Mise en avant

Playlist #62 IDAHOBIT – 40 rappeurs·euses LGBT+ de 42 pays

En cette journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie, la biphobie et l’interphobie (IDAHOBIT), Madame Rap vous appelle à soutenir les rappeurs·euses LGBT+ du monde entier.

Pourquoi ?

Les LGBT+phobies peuvent se manifester par des violences physiques et psychologiques mais aussi par des formes de violences économiques. Ainsi, les personnes LGBT+ souffrent davantage de la précarité.

Plus de 15 % d’entre elles font partie des 25 % des revenus les plus bas de l’Union européenne.[1]

Aux États-Unis également, les personnes qui s’identifient comme LGBT+ sont plus confrontées à la pauvreté que les individus hétérosexuels cisgenres (22 % contre 16 %).[2]

Sans surprise, les milieux de la musique et du rap ne sont pas épargnés. Au Royaume-Uni, 1 artiste LGBT+ sur 5 est endetté.[3] 55 % des musicien·nes queer déclarent que le manque de revenus durables est un obstacle à la poursuite et au développement de leur carrière musicale et 29 % indiquent être incapables de subvenir à leurs besoins ou à ceux de leur famille.

Alors que Deezer a récemment annoncé avoir supprimé 26 millions de titres de son catalogue et que Spotify vient de changer son système de paiement des royalties (les morceaux doivent désormais avoir atteint au moins 1 000 écoutes dans les 12 derniers mois pour être éligibles à la monétisation), l’un des moyens de soutenir ces artistes est d’écouter leur musique.

Pour cette raison, voici notre playlist IDAHOBIT avec 40 rappeurs·euses LGBT+ de 42 pays sélectionné·es parmi les 443 artistes LGBT+ répertorié·es sur Madame Rap. À découvrir, écouter, soutenir et partager.

[1] Étude de 2023 d’Eiko Strader, professeure en Women’s, Gender and Sexuality Studies and Sociology à la Trachtenberg School of Public Policy and Public Administration de Washington D.C.

[2] Rapport 2019 de l’Institut Williams de la faculté de droit de UCLA.

[3] Musicians’s Census 2023.

 

Avec :

🇫🇷 Adés The Planet
🇧🇪 cheapjewels
🇨🇭 Dibby
🇰🇷 Aquinas
🇨🇳 David Wilde
🇹🇭 SUGXR BVBBLE
🇮🇳 Finsta
🇵🇭 SHNTI
🇯🇵 Namichie
🇲🇦 Salem Aya
🇿🇲 Backxwash
🇿🇼🇮🇸 Eyve
🇿🇦 Angel-Ho
🇦🇴 Titica & 🇧🇷 MC Soffia
🇧🇷 Katú Mirim
🇬🇹 Rebeca Lane
🇨🇺 Krudas Cubensi
🇪🇨 KillaSadSound
🇩🇴 Ariel Kelly
🇨🇴 Mabiland
🇧🇴 Hyena
🇦🇷 Chocolate Remix
🇵🇷 Young Miko
🇲🇽 Audry Funk
🇪🇸 Ptazeta
🇮🇹 BigMama
🇳🇴 Kuuk
🇸🇪 Nao Mali
🇦🇹 Kerosin95
🇩🇪 Nashi44
🇵🇱 Aljas
🇷🇴 Brasov
🇳🇱 Starrlight
🇮🇸 Countess Malaise
🇬🇧 Karnage Kills
🇫🇯 🇦🇺 Jesswar
🇳🇿 Randa
🇮🇳🇨🇦 Cartel Madras
🇺🇸 CupcakKe
🇺🇸 Lazarus Lynch
🇺🇸 Todrick Hall

VIDÉO – 15 rappeuses allemandes à connaître absolument

En Allemagne, comme dans de nombreux autres pays européens, la culture hip hop commence à émerger dans les années 1980. Fortement inspiré des États-Unis, le rap local se développe progressivement. Bien que les rappeuses soient peu visibles sur cette scène, elles y sont toutefois actives depuis ses débuts.

Ainsi, dès 1995, Sabrina Setlur rappe sous le nom de Schwester S et et son titre « Du liebst mich nicht » se classe numéro 1 en 1997. Repris en 2015 par Shirin David, le morceau permettra à la rappeuse hambourgeoise de se hisser dans le top 10 des charts allemands et autrichiens.

À la même époque, le trio pop-rap Tic Tac Toe rencontre un certain succès commercial dans les pays d’Europe de l’Est et germanophones. De son côté, Cora E. se fait un nom en tant que B-girl et MC sur la scène d’Heidelberg avant de conquérir le grand public avec son morceau « Schlüsselkind ».

Afin de rendre aux femmes la place qu’elles méritent dans l’histoire du rap allemand, Madame Rap vous présente 15 rappeuses à connaître absolument, sélectionnées parmi les 104 artistes d’Allemagne répertorié·es sur notre site.

 

Avec :

Hyena : « Pour faire la musique que je veux faire, je dois être la personne que je veux être »

Née à La Paz en Bolivie, Hyena est rappeuse, beatmakeuse et productrice. Elle nous parle de son parcours, de sa participation au collectif queer bruxellois Gender Panik, de la place des rappeuses sur la scène bolivienne et de l’évolution de sa musique, étroitement liée à sa transidentité.

Peux-tu te présenter brièvement?

Je m’appelle Hyena sur scène et dans mon boulot, mais tout le monde me connaît sous mon vrai nom, Nayra. Je suis une fille trans bolivienne, originaire des villes de La Paz et de Cochabamba. Je viens d’une famille urbaine quechua métisse, j’ai grandi entre les rues étroites et les “motes de habas” que ma mère mangeait tous les jours.

Je me considère comme une femme trans à part entière (en termes européens), mais je m’identifie davantage aux mots informels et réappropriés de ma culture urbaine : minita, imilla, ñoja, chotita, bandida, arrecha, birlocha, desputera, ñata, zorra…

Quand et comment as-tu découvert la culture hip hop ?

J’ai toujours consommé de la musique et de la danse. Dès l’adolescence, j’aimais regarder des battles et écouter des rappeurs américains et latins. Mais mon véritable contact avec la culture a commencé en 2021, lorsque je suis retournée vivre en Bolivie.

Je suis arrivée avec l’envie de rapper, de m’immerger complètement dans la scène. J’ai commencé à aller à des événements rap et à découvrir les artistes actifs à cette période, puis mon grand frère et professeur Alandino a organisé un atelier de rap gratuit. C’est dans cet atelier qu’est né mon premier crew Rimay Tinku, avec qui j’ai fait mes premières scènes et rencontré beaucoup de gens de la culture. Et je suis restée là.

As-tu reçu une quelconque formation ou éducation musicale ?

J’ai eu un professeur de guitare pendant un certain temps, quand j’avais 13 ou 14 ans. Ensuite, je me suis contentée de regarder des vidéos sur YouTube. J’ai beaucoup appris par moi-même, en lisant, en étant curieuse.

Quand et comment as-tu commencé à rapper ?

J’ai commencé à rapper vers 2018-2019. À l’époque, j’avais un ami qui rappait déjà et le voir écrire m’a motivé à me lancer, même si je ne montrais rien à personne, et même si je faisais ou voulais faire un autre type de musique.

Je passais aussi beaucoup de temps seule. À l’époque, je vivais à Bruxelles dans un sous-sol sans portes ni fenêtres, enfermée dans mon monde, à composer des chansons, à chercher un but. Les choses se sont emballées et j’ai fini par vivre dans un squat avec beaucoup de gens.

