encore stéréotypée.

On connait d’autres artistes, mais nous n’avons jamais collaboré avec elles. Sur Didattica, notre seul featuring est avec Angelica Cascone, une excellente chanteuse de notre région.

Quels sont vos projets à venir ?

On veut faire connaître notre musique dans toute l’Italie, et même, on l’espère, au-delà de l’Italie. On travaille sur de nouveaux morceaux et nos dates de tournée sont régulièrement mises à jour, alors suivez-nous pour avoir toutes les infos !

Que pouvons-nous vous souhaiter ?

D’arriver là où on le souhaite et bien sûr de rester authentiques.

Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer ou à améliorer ?

Super travail ! On a découvert des rappeuses grâce à votre magazine et c’est très important d’écouter de nouveaux artistes.

Retrouvez Zetas sur Instagram.

© Gaetano Rispoli

VIDÉO – 6 rappeuses palestiniennes à connaître

Éminemment politique, le rap palestinien a toujours représenté un espace d’expression et de revendication pour les femmes depuis son apparition à la fin des années 90. 

Dès 2003, Shadia Mansour ouvre la voie et devient le porte-voix hip hop de la cause palestinienne dans le monde. En 2019, le groupe de rap DAM, actif depuis 1998 et considéré comme le premier du genre, intègre la rappeuse et chanteuse Maysa Daw.

Bien que peu visibles, les femmes occupent aujourd’hui une place importante sur la scène rap de Palestine, souvent désignée comme l’une des plus dynamiques du Moyen-Orient.

Voici donc 6 MCs palestiniennes à connaître, sélectionnées parmi les 8 artistes palestiniennes répertoriées sur Madame Rap.

 

 

Avec :

Safaa Hathot

Artiste et actrice, Safaa Hathot envisage le rap comme un outil d’éducation et d’émancipation pour les femmes palestiniennes. Elle officie en tant que MC depuis 2001, au sein du groupe ARAPYAT, et dénonce dans ses paroles l’occupation israélienne et l’oppression patriarcale.

InstagramTikTokFacebook

Makimakkuk

Pionnière de la scène hip hop underground de Ramallah, Makimakkuk est productrice et rappeuse. Initialement issue de la scène électro, elle mêle dans sa musique des sonorités rap et expérimentales avec des textes socio-politiques.

SoundcloudInstagram YouTube

Maysa Daw

Musicienne, autrice et compositrice, Maysa Daw fait partie du premier groupe de hip hop palestinien DAM. Elle fusionne rock, rap, soul et jazz et explore dans ses textes les thématiques des relations interpersonnelles et des luttes collectives.

FacebookInstagram YouTube

Shadia Mansour

Considérée comme l’une des stars de la scène hip hop moyen-orientale, Shadia Mansour est surnommée « la première dame du hip hop arabe ». Dans ses textes en arabe et en anglais, elle dénonce l’occupation de la Palestine, la répression des femmes et toute forme de conservatisme.

InstagramFacebookYouTube

Ettijah

Fondé en 2013, Ettijah est le premier groupe de rappeuses palestiniennes basé dans un camp de réfugiés. Dans ses textes, le trio parle de l’occupation, des bombardements, des droits des femmes et des traditions et restrictions auxquelles elles doivent faire face.

InstagramFacebook

Haifa Beseisso

YouTubeuse palestino-américaine, Haifa Beseisso rappe pour dénoncer des problèmes sociétaux et des discriminations. Avec le titre « The 3aib Song », sortie en 2021, elle dénonce la « culture de la honte » et les pressions permanentes que subissent les femmes au sujet de leur apparence et de leurs choix de vie.

InstagramFacebookXTikTokYouTube

Playlist #54 – Novembre 2023

Retrouvez notre playlist #54 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

Avec :

🇫🇷🇨🇱Angie & Lazuli
🇫🇷Le Juiice
🇫🇷Neige
🇪🇸Ptazeta
🇪🇸Cardden
🇪🇸Anier
🇦🇷Chocolate Remix
🇯🇵 Awich
🇨🇮 Marla
🇧🇷 Mac Julia
🇺🇦 Alyona Alyona
🇩🇪 badmómzjay
🇩🇪 Die P & Presslufthanna
🇩🇪 Alice Dee
🇬🇧 Trillary
🇺🇸 Lady Londyn & Dreezy
🇺🇸 $hyfromdatre
🇺🇸 Erica Banks & Gloss Up
🇰🇷🇺🇸 Jessi
🇲🇽 🇺🇸 Snow Tha Product

Léo : « L’homosexualité dans le rap est un sujet ultra tabou »

Artiste indépendant de 21 ans originaire de Metz (Moselle), Léo a sorti son premier single de rap en juillet dernier. Le morceau intitulé « COBRA » aborde la question de l’homosexualité dans le rap français et dénonce le harcèlement LGBTphobe dont le jeune créateur de contenu est victime. Léo nous parle de sa relation au rap, de ses rôles modèles et de son identité artistique.

Quand et comment as-tu commencé à faire de la musique ?

J’ai commencé la musique à l’âge de 9 ans en postant ma première cover sur YouTube. J’ai toujours eu cette envie de partager ma passion publiquement sur Internet. A mes 12 ans, j’ai commencé les cours de chants, les concerts, et j’y ai tout de suite pris goût. J’ai ensuite fait de la chorale pendant 3 ans et en 2020, pendant le confinement, j’ai décidé de sortir mon premier single « Réseaux ». Et aujourd’hui je reviens avec mon nouveau titre « COBRA » qui est mon 7e single.

Avais-tu des rôles modèles en grandissant ?

