NOM : Gizzy P
TITRE : Shot In Beats
ANNÉE : 2021
PAYS : Mexique, Durango
NOM : Gizzy P
TITRE : Shot In Beats
ANNÉE : 2021
PAYS : Mexique, Durango
NOM : Goldy
TITRE : Manny
ANNÉE : 2021
PAYS : France, Saint-Denis
NOM : A Rabela
TITRE : Animais insubordinades
ANNÉE : 2021
PAYS : Galice, Espagne
NOM : Double Em
TITRE : Drown
ANNÉE : 2021
PAYS : Australie, Melbourne
4 novembre 2020. Saaphyra, Veemie, Tehila Ora, Lil So, Laady Land, Lena Morgane, Mina West et Mely, 8 rappeuses et chanteuses marseillaises, débarquent avec une cover du hit Bande organisée de Jul et comparses.
Avec ce titre, qui oscille entre parodie, hommage et revendication, les 8 artistes rappellent que la chanson originale fait l’éloge de la bouillonnante scène hip hop marseillaise, mais occulte les femmes artistes qui la composent. Dans une démarche clairement féministe, les MCs entendent démontrer qu’elles sont tout aussi compétentes que leurs collègues hommes. Et ça, ça énerve. Rapidement, des réactions hostiles et insultantes fleurissent sur les réseaux (pour garder sa foi en l’humanité, ne pas lire les commentaires sur YouTube).
Comme toujours, des internautes prennent courageusement la parole, derrière de fausses photos, des pseudos et une syntaxe souvent bancale, pour vomir des préceptes d’un autre temps : les artistes sont accusées d’être moches, de ne pas savoir rapper/chanter, d’être des « putes »… Certains sont des fans hardcore outrés par cette dénaturation de leur hymne fétiche, d’autres des « rageux », d’autres des trolls classiques, qui, nous dit-on, ne méritent pas qu’on leur prête attention.
Pourtant, on sait désormais que ces injures, bien que proférées virtuellement, ne sont pas « rien » et affectent bel et bien la santé mentale et physique des individus qui les reçoivent au même titre que des violences subies IRL. On rappelle que l’outrage sexiste et le cyberharcèlement sont punis par la loi : des amendes de 90 à 1500 euros pour l’un et des peines pouvant atteindre 30 000 euros d’amende et 2 ans de prison pour l’autre.
Cyniquement, le bad buzz fonctionne. Grâce à son million de vues, Bande Organisée Version Féminine attire l’attention de plusieurs médias généralistes (qui découvrent à l’occasion qu’on peut trouver 8 rappeuses dans une même ville tout-n’est-pas-perdu.)
Le 19 décembre, les MCs phocéennes mettent en ligne un second clip intitulé On fout la m****, track festif efficace qui célèbre à la fois leur alliance et leur singularité.
Madame Rap le relaie sur ses réseaux le 4 janvier, après les vacances de Noël. Très rapidement, sur notre page Facebook, d’affreux commentaires font irruption. Le problème ? Saaphyra, Veemie, Tehila Ora, Lil So, Lady Land, Lena Morgane, Mina West et Mely rappent alors qu’en tant que femmes, leur place serait à la cuisine. Ben voyons.
Deuxième problème : elles ressemblent à des hommes, ce qui serait scandaleux et repoussant pour une femme. Original (et moderne.)
Notez que certaines utilisatrices, ou du moins des comptes se présentant comme appartenant à des femmes, participent aussi aux festivités.
Ces relents passéistes seraient risibles s’ils n’étaient pas accompagnés de véritables insultes sexistes et lesbophobes, assorties de racisme, grossophobie ou slut-shaming.
Madame Rap supprime certains commentaires haineux et bannit leurs auteurs. Petite précision d’ailleurs, les captures d’écran des commentaires sont anonymisées non pour protéger l’identité des auteurs, mais pour montrer qu’ils traduisent un fonctionnement systémique et non des abus d’individus isolés. Car c’est aussi ça le patriarcat.
Si Madame Rap s’évertue à répéter depuis plus de cinq ans que le rap n’est pas la musique la plus misogyne qui existe, que son public est prêt à accueillir et soutenir des rappeuses, et qu’il ne faut pas accabler le hip hop des pires maux, ce genre de shitstorm s’avère peu encourageant.
Bien sûr, chacun·e a le droit de ne pas apprécier ce morceau et ces artistes, mais pourquoi tant de haine ?
Le public est-il réfractaire à l’idée de voir émerger un groupe de rappeuses – fait rarissime dans l’histoire du hip hop français ?
