Amy : « Nous restons le sexe fort »

Après sept ans d’absence, Amy revient avec un nouvel album prévu pour l’automne. Madame Rap a demandé à la rappeuse de Choisy-le-Roi (94) de nous parler de ce nouveau projet, de son single « Djandjou », de son rapport à ses origines et de sa vision du féminisme.

Quand et comment as-tu découvert le hip hop ? Et comment as-tu commencé à rapper ?

C’est une longue histoire, j’ai toujours été bercée par le mouvement hip hop étant donné que mes grands frères baignaient dans le rap. J’ai toujours été fascinée par les messages prônés dans le rap. Ecrire est une passion pour moi, alors j’ai toujours voulu rapper. Je trouve cette discipline tellement belle lorsqu’elle est bien faite, cela demande de la technique et une certaine capacité d’écriture donc de la réflexion : j’aime les gens qui réfléchissent !

On t’a découverte avec Bushy en 2010 avec votre album 1 Life sorti sur le label de Rohff, Foolek. Que s’est-il passé depuis ?

Paix à son âme Bushy est aujourd’hui décédée. Apres l’album en duo, nous avions décidé d’un commun accord de suivre nos routes respectives. J’ai beaucoup cogité, énormément écrit pour les artistes mais aussi pour moi-même. J’avais un album de 15 titres prêt et masterisé et puis en réécoutant je me suis rendue compte que les sonorités étaient trop simples et trop obsolètes car la musique évolue très vite. Je suis retournée en studio et j’ai fait appel à DJ Erise, Dany Synthé, Double S production, Dam Music, Estéban

Ton album solo sortira en octobre 2017. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce projet ? Tu as travaillé avec Black M, JUL, Gradur. Comment se sont passées ces collaborations ?

Oui, je l’espère d’ici octobre 2017, c’est un projet qui me tient à coeur j’y ai mis mes tripes, ma sueur et mes larmes. Les capsules qui accompagnent les morceaux ont été pour moi un moyen de relater ma vie et certains faits sociétaux. Concernant mes collaborations, elles se sont faites naturellement et dans la plus grande simplicité. Les artistes ont répondu présents sans « chipoter » et ça c’est juste mortel car le milieu est compliqué quand tu n’es pas en tête de buzz.

«Djandjou » est le premier single extrait de l’album. Que signifie exactement ce mot (pute ? pétasse ?) et pourquoi avoir choisi de traiter de ce sujet ?

Non, je n’irai pas jusqu’à utiliser ces termes mais disons que « djandjou » provient de l’argot ivoirien et signifie les voleuses d’hommes mariés, tu sais il y a des femmes qui ne sont attirées que par les hommes casés. Cette expression s’applique aussi bien aux hommes qu’aux femmes, on en connaît tous non ? : )

Ton père est malien et ta mère guinéenne. En quoi tes origines influencent-elles ta musique ? Des rappeuses/rappeurs maliens et guinéens à nous conseiller ?

Je suis une amoureuse de l’Afrique. Je suis très attachée à mes origines, j’ai envie de tout exploser pour l’Afrique .On vient de loin et on se bat quotidiennement pour aller chercher ce que l’on veut mais la musique reste un milieu difficile. En rap malien il y a IBA One, Sidiki Diabaté (chanteur) et pour la Guinée je reste une grande fan de Fode Baro et de Sekouba Bambino.

Qui sont tes rôles modèles féminins et pour quelles raisons ?

Pour commencer ma mère, femme forte et au parcours atypique : une vraie lionne. J’ai énormément d’admiration pour les femmes qui ont atteint des sommets sans forcément être nées avec une cuillère en or dans la bouche : Simone Veil (on a évité un baby-boom grâce à elle, sa disparition est si triste), Rosa Parks restera un modèle pour moi, il y a aussi Oprah Winfrey, Indira Gandhi mais également Angelina Jolie qui oeuvre tellement pour les plus démunis.

Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?

Tout d’abord, qu’est ce que le féminisme ? Comment toi, le définirais-tu ? Tout dépend à a quel angle de vue on se situe : si pour toi être féministe, c’est obtenir l’égalité absolue entre les hommes et femmes alors je ne le suis pas car je pense que la nature elle même nous a différencié. Ceci étant, pour ma part, nous restons le sexe fort, on contrôle tout mais il ne faut pas le dire, il faut le vivre.

Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Wizkid, Young Thug, le nouveau Jay-Z, The Weekend, Drake, Young Thug. En français : MHD, Sadek, Still Fresh , Spri-Noir, Awa Imani, Fianso, Mr Nov, Six, Black M, Gradur, Jul, j’écoute un peu tout le monde ça dépend de mon humeur.

