Playlist #9 – Confinement – 30 rappeuses de pays arabes

Découvrez notre playlist confinement #2 de 30 rappeuses de 13 pays arabes !

Avec :

  • Meryem Saci (Algérie)
  • Manal (Maroc)
  • Salome MC (Iran)
  • Medusa TN (Tunisie)
  • Selma Rosa (Algérie/France)
  • Soultana (Maroc)
  • MC Meera (Jordanie)
  • Raja Meziane (Algérie/Tchéquie)
  • Mona Haydar (Syrie /États-Unis)
  • Shadia Mansour (Palestine/Royaume-Uni)
  • Felukah (Égypte)
  • Malikah (Liban)
  • Krtas Nssa (Maroc)
  • Ily (Maroc)
  • Farinaz (Iran)
  • N1yah (Émirats Arabes Unis)
  • Dania DN Closer (Syrie)
  • Leesa A (Arabie Saoudite)
  • Mayam Mahmoud (Égypte)
  • Queen Nesrin (Tunisie)
  • Safaa Hathot (Palestine)
  • Asayel Slay (Arabie Saoudite)
  • Miss Moone (Bahreïn)
  • Justina (Iran)
  • Whezzy (Libye)
  • Ettijah (Palestine)
  • Taffy (Égypte)
  • Haifa Beseisso (Palestine)
  • Popytirz (Tunisie)
  • Khtek (Maroc)

Illustre : « L’identité de genre est encore très peu évoquée dans le rap français »

Un an après l’EP Les Mains Bleues, Illustre sort le clip Vautour, extrait de son premier album prévu pour septembre prochain. La rappeuse clermontoise nous parle de ce projet, d’identité de genre et de sa nouvelle manière de travailler. 

Nous t’avons rencontrée pour la première fois en 2018. Que s’est-il passé pour toi depuis ?

J’ai rencontré les premières personnes qui m’ont encadrée, Yacé (manager/booker) et Lowerz (DJ). Ce début d’année est décisif car je viens de signer avec le label indépendant X-Ray.

Comment définirais-tu la musique que tu fais aujourd’hui ?

Il y a vraiment deux facettes de ma musique, à la fois émotionnelle et poétique, elle peut aussi se définir virulente à tenter un rap ego-trip, voir engagé, incisif et ferme dans les valeurs que je défends.

Je crois que cela représente vraiment deux côtés de ma personnalité, il y a une sorte de complémentarité, une dualité permanente dans mon propre sujet à être.

Ton premier album ILLE sortira en septembre prochain. Que signifie ce titre ILLE ?

ILLE est un pronom utilisé pour définir la non-binarité. Dans ce premier album, il était important pour moi de marquer une césure avec mon projet précédent. Je souhaite arriver avec un univers musical qui me ressemble et dont les thématiques me correspondent. L’identité de genre en fait partie, c’est encore très peu évoqué dans la musique, et encore moins dans le rap français actuel. J’espère arriver à toucher une partie de ma génération en restant fidèle et au plus proche de ce que je suis.

Que peux-tu nous dire sur ce projet ? À quoi devons-nous nous attendre ?

J’ai envie d’émaner une nouvelle énergie, de transmettre un vrai message. J’ai beaucoup réfléchi à ce que je voulais donner, en sachant que ce projet allait représenter quelque chose d’important, et qu’il aurait un impact réel vis-à-vis des moyens que l’on met en place. En cela, j’ai préféré répondre avec un processus de création plus contrôlé. Je pense long terme, pour créer une œuvre globale. Ce projet sera la première pierre de l’édifice. J’ai cherché à étendre mes capacités en sortant de ma zone de confort pour expérimenter de nouvelles choses, et je crois en cette nouvelle identité.

Tu sembles être autant à l’aise sur des prods « old school » que des sonorités plus actuelles. Comment travailles-tu ton flow ?

J’apprends beaucoup en écoutant les autres. Notamment du rap en langue étrangère pour analyser la forme et ne plus me concentrer uniquement sur le fond. Je teste plusieurs choses, je réécris. Je laisse quelques jours passer, j’envoie mes maquettes, mon équipe me fait des retours, je retravaille dessus. Je choisis une personne pour chaque chose que je veux apprendre. Pour cet album, mon manager m’a fait rencontrer quelqu’un pour comprendre et améliorer le groove. J’ai aussi commencé à prendre des cours avec un professeur de chant. J’essaye de travailler avec d’autres artistes, de voir des concerts, j’alimente constamment mon cerveau par des connaissances que je juge utile pour l’évolution de mon projet. Je ne me mets jamais de barrières. Quand je veux faire quelque chose et que je n’y arrive pas la première fois, je ne baisse pas le niveau de difficulté, mais je travaille plus. C’est un état d’esprit.

