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L’Arsenal de Metz dégenre le hip hop

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Madame Rap a assisté à la table ronde « Le hip hop a-t’il un genre ? », organisée à L’Arsenal de Metz dans le cadre de la 8e édition du festival East Block Party.  L’occasion de découvrir qu’être une femme dans ce milieu largement masculin n’est pas toujours un inconvénient. Ou presque. 


Quels sont les rapports genrés, intersectionnels et sociolinguistiques dans les différentes pratiques hip hop ? C’est autour de cette question que s’est déroulée la table ronde « Le hip hop a-t’il un genre ? » à l’Arsenal de Metz, qui s’attache depuis des années à valoriser la pluralité du hip hop, de ses actrices/acteurs et de ses pratiques. Les trois intervenantes, Ana Pi, Claire Lesacher et Maude Jonvaux, étaient invitées à échanger et à répondre aux questions de Myriama Idir, en charge de cette semaine « hip hop transversal ».

Artiste chorégraphe et chercheuse en danses urbaines, Ana Pi développe une pratique appelée « CORPS ANCRÉ; danses périphériques, gestes sacrés », où les danses originaires de la périphérie des grandes villes, dites danses urbaines, sont intimement connectées aux gestes sacrés présents sur la diaspora africaine. Interrogée sur la dimension potentiellement excluante du hip hop, elle a exprimé sa méfiance face au terme « communautarisme », fréquemment associé aux acteurs/trices du hip hop. « Les Blancs sont aussi communautaristes quand ils se retrouvent dans un entresoi bourgeois à l’opéra. Ils devraient faire attention. »

De gauche à droite Myriama Idir, Ana Pi, Claire Lesacher et Maude Jonvaux.

Pour sa part, Claire Lesacher, doctorante en sociolinguistique, a présenté son travail lié à l’imbrication du genre, du langage, des représentations sur le rap et de l’héritage d’une idéologie de la francophonie canadienne. A travers des entretiens menés auprès de rappeuses montréalaises, Claire Lesacher vise à retourner au sens premier de la pratique hip hop en donnant la parole à ces MCs. « La plupart des artistes m’ont dit qu’elles étaient contentes d’être une femme dans ce milieu parce que ça leur permettait de se faire remarquer plus facilement. Pour les hommes, c’est plus difficile. »

La photographe et journaliste messine Maude Jonvaux partage en partie ce point de vue. Dans le cadre de son travail pour des revues hip hop, elle raconte qu’être une femme lui a souvent facilité l’accès à certains événements. « Quand je travaillais sur Rap Contenders, c’était plus facile pour moi de me faire accréditer que pour un homme. Mais ça a ses limites. Ce n’est pas parce qu’on rentre plus facilement qu’on est considérée comme légitimes. »
En effet, les participantes se sont accordées à dire que ces faux privilèges dont les femmes semblent bénéficier restent des leurres qui ne font que renforcer les discriminations et invalider leur expertise.

La route est encore longue mais l’East Block Party semble en bonne voie pour faire bouger les lignes !

Pour plus d’infos sur l’Arsenal de Metz, ça se passe ici.

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