Parmi eux, il y avait mes amis qui allaient devenir le groupe de rap Gender Panik. Les voir organiser des résidences sans hommes cis, où iels étaient autorisés à rapper, à lire des textes, les voir motivé·es et ne pas avoir peur de ne pas être un·e « artiste », m’a incité à croire davantage en mon rap. Et puis une chose en a entraîné une autre.

Comment as-tu choisi ton nom de scène et créé ton personnage ? Comment le définirais-tu ?

Entre mai et juillet 2023, je rêvais constamment de hyènes. Et je n’en ai jamais vu ! Mais j’ai rêvé qu’il y avait en moi un animal charognard, hyperactif, impatient de sortir et de montrer ses dents.

Peu de temps après, j’ai entendu une histoire très forte sur ma naissance, sur ma mère, mon père, la grossesse de ma mère et sur un jumeau que j’avais et qui n’a malheureusement pas pu vivre. Qu’apparemment je l’avais mangé dans son ventre, qu’apparemment on s’attendait à ce que je naisse femme pour finalement naître garçon…. Et j’ai continué à rêver, à penser aux hyènes.

En regardant des documentaires, j’ai découvert que les femelles hyènes étaient un peu hermaphrodites, et que de nombreux biologistes les confondaient avec les mâles. Le nom avait plus de sens, quelque chose me demandait de donner ce nom à mon travail et à mon expression. Et la vérité, c’est qu’il sonne mieux, il est plus mémorable que mon nom précédent (Boka Esquina), en plus il sonne moins « hip hop » d’une certaine manière, il me fait même sentir moins contrainte de toujours faire du rap.

Je me sens plus libre d’emmener ce projet vers d’autres genres et d’autres mondes.

Concernant mon personnage, je ne sais pas… Je ne pense pas avoir jamais vraiment réfléchi à la construction d’un personnage et j’ai toujours essayé d’être moi-même. Même si cela a été forcément contradictoire, un peu mensonger et en même temps très réel, je préfère refléter ma propre personnalité et qui/quoi/comment je suis, plutôt que de définir un personnage fixe.

Comment décrirais-tu ta musique ?

Je pense que c’est un peu ce que mon histoire raconte. Si vous imaginez une musique faite par une petite fille effrontée et hip hop, qui auparavant était un petit chacal coquin et sournois, qui est maintenant en pleine transition hormonale et qui a eu des expériences à la fois de la rue et du confort, vous obtiendrez que je fais.

La vérité, c’est que je suis à un moment où je veux redéfinir ma direction et réimaginer ma musique. Pendant longtemps, je l’ai codifiée autour de vocabulaires comme le boom bap et le rap des années 90. Aujourd’hui, je veux me concentrer non pas sur le langage musical, mais sur le langage émotionnel.

Je veux que ma musique soit une musique de cagole sentimentale, de racaille au gros cul et au grand cœur.

Et je veux qu’elle passe par le hip hop, la trap, la chicha, le huayno, le layku-layku, l’afrobeat, le reggaeton…. C’est la musique qui décidera de ce qu’elle veut toujours être.

Comment écris-tu tes paroles et quel est ton processus artistique ?

J’écris généralement sur un beat que j’ai sur mon ordinateur. Je passe beaucoup de temps à créer des instrus, puis, quand j’ai le temps, je fume de la Cheese, je m’assois et j’écoute mes beats. Je freestyle parfois dessus ou j’essaie des paroles que j’ai écrites. C’est là que commence un tourbillon où le beat, la musique, les paroles et le flow se mettent à dialoguer jusqu’à ce qu’ils ne fassent plus qu’un. Ça sonne bien dit comme ça hahahaha.

Mais je ne suis pas vraiment le genre d’artiste qui écrit des paroles et en fait ensuite un morceau, ou qui termine un morceau et fait ensuite les paroles. Dans mon processus, l’un est toujours lié à l’autre. J’aime de plus en plus que mes paroles soient comme des accords ou des arrangements de la chanson, et moins comme un texte.

De quelle(s) chanson(s) es-tu la plus fière à ce jour ?

Hmm, difficile… Parmi celles qui sont sorties, je dirais « Trans Piketera ». C’est la première chanson que j’ai mixée et masterisée moi-même. Et pour le clip, l’équipe a craqué et nous avons réussi à faire quelque chose de très beau, avec toutes les filles de la Casa Trans ici à La Paz, avec des costumes et un travail artistique incroyables…

Parmi les chansons qui ne sont pas encore sorties, il y en a quelques-unes que j’adore et que j’écoute souvent au quotidien. Et j’ai vraiment hâte de les sortir.

Es-tu connectée à la scène hip hop bolivienne ? Si oui, à quoi ressemblent les scène des rappeuses et la scène queer là-bas ?

Oui, je pense que je suis liée à cette scène. Entre 2021 et 2023, ma première et plus importante communauté a été la scène hip hop. Il y a encore beaucoup de gens que j’aime, qui me donnent un coup de pouce, dont j’admire aussi énormément la vie et le travail. Nous avons même réussi à organiser quelques événements et ateliers mémorables, j’ai donné des cours de rap à des enfants….

Maintenant que je suis impliquée dans d’autres choses, nous n’avons plus la même proximité ni la même confiance avec le mouvement. Mais ce n’est pas grave, comme toutes les amitiés et les relations, cela évolue avec le temps, cela se développe et se réduit.

La scène rap “féminine” existe et se défend, nous ne sommes pas stupides. Mais ce ne serait pas juste de nier que l’attention et la lumière sont toujours dirigées sur les MCs masculins. Je pense que nous, les filles, avons dû nous insérer et affirmer notre place sur cette scène. Il n’y a pas vraiment de scène rap « féminine » en soi. Il y a une scène rap, et si vous êtes une fille et que vous voulez exister sur cette scène, vous allez devoir travailler.

Il ne faut pas se laisser emmerder par qui que ce soit, il faut aller sur le terrain et montrer ce que l’on sait faire, se défendre sur le papier et au micro.

Et c’est bien que ce soit comme ça, parce que c’est la vie ici aussi, c’est la rue, le travail, la famille, le commerce, la fête, l’amour, tout. Et oui, on peut porter des discours féministes et déconstruire les attentes envers les artistes et le monde du hip hop, qui est très macho… Ou on peut avaler le venin, s’immuniser, rapper encore mieux et tout casser. Et être enviées. Et dites-vous que cette scène est sexiste parce que l’industrie l’est, pas le hip hop.

Le rap queer, ça n’existe pas. Il y a des rappeurs queer, des MCs gouines, lesbiennes, bi. Je porte toute la représentation trans dans le rap, c’est comme ça. Mais la scène rap queer, je pense que c’est encore quelque chose de très européen.

Comment le public bolivien accueille t’il les rappeuses ?

Elles sont foutues. Entre garçons, ils se contentent de regarder, et lorsqu’une fille arrive et rappe mieux ou de manière plus intéressante que leurs petits pamphlets de rappeurs de rue, elle est soit conspuée soit respectée.

Un côté de la communauté hip hop repose sur le soutien et le respect, tout comme un autre côté repose sur la méfiance et la défiance.

« Qui es-tu ? Je t’ai jamais vue dans mon quartier », et ils t’ont déjà ignorée.