Comment écris-tu tes morceaux ? Est-ce que tu as des techniques ou des rituels particuliers ?

Il y a plusieurs étapes à la création. Dans un premier temps, je reçois la prod et je vois si j’ai un bon feeling avec. Si c’est le cas, je commence à faire une top line, du yaourt pour jauger le potentiel. Ensuite je peux commencer à écrire. Maintenant j’ai tendance à commencer par le refrain pour qu’il y ait un thème/une ambiance globale et pour ne pas m’éparpiller partout, car j’ai encore du mal à canaliser toutes mes pensées. J’ai beaucoup d’imagination, d’idées, et il m’est parfois difficile d’arriver à tout structurer, mais ça vient petit à petit.

Je fais des vocalises, des exercices de souffle et d’articulation. Tous les jours, je lis mes objectifs, je me suis fait un mantra. Je me conditionne pour aller là où j’ai envie, c’est un peu comme une quête de sens, cheminer vers ce qui nous est de plus essentiel et mettre tout son possible pour atteindre ses objectifs. Cette année, j’ai beaucoup été portée par le développement personnel.

Les rappeuses semblent de plus en plus visibles sur la scène hip hop française. As-tu cette impression également ? Si oui, qu’est-ce que cela t’inspire ?

Oui, je remarque qu’il y a de plus en plus de figures féminines dans le rap, je constate qu’il y a aussi plus de médias, comme les pages Instagram de freestyles dans lesquelles les filles peuvent s’identifier. Il y a également des groupes/ateliers créés spécialement pour mettre en valeur et mettre à profit les qualités d’expression de chacune d’entre elles. Je trouve qu’il y a un élan très positif et que les choses arrivent avec le temps. J’imagine qu’il va y avoir une vague de filles dans le milieu hip hop, comme aux États-Unis, et qu’une fois qu’il y aura cet effet de masse, on n’aura plus à défendre le genre à travers notre art.

Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?

Je me considère féministe. Je pense qu’il n’y a rien à dire de plus que le fait qu’un genre n’a pas à définir une position. Je souhaite le respect pour tou(te)s et vis-à-vis de tou(te)s. J’attends profondément le moment où l’on arrêtera de nous demander ce que cela fait d’être une fille dans la société actuelle, car j’ai vraiment l’impression qu’on crée la différence rien qu’en posant la question. Je souhaite banaliser pour démontrer qu’on est là, on s’impose, on fait le taf, acceptez-nous.

Est-ce que tu vis du rap aujourd’hui ? Si non, est-ce que c’est un objectif ?

Je suis en train de faire mon intermittence, je devrais normalement en vivre cette année. C’est une réelle fierté… Un objectif presque atteint, mais heureusement on ne s’arrête pas là, on continue de faire grandir les choses.

Quels sont tes projets post-confinement ?

Nous allons tourner quelques clips pour la promo de l’album et essayer de rattraper la tournée qui était prévue, reporter les dates. Nous avions également des temps de résidence qu’il nous est nécessaire de réaliser pour l’avancée de notre projet scénique.

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ? 

Malgré l’avancé super positive de la condition de la femme dans le rap game, je trouve que Madame Rap est encore nécessaire. Tout d’abord, pour la fraîcheur que le média ramène, car il y a sans arrêt de la nouveauté artistique, tant dans l’actualité que dans les modes de pensée de chacune. Madame Rap est un véritable haut-parleur. J’en parle autour de moi régulièrement car c’est une grande base de données et que les artistes sont traitées à leur juste valeur, sans les détourner, pour rester aux plus proches de ce qu’elles sont.

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© Julien Mignot

Nyemiah Supreme & Connie Diiamond : « C’est génial de voir des femmes prendre le pouvoir »

Les rappeuses new-yorkaises Nyemiah Supreme et Connie Diiamond nous parlent de leur EP Slick Talk qui sort aujourd’hui à l’occasion du mois de l’histoire des femmes aux États-Unis et de sororité dans le hip hop.