Quels sont tes projets à venir hormis la sortie de l’album ? Des concerts ?

Pour le moment je me concentre sur la promotion de celui-ci. Des showcases sont prévus pour l’été.

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

Merci d’exister ! Qui mieux que des femmes peuvent parler de nous ? Aucun conseil à donner je sais que vous maîtrisez le sujet. Big up et bonne continuation.

Retrouvez Amy sur FacebookTwitter, Instagram et YouTube.

Nouveau clip – « Diamonds In the Rough » de Toya Delazy

Toya Delazy est une chanteuse, rappeuse et pianiste sud-africaine, qui vit à présent à Londres.

Sa lutte contre le capitalisme et l’élitisme a été une des motivations dans l’écriture de « Diamonds In The Rough », son dernier single. La vidéo met en scène la MC au cours des diverses étapes de sa quête de force intérieure.

Madame Rap aux Monumentales avec Genre et Ville

 La Métamorphose du Panthéon – Mise en oeuvre collective d’un espace public expérimental : Madame Rap x Les Monumentales x Genre et Ville
Dans le cadre du projet des 7 places, la place du Panthéon évolue! Le collectif pluridisciplinaires Les MonumentalEs, composé d’architectes, de paysagistes, d’urbanistes et de sociologues, autres amoureux-ses de l’urbain*, mène une réflexion sur la métamorphose du lieu, sa symbolique, les futurs usages de la place et propose des aménagements en co-conception avec les usagerEs de la place.
Du 26 Juin au 02 Juillet, venez assister à la transformation de la place du Panthéon lors du chantier ouvert ainsi qu’aux ateliers et tables rondes ouverts à toutEs!

// Contexte //
Depuis fin Mars 2017, le collectif Les MonumentalEs est en résidence sur la place du Panthéon. Après un premier test d’aménagement réalisé à partir de blocs de granits de la Mairie de Paris récupérés au CMA (Centre des Matériaux) et des mascarons issus de la rénovation du Pont-Neuf, le projet s’est enrichi au fil des analyses sensibles, des suggestions des usagerEs rencontréEs quotidiennement sur la place ainsi que des rencontres avec les institutions, les associations, acteurs et actrices locaux et locales et les services techniques de la ville.
// Méthode //
La démarche s’articule autour de trois enjeux: Espace/ Matière / ÉgalitéE:
– Révéler la perspective de la place et du monument en réclamant l’espace dédié au stationnement automobile au profit d’espaces piétons plus aérés
– Jouer avec le minéral et les matières historiques de la place pour proposer du mobilier et des nouveaux usages, dans un espace modulable
– S’engager dans une reconquête spatiale et symbolique de l’espace, sans s’opposer au monument qui détient sa propore histoire. Célébrant les femmes de tous horizons, donnant place aux invisibles de l’Histoire tout en soutenant nos contemporaines. Ce travail se fera en plusieurs, phases, une collecte, des inscriptions temporaires, puis définitives.
* Le collectif Les MonumentalEs est composé de: Emma Blanc Paysage, Collectif ETC, Genre et Ville, Ligne BE, Albert et Cie.
Samedi 01 Juillet : GRAND EVENEMENT MEMORIEL FEMINISTE LE 1er JUILLET ! de 15h à 18H :
 LIVES de Chilla & A2n indépendante
 DJSETS de DJ S-ONE & Emeraldia Ayakashi ( Madame Rap Crew )
 DANSE avec la lockeuse Funky J et la popeuse LEA
et la présence d’artistes – danse, théatre, fresques visuelles – de sportives – d’historiennes de l’art…

Célébrer les femmes de tous horizons, donner place aux invisibles de l’Histoire et soutenir nos contemporaines.
Un triple objectif :
• Rendre visibles les femmes, oubliées de l’Histoire, mettre en lumière nos contemporaines.
• Montrer la diversité, casser les codes, créer des modèles
• L’empowerment ! Inspirer, rendre fortes et puissantes, évacuer les peurs, provoquer et convoquer l’audace.
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RDV Place du Panthéon – Libre Accés –
Programme complet et infos ici : https://www.facebook.com/events/122316111597420
Retrouvez la video de DJS S-ONE en djset ici  et les photos.
Graphisme (c) Les MonumentalEs x Madame Rap

Avec Slice Up, Elsa Miské questionne l’image de l’Afrique dans les médias

Comment visibiliser davantage les journalistes africains et permettre que leur parole soit entendue sans intermédiaire ? Telle est la mission que s’est lancée Elsa Miské, co-fondatrice du projet Slice Up, qui propose des formations pour redonner la voix à l’Afrique dans les médias.