Je ne vous cache pas que j’ai critiqué le travail de Alwa au début, mais maintenant qu’elle a fait tant de choses dans le domaine de l’éducation, qu’elle est devenue connue, cela lui permet de peut-être mieux subvenir à ses besoins ou à ceux de sa famille. Elle fait beaucoup avancer le rap “féminin” bolivien, et c’est une amie très chère, très talentueuse et très sincère. Elle reçoit beaucoup de haine de la part de la communauté, parce qu’elle est connue et parce qu’elle porte des jupes.

Mon amie de Cochabamba Kanto Tika Nina, qui est également très forte, a aussi été ignorée parce que c’est une fille qui chante qu’il faut tuer les hommes machos et être agressive.

Pour moi, c’est la même chose, « oh non, cette fille parle du fait d’être trans pour devenir célèbre et gagner de l’argent, c’est tout ce qu’elle veut ».

Il y a une prédisposition à toujours voir le vice, la fourberie et la cupidité chez les rappeuses boliviennes.

Les gens ne font pas confiance à notre authenticité et au fait que notre musique reflète aussi notre réalité. Mais ils peuvent nous sucer les seins. Je suis vicieuse, rusée, et alors ? En fin de compte, Alwa casse tout et je vais tout casser aussi. Les petites filles sont plus éveillées et travaillent plus dur, parce que c’est comme ce qu’on exige de nous, et c’est clairement ce qui va nous redonner nos vies aussi.

En tant qu’artiste, quels ont été ou quels sont les principaux obstacles que tu  rencontres ?

L’argent est toujours un problème. Grâce à un mélange de privilèges et de travail acharné, j’ai la chance, de pouvoir faire beaucoup de choses par moi-même. Je sais faire des beats, mixer et masteriser. Ça me permet de faire des économies.

Mais pour réaliser des clips, si je veux qu’ils atteignent le niveau professionnel que nous devons exiger de nous-mêmes pour développer l’industrie bolivienne, il faut de l’argent. En outre,

le fait de se livrer en tant que jeune femme trans et rappeuse, signifie aussi parfois se heurter à de nombreux points de vue transphobes et transmisogynes.

Mais ça m’est égal.

Pour moi, je pense que la chose la plus difficile est la même que pour tous les autres MC boliviens et que pour tous les autres artistes indépendants ici. Il n’y a pas d’industrie en Bolivie. Et je ne crois pas au petit discours selon lequel l’État devrait venir investir dans l’art, que le gouvernement devrait nous donner un coup de main et un peu d’argent, parce que nous ne sommes pas des bébés.

Le plafond de l’industrie est très bas, et il est très difficile à briser.

Il n’y a pas de producteurs prêts à investir, il n’y a pas de maisons de disques, rien de tout cela.

Aujourd’hui, nous sommes en 2024 et nous pouvons nous faire connaître grâce à TikTok. Nous pouvons également nous faire connaître sur la scène underground locale, qui est très vivante. Mais ici, le niveau de talent et de travail est très disproportionné par rapport au niveau d’opportunités artistiques.

Quels sont tes projets à venir ?

J’ai enfin sorti ma dernière mixtape de rap RAPPASMUT’I et je veux maintenant passer à autre chose pendant quelque temps. Je travaille sur des chansons trap qui, je pense, finiront par être le premier « vrai » EP du projet Hyena.

J’ai aussi un EP de rap old school en collaboration avec mon ami Dechope, une mixtape avec ma meilleure amie Diva Virtual, quelques morceaux isolés dont je ne sais pas ce que je vais faire. Mais ça va arriver vite parce que je suis anxieuse et impatiente de travailler.

De quoi as-tu besoin aujourd’hui pour développer au maximum tes projets ?

De clarté et de sagesse. J’ai besoin de plus de foi en mon projet et en mon message, car j’ai parfois des crises de syndrome de l’imposteur, et je dois lutter contre ces pensées. J’ai aussi besoin de sécurité et de bien-être.

En fin de compte, mon projet le plus important est ma transition, et pour faire la musique que je veux faire, je dois être la personne que je veux être, Et ce n’est pas du tout évident. Après, si j’ai mon vélo, de bons écouteurs, et du temps devant moi, je crois que je suis capable de beaucoup de choses.

Retrouvez Hyena sur Instagram, TikTok et YouTube.

© Radhi Gutierrez

Playlist #61 – Mai 2024

Découvrez notre playlist #61 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

 

Avec :

🇫🇷 Juste Shani
🇫🇷 Le Juiice
🇫🇷 Beensha
🇫🇷 Vicky R
🇨🇮 Marla
🇨🇦🏳️‍🌈 Calamine
🇿🇲 🇨🇦🏳️‍🌈 Backxwash
🇮🇹 Chadia
🇮🇹 Fata
🇫🇷 🇨🇱 Ana Tijoux
🇩🇴 J Noa
🇪🇸 Santa Salut & 🇦🇷 Sara Hebe
🇪🇸🏳️‍🌈 K1ZA
🇧🇷 Laysa
🇲🇦 Frizzy
🇩🇪 Die P
🇩🇪🏳️‍🌈 Jnnrhndrxx & Alice Dee
🇯🇵 MFS
🇺🇸 Dreezy, Ken The Man & Lakeyah
🇺🇸🏳️‍🌈 Kelow LaTesha
🇺🇸 Doechii

Mise en avant

INFOGRAPHIE – Combien de rappeuses lesbiennes dans le monde ? (2024)

C’est aujourd’hui la Journée de la Visibilité Lesbienne, l’occasion de vous parler des 112 rappeuses lesbiennes de 19 pays répertoriées sur Madame Rap !

 

50 rappeuses qui s’identifient comme lesbiennes à voir ici et à écouter ici.

Lil’Ange : « J’essaie de trouver le juste milieu entre créativité, cohérence et authenticité »

Originaire d’Angers, Lil’Ange fait “du pop-rap aux influences parfois électroniques, parfois orchestrales”. La rappeuse/chanteuse/beatmakeuse trans nous parle de son parcours, de ses rôles modèles, de la place de la musique dans sa construction et de ses projets.

Quand et comment as-tu commencé à faire de la musique ?

Au départ, en 2020, je faisais ça pour tester sans grandes prétentions. Je me disais que j’allais probablement arrêter assez vite. Puis, j’ai découvert BandLab où j’y ai testé beaucoup de choses.

Lors du second confinement en automne, j’étais dans une phase de déprime, de solitude et d’introspection. Je ne voyais plus vraiment passer les journées et j’avais envie d’arrêter tout ça mais sans le vouloir vraiment.

Puis j’ai publié un freestyle assez vite fait en story Instagram qui parlait de mon rapport avec la saison automnale en général. J’ai bien aimé le faire, ça m’a aidé à mettre des mots sur mes maux. Après ça, j’ai donc écrit un son sur un beat du type 2Step pour entamer mon nouveau départ.

« ADIEU 2020 » est sorti le 1er janvier 2021 puis j’ai sorti “CONFIDENCES” le 22 avril 2021 que je considère comme mon tout premier vrai son, où je me confiais sur une phase difficile de ma vie : le fait d’avoir été harcelée et de perdre toute confiance en soi pendant plus de 10 ans.

Ensuite, j’ai sorti un EP estival pour penser à autre chose. C’était le début de « Cité D’Or ». Puis énormément de choses se sont passées. En 4 ans de vie artistique, j’ai produit énormément de contenu dont l’énorme majorité a été supprimé depuis.