Comment avez-vous commencé à rapper ?

Nyemiah Supreme : J’ai commencé à rapper après avoir été l’assistante du rappeur de Harlem Juelz Santana. Le fait d’être dans un environnement musical et dans l’industrie m’a inspirée. Un jour, j’ai réservé un créneau de studio et vous connaissez la suite.

Connie Diiamond : J’ai commencé à rapper à l’âge de 14 ans, mais c’était initialement de la poésie. Plus tard, j’ai pratiqué au lycée, où je séchais les cours pour aller en studio.

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

NS : On s’est rencontré via Twitter. Nous avons des amis rappeurs en commun. J’ai vu Connie rapper sur un featuring et je suis devenue instantanément fan !

Pourquoi avez-vous décidé de sortir Lights Camera Action pour le mois de l’histoire des femmes aux États-Unis ? 

NS : Le mois de l’histoire des femmes est le parfait moment pour entrer dans l’histoire ! Deux femmes de New York qui s’allient et sortent des titres qui déchirent, c’est le changement dont le hip hop a besoin !

De plus en plus d’artistes dénoncent l’invisibilisation des femmes dans la musique. Vous êtes-vous déjà/ vous sentez-vous laissées-pour-compte en tant que femmes artistes ?

NS : Je me sens laissée-pour-compte si je ne suis pas considérée à ma juste valeur et que je twerke en string. Mais j’ai l’impression que les femmes contrôlent le game ces derniers temps. Nous sommes plus intéressantes et divertissantes !

Il y a beaucoup moins de collaborations entre rappeuses qu’entre rappeurs. Comment l’expliquez-vous ?  

NS : Les femmes ont peur de travailler ensemble. Elles ont la réputation d’être vaches et hypocrites entre elles et ça peut te faire hésiter à te montrer en public et te mélanger à d’autres artistes. Tout le monde essaie de protéger son territoire au sommet. Mais si tu as confiance en toi, alors tu n’auras pas de problème.

À quoi ressemble la scène des rappeuses new-yorkaises ?

NS : Je n’en ai aucune idée. Je suis maman alors dans mon temps libre, je vais en studio. La scène est tellement vaste.

CD : La scène des rappeuses est super mélangée. Beaucoup de gens veulent rapper aujourd’hui, parce que c’est le truc « cool » à faire, mais ça n’empêche pas l’audience de déterminer celles qui sont véritablement là pour l’art. C’est génial de voir des femmes prendre le pouvoir.

Qui sont vos rôles modèles ?

NS : Ma mère est mon rôle modèle. Toujours à travailler et à accomplir des choses. Pas de plaintes, que des résultats !

CD : Mon rôle modèle est ma mère également, parce que c’est la personne la plus artistique et courageuse que je connaisse. La plupart de mes connaissances en termes de mode viennent d’elle. Je lance une collection de treillis qu’elle adore.

Vous définissez-vous comme féministes ?  

NS : Oui, je prends toujours la défense des femmes. Je les protège et m’élève contre les remarques inutiles que les gens nous font. Si tu soutiens l’une d’entre nous, alors tu nous soutiens toutes.

CD : Je définis mon propre féminisme par le fait de toujours m’assurer que ma musique s’adresse aux femmes, de manière très autoritaire !

Quels sont vos prochains projets ?

NS : Connie et moi sortons un EP et je travaille sur un EP qui sortira au printemps.

CD : Je travaille également sur un EP qui sortira au printemps.

Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

NS : Connie et moi adorons Madame Rap. On a besoin de plus de sites et de comptes Instagram qui soutiennent les femmes artistes !

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Ayelya : « J’essaie de raconter ma vérité en espérant qu’elle parle à d’autres »

Ancienne choriste de Youssoupha, Ayelya sort aujourd’hui le EP Nota Bene. La chanteuse/rappeuse originaire de Mantes-La-Jolie (78), nous parle de sa double participation à The Voice, de sa collaboration avec le pianiste de jazz Clyde et de son rap « éclairé ». 

Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?

Je suis née dedans. Mon grand frère, qui a quatre ans de plus que moi, écoutait du rap toute la journée et me faisait écouter ses cassettes à l’époque. C’était surtout du rap français, Secteur Ä, Passy, IAM, NTM, Diam’s. Aussi Eminem et Missy Elliott en rap US. C’était un moyen d’avoir un point de jonction et une forme de lien avec mon frère.