Alors que les formations en journalisme sur le continent africain sont rares, manquent de ressources et n’intègrent pas le numérique dans leurs programmes, les jeunes journalistes se retrouvent souvent dépendants des vieux médias et peinent à créer des espaces médiatiques autonomes.
Pour y remédier, Elsa Miské et son associé Nicolas Baillergeau ont lancé Slice Up l’année dernière à Nouakchott, en Mauritanie. « Nous avons animé une semaine d’ateliers et comme ça s’est bien passé, nous avons décidé de reproduire l’initiative dans d’autres pays et de créer une association pour porter ce projet », explique Elsa Miské. La structure propose ainsi de former de jeunes journalistes africains indépendants à créer des contenus vidéo efficaces, afin d’encourager l’émergence de nouveaux récits sur l’Afrique, portés par les premiers concernés.

La co-fondatrice de Slice Up est elle-même d’origine mauritanienne, même si cela ne se voit pas. C’est ce que l’on appelle le « passing » (le fait qu’une personne soit considérée en un coup d’œil comme membre d’un groupe social autre que le sien). Petite-fille de l’homme politique et intellectuel Ahmed Baba Miské, décédé à Paris en mars 2016, et fille de l’écrivain et réalisateur Karim Miské, Elsa Miské se retrouve régulièrement confrontée à des situations d’incompréhension quand elle parle de ses origines africaines, comme elle le raconte dans cette interview ici.

Une dizaine de journalistes mauritaniens ont déjà participé à la formation Slice Up et ont réalisé trois reportages à destination du web. Pour promouvoir cette campagne, l’association a sorti une websérie d’interviews de personnalités de la diaspora qui ont un point de vue sur « les médias et l’Afrique ». Parmi elles, on retrouve la comédienne Aïssa Maïga, la réalisatrice et journaliste Rokhaya Diallo, l’animateur de radio et de télévision Claudy Siar, l’écrivain et musicien Felwine Sarr et l’animateur de radio Soro Solo

Enfin, ce projet peut aussi permettre de visibiliser les femmes, qui se retrouvent confrontées à la double peine du sexisme et du racisme.  « Cela peut participer à l’empowerment des femmes », estime Elsa Miské. « Je constate d’ailleurs souvent qu’elles sont très douées techniquement. A Nouakchott, on avait une pro du montage âgée de 20 ans ! »
Afin de financer une prochaine formation au Togo en 2018, Slice Up a lancé une campagne de crowdfunding  que nous vous invitons fortement à soutenir pour promouvoir une information plus équitable et représentative de notre société !

Retrouvez Slice Up sur son site, Facebook, TwitterYouTube et Instagram.

VIDÉO – 50 rappeuses queer & LBT+

À quelques jours de la Marche des Fiertés de Paris, où Madame Rap mixera lors de la Wet For Me organisée par Barbi(e)turix, nous vous avons concocté une sélection de 50 rappeuses queer et LBT+ !

L’occasion de rappeler que le rap regorge de femcees aux identités et sexualités diverses et de célébrer l’inclusivité et la pluralité de la culture hip hop. Car, contrairement aux idées reçues, le rap n’est pas la musique la plus sexiste/homophobe/lesbophobe/transphobe qui existe. La preuve ci-dessous !

Vicky R : « La femme doit être respectée et traitée à sa juste valeur »

Madame Rap a rencontré Vicky R, rappeuse et beatmakeuse lilloise d’origine gabonaise.

Quand et comment as-tu découvert le hip hop ? Et comment as-tu commencé à rapper ?

J’ai découvert le hip hop avec mes frères pendant mon enfance. Ils écoutaient tout le temps du rap, du coup je m’y suis intéressée très tôt. J’ai commencé à rapper en 2012, même si j’écrivais un peu avant.

Tu as sorti récemment le freestyle « On prend les mêmes ». Quel est ton rapport à l’improvisation ? Est-ce que tu participes à beaucoup d’open mics ? 

Je sais improviser mais le fait de ne pas beaucoup m’entraîner et de ne pas faire beaucoup d’open mics me fait perdre un peu de technique.

Tu es aussi beatmakeuse. Comment es-tu perçue en tant que femme dans ce milieu largement dominé par les hommes ?

Les gens sont surpris et c’est plus une fierté pour moi. Des femmes beatmakers, c’est rare !