Quels étaient tes rôles modèles en grandissant ?

Ma mère, pour commencer. Elle m’a toujours permis de voir une certaine indépendance chez les femmes. J’ai grandi dans une famille ouverte d’esprit et c’est cool. C’était ma confidente avant que ma petite amie ne reprenne ce rôle.

Je dirais aussi des artistes comme Soprano, Orelsan et Chilla, qui m’ont aidé à voir de l’espoir dans chaque situation où ça peut s’avérer « Perdu d’avance » mais « Puisqu’il faut vivre » autant rêver et viser la « Mūn » (« Lune » en malgache, origine de Chilla). À part ça, je ne dirais pas que j’ai des rôles modèles mais plutôt des inspirations tout simplement.

Pourquoi as-tu décidé de te mettre au rap ?

En vrai, je n’ai jamais fait QUE du rap. J’ai testé pas mal de choses ! Du coup, la question est plutôt pourquoi j’ai décidé de faire de la musique. Et ma réponse est assez courte. J’ai grandi dans une famille qui m’a donné une énorme culture musicale, des années 50 aux années 2000.

Le reste, tout simplement ce que j’écoutais à la radio, à la TV, sur YouTube… J’ai très vite adoré écouter de la musique et voulu essayer d’en faire. Mais à aucun moment je ne pensais que ça me mènerait où je suis.

Après, j’ai quand-même eu une période dans mon enfance où j’avais eu un harmonica, une guitare, des jouets musicaux éducatifs genre un petit xylophone, un piano pour enfant… Je pense que c’est juste allé plus loin avec le temps.

Tu es également beatmakeuse. Comment as-tu découvert et appris cette pratique ?

Avec BandLab, en testant énormément de choses encore. J’avais sorti en juin 2020 sur les plateformes un album de 12 morceaux instrumentales nommé Sonorités Vol.1 et il n’y aura jamais de suite lol. Ce n’était pas ouf.

Puis ensuite, le fait de mixer moi-même mes titres jusqu’à maintenant m’a aussi aidé à progresser pour les instrus.

Après, je n’ai pas de formation en mixage sonore. Donc en soi, des gens qui s’y connaissent trouveront probablement que le mix est trop amateur. Mais aujourd’hui, je m’en fiche un peu. Je fais mon truc et si ça plaît à des gens, tant mieux.

Par contre pour mes projets principaux, j’ai bien compris que j’avais besoin de m’entourer et ce n’est évidemment pas si facile. Surtout avec mon rythme de vie actuel. Mais bon, j’espère y arriver.

Comment décrirais-tu ta musique et ton identité artistique ?

J’ai un style qui frôle le mainstream mais qui reste assez underground dans ma façon de concevoir ma musique. J’essaie de toujours trouver le juste milieu entre créativité débordante, cohérence avec ma direction artistique et authenticité naturelle. C’est pas toujours facile, je dois bien l’avouer lol.

Quel est le premier morceau que tu as partagé publiquement et quelles ont été les réactions de ton entourage/ta communauté ?

Il est sorti le 1er février 2020 sur un type beat trap sombre d’un beatmaker nommé Savage (l’instru est toujours disponible en plus). Et c’était un morceau nommé « Guillotine de Platines » (oui moi aussi comme Effy, je voulais « ramener le platine » haha). Ce n’était pas fou, mais c’était juste un début.

Les retours ont été mitigés. Mes parents détestaient mais il y a des gars qui aimaient bien. Après ce n’était pas fou fou niveau paroles, flow, toplines, style… Il n’y avait rien à garder à part cette détermination. Mais il faut bien commencer quelque part !

Tu as sorti ton premier album en janvier. Peux-tu nous raconter comment tu as travaillé sur ce projet et ce qui l’a inspiré ?

J’ai travaillé dessus en voulant répondre à une question : « Comment terminer cette histoire définitivement et sans aucun regret ? » La réponse est simple. En y allant à fond ! Malgré la douleur que j’avais avec mes dents de sagesse pendant toute cette période… Mais bon on prend quelques trucs pour soulager et c’est bon. Un « sandwich » m’aurait probablement aidé, mais je ne fume pas lol.

En fait, il fallait que je clôture une ère avec mon premier album. Dans ce projet, il y a des titres comme “Rêves” ou “Mélodie Angélique” qui ont leur origine dans des textes que j’avais écrit en 2020 ou 2021. J’avais envie d’avoir un projet qui est dur à étiqueter en lui-même, d’où les multiples influences.

Puis aussi, j’adore les œuvres qui racontent une histoire et où on ressent les émotions que veut nous faire passer l’artiste. Donc j’avais envie de faire un projet hautement immersif.

Est-ce que tu vis de la musique ? Si non, est-ce un objectif à terme ?

Clairement pas non lol ! Là actuellement mon album m’a rapporté 3,75€ pour les streams donc bon… C’est bien, je peux m’acheter un petit déjeuner, c’est déjà ça.

En vrai, oui, j’aimerais en vivre. Maintenant, je ne crois pas que je sois faite pour une vie de célébrité. Je préférerais en vivre sans les problèmes qu’apportent le fait d’être connue. Je crois que j’aimerai bien signer dans un label au final. L’indé c’est bien, mais à long terme, je crois que ce n’est pas pour moi.

Je préfèrerais être dans un petit label, pas une énorme major. Mais oui, un contrat d’édition en maison de disques, je pense que ce serait mon objectif actuellement.

J’aimerais beaucoup signer un jour dans le label Sublime de Disiz, Panenka de PLK ou un autre label comme ça où je pourrais m’épanouir sans qu’on me force à faire des choses que je ne veux pas.

Maintenant, mon problème aussi, c’est l’aspect live. Je n’ai jamais fait de réel concert, seulement des scènes ouvertes. Je pense que ça ferait peut-être comme Shay, et que je ne ferais pas de tournée avant un long moment. Voire peut-être même jamais. Ce genre de choses est très compliqué à organiser.

Quels sont tes prochains projets ?

Poster du contenu sur Instagram (freestyles, covers, remixes de sons connus peut-être…).

Continuer mon podcast QUEENS FRIDAY où je fais découvrir cinq rappeuses francophones chaque mois sur mon compte Instagram et sur Spotify.

Faire des featurings pour m’amuser et que ça me permette d’augmenter ma visibilité. Terminer et sortir quelques CDs pour mon album.

Et après tout ça ? Seul l’avenir nous le dira…

Que peut-on te souhaiter ?

De ne pas perdre ma passion, de ne jamais abandonner, de la réussite dans mes projets et de laisser une trace dans le rap queer voire si possible, dans le rap français en général. La santé mentale et physique, c’est bien aussi !

Retrouvez Lil’Ange sur Instagram, YouTube et Soundcloud.

Mise en avant

Madame Rap annonce un partenariat avec The Color Agent

Madame Rap est ravie de vous annoncer notre partenariat avec The Color Agent !

Fondée en 2014, The Color Agent (TCA) est une communauté qui vise à amplifier la représentation LGBTQIA+ dans le divertissement, dédiée aux professionnel·les du secteur, aux créateurs·ices et aux artistes.

Plus qu’une simple plateforme, TCA est une force innovante qui vise à transformer le paysage de l’industrie en amplifiant la représentation LGBTQIA+ et en choisissant de promouvoir le talent plutôt que l’orientation sexuelle.