Où as-tu grandi ? 

J’ai grandi une partie de ma vie dans le quartier du Val Fourré à Mantes-La-Jolie et après on a déménagé à Gassicourt. C’était un peu l’ascension sociale ! Après, je suis allée en lycée militaire où j’ai fait mes classes aux côtés de Vianney. J’ai croisé un peu tous les univers. Initialement, je voulais être médecin et ne me destinais pas à faire de la musique.

Tu es chanteuse et rappeuse. As-tu commencé les deux en même temps ou à des moments différents ?

J’ai toujours écrit et j’ai toujours écrit du rap français parce que c’est ce que j’écoutais. Je n’avais pas les codes de la chanson française.

Quand j’étais à la fac et que j’ai commencé à avoir plus de libertés, la première chose que j’ai faite c’est d’aller faire des refrains pour mes copains de cité qui avaient des studios. C’était la seule manière de légitimer un peu ma place dans le hip hop. J’ai pratiqué le chant parce que j’avais une voix et je me suis toujours exercée sur ça, mais j’ai toujours écrit du rap. Quand il s’est agi de lier les deux, c’était un véritable exercice. Il y a une chanson de variété que j’ai vraiment réussi à écrire, on l’a enregistrée et on a bien ri !

Ensuite, j’ai continué à écrire mes chansons avec beaucoup trop de pieds pour que ce soit une chanson standard. J’ai toujours fonctionné par mimétisme, c’était ça que je voulais mettre dans mes chansons, même si, avec ma voix j’aurais pu faire autre chose.

Tu as participé à The Voice. Qu’as-tu appris de cette expérience ?

Je l’ai fait deux fois. La première fois, j’ai obtenu la bénédiction de mes parents pour faire de la musique. Ma mère est médecin et mon père est ingénieur informaticien, ils ont quitté l’Afrique et sont venus en France. Ils ont quitté le ghetto pour un pavillon à Mantes-La-Jolie. Donc pour eux, c’était logique que je fasse des études, alors que pas du tout ! C’est en ramenant mes parents à The Voice que j’ai pu lâcher mes études. Aussi lettrés soient-ils, la télévision française représente quand même quelque chose pour eux. Mon père n’avait pas la télé chez lui.

Après ça, ils m’ont dit « tu n’as plus intérêt à faire demi-tour ». J’ai compris que c’était plus une émission de télé qu’un tremplin musical. Il faut y aller avec un projet travaillé. C’est un peu l’erreur que font les candidats, qui restent bloqués au script télé. Il faut y aller armée.

La deuxième fois, j’avais un projet à défendre, un trio avec des copines à moi. Là, c’était plus un moyen qu’une fin. Malheureusement, notre collaboration s’est arrêtée après, mais c’était intéressant de faire l’émission dans ces conditions. La première fois, comme l’outsider, la seconde fois, comme celle qu’on attendait. C’était deux parcours différents et je ne regrette pas du tout de l’avoir fait.

Tu travailles avec Clyde, un pianiste de jazz qui collabore notamment avec MHD. Comment composez-vous à deux ? 

Au début, je venais avec des textes et des maquettes que je trimballais. Même si j’étais assurée en tant que chanteuse, je ne me sentais pas forcément légitime d’exposer mes textes aux autres. J’ai ma plume, mais c’est toujours compliqué. Face au CVs de certains compositeurs avec lesquels j’ai travaillé, j’avais du mal à ne pas me laisser effacer par leur créativité et leur talent. Et Clyde est le seul qui s’est mis à mon niveau tout de suite. Il était très à l’écoute. Il avait une capacité de projection incroyable et visualisait tout de suite ce que je voulais. En fait, c’est le seul compositeur que j’ai trouvé qui n’a pas tout de suite voulu m’imposer des codes.

On me disait « ah c’est du RnB alors on va faire comme ça », alors que j’avais souvent en tête des sons hybrides et un Rn’B plus hip hop ou un hip hop plus chanté. Je ne voulais pas que ce soit ou l’un ou l’autre. J’ai écouté des artistes comme Lauryn Hill qui n’ont jamais eu à choisir entre les deux. C’est très français de vouloir mettre les gens dans des boîtes.