Tu es née à Libreville et es arrivée en France en 2008. En quoi tes origines gabonaises influencent-elles ta musique ?

Mes origines influencent ma musique au niveau du choix des intrus je pense. J’ai beaucoup de titres à caractère afro. Même dans mes compos, généralement elles ont plusieurs sonorités africaines.

A quoi ressemble la scène hip hop au féminin à Lille ?

A mon plus grand regret il n’y a pas de scènes uniquement féminine à Lille. Je ne connais pas d’autres rappeuses locales, mais il doit y en avoir. Du moins je pense.

Qui sont tes rôles modèles féminins et pour quelles raisons ?

Ma mère. Pour son caractère, sa poigne, la façon dont elle percevait la vie.

Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?  

Je n’irais pas jusqu’à me définir « féministe », mais pour moi la femme doit être respectée et traitée à sa juste valeur. Je suis pour l’égalité des hommes et des femmes, même si cela semble encore impossible pour certains.

Qu’écoutes-tu en ce moment ?

J’écoute beaucoup le best of de Michael Jackson, mais mon jam du moment est « Touché Coulé » de Hiro. Pas très hip hop lol.

Quels sont tes projets à venir ?

Un nouveau clip et un EP.

Que penses-tu de Madame Rap ?  Des choses à changer/améliorer ?

C’est une très bonne plateforme. Lorsque que j’ai découvert le site j’étais assez surprise. Je me suis dit ENFIN quelqu’un pense à nous. Rien à changer. Je vous souhaite à toute l’équipe et au projet d’encore plus grandir.

Retrouvez Vicky R sur FacebookTwitterSoundcloud et YouTube

Nouveau clip – « Wind Up » de Keke Palmer

La jeune rappeuse originaire de l’Illinois Keke Palmer fait son comeback musical avec un titre taillé pour les charts US.

Après des featurings avec des artistes tels que Drake, Travis Scott ou Kap G., c’est avec Quavo que la jeune prodige a choisi de collaborer sur ce morceau.

Nouveau single – « Mask Off » de Remy Ma

Remy Ma continue à faire savoir à tout le monde ce qu’elle pense  de « la reine du rap » aka Nicki Minaj sur le titre « Mask Off » de Future.

L’instrumental à la flûte de « Metro Boomin  » a buzzé sur internet, grâce au remix de plusieurs artistes, dont Chance The Rapper, Mysonne, et Kendrick Lamar, présent sur le remix officiel.

Nouveau clip – « 19:00 » de Tasha the Amazon

Le clip de la semaine nous vient de l’énigmatique DJ masqué Danger et de la rappeuse canadienne Tasha The Amazon.
Un duo sur fond d’électro-rap et dans son dernier clip « 19:00″ issu de l’album 太鼓, c’est Tasha The Amazon que l’on retrouve au micro. Une collaboration qui ne surprend pas quand on connait les goûts musicaux de la MC de Toronto.

Madame Rap à la Wet for Me PRIDE EDITION

La voici enfin de retour sous le chapiteau du Cabaret Sauvage !
Samedi 24 juin, la Wet For Me célèbre la Marche des Fiertés de Paris avec 11h de fête de 19h à 06h en EXTÉRIEUR et en INTÉRIEUR !
Djs set, live, performances, foodtruck, stands associatifs, photobooth, workshop radio, soleil & transat, Barbi(e)turix te sort le grand jeu dans le plus beau des magic mirror de la capitale. Ready pussycat ? Attention, programmation !
Chapiteau magique : HYPHEN HYPHEN (Santa x Line dj set), C.A.R. dj set, CELINE SUNDAE, RAG NARI FSHR & guest surprise !!
Jardin secret : MADAME RAP (Éloise Elle), LUCY JOSEPH
+ transat contest + Feminists witches procession + Queer Tarot avec Luby la douce + Food Truck bio food, fresh fruit, nice girls + Radio Jouir FM, 1 min pour nous faire ronronner + Photobooth « Embrasse-moi » par Océane Rosemarie
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Hyphen Hyphen dj set  French pop & star system
C.A.R.dj set London muse
Céline – Sundae  Wet deflowering
Rag – Dj The final dyke
Nari Fshr From 90’s to 10’s
Madame Rap Celebrate female rap
Lucy Josef La Chatte soundsystem
✧✧✧✧✧✧✧✧✧✧✧ INFOS ✧✧✧✧✧✧✧✧✧✧✧
WET FOR ME – Paris Pride edition Samedi 24 juin 2017 19h-06h LE CABARET SAUVAGE Parc de la Villette 211 avenue Jean-Jaurès 75019 Paris 12e sur place avant 20h 15e en prévente prioritaire (et conseillée !) : http://bit.ly/2qqWxii
16e sur place après 20h Toutes sorties définitives LESBIAN PARTY, COME AND DANCE WITH US !
UPDATE : Les préventes sont épuisées mais de la billetterie sera disponible sur place dès 19h (avec un prix doux de 12e avant 20h) !
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Art work : Vainui de Castelbajac
http://www.barbieturix.com/ http://www.cabaretsauvage.com/