Au cœur de sa mission se trouve TCA TOO, une plateforme en ligne exclusive et méticuleusement conçue qui offre un espace safe aux professionnel·les de l’industrie, aux créateurs·ices et aux artistes LGBTQIA+. TCA ne fait pas qu’encourager les connexions, il les célèbre également. C’est un espace où la communauté s’épanouit, où les opportunités abondent et où votre accès est garanti.

Chez The Color Agent, l’authenticité et l’inclusivité ne sont pas seulement des mots à la mode, mais sont des principes fondamentaux. TCA croit en la création d’un environnement où les individus peuvent s’épanouir de manière authentique, indépendamment de ce qu’iels sont ou de ce qu’iels aiment. Son but est non seulement de développer des carrières, mais aussi de proposer un réseau de soutien qui nourrit les ambitions, célèbre les talents et réalise les rêves.

Embarquez avec TCA dans cette aventure exaltante qui redéfinit le fait d’appartenir à l’industrie du divertissement. Ensemble, nous ne nous contentons pas de transformer les récits, nous façonnons l’avenir. Rejoignez cette communauté, où votre carrière sera mise en lumière et où vous vous sentirez comme chez vous.

Retrouvez The Color Agent ici.

VIDÉO – 10 rappeuses trans à suivre de près

À l’occasion de la Journée internationale de visibilité transgenre, Madame Rap vous propose de découvrir 10 rappeuses trans de 10 pays différents sélectionnées parmi les 57 artistes transgenre répertorié·es sur notre site.

 

Avec :

Playlist #60 – Avril 2024

Découvrez notre playlist #60 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

Avec :

🇫🇷 🏳️‍🌈 Adès the planet
🇫🇷 Nanor
🇫🇷 Fanny Polly & 🇫🇷 Nayra
🇫🇷 Maïcee
🇫🇷 🏳️‍🌈 Changeline
🇫🇷 🇬🇧 Sorah
🇬🇧 🏳️‍🌈 OneDa
🇵🇱 🏳️‍🌈 Aljas
🇰🇿 Say Mo
🇪🇬 Felukah & 🇸🇩 Nadine El Roubi
🇲🇿 Iveth
🇳🇬 Deto Black
🇪🇸 🏳️‍🌈 K1za
🇪🇸 Las Ninyas del Corro
🇦🇷 Sofia Gabanna
🇧🇴 🏳️‍🌈 🏳️‍⚧️ Hyena
🇺🇸 Whitney Peyton & 🇺🇸 Gangsta Boo
🇺🇸 Flo Milli
🇺🇸 Bktherula
🇺🇸 🏳️‍🌈 Cardi B

Nua & So La Leï : « On met en scène avec dérision les clichés de l’hyper masculinisation dans le rap »

Les rappeuses Nua et So La Leï ont sorti le titre « Zéro Zéro » en janvier 2024. La première est angevine de naissance, la seconde est née à Quimper et a étudié à Lyon avant de s’installer à Angers. Les deux artistes émergentes nous parlent de l’histoire de cette collaboration, de leurs projets artistiques respectifs et de la place des femmes sur la scène rap de leur région. 

Quand et comment avez-vous commencé à rapper ?

Nua : J’ai commencé à écrire des poèmes à 16 ans, en permanence à l’internat. J’étais très inspirée par Fauve. Je slamais, parlais dans ma tête.

Cette année-là, pour la première fois, j’ai rencontré un gars de mon âge qui a rappé devant moi. J’ai eu un déclic et un coup de cœur à la fois, je me suis dit : « moi aussi, je veux faire ça ». Je me suis tout de suite orientée vers une écriture rap.

J’ai rappé et c’était vraiment bon d’entendre ma voix sortir des mots qui résonnaient en moi. Exprimer mes souffrances et joies de cette manière, ça m’a émue.

So La Leï : J’ai commencé à rapper quand j’étais en dernière année d’étude à Lyon, il y a à peu près deux ans et demi. J’écoutais déjà du rap depuis le lycée et j’avais aussi une pratique personnelle d’écriture qui n’était pas liée à la musique.

Quand j’ai commencé à découvrir des femmes qui rappaient comme Princess Nokia, Biig Piig, IAMDDB, j’ai ressenti un grand sentiment d’admiration et de satisfaction. Elles sont hyper badass et je me suis dit : « moi aussi je veux faire pareil ! »

En parallèle, j’avais été convertie par des amis à Alkpote et Biffty.

Au début, ils m’insupportaient avec leurs paroles misogynes, puis je me suis dit que s’ils pouvaient se permettre de dire des trucs aussi salaces, pourquoi une femme ne pourrait-elle pas faire la même chose ?

C’est donc davantage par défi et provocation féministe que j’ai commencé à rapper.

Par la suite, la pratique du rap est restée car elle était très thérapeutique pour moi. Écrire, c’est déjà extérioriser, mais à un moment donné ce n’est plus suffisant.

Le rap m’a apporté l’opportunité d’exprimer ma colère, ma tristesse et mon sentiment d’injustice en interprétant mes textes par la voix.

Ce fut la découverte d’un outil d’expression hyper puissant pour moi.

Ensuite, c’est quand je suis arrivée à Angers que j’ai réellement commencé à apprendre les bases du rap (les temps, la rythmique…) car je ne connaissais absolument rien à la technique. 

Aviez-vous des rôles modèles en grandissant ?

Nua : Ma culture musicale a commencé avec ma sœur, avec qui j’ai 7 ans de différence. Dès mes 8/9 ans, peut-être même avant, j’écoutais ses CD avec elle. Je n’aimais que les sons en français, le reste ne me parlait pas. J’avais besoin de comprendre les mots et de pouvoir les chanter ensemble, c’était cool. On a saigné les albums de Diam’s et aussi de Tragédie.

Ma construction musicale en solitaire à commencer au collège. Je n’écoutais quasiment que du rap et beaucoup la radio, notamment Skyrock. Diam’s, Keny Arkana, Lacrim, Mister You, Volts Face, Orelsan.

Au lycée, en boucle sur du Hugo TSR, Scylla et Sinik. Puis, je suis tombée sous le charme de la poésie de Fauve et Saez. Ça sortait de mon univers rap. Je suis touchée par la manière dont ils interprètent leurs mots et les mettent en images.

À 20 ans, à la fac, j’ai rencontré des musiciens. On a monté un groupe nommé Minuit Grand Max. Un live band hip hop soul, où j’écris et rappe la majorité de nos textes.

Avec eux, j’ai commencé à entendre et à comprendre ce qui passe au-delà des mots, à écouter les mélodies et les arrangements.

Ce fut mon deuxième déclic musical.

Avec Minuit Grand Max, on a étudié trois ans au Conservatoire à Rayonnement Régional d’Angers, en musiques actuelles. Ça a totalement modifié mon rapport à la musique. Ça m’a initiée à l’histoire de la musique et j’ai développé un grand intérêt pour la naissance du mouvement et de la culture hip hop aux États-Unis. J’ai pu approfondir mes références, apprendre le solfège, prendre des cours de chant, entendre la justesse des notes, sentir l’interaction entre les drums et de la basse dans une instrumentale.

On a dû faire une vingtaine de concerts avec le groupe. Ça m’a initié à la scène et à gérer le rapport au public. C’est toujours intense et généreux de jouer avec ces 5 musicien·nes sur scène.

