Playlist #10 – Confinement – 30 rappeuses de pays asiatiques

Découvrez notre playlist confinement #3 de 30 rappeuses de pays asiatiques !

Avec :

  • Lexie Liu (Chine)
  • Chanmina (Japon)
  • Arabyrd, Sophia Liana & Hullera (Malaisie)
  • Amber (Corée du Sud)
  • Han Han (Philippines)
  • Aristophanes (Taïwan)
  • CL (Corée du Sud)
  • Coma Chi (Japon)
  • Deane Sequeira (Inde)
  • Lisha (Cambodge)
  • Masia One (Singapour)
  • Suboi (Vietnam)
  • Sonita Alizadeh (Afghanistan)
  • Y.A.K. (Birmanie)
  • Vinida (Chine)
  • Yacko (Indonésie)
  • Dee Mc (Inde)
  • Anty The Kunoichi (Japon)
  • RubbaBend, Hunny Madu, Nadhira, Kayda, Shikara, Al Caponey & Supa Mojo (Malaisie)
  • Yoon Mirae (Corée du Sud)
  • Femcee Evil (Inde)
  • Ish Kaur (Inde)
  • Chill (Philippines)
  • Soosan Firooz (Afghanistan)
  • Miryo (Corée du Sud)
  • Yayoi Daimon (Japon)
  • Thirteen13 (Japon)
  • Rocket (Chine)
  • Bora (Corée du Sud)
  • Agsy (Inde)

Prichia : « Dans le beatbox, la lutte pour l’égalité est encore récente »

Rompue à l’exercice des battles, la beatboxeuse Prichia collectionne les trophées. Son dernier succès en date, le titre de Championne de France Beatbox en solo féminin remporté à Angers en février. Installée à Paris depuis 2012, l’artiste franco-portugaise nous parle de son rapport aux battles, de la place des femmes dans le beatbox et de son féminisme. 

Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?

J’ai découvert le hip hop lorsque j’avais 13 ans. J’étais encore au Portugal quand j’ai vu ce jeune artiste, Robinho, passer à La Nouvelle Star. Sa particularité ? Au lieu de chanter, il s’est mis à faire du beatbox. J’ai été fascinée par tous les sons qu’il pouvait sortir de sa bouche. A partir de ce jour-là, j’ai commencé à regarder des vidéos de beatbox, mais aussi de rap et de danse, deux autres disciplines du hip hop qui me fascinaient tout autant.

Comment as-tu commencé le beatbox ?

Après avoir vu cet artiste à La Nouvelle Star, j’ai commencé petit à petit à rapper en portugais et à beatboxer. Cependant ce n’est qu’en 2017 que je me suis réellement immergée dans le beatbox en m’entraînant et en participant à des évents. Un beatboxeur, Andro, m’a motivé à candidater pour les championnats de France 2017 à La Place, Paris. Ce fut ma première scène et j’ai fini par remporter le titre de vice-championne de France. Cette expérience de la scène et de ma première rencontre avec la communauté du beatbox français m’ont motivé à me lancer plus sérieusement dans cette discipline.

Tu as quitté le Portugal pour la France en 2012. Pourquoi ce choix ?

Sincèrement, je n’ai pas vraiment eu le choix, mais si j’avais pu choisir, j’aurais quand-même quitté mon pays. Mon père travaillait en France, car le taux de chômage au Portugal était très élevé. La crise que mon pays traversait nous a contraint à partir. Mes parents voulaient un meilleur futur pour notre famille et surtout un meilleur futur pour moi. Plus d’opportunités. En effet, je ne pourrai jamais les remercier assez… Peut-être que si je n’étais jamais venue à Paris, je n’aurais jamais fait de musique. Enfin, qui sait ?

Tu as remporté le titre de championne de France de beatbox le 15 février à Angers. Que s’est-il passé avec toi depuis ?

Depuis ce titre, j’ai la sensation que mon mental s’est renforcé et je me sens plus motivée que jamais ! C’est un sentiment incroyable de réaliser un rêve lorsque l’on sent sa main se lever et que l’on sait que l’on est allé jusqu’au bout de son objectif ! C’est aussi un titre qui, je l’espère, va m’ouvrir beaucoup de portes, aussi bien sur l’approche professionnelle que personnelle. Un pas vers les battles internationaux, dont le championnat du monde en tant que représentante de la France, mais aussi du Portugal. Ce titre m’apporte également de la visibilité et de nouveaux projets se présentent à moi petit à petit. C’est encore très récent, mais je sens que ce n’est que le début d’un nouveau chapitre dans ma vie.