Du coup, on est parti de mes textes, et il a construit tout autour. Avec le temps, la confiance s’est établie. Aujourd’hui, on le fait en simultané. Et bien sûr, on est des insomniaques !

Tu as également été choriste et backeuse de Youssoupha. Que retires-tu de cette collaboration ?

C’était une expérience hyper valorisante. Je suis hyper fière, c’est un artiste transgénérationnel chez nous. J’ai écouté les musiques de son père (Tabu Ley Rochereau) avec mon père, j’ai écouté Youssoupha avec mon frère.

Tu sors le EP Nota Bene. Peux-tu nous en dire plus sur ce projet ?  

C’est un projet où on a mis tout ce qu’on aimait. Ça va du hip hop à des sonorités plus afro. Le fil conducteur est ma collaboration avec Clyde et ce phrasé entre rap et chant. Le EP est construit comme des pense-bêtes, des petites notes à ne pas oublier pour traverser les années sans perdre la tête.

Tu dis faire « un rap éclairé mais pas conscient ». Peux-tu nous expliquer ce que tu entends par là ?

Je suis une toute jeune trentenaire qui regrette un peu la vingtaine ! Je n’ai pas la prétention de vouloir donner des conseils ou, comme ceux qui font du rap conscient, de vouloir expliquer la vie aux gens. J’ai juste la prétention de vivre la mienne en essayant d’avoir les yeux le plus en face des trous possible et de raconter ma vérité, en espérant qu’elle parle à d’autres. Au final, il n’y a pas un million d’émotions sur la planète. Je pense que si je suis vraie avec les quatre ou cinq émotions que je deale, ça parlera toujours à quelqu’un. Je sais que j’ai été parfois ramenée à la vie par des chansons aux émotions criantes de vérité, c’est cet éveil qui rend la musique utile. On peut chiller, danser en boîte, c’est cool, mais il faut ressentir quelque chose, je pense que c’est important.

Quelles sont les femmes qui t’inspirent ?

Je citais Lauryn Hill, il y aussi Beyonce, Missy Elliott, Diam’s. Il y a plein de nouvelles femmes qui arrivent dans le rap et la chanson. J’espère qu’on va réussir à prendre toutes notre place parce que les hommes ne nous laissent pas de répit !

Te définis-tu comme féministe ? 

C’est un mot dangereux. Tous les mots qui finissent en « iste », c’est compliqué. C’est un peu comme les kystes, on est pas sûr de vouloir en avoir ! Je me considère comme un individu sur cette planète, je défends toutes les causes. Je suis pour l’ouverture d’esprit à toutes les peines.

Quels sont tes projets à venir ?

Je suis un peu une hyperactive. Mon projet alimentaire, c’est que je suis sur la tournée de Dadju. À côté de ça, je suis lead vocal d’un groupe qui s’appelle Supa Dupa et on prépare un album pour très bientôt. C’est du hip hop soul jazz en anglais. Je me fais aider pour l’écriture par un ghostwriter australien qui s’appelle Nelson Dialect, qui est un rappeur hors pair et champion de freestyle.

C’est rigolo parce que ce projet en anglais a été alimenté par les trouvailles que je faisais avec Clyde, notamment dans le placement de voix. En anglais, c’était beaucoup plus systématique pour moi de faire le rap d’un côté et le chant de l’autre. Les deux projets se répondent un peu.

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

Je pense que Madame rap, ça tue. C’est bien de mettre en lumière des talents et des voix féminins. Il faudrait faire encore plus de scènes et d’événements pour fédérer autour de cette communauté. Je trouve ça hyper cool !

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© Ashley Foko

Playlist #8 – Confinement – 80 rappeuses old school

Découvrez notre playlist confinement #1 avec 80 rappeuses old school de 1979 à 1999 ! 

Rien de tel que le confinement pour (re)découvrir les rappeuses pionnières et rappeler qu’il y a toujours eu des femmes dans le rap !