Ces internautes sont-ils des amateurs de rap ?
Des trolls en mission ?
Des hommes qui se sentent menacés dans leur masculinité par l’incursion de ces rappeuses et des normes qu’elles déconstruisent ?
Des machos québlos au Moyen-Âge qui pensent que le rap et Marseille sont l’hégémonie des hommes (à part Keny Arkana) ?
S’agit-il d’une manifestation de la légendaire rivalité PSG-OM ou Nord/Sud ?
Ou tout simplement de cette bonne vieille misogynie impunie et si prospère sur les réseaux ?
Saaphyra, Veemie, Tehila Ora, Lil So, Lady Land, Lena Morgane, Mina West et Mely sont des femmes, mais surtout, elles sont plusieurs. Elles font groupe et ça fait peur. Leur simple existence fait office de révélateur. Oui, en 2021, malgré toutes les avancées en termes d’inégalités de genre, les femmes, et par conséquent les rappeuses, continuent d’être objectifiées, discriminées, déligitimées et assignées à des rôles de douceur ou de soumission.
En tout cas, il semblerait que Bande Organisée Version Féminine ait touché une cordé sensible. Quelle que soit notre opinion sur ce groupe, il illustre indéniablement une évolution positive du rap. Ces artistes participent à construire d’autres rôles modèles et nous rappellent que les femmes, les rappeuses et le rap sont multiples. Ceux qui freinent des quatre fers et opposent toutes les résistances possibles face à ce changement vont être déçus : le monde et le rap changent sans eux.
NOM : Miss Money
TITRE : Sundays
ANNÉE : 2021
PAYS : États-Unis, Pittsburgh
NOM : Ruthy Lebron
TITRE : Trinity
ANNÉE : 2021
PAYS : États-Unis, New York, Brooklyn
NOM : Rap-Unzel
TITRE : Neva
ANNÉE : 2021
PAYS : États-Unis, Virginie, Richmond
NOM : Brezzy Monroe
TITRE : Damn Son
ANNÉE : 2021
PAYS : États-Unis, Alabama, Birmingham
La rappeuse islandaise Countess Malaise nous parle de son dernier single That Bitch, extrait de son prochain album « All By Myself », et de son féminisme « pro-sexe, radical, honnête, vulnérable.«
D’où vient le nom Countess Malaise ?
À l’époque où je réfléchissais à un nom de scène, j’étais en train de lire une BD intitulée Modesty Blaise et je traînais en studio avec mon ex Lord Pusswhip. Je plaisantais en disant « tu penses quoi de Modesty Blaze ? » et il m’a répondu « Countess Malaise » ? J’ai décidé de regarder ce que signifiait le mot « malaise » (une sentiment global d’inconfort ou de maladie dont la cause exacte est difficile à identifier) et je me suis dit « OK, c’est exactement ce que je ressens en permanence, donc je crois que je vais m’appeler comme ça. »
Parfois, je me dis que je devrais peut-être changer de nom parce que je n’ai pas envie de ressentir ça, mais j’ai l’impression que le message aujourd’hui est davantage devenu « je suis écœurante ».
Quand et comment as-tu découvert le hip hop et comment as-tu commencé à rapper ?
C’est une super longue histoire, je vais essayer de faire court. J’ai découvert le hip hop par mes oncles, la télé et la radio. J’ai grandi avec du karaoké à la maison et chanter et performer a toujours fait partie de ma vie. Dès le plus jeune âge, j’ai commencé à écrire des histoires et des poèmes sur ma vie. J’avais des carnets remplis de dessins et de textes dans des boîtes.
Mais à l’âge de 19 ans, je me suis retrouvée dans une relation abusive avec un homme violent et obsessionnel. J’ai arrêté d’écrire pendant longtemps, et quand je suis finalement sortie de cette relation abusive, hantée par des troubles de stress post-traumatique, j’ai recommencé à traîner avec Pusswhip et à écrire. On a commencé à faire de la musique ensemble et à croire l’un en autre.
C’est comme ça que ça a commencé. Le fait d’écrire, de rapper et de performer m’a poussé à continuer à me battre malgré la douleur et les souvenirs.
Quel titre conseillerais-tu d’écouter en premier à quelqu’un qui veut découvrir ta musique ?
That Bitch. Parce que ça claque et c’est à la fois sauvage et vulnérable. Ou un vieux cru comme Goddam I love my man. Parce que ça montre mon côté plus doux, et j’y parle explicitement de sexe, du fait d’être amoureuse et de me sentir profondément aimée.