Tu as concouru dans la catégorie « féminine ». Que penses-tu du fait d’avoir des catégories réservées uniquement aux femmes dans cette compétition ?

La fameuse question-débat, attention la réponse sera longue ! C’est vrai que la catégorie solo en France est divisée en deux sous-catégories : homme/ femme. Pourtant, les autres catégories – loopstation, tag-team et team – restent mixtes. Pourquoi?

Le beatbox est une pratique très récente. Le premier championnat de France s’est déroulé en 2006 seulement. Aujourd’hui, on compte des centaines de beatboxeurs hommes en en solo. Sachant que les championnats de France ne prennent que les 40 meilleurs beatboxeurs, le travail pour mériter sa place est très dur. En revanche, le beatbox féminin débute à peine (jusqu’en 2017 on comptait 4 participantes, parfois moins et 13 inscriptions en 2020). Nous avons une légère latence que nous pouvons et allons rattraper. Mais pour l’instant, si la catégorie solo devenait mixte, il y aurait moins de femmes visibles sur scène.

Le fait qu’on soit de plus en plus nombreuses est une réelle motivation pour d’autres femmes qui débutent le beatbox et qui aimeraient tenter les compétitions. D’ailleurs le collectif French Beatbox Family, organisateur des championnats de France et l’association parisienne de beatbox Paname Beatbox Hustlers dont je fais partie, contribuent énormément à ce mouvement! Nous aimerions alimenter ce beau mouvement jusqu’à l’établissement d’une catégorie solo mixte.

Le mouvement commence à s’étendre en France, mais aussi à l’étranger ! On compte 3 françaises dans le top 8 d’un battle international féminin, Female 7 To Smoke – Sbx Camp 2020, qui aura lieu au mois d’août en Pologne.

Comment se prépare-t-on à un tel évènement ? Est-ce que tu t’étais entraînée ?

Tout dépend de ta personnalité et tes ambitions. Je suis passionnée, mais aussi très exigeante avec moi-même. Le mélange idéal qui me permet de travailler, mais qui pourrait aussi être une faiblesse face à la pression de la compétition. Selon moi, un évènement comme les championnats de France demande beaucoup d’autodiscipline. Pendant un an, on s’améliore et on expérimente d’autres inspirations qui pourraient nous apporter de nouvelles idées. C’est exactement ce que j’ai fait.

À deux mois des championnats de France, j’ai mis cet apprentissage en pratique. J’ai commencé à composer de nouvelles routines et des patterns un peu tous les jours. Je me faisais, en parallèle, une à trois sessions studio par semaine. Lors de ces sessions, je testais mes idées, je les améliorais, j’entraînais la propreté et ma puissance, ainsi que mon cardio. J’enchaînais tous mes rounds ou toutes mes routines sans pause, jusqu’à être bien essoufflée, afin d’apprendre à maîtriser ma respiration, qui est très importante dans le beatbox.

Cependant, le travail le plus important et le plus dur reste le mental. Lorsque je m’entraînais en studio, j’avais des moments où je fermais les yeux et je m’imaginais aux championnats, avec le MC qui m’annonçait et le bruit du public. J’imaginais cette situation stressante et j’essayais de gérer mon mental et mon corps. La veille et le jour J, je me suis convaincue que j’y allais pour m’amuser et pour être connectée au moment présent. Cela m’a permis de mieux gérer la pression et d’être en fusion avec le public et la scène lors de mes passages.

Tu participes (et gagnes) souvent des battles. Qu’est-ce que cela t’apporte ?

Les battles sont un chemin complémentaire à ma vie artistique, qui me sont très importants : premièrement, parce que j’aime le battle et deuxièmement parce que ça me forme. La compétition me permet de m’entraîner encore plus et de m’améliorer. Cela me permet de me remettre en question en permanence et donc de ne pas stagner.