Aujourd’hui, ce qui m’habite dans mon rapport à la musique, c’est le partage et la bienveillance. Ces valeurs sont véhiculées dans le mouvement hip hop, notamment illustrées par cette phrase phare de la Zulu Nation ‘’Love, peace, unity and having fun’’. De ce côté-là, dans les années 90’s, Da Brat, Queen Latifah, Lauryn Hill, Tupac, Cypress Hill sont des rappeur·euses qui m’inspirent.

Dans mes sons, je développe un univers plus personnel avec des récits intimes, liés aux rapports au corps, à l’amour, la colère, et au sentiment d’injustice.

Les artistes que j’écoute le plus sont Mac Miller, Little Simz, Shay, Lala&ce, Chilla, Disiz et Josman.

Quelques figures féminines émergentes qui m’inspirent sont Zinée, Yoa, Eesah Yasuke et Myra.

So La Leï : Je dirais ma sœur. Elle m’a appris à faire beaucoup de choses : nager, du vélo, du roller, la cuisine… Elle inventait des histoires pour m’endormir. Elle a beaucoup participé à ma culture musicale et artistique…C’était un exemple pendant très longtemps et j’avais beaucoup d’admiration pour elle.

C’est toujours le cas aujourd’hui, mais c’est plus équilibré. Je ne me sens plus être la petite sœur, il n’y a plus d’ascendant, on se soutient et on s’apporte mutuellement. On a grandi ensemble, on partage la même histoire familiale, on est toutes les deux militantes et on a toujours été proches et intimes.

Comment décririez-vous votre musique et votre identité artistique ?

Nua : Je raconte des histoires inspirées de mon expérience. J’adore rapper autant que j’aime chanter, alors je lie les deux. Là où j’ai le plus d’aisance, c’est sur du 90 BPM, avec des rythmes, chants smooth et groovy aux textes sensuels.

Pour autant, sur scène, j’ai plus de facilité à kicker sur des prods énergiques et c’est plus complexe pour moi d’interpréter mes textes intimes.

So La Leï : C’est assez difficile pour moi de répondre à cette question car à part le feat que j’ai fait avec Nua, je n’ai pas réellement de morceaux cleans, enregistrés. Je n’ai pas fait de choix d’identité artistique ni rien. Je n’ai pas une pratique régulière du rap et je suis encore en train d’apprendre et de découvrir les possibilités artistiques.

Je dirais que mon écriture varie entre des balades poétiques qui parlent beaucoup de mes traumatismes avec les hommes et de dépression. Et une autre partie de mon écriture est plus rentre-dedans, avec plus d’égo trip et parfois de la misandrie.

Le rap est le seul endroit où je peux me permettre d’exprimer cette colère sans que ça soit vu comme ma personnalité.

C’est ce que j’aime dans le rap : la possibilité de pouvoir s’inventer des histoires, des personnages, où de creuser à fond une émotion que tu ne valides pas et/ou que la société ne valide pas, mais que tu ressens quand même et que tu dois extérioriser.

Le rap me permet de me réconcilier avec des émotions que je ne m’autorise pas à ressentir dans la vie de tous les jours car je les trouve contre-productives, ou parce qu’elles ne correspondent pas à mes valeurs ou que j’ai en honte (jalousie, colère, misogynie, sexualisation…).

C’est un terrain de liberté où je peux m’affranchir de ce qui est politiquement correct. Une artiste que j’admire énormément pour son courage et sa force d’exprimer sa rage sans tabou c’est Ratur.

Actuellement, j’essaie de faire évoluer mon écriture et mon flow et je m’inspire beaucoup de Zinée, Adés the planet, ou encore Carmeline. J’essaie aussi d’avoir des sujets moins intimistes car ce n’est pas toujours évident d’oser partager sa vie en open mic ou autre.

Il y a en général beaucoup d’hommes et je me sens doublement vulnérable d’exposer mon vécu.

J’ai encore peur de casser l’ambiance ou de tomber sur des mecs en face qui en profitent.

Comment vous êtes-vous rencontrées et avez-vous décidé de collaborer ?

Nua : Nous nous sommes rencontrées lors de l’open mic ‘’La Mèche’’ que j’animais à Angers. So La Leï est une personne très lumineuse et sociable. On est tout de suite devenues amies.

Ça faisait du bien de retrouver quelqu’un pour kicker à n’importe quel endroit, à n’importe quelle heure.

So La Leï : On s’est rencontré à un événement de hip-hop dans un tiers lieu à Angers, le 122 (qui aujourd’hui a fermé faute de moyens…). J’étais à Angers depuis peu et je cherchais à rencontrer des meufs qui rappent car je me sentais seule dans ma pratique et j’avais du mal à évoluer sans partage.

J’ai regardé la programmation de l’évènement et j’ai vu qu’il y avait une femme inscrite, Nua. J’ai écouté tous ses sons et je suis allée la rencontrer. Je me suis présentée à elle et à la fin de la soirée on s’est retrouvée dehors à freestyler pendant une heure et ensuite on a appris à se connaître.

C’est quelques mois plus tard, autour d’un apéro, qu’elle m’a parlé d’un texte qu’elle avait commencé à écrire.

On a commencé à délirer sur l’idée de faire un morceau parodique qui reprendrait les codes d’un rap egotrip, capitaliste, souvent sexiste, pour en faire un dérivé plus féministe ou les codes genrés seraient inversés.

Comment est née l’idée du titre « Zéro Zéro » ?

Nua : L’idée est née lors d’un apéro un soir d’été avec So La Leï, Emmanuel Babin et moi. Nous nous projetions sur la conception d’un nouveau clip différent de ce qu’on avait déjà réalisé. C’est-à-dire avec un casting plus important et un scénario plus poussé et déjanté.

Comment avez-vous travaillé sur ce projet ? (Est-ce que vous avez écrit vos textes ensemble ? Comment avez-vous réfléchi au clip ? …)

So La Leï : Je devais rentrer en Bretagne, on a donc écrit chacune de notre côté, Nua m’avait envoyé l’instru qu’elle avait choisie puis je lui partageais mes textes pour qu’elle puisse travailler la structure du morceau que je validais ensuite. On a d’abord commencé à enregistrer chacune de notre côté pour que Nua puisse faire la maquette et à mon retour à Angers on a enregistré au Conservatoire.

Pour ce qui est du clip, on a travaillé en équipe avec d’autres amis et l’association Pink Us Dead. Manu était le réal et s’est occupé du script et moi, j’étais chargée des costumes et de l’identité vestimentaire.

Nua : On est parti sur l’idée de mettre en scène avec dérision des clichés de l’hyper masculinisation dans le rap ainsi que les images sexistes que ça véhicule.

L’un de ces clichés représentatifs est celui de ces rappeurs qui sont dans leurs clips, en comptant leurs liasses, entourés de jeunes femmes.

Ainsi, l’idée première qui nous est venue était de me représenter en cheffe de gang avec plusieurs mecs sous mes ordres. Lors de la discussion, j’ai réalisé́ que j’avais justement écrit un texte qui ironise les codes de l’egotrip cet après-midi-là.

On est parti de cette base. On a gardé le couplet 1 et le refrain de ce texte puis So La Leï a écrit de son côté. Enfin, on a coécrit le couplet 4 en arrangeant le tout avec la prod de Teva. Le titre s’est écrit à mesure de l’avancée du scénario et vice versa.

Quels retours avez-vous eu de la part de votre communauté et de votre public ?

Nua : On a senti une progression avec l’équipe de tournage avec ce dernier clip, une amélioration au niveau de la conception des costumes, des maquillages, du scénario, des images. Toute l’équipe et les figurant·es se sont impliqué·es dès le départ, donc merci vraiment à elles·eux.

