Découvrez notre podcast Madame Talk avec le rappeur/chanteur suisse Ash Calisto !
Rappeur, chanteur et artiste indépendant, Ash Calisto vit à Lausanne en Suisse romande. Métisse d’origine guinéenne et espagnole, il grandit à Cossonay, une petite commune dans le canton de Vaud, à l’ouest du pays où il est « l’un des seuls Noirs de la ville« .
Il découvre la musique avec la radio, notamment Nostalgie, puis le rap avec MC Solaar. Il apprend la flûte à bec pendant huit ans et le chant à la chorale de son école.
C’est en 2018 qu’il crée le personnage d’Ash Calisto, lors d’un séjour en Espagne où il a vécu pendant un an et demi. Alors que « Ash », fait référence à son prénom Sasha, « Callisto » désigne l’une des lunes de la planète Jupiter.
Les astres et les comètes sont omniprésents dans l’univers onirique et inclassable d’Ash Calisto. Tel un OVNI venu d’une autre galaxie, il mélange des sonorités électro, neo soul, rap, jazz et afro-latines. Multilingue, il écrit en français, en espagnol et en anglais et compose, mixe et masterise lui-même ses morceaux.
Si son refus de se conformer peut le desservir, dans une société qui affectionne les étiquettes et aime mettre les individus dans des cases, Ash Calisto se reconnaît dans le terme queer, qui définit pour lui le fait de ne pas être dans la norme et permet d’être qui on veut.
L’artiste nous parle de son processus de création, de son identité d’homme noir et queer, de l’homophobie dans le rap, de la scène artistique suisse et de son prochain projet Projection astrale.
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Si Barcelone est réputée pour être l’un des spots européens du street art, la capitale catalane regorge aussi de nombreux talents dans le domaine du rap. Depuis la fin des années 2010, la ville de Gaudi voit émerger un nombre croissant de rappeuses, empruntant tant à l’électro, qu’à la trap, au reggaeton ou à la salsa. Au menu, des textes puissants, festifs, désabusés, féministes ou explicites qui n’ont rien à envier aux rappeurs les plus populaires.
Des noms comme Santa Salut, Elane, Las Ninyas del Corro, Anier, Tribade ou Bad Gyal sont déjà des références, des artistes et des groupes qui ont laissé une empreinte indélébile sur la scène musicale et culturelle locale et nationale grâce à leur style, leurs paroles et leur engagement social.
Mais quelle place pour les artistes émergentes sur la scène locale ? Le public est-il prêt à les accueillir ? Comment faire pour les rendre plus visibles ? Les rappeuses barcelonaises Cardden, Zeidah et Asma Ramirez nous apportent leurs réponses.
Née à Barcelone, Cardden a grandi dans un environnement musical, avec un père mélomane et une mère amatrice de musique romantique. Elle écrit ses premiers textes en 2015, à l’âge de 15 ans, encouragée par un ami de longue date qui fait du rap.
« J’écrivais pour me défouler. La nuit, je retranscrivais tout ce qui m’arrivait ou me passait par la tête. Mes paroles avaient toujours un sens, un message. J’ai alors commencé à chercher des prods sur YouTube, jusqu’au jour où nous avons nous écrit un titre ensemble avec mon ami et que nous l’avons enregistré chez lui. C’était ma première fois derrière le micro, je me souviens que j’étais très excitée et nerveuse. Je n’ai jamais cessé d’écrire depuis, c’est devenu une thérapie. »
Également barcelonaise de naissance, Zeidah a grandi dans le quartier de Pueblo Seco et vit dans la Sagrada Familia depuis quelques années. C’est à l’âge de 17 ans qu’elle découvre l’écriture et s’amuse à relater ses journées au lycée dans des textes.
« C’était en 2004 environ. J’ai fait quelques maquettes sur ordinateur et les ai données à mes amis de l’époque. Quelque temps après, j’ai donné mon premier concert dans une salle qui s’appelle ZooClub. »
En 2008, elle publie deux chansons sur sa page MySpace et sort en 2009 sa première démo enregistrée en studio, Verbal Justice, sur le site HHGroups.