J’ai grandi en écoutant des artistes comme Diam’s, Miley Cyrus, et même Tal. J’ai vraiment été beaucoup inspiré par ce genre d’artistes qui faisaient passer un fort message à travers leurs morceaux. Des messages de société, de bienveillance et surtout de tolérance. Ce qui m’a également aidé à m’affirmer et à être la personne que je suis devenue aujourd’hui.

Pourquoi as-tu décidé de te mettre au rap ?

J’ai décidé de me lancer dans le rap sur un coup de tête. J’ai regardé la saison 1 de Nouvelle École, et à la fin du dernier épisode je me suis challengé et je me suis mis au défi de poser un freestyle en une heure. C’est donc là qu’est né mon single « COBRA », et j’en suis sincèrement très fier.

À la base, c’était un simple délire entre moi et moi-même, puis quand j’ai réécouté le son je me suis dis « là y’a quelque chose« . Et quand j’ai posté un extrait sur mes réseaux sociaux, les gens étaient choqués et ils m’ont innondé de messages pour que je le sorte.

Qu’est-ce qui t’a inspiré ton single « Cobra » ?

C’est un morceau dans lequel je parle de la place de l’homosexualité dans le rap, plus particulièrement dans le rap français. C’est un sujet ultra tabou et très mal vu dans ce milieu. La plupart des rappeurs utilisent même l’homosexualité en guise d’insultes dans leur morceau. Je me suis tout simplement dit « pourquoi pas moi?« , ce n’est pas parce que j’aime les garçons que je ne peux pas être aussi performant que vos rappeurs. Et je me suis donc lancé.

Lil Nas X m’a énormément inspiré ces dernières années, et j’aime beaucoup le fait qu’il mélange le côté « rap gang » avec le côté « plus féminin ». C’est une esthétique que je trouve particulièrement intéressante et qui me plait énormément.

Comment et avec qui as-tu travaillé sur ce projet ?

J’ai travaillé sur ce projet avec plusieurs personnes. Tout d’abord avec des beatmakeurs pour la prod, le photographe Hugot Michael qui a réalisé la cover ainsi que les visuels du single, le graphiste Ovthex et le réalisateur Victor pour mon clip.

Concernant l’enregistrement et la composition, je m’en suis chargé seul. J’aime quand les choses sont spontanées et qu’ellent viennent de moi.

Quels retours as-tu eu de la part de ta communauté et du public ?

Le public a été très surpris lors de la sortie de ce titre. J’ai eu des milliers de retours notamment sur TikTok. Les gens étaient très étonnés de voir la manière donc j’amenais cela à travers le clip. Je rappe, mais en même temps on me voit porter du maquillage et des tenus ultra-sexy.

Et c’est vraiment sur cette « double-personnalité », qui fait partie de ma vie au quotidien, que je voulais appuyer. Je n’ai eu que de très bons retours, quelques haters comme à chaque sorties, mais très peu.

Comment décrirais-tu ta musique et ton identité artistique ?

Je pense que ma musique est parlante. Je parle de sujets de la vie quotidienne, de société, qui peuvent toucher la plupart de gens. Je parle beaucoup d’amour, d’hommes, de mon parcours, et du harcèlement que j’ai subi depuis mon enfance, et je montre que tout cela m’a permis de m’affirmer aujourd’hui.

Donc aujourd’hui, je remercie mes haters, car même s’ils m’ont beaucoup fait souffrir durant mon enfance, ils m’ont permis de ne jamais lâcher et de toujours me battre pour atteindre mes objectifs.

Le rap est souvent considéré comme homophobe. Qu’en penses-tu ?

Dans mon tire « COBRA », je dis : « j‘comprends ça fait peur un PD sur d’la trap, Léo Music et je vais tous vous attraper« , voilà ce que j’en pense hahah !

Non, en vrai, je trouve ça profondément triste et dommage de refuser d’écouter les propositions artistiques de quelqu’un simplement en raison de son orientation sexuelle. Kiffons notre vie, on en a qu’une, et apprenons à nous ouvrir à plus de cultures et de personnalités.

Quel·les rappeurs·euses écoutes-tu aujourd’hui ?

J’écoute énormément Lil Nas X, qui est pour moi une des personnes les plus talentueuses sur cette Terre.

Je suis également un grand fan de Shay, le côté bad bitch assumé mais gang, je me reconnais beaucoup en elle.

Et j’écoute beaucoup de rappeurs comme Tiakola, Niska, SDM que je trouve très talentueux et intéressants.

Est-ce que tu vis de la musique ? Si non, est-ce un objectif à terme ?  

Je ne vis pas encore de la musique, cela me permet un complément de revenus qui n’est pas négligeable, mais dans le futur j’espère pouvoir en vivre et être artiste à temps plein. Ce serait mon objectif de vie et mon rêve de gosse.

Quels sont tes prochains projets ?

Je travaille actuellement sur mon premier EP, qui sera composé de 6 ou 7 morceaux. Un projet très artistique et esthétique avec un thème bien spécial et des sons qui vont faire beaucoup parler. J’ai hâte de pouvoir vous le faire découvrir !

Que peut-on te souhaiter ?

Une belle carrière dans la musique, une belle communauté de fans, et beaucoup de dates de concerts, la scène c’est vraiment l’endroit ou je me sens le plus épanoui.

Merci à vous pour l’interview, et merci pour votre joli média qui permet de mettre en avant les personnalités LGBT et les femmes dans le milieu du hip hop, c’est super ce que vous faites !  

Retrouvez Léo sur Instagram, TikTok, YouTube et Twitter.