« Zéro Zéro », c’est une direction artistique différente de ce que j’ai l’habitude de réaliser, chargée en dérision et en provocation.

Le son et le clip sont à la fois saisissants et déroutants. L’instrumentale ne contient pas de mélodies. Elle repose sur les drums, la basse et les Fx. L’ambiance est très métallique.

Cette proposition artistique est une première pour moi, une première expérience aussi de featuring.

Dans le clip, So La Leï et moi jouons un rôle, alors qu’à l’habitude, le personnage de Nua se rapproche plus de ma réalité́ quotidienne.

So La Leï : Personnellement, à part mes ami·es, de la famille et des connaissances, je n’ai pas eu d’autres retours. Donc ce n’est pas très objectif, mais les personnes sont très enjouées et trouvent le clip très professionnel. Sinon, on a pu jouer quelques fois le morceau sur scène et le public était réceptif.

A quoi ressemble la scène des rappeuses à Angers et dans la région ? Êtes-vous en lien les unes avec les autres ?

Nua : La scène des rappeuses angevines existe. La rappeuse Sally a fait partie de l’équipe Espoir dans la SMAC d’Angers.

Le Chadada a mis en place deux éditions du Elles Festival, dans lequel j’ai animé un open mic ainsi qu’un atelier rap et d’écriture en mixité choisie entre femmes et minorités de genre. Une vingtaine de personnes ont rappé à ces occasions.

Sur la région, à Rennes, je suis en lien avec Argalouve. Au Mans, il y a Wuu Jia et Odiyana. À Poitiers, Ottomat et Nosil B. À Tours, il y a Janes et les autres. À Nantes, Shadeblauck, Iazu, Tinaa, Evyle, Hvrley Qveen et encore de nombreuses autres.

Ces liens se sont créés à Nantes, lors du Summer camp, un stage de cinq jours en mixité choisie à Trempo en 2022. Lors du stage, nous avons été coachées par Pumpkin, Fanny Polly, KT Gorique, Tracy De Sà, des rappeuses francophones qui tournent à l’internationale.

So La Leï : À Angers, on a commencé à faire des sessions freestyles avec Nua et d’autres femmes. On a toutes une pratique de l’écriture différente, certaines chantent davantage, d’autres écrivent plus de la poésie et on s’amuse ensemble à se partager ça par la voix.

Pour ce qui est de la région, il y a beaucoup de rappeuses très actives à Nantes. Quand je suis arrivée à Angers, j’ai fait des recherches sur les lieux de rap en mixité choisie et j’ai découvert La Club, des ateliers que la rappeuse Pumpkin avait mis en place à Nantes. J’y suis allée et j’ai rencontré le XXFLY et d’autres rappeuses. C’est avec elles que j’ai fait mes premiers open mics sur des scènes en mixité choisie.

On est encore en lien de temps en temps, on a des conversations où l’on se partage les événements, les projets respectifs, les bons plans… Et on se croise de temps en temps sur des évènements rap.

L’année dernière, la rappeuse Eris Flowroform a créé Game Ovaire, une battle a capella en mixité choisie à Nantes, à laquelle j’ai participé. C’était une expérience incroyable et je la remercie d’avoir mis ça en place car je pense que je n’aurais jamais osé faire une battle sans cet environnement.

Dernièrement, je suis aussi allée au Mans pour une table ronde organisée par L’engrainerie, à laquelle la rappeuse Wuu Jia, que j’avais déjà rencontrée, m’avait invitée.

Est-ce que vous vivez de la musique ? Si non, est-ce un objectif à terme ?

Nua : J’alterne entre ateliers d’écriture, animations d’open mics et concerts en vue d’obtenir le statut d’intermittente du spectacle.

So La Leï : Absolument pas et pour l’instant ce n’est pas un objectif pour moi. Je ne cherche pas à être professionnelle. Pour moi, le rap ce n’est que du kiff, et j’ai peur qu’en l’inscrivant dans un objectif professionnel, ça change.

Le rap est une activité lucrative qui me donne beaucoup de joie, de force et de soutien émotionnel dans ma vie et je ne veux pas en faire quelque chose qui me rajoute des obligations et de la pression.

Je veux que le rap reste un espace de liberté où je peux m’amuser, qui me permet de faire des rencontres magiques et de partager des moments de solidarité. Je fais du rap aussi parce que c’est une manière de militer.

Quels sont vos prochains projets ensemble et/ou en solo ?

Nua : Lorsqu’on est dans la même ville au même moment, on joue le morceau ensemble sur scène. Sinon pour un nouveau feat, l’avenir nous le dira.

So La Leï : Pour l’instant, je n’en ai aucune idée. Mes prochains objectifs sont professionnels. Il ne me reste plus que quelques heures pour obtenir l’intermittence du spectacle en tant qu’artiste et costumière.

Mais j’espère bien que quand je les aurai, j’aurai plus de temps pour moi, pour faire de nouveaux projets artistiques et musicaux avec Nua mais aussi en solo. J’aimerais pouvoir explorer davantage la liberté artistique et identitaire qu’offre la réalisation de clips.

Que peut-on vous souhaiter ?

Nua : D’arpenter les villes et les salles de France, de trouver mon public et de m’épanouir dans mes futures compos.

So La Leï : Que je trouve ma place dans l’intermittence du spectacle et que j’aime mon travail. D’avoir l’argent et le temps pour m’épanouir artistiquement, d’avoir la curiosité et l’ambition de participer à d’autres projets qui me portent et qui portent la lutte contre toutes les violences et les discriminations qui nous entourent.

D’avoir toujours la force et le courage de m’engager, de dire ce que je pense et de faire ce que je veux.

Retrouvez Nua sur Instagram et YouTube.

Retrouvez So La Leï sur Instagram.

© @mimo_foreal

© @julia.briend

VIDÉO – 10 rappeuses marocaines à découvrir

Au milieu des années 80, la culture hip hop commence à émerger au Maroc. Bien que Al Kayssar soit le premier artiste à rapper en darija, arabe dialectal marocain, les femmes sont également actives sur la scène rap dès les années 90.

Considérée comme l’une des pionnières du genre, Widad Mjama (aka Queen Thug) devient en 1999 une figure de la scène casablancaise avec son groupe Thug Gang.

Également basé à Casablanca, Tigresse Flow est le premier groupe de rappeuses à voir le jour en 2005. Il est notamment composé de Soultana, ancienne B-girl qui poursuivra ensuite une carrière de MC.

Deux ans plus tard, Tendresse (Hanane Lafif) fait ses armes au sein des groupes phares Bclik et Xsid avant de se lancer en solo.

Depuis, le nombre de rappeuses n’a cessé de grandir dans le pays. Qu’elles soient influencées par le boom bap, la trap ou la drill, ces artistes racontent leur quotidien, relatent des histoires personnelles ou collectives, dénoncent les violences de genre et démontrent une fois de plus que le rap n’est pas réservé aux hommes.

Voici donc 10 rappeuses à découvrir, sélectionnées parmi les 25 artistes marocaines répertoriées sur Madame Rap.

 

Avec :

Ana Tijoux : « Je n’arrive pas à concevoir la séparation entre la musique et l’engagement »

Icône du rap hispanophone, la MC franco-chilienne Ana Tijoux est de retour avec l’album Vida, dix ans après la sortie de son dernier projet. Née en France suite à l’exil forcé de ses parents sous la dictature chilienne, la rappeuse dénonce depuis plus de vingt ans les violences faites aux femmes, les dictatures, le capitalisme et toutes les formes d’oppressions. Elle nous parle de son nouvel album, de sa tournée européenne et de son rapport à l’engagement.