En plus de dix ans, Zeidah a assisté à l’évolution de la scène barcelonaise, devenant plus variée et plus inclusive.
« Je me souviens que quand j’ai commencé, nous étions deux ou trois filles au maximum. Je sais qu’il y en a beaucoup plus aujourd’hui. Je suis ravie de voir des artistes qui rappent depuis très peu de temps et qui réussissent à se faire connaître grâce à leurs réseaux sociaux et leurs clips. »
Cardden observe également une présence accrue de rappeuses sur la scène barcelonaise.
« Les rappeuses deviennent incontournables. Je pense qu’il y a beaucoup de talents inconnus qui mériteraient d’être entendus, mais il y aussi beaucoup d’artistes qui débarquent et qui frappent fort. »
Asma Ramirez, rappeuse chilienne basée à Barcelone qui a commencé à rapper en 2000 « en faisant des street freestyles avec plusieurs rappeurs du quartier », se félicite de ce phénomène :
« il y a de bonnes rappeuses dans toute l’Espagne et à Barcelone, mais je pense que nous devons nous soutenir davantage entre nous. »
Pour Zeidah, cette absence de reconnaissance et de solidarité provient avant tout de l’industrie musicale. Elle déplore une situation qui évolue peu avec le temps :
« j’ai toujours ressenti très peu de soutien et de respect, ou du moins pas le même soutien et le même respect que l’on accorde aux rappeurs (beaucoup moins de rappeuses dans les festivals par exemple.) Actuellement, grâce à quelques femmes qui ont réussi à « viraliser » leur musique, davantage de rappeuses sont programmées. Néanmoins, c’est encore très inégal alors que le public, femmes comme hommes, réclame de plus en plus de rap fait par des femmes. »
Malgré ce constat, Cardden estime ne pas subir de discriminations sexistes de la part de son public.
« Ceux qui ressentent la musique ne la jugent pas. Globalement, l’accueil du public est fantastique, mais il y a toujours de tout. Ce sont généralement des proches, qui aiment interagir et partager avec nous, et des personnes ouvertes qui s’identifient à ce qu’on peut transmettre dans nos chansons.»
Contrairement à Cardden, Zeidah rapporte avoir parfois subi des discriminations sexistes au cours de sa carrière.
« Par exemple, quand je contacte des médias pour annoncer une sortie ou donner une info, ils m’ignorent mais relaient l’actualité de rappeurs hommes les jours suivants. Aussi, je reçois surtout des invitations de festivals ou d’événements féministes, mais reçois toujours peu ou pas de propositions de la part de festivals de rap ou de hip hop généralistes. Certains ingénieurs du son ou artistes ont également essayé de me rabaisser ou de me renier parce que je suis une femme. Enfin, de la part du public, il y a le classique : ‘tu es très douée pour une femme’. »
Selon Asma Ramirez, il existe encore beaucoup d’événements hip hop où le public est quasi exclusivement masculin. Même s’il serait nécessaire d’y inviter plus de femmes, elle considère que les blocages des rappeuses s’avèrent surtout psychologiques.
« Personnellement, je me suis toujours bien fait accepter de la part des hommes et j’ai toujours évolué dans un entourage très masculin. Ils me respectent et savent que je ne joue pas à des jeux. Les rappeuses ne font généralement pas attention aux rappeurs machos. Nous sommes des guerrières et nous pouvons tout affronter. »
Les trois rappeuses entretiennent des liens solides avec d’autres MCs barcelonaises et multiplient les collaborations. Cardden a notamment travaillé avec la rappeuse de 20 ans Kolde843, qu’elle considère « comme (sa) petite sœur », Zeidah avec son amie chanteuse Marga Mbande et Asma Ramirez avec la rappeuse Mackiu.
Zeidah et Asma Ramirez ont également toutes deux participé au cypher « Unity », qui réunit huit rappeuses et chanteuses basées dans la capitale catalane. « À Barcelone on se connaît toutes, on sait qui est qui, ou du moins celles qui sont plus actives », explique Asma Ramirez.