Gagner des battles apporte beaucoup de motivation, de confiance en soi et nous permet d’aller plus loin. Plus on a de titres et plus ils sont importants, plus on est reconnu dans le monde du battle et dans le monde artistique. Dans les battles, le plus important est l’apprentissage qui en découle. Je dis souvent que quand tu perds, tu apprends plus que lorsque tu gagnes. Mes victoires viennent de l’apprentissage de mes « échecs ». Mes défaites sont la raison de mes victoires.

Les femmes demeurent très minoritaires et peu visibles dans le beatbox. Pourquoi d’après toi ? 

Les femmes demeurent très minoritaires et peu visibles à cause des codes sociaux attribués au monde du hip hop. Malheureusement, la plupart des femmes intériorisent ces stéréotypes et c’est dur de s’auto-convaincre du contraire. Je donne des ateliers à de nombreuses femmes et je vois un énorme potentiel en elles ! Mais il leur faut du temps pour le voir comme moi je le vois.

Que faire pour changer ça ?

Le beatbox est une discipline très jeune. Par conséquent, la lutte pour l’égalité dans ce monde est encore plus récente, mais elle commence à porter ses fruits. Plus il y a des femmes sur la scène du beatbox, plus il y aura de femmes qui se donneront une chance de participer et de rejoindre le mouvement. L’influence par l’inspiration est un des meilleurs moyens pour contribuer au changement !

Un autre moyen efficace est de passer par des ateliers de beatbox. Apprendre, motiver et soutenir les femmes dans cette pratique pour qu’elles se sentent comprises et intégrées dans la culture hip hop. Paname Beatbox Hustlers avait créé, avec d’autres associations, les ateliers « Feel My Beat » pour les femmes, dont j’ai fait partie en tant qu’intervenante.

D’ailleurs, les beatboxeurs soutiennent et motivent les beatboxeuses dans ce milieu. Ils veulent aussi l’égalité en ce qui concerne l’effectif des participants et ça c’est encourageant !

Qui sont tes rôles modèles ?

Puisque j’ai beaucoup de rôles modèles féminins, je vais vous en citer seulement quelques-unes : Pe4nkata, Kaila, Fashbox et Lexie T.

Kaila, double championne du monde 2015 et 2018 et Pen4kata, championne du monde 2012, sont des femmes qui ont prouvé qu’il était possible d’avoir le même niveau que les hommes et qu’il n’y a aucune différence ! Elles font partie des meilleurs beatboxeurs au monde.

Je dirais la même chose pour Flashbox, vice-championne du monde en 2012 et triple championne de France. Malgré le peu de femmes inscrites en compétition nationale, elle a persisté et prouvé sa place à l’échelle mondiale.

Enfin, Lexie T, double championne de France, top 4 mondial en 2015 et vice-championne de France en Loopstation en 2018, a été une de mes premières inspirations. Elle fait aussi des tutoriels sur Youtube pour partager son savoir. Ces femmes-là sont des survivantes, des « warriors » qui montrent que certains codes sociaux sont faux. Elles sont fortes, portent un message et méritent leur place.

J’aurais pu encore citer d’autres blazes très importants tels que : Bellatrix, Karlotta, Julieta, Hershe, Chiwawa…

Te définis-tu comme féministe? 

Oui, je me définis comme féministe. Je souhaite inspirer le plus grand nombre de femmes possible, qui ne croient pas en elles et qu’elles sachent à quel point elles sont fortes. Je souhaite également les motiver à s’affirmer. Ma façon de le faire se traduit par mes actions dans la musique et le message que je porte. Un message de motivation et d’ambition que je diffuse en faisant des ateliers et des conférences dans le but d’inciter les femmes à apprendre le beatbox, en participant à des battles mixtes et non mixtes et en montant sur scène pour partager ma musique. J’ai d’ailleurs eu la chance de faire une conférence devant un public féminin, en Suède pour leur « remise de diplômes » d’initiation au beatbox. Cette expérience me motive chaque jour à porter ma voix.

Quels sont tes prochains projets ?

Cette année, je me penche surtout sur la composition. Je compte bientôt sortir de nouvelles compositions en solo, mais aussi à la loopstation sur ma chaîne YouTube  Prichia Beatbox. Je viens de sortir mon premier son, Alive, en version live mix. Pour tout ce qui est battle, je me prépare pour le Female 7 To Smoke Battle – SBX Camp 2020 qui aura lieu au mois d’août 2020 à Cracovie, en Pologne, ainsi que pour les mondiaux.