Tu viens de sortir le titre That Bitch. Est-ce qu’il annonce la sortie d’un nouveau projet ?
Oui, c’est le single de mon prochain projet “All By Myself”. J’avais prévu de le sortir pour Halloween, comme mon précédent projet “Hystería”, mais cette année a été tellement merdique que j’ai décidé de sortir d’abord That Bitch et de repousser la sortir de l’album à début 2021. Mais ça va arriver vite !
Tu dénonces régulièrement le sexisme et la culture du viol dans tes textes. En quoi le rap représente t’il un outil pour exprimer tes idées féministes ?
Le rap vient initialement de l’oppression subie par les Noirs et de leur besoin de faire entendre leurs voix et de se faire respecter. Les femmes et les BIPOC (Black Indigenous People Of Color) sont encore là-dedans aujourd’hui, à se battre pour leurs droits… Donc c’est naturel d’utiliser l’un des genres musicaux les plus influents pour véhiculer ce message et continuer à lutter contre un système sexiste et raciste en tous points.
Comment définirais-tu ton propre féminisme ?
LGTBQ+, BIPOC, radical, honnête, vulnérable et pro-sexe.
Qui sont tes rôles modèles ?
Missy Elliott, Björk, Lisa “Left Eye” Lopez, Gangsta Boo, La Chat et The Lady of Rage.
Y-a t’il beaucoup de rappeuses sur la scène hip hop islandaise ?
Il y a peu de femmes. Peu de choses se passent en ce moment en tout cas. Mais je ne me limite pas à l’Islande. J’ai des sœurs dans le monde entier et je veux être internationale.
Quels sont tes projets à venir ? En quoi la pandémie de coronavirus impacte tes activités ?
Je travaille sur les clips et le merchandising de “All By Myself”. Aussi sur des collaborations avec des artistes mortels, principalement via internet.
Le coronavirus a foutu mes plans en l’air, mais comme le dit un proverbe de chez nous, le désespoir apprend à une femme nue à coudre.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je suis très enthousiasmée par Madame Rap. Je trouve qu’une plateforme dédiée aux LGBTQ+ dans le hip hop/le rap est vraiment un super moyen de construire un sentiment de communauté et de découvrir des artistes.
Je trouve que ce serait génial d’avoir une liste de producteurs sur votre site. J’ai aussi envie de voir plus de producteurs femmes et LGBTQ+ !
Retrouvez Countess Malaise sur Facebook, Instagram et YouTube.
Originaire de Seine-et-Marne, puis passée par Rennes et Toulouse avant de revenir en banlieue parisienne, la rappeuse Bonnie alimente les réseaux de clips et freestyles depuis deux ans. L’artiste (et étudiante à plein temps) nous parle de son parcours et de ses projets.
Dans ta bio Insta, tu indiques « 77 / Rennes / Toulouse ». Peux-tu nous expliquer ces différentes localisations ?
J’ai grandi en banlieue parisienne, depuis quelques années ma mère habite à Melun, dans le 77. À la sortie du lycée, j’avais 16 ans et envie de quitter le nid le plus vite possible alors j’ai entrepris des études sur Rennes, j’y suis restée 2 ans. Je n’ai pas appris grand-chose à Rennes 2 mais j’ai rencontré une flopée de gens vraiment intéressants qui m’ont motivé à m’investir dans le rap.
Suite à ça, je suis partie à Toulouse pour bosser et commencer à investir en moi. Je n’’avais jamais sorti de son, tourné de clip ou quoi que ce soit. C’est là-bas que je me suis réellement confrontée à mes premières difficultés en tant qu’artiste.
Aujourd’hui, j’ai repris des études dans le son et je suis de retour en région parisienne, mais je garde un attachement particulier à ces deux villes, j’y suis souvent et j’ai pas mal de contacts là-bas. Puis finalement, ce serait faux de me définir comme une rappeuse parisienne plus que rennaise ou toulousaine, donc j’avais besoin de faire figurer les trois !
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
Ça va avoir l’air hyper bateau, mais quand j’étais petite mon père m’a montré 8 Mile (je devais avoir 5-6 ans) et ça m’a complètement matrixée, j’me suis mise à 200 % dans le rap très tôt. Puis, j’ai dérivé sur d’autres styles musicaux, le punk, le ska, la soul… Mais je suis une enfant du hip hop sans aucun doute.
Quels artistes écoutais-tu quand tu étais plus jeune ?