Avec :

  • 1979 : Lady B (États-Unis)
  • 1980 : Queen Lisa Lee (États-Unis)
  • 1984 : Sha-Rock (États-Unis)
  • 1984 : Lady Crush (États-Unis)
  • 1985 : Pebblee-Poo (États-Unis)
  • 1988 : Sweet Tee( États-Unis
  • 1988 : JJ Fad (États-Unis)
  • 1988 : Cassidine (États-Unis)
  • 1988 : Wee Papa Girl (Royaume-Uni)
  • 1988 : The Real Roxanne (États-Unis)
  • 1989 : Cookie Crew (Royaume-Uni)
  • 1989 : Wanda Dee (États-Unis)
  • 1989 : Oaktown 3-5-7 (États-Unis)
  • 1989 : Ms Melodie (†) (États-Unis)
  • 1989 : Roxanne Shanté (États-Unis)
  • 1989 : Antoinette (États-Unis)
  • 1990 : Monie Love (Royaume-Uni)
  • 1990 : Tairrie B (États-Unis)
  • 1990 : Neneh Cherry (Suède)
  • 1990 : Isis aka Lin Que (États-Unis)
  • 1990 : MC Luscious (États-Unis)
  • 1990 : MC Trouble (†) (États-Unis)
  • 1990 : Shazzy (États-Unis)
  • 1991 : Sister Souljah (États-Unis)
  • 1991 : Overweight Pooch (États-Unis)
  • 1991 : Saliha (France)
  • 1991 : Nikki D (États-Unis)
  • 1991 : Queen Mother Rage (États-Unis)
  • 1992 : B-Love (France)
  • 1992 : Yo Yo (États-Unis)
  • 1992 : The Poetess (États-Unis)
  • 1993 : Sonya C (États-Unis)
  • 1993 : Gwladys (France)
  • 1993 : MC Lyte (États-Unis)
  • 1993 : Queen Latifah (États-Unis)
  • 1993 : Salt N Pepa (États-Unis)
  • 1993 : Conscious Daughters (États-Unis)
  • 1993 : Nefertiti (États-Unis)
  • 1993 : Boss (États-Unis)
  • 1993 : Smooth (États-Unis)
  • 1994 : Sisters Of The Underground (Nouvelle-Zélande)
  • 1994 : Sté Strausz (France)
  • 1994 : Lady of Rage (États-Unis)
  • 1994 : Da Brat (États-Unis)
  • 1994 : Sha’Key (États-Unis)
  • 1994 : JV (États-Unis)
  • 1994 : HWA (États-Unis)
  • 1995 : Melaaz (France)
  • 1995 : Left Eye (†) (États-Unis)
  • 1995 : Shortie No Mas (États-Unis)
  • 1996 : Silouette (États-Unis)
  • 1996 : Mother Superia (États-Unis)
  • 1996 : Combless Negro Child (États-Unis)
  • 1996 : EK-Tomb (France)
  • 1996 : Bahamadia (États-Unis)
  • 1996 : Foxy Brown (États-Unis)
  • 1996 : Lil’ Kim (États-Unis)
  • 1996 : Nonchalant (États-Unis)
  • 1996 : U-Neek (États-Unis)
  • 1996 : Da 5 Footaz (États-Unis)
  • 1997 : Deadly Venoms (États-Unis)
  • 1997 : II Tru (États-Unis)
  • 1997 : Hurricane G (États-Unis)
  • 1997 : Queen Pen (États-Unis)
  • 1997 : Mia X (États-Unis)
  • 1997 : Gripsta (États-Unis)
  • 1998 : Sylk-E Fyne (États-Unis)
  • 1998 : Donya (France)
  • 1998 : Lauryn Hill (États-Unis)
  • 1998 : Heather B (États-Unis)
  • 1998 : Paula Perry (États-Unis)
  • 1998 : K.P. (États-Unis)
  • 1999 : Bam’s (France)
  • 1999 : Lady Laistee (France)
  • 1999 : Rah Digga (États-Unis)
  • 1999 : Missy Elliott (États-Unis)
  • 1999 : EVE (États-Unis)
  • 1999 : Solé (États-Unis)
  • 1999 : Mocha (États-Unis)
  • 1999 : Diam’s (France)

Vicky R : « Je me suis trouvée musicalement »

D’origine gabonaise, Vicky R fait ses premiers pas de MC en 2012. La rappeuse et beatmakeuse lilloise nous parle de son parcours, de sa récente signature chez Believe et de son premier EP V qui sort le 27 mars. 

Nous t’avions interviewée en juin 2017, que s’est-il passé pour toi depuis deux ans et demi ?