En ce qui concerne la scène, je compte sortir une deuxième édition de mon spectacle Prichia Beatbox’N’Co. La date sera communiquée dès que la situation actuelle de notre pays sera stabilisée. Toutes les informations sur mes scènes, ateliers, battles et vidéos sont sur ma page d’artiste Prichia Beatbox et de mon association Paname Beatbox Hustlers, sur Facebook et Instagram.

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

Madame Rap est plus qu’un « concept intéressant », c’est un mouvement. Un média qui met à disposition de l’information sur les artistes féminines de manière simple et accessible, mais pas que. Ce que je trouve unique chez Madame Rap c’est que les informations publiées par le média restent fidèles à l’artiste. La seule chose que je pourrais vous proposer c’est de continuer à soutenir le mouvement féminin, dans le hip hop comme dans le beatbox. Un dernier conseil ? Continuez ce beau mouvement et ne cessez jamais de porter votre parole, car le progrès est la clé !

Retrouvez Prichia sur FacebookInstagram et YouTube.

© Charlotte Romer

MCM : « Mon féminisme passe en partie par mon rap »

Figure majeure du rap indépendant au Québec, la rappeuse MCM (Marie-Chantale Mercure) nous parle de sa vocation précoce pour le rap, de son dernier titre avec Fanny Polly et de son féminisme. 

Quand et comment as-tu découvert la culture hip hop ?

Je l’ai découverte très jeune, vers 4 ans, par l’influence de ma mère qui écoutait les Fugees. Je m’en souviens très bien car Lauryn Hill m’a beaucoup marquée. Mais ce n’est qu’un peu plus tard que je suis vraiment entrée dans la culture hip hop grâce à mon grand frère et ma grande sœur que je remercie aujourd’hui. J’ai traversé de dures périodes avec la musique et ça m’a vraiment forgée comme personne. J’avais 8 ans la première fois que j’ai entendu du rap québécois, c’était le groupe 83. Je connaissais les paroles par cœur et je savais très bien ce que je voulais faire plus tard….du rap.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de rapper ?

J’ai toujours eu envie de faire de la musique. Déjà, pendant mon enfance, je voulais être chanteuse. Je faisais tous les spectacles que je pouvais et j’étais dans deux chorales dont celle de l’église. Mais quand j’ai découvert le rap, j’ai su que c’était ce que je voulais faire. Mon frère écrivait déjà et je l’enregistrais sur cassette. Mais ce n’est qu’à 14 ans que j’ai osé enregistrer mes premiers morceaux avec les rappeurs locaux de la ville où j’ai grandi, Chibougamau. J’ai fait mon premier spectacle en tant que MCM dans la ville de Québec à 15 ans et c’est à ce moment que j’ai eu envie de m’investir complètement. J’ai commencé à prendre la musique plus au sérieux et j’ai déménagé quelques mois plus tard dans la basse-ville de Québec pour enregistrer ma première mixtape.

Comment définirais-tu ta musique ?

Je dirais qu’elle est dure à définir. J’ai l’impression de faire les choses différemment sur chaque projet … Par exemple, sur Bonnie and Clyde, c’est assez « hardcore », tandis que sur mon projet La Niña, il y a des morceaux très doux…. Mais en général, ma musique est sombre.
 

Tu viens de sortir le clip Middle Finger avec Fanny Polly. Comment vous êtes-vous rencontrées et comment s’est passée votre collaboration ?

C’est une des collaborations que j’ai beaucoup aimé faire dans ma carrière et qui m’a fait connaître une femme super. Puisqu’à la base on ne se connaissait pas personnellement. Je travaille actuellement sur un album qui réunit des artistes talentueux de partout dans le monde et je voulais inviter Fanny Polly que j’ai découverte dans un Rentre dans le cercle de Fianso. Petite anecdote, elle m’avait remarquée elle aussi dans le Rentre dans le cercle canadien… Donc tout s’est fait très naturellement. Quand je l’ai contactée pour participer au projet, elle m’a dit qu’elle serait de passage au Québec bientôt et j’ai sauté sur l’occasion. En octobre 2019, elle est passée à notre studio, Essentiel Productions. Nous avons enregistré sa partie et tourné le vidéoclip la même journée. 

Les collaborations entre rappeuses sont rares. Pourquoi d’après toi ?

