Eesah Yasuke : « Chaque scène est une célébration »

Originaire de Roubaix (Nord) et aujourd’hui basée à Lille, la rappeuse Eesah Yasuke a fait du chemin depuis son premier projet en 2021. Après plus de 80 concerts en 2022, elle vient de sortir le EP Prophétie, dense et introspectif, qui mêle boom bap, rap électro, jersey ou encore afrobeat.

Tu viens de sortir ton nouvel EP Prophétie. Comment te sens-tu ? 

Je ressens beaucoup d’excitation, ce projet est une mise à jour de qui je suis en tant qu‘artiste donc j’ai plutôt hâte de célébrer ce nouveau Moi.

Comment as-tu travaillé sur ce projet ?

C‘est un projet sur lequel j’ai pris le temps de maturer les choses pour aller au plus près de ce que je voulais transmettre, surtout dans la façon de le faire. Je pense à «Chaud l’hiver» notamment, la première maquette qu’on a bossée avec Lucci date de novembre 2021 par exemple.

Sur tous les morceaux, chaque approche est chirurgicale. Les ambiances, adlibs, mélodies, tout a été fait et refait jusqu’à ce que je sois satisfaite du rendu.

Pourquoi as-tu appelé ton EP « prophétie » ?

Je pense qu’il ne pouvait pas se nommer autrement. je suis arrivée avec mon premier projet Cadavre Exquis sans savoir où ça me mènerait. Je n’avais pas franchement de cap précis, et lorsque je vois tout ce qui en a découlé (les prix, les médias, des artistes comme Youssoupha et Oxmo qui valident mon univers), je me dis que c’était prédit. Rien n’est dû au hasard.

J’ai arrêté le sprint brutalement et cet événement a déclenché mon écriture. C’est puissant de se rendre compte que tout était écrit depuis le début, la Prophétie se réalise.

Comment as-tu choisi les prods et les personnes avec qui tu as collaboré ? 

Le choix des prods s’est fait au fur et à mesure du temps et surtout des rencontres. Je pense à Frok qui a produit «Galère» et «Mangeurs d‘hommes». Il m‘a découverte en première partie de Josman et m’a envoyé des prods dès le lendemain. J’ai eu un vrai coup de cœur pour son univers atypique. Après c’est de l’humain avant tout, c’est très important pour moi de matcher avec les personnes avec qui je collabore.

C’est pareil pour Lucci, qui est présent à trois reprises. Le feeling est bien passé et surtout on se comprend en termes d’influences musicales.

Tout part toujours d’un engouement musical à la base puis se confirme par la rencontre humaine. C’est à partir de ce moment que la collaboration démarre.

Qu’est-ce qui te plaît/déplaît le plus dans le studio ?

Ce qui me plaît, c’est ce moment bulle, suspendu, où je suis avec moi-même dans l’énergie créative. C’est intéressant de voir tout ce qui peut sortir de soi lorsque l’on est face à soi-même. C’est un moment de qualité à ne pas négliger selon moi.

Tu as donné plus de 80 concerts en 2022. Quel est ton rapport à la scène ? 

Chaque scène pour moi est une célébration. Je prends conscience de la bénédiction que j’ai de vivre de ma musique, c’est incroyable de vivre cela, j’en suis reconnaissante.

C’est évidemment le rendez-vous avec le public, un moment d‘osmose, de lâcher prise et de défoulement. Chaque scène est sacrée pour DJ Asfalte et Petit Écume (danseur) et moi-même. On essaie toujours de se surpasser.

Nous t’avions interviewée en février 2021 au moment de la sortie de ton EP Cadavre Exquis. Tu as fait beaucoup de chemin depuis. Quel regard portes-tu aujourd’hui sur ce premier projet ? 

C’est vrai que vous donnez la force depuis le début et merci pour cela. Je vois Cadavre Exquis comme une esquisse, un premier jet, mais c’est vrai que j’ai fait pas mal chemin depuis, et mon art a mûri.

Est-ce que ça t’arrive d’écouter tes anciens titres pour travailler ou juste pour le plaisir ? 

Ahah en fait je ne les écoute jamais pour tout te dire. Je pense que beaucoup d’artistes sont comme ça. On a tellement fait de maquettes, d‘allers-retours dans le mixage et mastering qu’après l’écoute se fait rare.

Depuis tes débuts, tu n’hésites pas à explorer différentes sonorités. Y a-t-il un style de rap (ou de musique en général) dont tu te sens la plus proche ? 

C’est vrai que j’aime explorer différentes sonorités. Je ne pense pas avoir de style de rap particulier dont je suis le plus proche. Ce qui est important pour moi c’est la musicalité et les paroles. 

Quel est le morceau dont tu es la plus fière à ce jour et pourquoi ?

À ce jour, sans hésiter je dirais «Mangeurs d‘hommes», pour l’exploration vocale, les différentes tessitures et la D.A que je suis fière d’avoir menée.

Tu as joué au Point Éphémère à Paris pour fêter la sortie de Prophétie. Quels sont tes autres projets ?

Je n’ai pas d’autres projets pour le moment. Prophétie m‘a pris beaucoup de temps. Maintenant qu’il est enfin disponible, je vais laisser le public se l’approprier, et de mon côté, je continue évidemment de créer. Mais pour l’instant, il n’y a pas lieu d’annoncer un nouveau projet.

Que peut-on te souhaiter ?

Que Prophétie puisse s’ancrer dans le temps.