Depuis ma dernière interview avec Madame Rap, il s’est passé beaucoup de choses. Je me suis trouvée musicalement déjà, ça a pris du temps, mais là je suis prête. Sinon, dans les grandes lignes, j’ai été découverte par un autre public après mon passage dans le Planète Rap de Chilla, j’ai fait un BET cypher, j’ai participé à la compilation La Relève by Deezer et j’ai signé chez Believe Music France.

Félicitations ! Comment s’est passé cette signature ?

Merci beaucoup ! Pour la signature chez Believe, j’ai été contactée par le directeur de TuneCore, qui est le distributeur du titre de La Relève. Il m’a contactée avant la sortie parce qu’il avait vraiment aimé le son et on a été mis en contact avec Alexis qui est découvreur de talents chez Believe et qui nous a proposé un rendez-vous. On a discuté et il m’a fait une proposition. J’ai eu plusieurs autres propositions, mais le feeling est vraiment bien passé avec les équipes de Believe. Du coup, c’était un peu la suite logique de tout ça.

Comment définirais-tu la musique que tu fais aujourd’hui ?

Je dirais que je suis une artiste à part entière, que ma musique peut, je pense, toucher tout le monde, mais qu’elle reflète assez bien ce que je suis, ce que j’ai pu vivre ou ce que des personnes de mon entourage ont pu vivre. Je suis très ambitieuse et impliquée dans ce que je fais, et je pense que ça se ressent bien dans ma musique.

Comment composes-tu tes morceaux et avec qui travailles-tu ?

Je commence toujours par écouter beaucoup de musique, de tous genres. Je fonctionne beaucoup au coup de cœur. Quand j’écoute une prod, je sais au bout de 30 secondes généralement si elle va me parler ou non et si ce n’est pas le cas, je passe à autre chose. J’ai rarement des thèmes de base, mais j’aime parler d’espoir, de ressenti et de famille et d’amour parfois, ça dépend dans quel état d’esprit je suis. Je travaille avec plusieurs producteurs différents, et je fais des arrangements sur certains tracks. Après, il m’est arrivé d’écrire pour d’autres artistes, comme topliner et de produire. Ça dépend vraiment du contexte.

Tu as sorti le single BB fin janvier et sors un EP. À quoi devons-nous nous attendre ?

Dans l’ensemble, ce sera un projet assez introspectif avec un fil conducteur : ma place dans la musique et mes émotions de femme. On a beaucoup réfléchi sur ce projet, on a fait plusieurs sons et travaillé avec des très bons producteurs, donc je pense que c’est un projet authentique, qui me reflète bien encore une fois. Pareil pour les clips. On y réfléchit et on va essayer de faire une belle identité visuelle autour de tout ça, et ça va commencer par le clip de BB.

Est-ce que tu vis du rap aujourd’hui ? Si non, est-ce que c’est ce que tu souhaites ?

Non, je ne vis pas du rap aujourd’hui. Je suis diplômée du coup et je travaille à coté, mais toujours dans le milieu musical. Pourquoi pas, comme je dis dans un son ‘’on le fait par amour et pour la maille’’, j’ai des entrées d’argent grâce à la musique, mais c’est pas ma principale source de revenu aujourd’hui.

En 2017, tu nous disais que tu écoutais le best of de Michael Jackson et Hiro. Tu écoutes quoi en ce moment ?

En ce moment, j’écoute mon projet haha ! Pour les mix, tout ça. Sinon, j’écoute beaucoup de Kehlani, Serge Gainsbourg en boucle. J’ai des phases comme ça dans l’année, où j’ai besoin d’écouter autre chose que du rap, du gospel, Gangsta de Darkoo, Déborder de RSK , l’album de Hokube, du Justin Timberlake, du Tengo John …C’est assez varié.

Quels sont tes prochains projets ? 

Mes projets avec l’EP, c’est de m’installer dans le paysage rap, faire découvrir ma musique , mettre le Gabon sur la map dans le rap français, parce qu’on n’a pas encore quelqu’un de bien installé ici, défendre mon projet sur scène aussi. Il y aura des live, un album certainement après le deuxième projet. Avec mon équipe, on a prévu deux projets cette année et j’ai vraiment hâte.

Que peut-on te souhaiter ?

De la réussite dans mes projets et surtout d’atteindre mes objectifs. Je fonctionne par objectif chaque année. Du coup, quand il faudra faire le bilan à la fin de celle-ci, j’aimerais que toutes les cases soient cochées.

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© Novphotographyy