L’Arsenal de Metz dégenre le hip hop

Madame Rap a assisté à la table ronde « Le hip hop a-t’il un genre ? », organisée à L’Arsenal de Metz dans le cadre de la 8e édition du festival East Block Party.  L’occasion de découvrir qu’être une femme dans ce milieu largement masculin n’est pas toujours un inconvénient. Ou presque. 


Quels sont les rapports genrés, intersectionnels et sociolinguistiques dans les différentes pratiques hip hop ? C’est autour de cette question que s’est déroulée la table ronde « Le hip hop a-t’il un genre ? » à l’Arsenal de Metz, qui s’attache depuis des années à valoriser la pluralité du hip hop, de ses actrices/acteurs et de ses pratiques. Les trois intervenantes, Ana Pi, Claire Lesacher et Maude Jonvaux, étaient invitées à échanger et à répondre aux questions de Myriama Idir, en charge de cette semaine « hip hop transversal ».

Artiste chorégraphe et chercheuse en danses urbaines, Ana Pi développe une pratique appelée « CORPS ANCRÉ; danses périphériques, gestes sacrés », où les danses originaires de la périphérie des grandes villes, dites danses urbaines, sont intimement connectées aux gestes sacrés présents sur la diaspora africaine. Interrogée sur la dimension potentiellement excluante du hip hop, elle a exprimé sa méfiance face au terme « communautarisme », fréquemment associé aux acteurs/trices du hip hop. « Les Blancs sont aussi communautaristes quand ils se retrouvent dans un entresoi bourgeois à l’opéra. Ils devraient faire attention. »

De gauche à droite Myriama Idir, Ana Pi, Claire Lesacher et Maude Jonvaux.

Pour sa part, Claire Lesacher, doctorante en sociolinguistique, a présenté son travail lié à l’imbrication du genre, du langage, des représentations sur le rap et de l’héritage d’une idéologie de la francophonie canadienne. A travers des entretiens menés auprès de rappeuses montréalaises, Claire Lesacher vise à retourner au sens premier de la pratique hip hop en donnant la parole à ces MCs. « La plupart des artistes m’ont dit qu’elles étaient contentes d’être une femme dans ce milieu parce que ça leur permettait de se faire remarquer plus facilement. Pour les hommes, c’est plus difficile. »

La photographe et journaliste messine Maude Jonvaux partage en partie ce point de vue. Dans le cadre de son travail pour des revues hip hop, elle raconte qu’être une femme lui a souvent facilité l’accès à certains événements. « Quand je travaillais sur Rap Contenders, c’était plus facile pour moi de me faire accréditer que pour un homme. Mais ça a ses limites. Ce n’est pas parce qu’on rentre plus facilement qu’on est considérée comme légitimes. »
En effet, les participantes se sont accordées à dire que ces faux privilèges dont les femmes semblent bénéficier restent des leurres qui ne font que renforcer les discriminations et invalider leur expertise.

La route est encore longue mais l’East Block Party semble en bonne voie pour faire bouger les lignes !

Pour plus d’infos sur l’Arsenal de Metz, ça se passe ici.

40 ans de hip hop « au féminin » en 4 minutes

Au cas où vous auriez raté l’info, le duo de producteurs de Chicago The Hood Internet a sorti il y a quelques jours une vidéo retraçant 40 ans de hip hop en 4 minutes. Au programme, 150 titres, des mash-ups bien ficelés et 100 artistes mis à l’honneur. 100 artistes dont 97 hommes.

En effet, hormis Missy Elliott, Nicki Minaj et Lauryn Hill, les femmes sont totalement exclues de cette rétrospective au profit d’une sélection bien couillue.

Pour leur rendre la place qu’elles méritent et rappeler que le hip hop s’est aussi construit avec elles, Madame Rap vous livre sa version de 40 ans de hip hop « au féminin » en 4 minutes, avec 100 rappeuses américaines que nous n’avons pas eu grand mal à dénicher. Comme quoi hein.