Retrouvez Eesah Yasuke sur Instagram, Facebook et YouTube.

© Noémie Lacote

Playlist #50 – Mai 2023

Retrouvez notre playlist #50 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

Avec :

  • Nayra (France, Saint-Denis)
  • Ash To The Eye (France, Champigny-sur-Marne)
  • Le Lou (France, Strasbourg)
  • Eesah Yasuke (France, Roubaix/Lille)
  • Liza Monet (France, Paris)
  • KT Gorique (Suisse)
  • La Gale (Suisse)
  • Comagatte (Italie)
  • Zamaera (Malaisie)
  • Justina (Iran)
  • Antifuchs (Allemagne)
  • Noel (Allemagne)
  • Liz (Allemagne)
  • Ana Tijoux (France/Chili)
  • Anier & K1za (Espagne)
  • DXVA (Venezuela/États-Unis, Miami)
  • Chung (Jamaïque/Canada, Québec)
  • Raaqel (États-Unis, San Francisco)
  • Connie Diiamond & KenTheMan (États-Unis, New York/Houston)
  • Monaleo (États-Unis, Houston)

27. Madame Talk x Hvrley Qveen

Découvrez notre podcast Madame Talk avec la rappeuse/chanteuse/productrice Hvrley Qveen !

Originaire du Mans et installée à Nantes depuis 2021, Hvrley Qveen rappe, chante, écrit, compose, enregistre, mixe ses titres et conçoit ses propres clips.

Totalement autodidacte et indépendante, elle se lance dans la musique en 2015, à l’âge de 22 ans, à l’issue d’un atelier d’écriture rap au Mans. Après avoir travaillé dans la maroquinerie de luxe, elle suit à Nantes une formation dans les musiques actuelles qui lui permet d’acquérir certaines compétences techniques en tant que productrice.

Initialement fan de G-Funk, elle s’imprègne des mélodies solaires et des textes à la fois simples et authentiques du courant west coast, auxquelles elle ajoute sa propre touche. Parmi ses thèmes de prédilection : les femmes indépendantes et classes dotées d’une certaine « folie » à l’image de l’anti-héroïne des DC Comics Harley Quinn.

Aujourd’hui inspirée par la new wave, l’artiste nous parle de ses deux nouveaux EPs qui reflètent la dualité de son alter ego et l’étendue de sa proposition artistique : Outside, chanté, introspectif,  et sentimental, et Inside, plus trap et « bad bitch ».

De la promotion à la direction artistique en passant par les réseaux sociaux, Hvrley Qveen gère son projet de A à Z. Elle nous raconte les difficultés que présente ce mode de fonctionnement, mais aussi la grande liberté que lui permet le contrôle total de sa musique et de son image.

Titres diffusés :

  1. « Cœur Noir », extrait de l’EP Outside, disponible sur toutes les plateformes.
  2. « Besty », extrait de l’EP Inside, disponible le 09/06/2023.
  3. « Titvn », extrait de l’EP Inside, disponible le 09/06/2023.
Madame Talk est totalement indépendant, sans publicité et gratuit. Vous pouvez soutenir le podcast en faisant un don ponctuel ou mensuel ici.

Écouter le podcast sur toutes les plateformes.

VIDÉO – 7 rappeurs·euses pansexuel·les à suivre

À l’occasion de la journée de la visibilité pan (#PanVisibilityDay), voici 7 rappeurs·euses pansexuel·les à suivre !

Les individus qui s’identifient comme pansexuels peuvent éprouver du désir ou des sentiments amoureux pour une personne, sans considération pour son sexe ou son genre.

Alors que 1 % des personnes dans le monde s’identifient comme pansexuelles, les États-Unis regroupent à eux seuls 2 % d’adultes pan (Ipsos | Enquête LGBT+ Pride 2023 Globale). En toute logique, c’est dans ce pays que l’on retrouve la grande majorité des artistes rap qui s’identifient comme pan.

Par ailleurs, 1 % de la population espagnole et 18,4 % des jeunes au Chili se disent pan (10e enquête nationale sur la jeunesse, 2022).

En France,  2 % des membres de la génération Z (nés après 1997) se définissent comme pansexuels (Statista/Consumer Insights, 2024).

En 2023, les cas de panphobies représentent 3 % des LGBTIphobies recensés par SOS homophobie (Rapport sur les LGBTIphobies 2024). D’après l’association, les 35-50 ans sont la tranche d’âge la plus affectée par ces violences.

38 % des victimes témoignent d’un mal de vivre, 18 % indiquent subir de la haine de la part d’utilisateurs en ligne et 11 % de la part de la famille et de l’entourage proche. Au-delà du rejet qu’elles subissent, 25 % d’entre elles sont insultées, 17 % sont menacées et 14 % sont harcelées.

Pour célébrer les rappeurs·euses qui s’identifient comme pansexuel·les, voici 7 MCs à suivre sélectionné·es parmi les 10 artistes pan répertorié·es sur Madame Rap.

 

Avec :

VIDÉO – 6 titres à écouter cette semaine #25

Découvrez notre sélection de 6 titres à écouter cette semaine !

 

Avec :

  • Nayra – Ego-tripes (Saint-Denis, France)
  • Ash To The Eye – Euf (Saint-Denis, France)
  • Ana Tijoux – Niñx (France/Chili)
  • Chung – Sweet Dreams ft. Cotola (Jamaïque/Québec, Canada)
  • Comagatte – Corri (Italie)
  • Aby – Blédard (Tunisie)