Vida est ton premier album depuis dix ans. Pourquoi ce temps « off » et que s’est-il passé pour toi artistiquement parlant durant cette période ?

C’est vrai que dix ans se sont écoulés depuis mon dernier album. Je sais que ça a l’air énorme, mais quand on est maman, qu’on travaille beaucoup et qu’on est en tournée en permanence, je crois qu’on ressent le temps totalement différemment.

Je n’avais pas le temps de me poser, de créer, de me mettre dans une énergie de contemplation. J’étais en train de résoudre des histoires de travail et de dates.

En quoi ta musique a-t-elle évolué en dix ans ?

Je ne sais pas si c’est une évolution, mais je me sens plus libre dans le sens où je me permets de faire des choses que je voulais faire mais que je n’osais pas trop faire. Là, au contraire, je sens une sorte de liberté qui me permet d’explorer des rythmes que je n’aurais peut-être jamais explorés avant.

Tu décris ton single « Niñx » comme « un manifeste pour l’enfant que nous avons tous en nous. » Qu’est-ce qui t’a inspiré l’écriture de ce morceau ?

En fait, “Niñx” est un morceau que j’ai écrit pour ma fille, mais que je me suis aussi écrit à moi-même. Je me rappelle quand j’étais gamine et que je regardais les adultes, je me disais que je ne voulais pas être comme eux. Et finalement, on devient eux sans le vouloir.

Je crois qu’une des choses qui me plait le plus dans la musique, c’est que quand je compose ou quand je suis dans ce état plus créatif, cette petite fille est encore émue. Elle contemple les choses avec ce regard que l’on porte tous.

J’ai écrit ce titre pour ne jamais oublier les raisons qui m’ont poussée à créer, à prendre la plume et à rapper.

Le clip est signé de la réalisatrice chilienne Camila Grandi. Comment vous êtes-vous rencontrées et avez décidé de travailler ensemble ?

J’avais vu son travail sur les réseaux et je trouvais ça vraiment super. Elle a une esthétique super intéressante, avec une identité très propre, qui lui appartient. Je lui ai écrit tout simplement, elle m’a répondu, et ça s’est fait comme ça.

Tu es également en tournée européenne. Comment se passe ce retour sur scène ?

Je crois que c’est ce que je préfère : pouvoir jouer les morceaux, leur donner une vie propre, les faire sonner en live. Ils changent énormément, il y a une grande amplitude.

Avec le live qu’on est en train de créer, de composer, d’approfondir, on essaye de proposer quelque chose de dansant, en tout cas très rythmique au niveau du BPM. Ce sont des tempos assez rapides en général.

Depuis tes débuts dans les années 2000, tu t’es sans cesse mobilisée contre les violences faites aux femmes, les dictatures, le capitalisme et toutes formes d’oppressions. En quoi le rap te permet-il de mener tes combats politiques ?

Dans mon univers, je n’arrive pas à concevoir la séparation entre la musique et l’engagement. Avec les musiciens qui me plaisent et qui m’interpellent, on met toujours certaines questions sur la table. Je crois que dans ces moments assez violents pour le monde entier, il y a beaucoup de choses à dire et à dénoncer.

Je pense que le féminisme est un thème qui touche toute l’humanité. C’est super intéressant de voir comment ma génération, la génération plus âgée que la mienne, et les générations plus jeunes sont connectées par cette lutte. C’est la raison pour laquelle elle est si forte aussi.

À l’inverse, en quoi tes combats politiques nourrissent-ils ton rap ?

Je dirais que les combats politiques me nourrissent en tout parce que c’est une sensibilité vis-à-vis de ce qui se passe autour de moi.

Le problème de la Palestine et les les violences permanentes envers le peuple palestinien ont toujours été présentes, mais tout a re-explosé de manière très violente depuis octobre 2023. Je crois que c’est le moment de prendre position et de s’unir contre ce génocide.

C’est le moment où le rap doit être engagé. C’est ce rap-là qui me parle en tout cas : ce sens de l’humanité et le fait d’avoir un minimum d’empathie minimum vis-à-vis d’autres êtres humains.

Quel regard portes-tu sur la scène rap française actuelle ?

Comme j’ai vécu assez longtemps en Amérique Latine et que j’ai bougé à Barcelone, j’écoute plein de choses différentes. Après, j’oublie comment ça s’appelle, je suis mauvaises avec les noms. Mais il y a une nouvelle génération qui a la patate.

Mon fils de 19 ans écoute énormément de rap français et c’est surtout lui qui me fait découvrir ces nouvelles générations super intéressantes et de nouvelles rappeuses aussi.

De manière générale, comment le public chilien accueille-t-il les rappeuses ?

Il y a une scène super envoûtante, qui permet à toute cette nouvelle génération de rappeuses de participer. Il y a plein de rappeuses hallucinantes au Chili, comme Irina Doom, RVYO, Rayo Kuza, 22Ruzz, Flor de Rap, LaMisty, Ambar Luna… Il y a une liste énorme.

Mais ce qui est intéressant, c’est qu’il y a de tout. Il y a des machos, des gens assez fermés, il y en a partout. Mais je crois que la nouvelle génération est beaucoup plus ouverte à écouter cette nouvelle vague de femmes qui ont énormément de messages transmettre et à mettre en avant.

Ton public est-il différent en France et au Chili ?

Je dirais oui et non. J’ai du mal à répondre à cette question parce que je crois que la sensibilité va au-delà des pays. Même si je joue à Detroit ou en Colombie, il y a un truc qui passe. Je crois que c’est la magie de jouer sur scène. C’est qu’au-delà des nationalités, il y a un truc qui passe.

Que peut-on te souhaiter ?

Continuer de faire de la musique et d’apprendre. Apprendre, c’est tellement infini et tellement beau. De grandir musicalement, de pouvoir collaborer encore avec des musiciens et des musiciennes hallucinantes autour du monde. Et surtout de grandir. Je crois que ça serait un beau souhait.

Retrouvez Ana Tijoux sur Instagram, Twitter, TikTok, YouTube et Facebook.

© Inti Gajardo

Playlist #59 – Mars 2024

Découvrez notre playlist #59 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

 

Avec :

🇨🇴🇫🇷 La Valentina
🇫🇷 Eesah Yasuke & 🇨🇦🏳️‍🌈 Haviah Mighty
🇫🇷 2L
🇫🇷 XXFLY (Eris, Shadéblauck, Jomei, Double C, Supa & Skar Leina)
🇫🇷 La Giu & Juste Shani
🇫🇷 Leys
🇹🇳 Medusa TN
🇱🇧🇦🇪 N1yah
🇩🇪🏳️‍🌈 Badmomzjay
🇰🇿 Say Mo
🇲🇾 Zamaera
🇯🇵 MFS
🇪🇸🏳️‍🌈 Tribade
🇩🇴🇪🇸 Ariana Puello
🇨🇱 Flor de Rap
🇨🇦🏳️‍🌈 Lex Leosis
🇨🇦 Tommy Genesis & 🇨🇳🇺🇸 Alice Longyu Gao
🇺🇸 Kierra Luv
🇺🇸 Lola Brooke
🇺🇸 Steph G