Pendant que Cardden travaille au lancement de sa propre marque de vêtements, elle se donne du temps pour réfléchir à l’orientation artistique qu’elle souhaite prendre dans sa musique :
« je veux continuer à m’améliorer et à collaborer avec de nouveaux artistes et découvrir de nouveaux lieux. Je veux m’ouvrir à de nouveaux genres, jouer avec la diversité des langues et des styles musicaux. Mais pour tout cela, je dois d’abord travailler sur moi, c’est un processus indispensable. »
Pour sa part, Zeidah collabore avec Vagina Prods, boîte de production composée exclusivement de femmes qui réalisent leurs propres clips et offrent la possibilité à d’autres artistes de fabriquer des vidéos ou d’organiser des événements.
« Je voudrais remercier les sites comme le vôtre pour votre travail, toujours nécessaire, en faveur des femmes qui rappent. »
Rappeuse émergente d’origine algérienne et basée à Chelles (Seine-et-Marne), RMBO vient de sortir son premier album JRV. Elle nous parle de son parcours dans le hip hop, de son univers artistique et de ses projets.
Quand et comment as-tu découvert la culture hip hop et le rap ?
J’ai grandi dans la rue et j’ai toujours baigné dans la culture du hip hop. Les premiers consommateurs de rap sont les ghettos. Le rap, c’est la musique de tout le monde.
Depuis quand rappes-tu ?
Je rappe depuis l’adolescence. À l’époque, quelqu’un avait posté l’un de mes morceaux en anonyme. Il avait fait quelques centaines de milliers de vues mais j’étais jeune et c’était difficile vivre de ma passion. Donc je suis partie bosser et j’ai pris le temps de me structurer pour faire quelque chose de plus professionnel. Ma vie quotidienne et mon vécu m’ont poussé à me lancer. Je ressentais le besoin de partager tout ça.
D’où vient le nom RMBO ?
Mon entourage m’appelle comme ça depuis que je suis toute petite parce que je suis une combattante. Je ne recule jamais devant rien dans la vie en général.
Comment définirais-tu ta musique ?
Ma musique est universelle et n’exclut personne. Au contraire, elle rassemble tout le monde, c’est un cri de paix qui vient des tripes.
Comment travailles-tu sur tes morceaux ? As-tu une équipe qui t’accompagne ?
Je travaille sur mes musiques de manière approfondie, j’essaye d’y mettre le fond et la forme au maximum à chaque fois. J’ai une équipe de beatmakers à mes côtés : LA BAZEPROD, ForMidhable, et DJ Baze qui sont dans le rap depuis 2001 et qui ont travaillé avec pratiquement tout le rap français. Ils m’apportent professionnalisme et rigueur. Nous sommes très complices musicalement parlant. ForMidhable m’accompagne et manage jusqu’à la réalisation du titre en studio.
Tu as sorti trois clips ces deux derniers mois. Quelle image souhaites-tu renvoyer à travers tes visuels ?
Je ne calcule rien. J’y vais vraiment au feeling et j’essaye de rester moi-même avant tout en évitant à tout prix de jouer des rôles.
Comment écris-tu ? As-tu des routines particulières ou des thèmes de prédilection ?
Là aussi, je ne calcule rien. J’écris ce qui me touche. C’est ma vie qui dirige ma plume.
Quel·les sont les artistes qui t’inspirent ?
J’ai beaucoup de respect pour tous les artistes du monde entier. J’écoute de tout mais pour le rap, j’ai de l’affection particulièrement pour toutes ces artistes chez qui je me retrouve et je me ressens comme Casey, Diam’s et Keny Arkana. Leur parcours est exemplaire pour moi.
Te définis-tu comme féministe ?
Non, je ne me définis pas comme ça. Je suis juste un être humain. Je suis pour le respect des personnes, peu importe leur genre ou leur appartenance. Je suis contre toute forme de sectarisme.
Quels sont tes projets à venir ?
L’album JRV qui vient de sortir prochainement, puis un second déjà en route. Pourquoi pas créer un label et produire de nouveaux talents qui sont de l’autre côté du mur, mais surtout continuer à travailler dur pour atteindre mes objectifs.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Bravo à vous. Aucun média ne parle des rappeuses autant que vous. Je vous souhaite le meilleur pour la suite, grosse force à vous !
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