J’ai mis très longtemps à apprécier le rap français, j’étais à fond sur Tyler the Creator, Cashis, Pac … Michael Jackson aussi. À ne pas omettre, sûrement l’artiste que j’ai le plus saigné dans ma vie, il m’a ouvert l’esprit sur toutes les facettes d’un artiste, vraie source d’inspiration.
Comment travailles-tu tes textes et choisis-tu tes prods ?
Chaque texte trouve son identité, y compris dans sa conception en réalité, enfin je ne parle que pour moi bien sûr. Aujourd’hui, j’écoute très peu de musique, beaucoup d’instrus. Je ne les choisis plus vraiment, j’écoute ce qu’on m’envoie et ça tourne en boucle jusqu’au moment où, entre toutes les idées que je peux avoir, j’aperçoive la bonne.
En quoi les réseaux sociaux permettent-ils de faire évoluer ton projet musical ?
Les réseaux sociaux, c’est un berceau de créativité incroyable, ils me servent surtout à bien comprendre les tendances. Je trouve qu’on vit une époque où les gens ont peur de créer parce que « tout a déjà été fait ». En réalité, passez quelques minutes sur Instagram, sur des profils de rappeurs méconnus et indé, et vous verrez assez vite qu’il ne faut pas trop écouter les « on-dit ».
Quelles sont les femmes, connues ou pas, qui t’inspirent ?
Dans le rap français, je suis obligée de parler de Casey ! Je trouve qu’elle colle énormément à mon mental : inutile de se survendre, fais ton truc, fais-le bien et démontre-le par les actes. Pas besoin de toujours être en quête de justice parce que je suis une femme dans un milieu d’hommes, non. Si je suis douée et que je fais les choses bien, ils ne pourront plus me dénigrer sur mon genre.
Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?
Évidemment que je suis féministe, l’inverse serait insensé. Après, je n’attends pas du système ou des gens qu’ils changent, je n’ai pas confiance en eux. De toute façon, je crois sincèrement que ma génération va changer les mœurs. Qui n’est pas avec nous est contre nous.
Ma position, c’est celle que je défends dans la réponse précédente : on va s’imposer. À voir si on est accueilli les bras ouverts ou si il faudra le faire de force.
Le rap est-il ta principale activité aujourd’hui ?
Archi pas, pour l’instant le rap ça me rapporte walou mdr ! Je suis étudiante, je suis une formation liée à la musique, je bosse à droite à gauche pour payer le stud et les clips. Débrouillarde à jamais !
Quels sont tes projets à venir ? En quoi le Covid impacte t-il sur ton activité ?
Avant la fin de l’année, je vais vous dévoiler mon premier projet, un EP aux influences très rap. Je voulais faire ce premier projet pour introduire la suite. Il traite notamment de mon état d’esprit quant au fait d’être une jeune artiste qui galère pour sortir du lot. J’espère que vous l’apprécierez !
Perso, le confinement m’a fait graaaand bien, si ça pouvait être comme ça plus souvent ce serait merveilleux. Après, pour monter sur scène c’est très problématique, pas de mini-tournée pour promouvoir le premier EP, c’est hyper déceptif, mais c’est comme ça. Mais je ne suis pas une artiste assez « importante » pour que l’impact soit trop violent, puis gros tu connais, nous on est comme les cafards, on survit à tout !
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Changez rien les meufs, on est ensemble. Allez voir le taf de R’May sur Instagram, une sacré kickeuse. Bientôt elle et moi on va travailler ensemble, vous allez adorer !
Retrouvez Bonnie sur Instagram et Soundcloud.
© Le Grand Tissma
NOM : Billy B
TITRE : Bacc
ANNÉE : 2021
PAYS : Brooklyn, New York, États-Unis
NOM : Ryfa Ri
TITRE : GRO$$-POL
ANNÉE : 2021
PAYS : Pologne
NOM : Gilow
TITRE : CarpeDiem
ANNÉE : 2021
PAYS : Pérou
NOM : Meba Ofilia
TITRE : The Journey ft. Khasi Bloodz
ANNÉE : 2021
PAYS : Inde
NOM : xBValentine
TITRE : Midnight Ln
ANNÉE : 2021
PAYS : Mexique/Austin, États-Unis
NOM : Kali
TITRE : Do A Bitch
ANNÉE : 2021
PAYS : États-Unis, Los Angeles
NOM : Lunah Latinah
TITRE : Get Ready
ANNÉE : 2021
PAYS : Chili
NOM : Awa Khiwe
TITRE : Ngeke Bengimele (Perfomance Video @ Stallion On The Beats Season 1, Episode 1)
ANNÉE : 2020
PAYS : Zimbabwe