Honnêtement je ne sais pas, mais je sais par contre que dans mon cercle rapproché il n’y a pas d’autre rappeuse, donc c’est peut-être pourquoi c’est plus rare. Il n’y a pas encore de parité dans les festivals donc on se côtoie moins… Tu vois, déjà sur mes deux premiers albums, je tenais à avoir des « girls » en collaborations, mais je n’en connaissais pas personnellement tandis que les « boys » sur mes albums sont des proches. Moi, c’est dernièrement que j’ai connu plus de femmes dans le milieu, quand j’ai commencé à me déplacer à Montréal et à travers le monde dans des évènements mettant en vedette les femmes qui font du rap. C’est là que je me suis sentie vraiment concernée. J’avais trouvé ma place. C’était à Dakar au Urban Women Week que j’ai fait mon premier concert du genre. Ensuite, j’ai participé à d’autres évènements chez moi et ailleurs dont le Femcees Fest en France et la Belle Hip Hop en Belgique qui a eu lieu en mars dernier. J’ai rencontré beaucoup de femmes qui sont devenues des sœurs pour moi et ça fait du bien de trouver enfin des personnes qui nous ressemblent.

Vu de France, on a l’impression que les rappeuses sont très actives sur la scène québécoise. Est-ce le cas ? Quelles difficultés rencontrent-elles ?

Je crois que vu d’ailleurs, l’herbe semble toujours plus verte. On a la même impression vu d’ici sur les rappeuses en France, mais au fond nous avons les mêmes difficultés. Les festivals amènent quelques femmes, mais beaucoup sont laissées de côté. De plus, les rappeuses sont très actives en ce moment, mais les médias pas toujours réactifs à ce que l’on fait. On est toujours dans ce mode de vouloir être LA rappeuse, car les contrats sont peu nombreux. Je trouve qu’on pourrait avoir plus de place dans l’industrie c’est en train d’arriver, selon moi. Je sens vraiment qu’il y a un mouvement collectif avec les femmes qui sont dans le milieu hip hop… Plus nombreuses, plus actives et surtout elles se serrent les coudes. Je l’ai toujours dit et je ne suis pas la seule, on est plus fortes à plusieurs!

Qui sont tes rôles modèles ?

Je dirais que mes modèles changent en fonction du temps. À un moment, je m’identifiais beaucoup à Diam’s et ça reste le modèle de beaucoup de rappeuses de mon âge je crois. Mais actuellement, je m’identifie à ce que font Chilla, Sofiane, Doria, Snow Tha Product et plusieurs autres. Il y a eu aussi Yncomprize qui était active quand j’étais adolescente et qui a fait grandir cette envie de prendre le mic.

Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?

Totalement et je le suis encore plus depuis que je suis devenue maman d’une petite fille. Mon féminisme passe en partie par mon rap. À une époque quand j’ai commencé, je ressentais le besoin de crier que je pouvais le faire…maintenant c’est juste naturel. Mon premier album s’intitule Militante et c’est vraiment là-dessus que je me suis construite. J’ai appris à me faire confiance, m’assumer et à me respecter à travers la musique. Par la suite, j’ai regardé autour de moi, j’ai voyagé et j’ai compris qu’il restait beaucoup de chemin à faire pour nous… Donc à travers toutes ces expériences et cet apprentissage, j’essaie de passer un message dans mes textes. Je pense que le féminisme commence par le respect. Supporter nos sœurs, respecter les femmes et faire ce qui nous plait. Donc oui, je suis féministe.

Quels sont tes projets à venir ?

Et bien j’en ai parlé un peu déjà, mais je suis en préparation de mon 3e album solo prévu pour le printemps-été 2020. Le projet sera en collaboration avec une majorité d’artistes féminines de partout dans le monde ainsi que quelques hommes. C’est un projet qui me tient énormément à cœur et je suis impatiente de le présenter. Et sinon, j’avais plusieurs spectacles de prévu qui sont annulés ou reportés en raison du Covid-19. Donc en ce moment, on se consacre à la production et la famille!

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

J’ai découvert beaucoup d’artistes grâce à Madame Rap. J’ai beaucoup d’amour pour ton travail. Bravo et merci pour ce que tu fais !!

Retrouvez MCM sur FacebookInstagram et Bandcamp.

© Stecie April