VIDÉO – 13 rappeuses françaises avant Diam’s

Découvrez notre sélection de 13 rappeuses françaises qui existaient avant Diam’s !

Diam’s est au rap français ce que Jésus-Christ est au calendrier grégorien. Il y a un avant et un après. En effet,  on demande encore régulièrement aux rappeuses actuelles de se positionner par rapport à elle, et les médias dominants et majors continuent de chercher sa remplaçante. Cette théorie laisse entendre qu’aucune artiste digne de nom n’aurait émergé sur la scène rap hexagonale depuis, ou encore qu’il n’y aurait de la place que pour une seule rappeuse, tant les femmes sont jalouses et compétitives entre elles mais-oui-bien-sûr.

Autre effet pernicieux, cette allégation a tendance à invisibiliser les rappeuses qui ont officié avant Diam’s. Pourtant, quand l’artiste débarque avec l’album Premier Mandat en 1999, après une première apparition en 1997 sur le titre « Cocktail Explosif » featuring 13 Or et 16 Ar et issu du vinyle du même nom produit par Royal Produkshun, de nombreuses femcees sont actives sur la scène rap depuis une dizaine d’années.

De 1990 à 1998, voici une sélection non exhaustive de 13 rappeuses pionnières, sans qui le rap français actuel ne serait pas ce qu’il est.

 

Avec :

Drinu : « J’ai choisi de ne pas me censurer ou censurer ma sexualité »

Rappeur queer polonais, Drinu s’est fait connaître en 2021 avec son album PROJEKT GEJ x RAP. Présenté par les médias comme le premier MC gay de Pologne, l’artiste nous explique pourquoi cette formulation est réductrice et pourquoi il affectionne peu les étiquettes. Drinu nous raconte également sa passion pour la country et Lil’ Kim, son processus de création, et ses projets.

Peux-tu te présenter brièvement ? Qui es-tu? D’où viens-tu ? Comment t’identifies-tu et quels pronoms devons-nous utiliser ?…

Mes amis m’appellent Jędrzej, à l’étranger on m’appelle Andrew, et dans la musique, Drinu. On m’a donné ce surnom dans l’un de mes endroits préférés sur la planète – une île charmante que j’ai visitée pour la première fois il y a des années et que j’ai surnommée Paradiso.

Je suis né à Parczew, une petite ville dans l’est de la Pologne. Je ne m’en souviens pas du tout, car mes parents ont immédiatement déménagé à Lublin (également dans l’est de la Pologne). Pour mes études, j’ai déménagé à Varsovie, où j’ai passé près de dix ans.

Je m’identifie comme un homme gay. Néanmoins, pour être honnête avec vous, je ne suis pas un grand fan des étiquettes et du besoin qu’ont les gens de se définir avec autant de précision, même si je sais c’est politiquement incorrect de dire ça.

Quand et comment as-tu commencé à rapper ? 

Le rap est né de ma passion pour l’écriture et du fait que j’étais attiré par la musique hip hop depuis le début de mon adolescence. Un jour, j’ai commencé à écrire un poème et j’ai essayé de le rapper sur un beat gratuit que j’avais trouvé sur Internet.

Au début, je rappais sur un radiocassette et j’enregistrais avec mon téléphone. Puis, je me suis procuré un micro et j’ai improvisé un studio dans ma cuisine. Et c’est comme ça que j’ai commencé à concocter de la musique. J’ai plongé dans l’inconnu, pas à pas, jusqu’à la fin de la vingtaine.

Comment décrirais-tu ta musique et ton identité artistique ?

En plus du hip hop, j’ai toujours aimé la musique country. Dans les deux genres, une chose compte avant tout : la vérité. Je dis ma vérité sur des rythmes essentiellement boombap, ceux qui sont les plus enracinés en moi.

La musique n’a jamais été un moyen de construire une carrière ou d’obtenir du succès, de l’argent, ou honnêtement – même le sentiment d’accomplissement.   D’une manière ou d’une autre, j’ai eu tout cela avant même d’oser écrire mes premières mesures. Il s’agit avant tout d’être fidèle à ce que je suis et à ce que je veux partager avec le monde.

Quel est ton processus de création ? Comment écris-tu ou choisis-tu tes beats ? As-tu des thèmes préférés ou des routines? …

Mon premier single « Tacy sami » (« Égaux ») a commencé comme un poème. Mais c’était comme une aventure d’un soir, ça ne s’est pas toujours passé comme ça par la suite. Le plus souvent, je trouve un beat qui me parle, une partie du refrain ou quelques phrases me viennent à l’esprit. Ensuite, cela m’amène à une thématique et le plaisir continue.

Je pense que j’ai parfois besoin d’un peu plus de discipline dans ce que je fais. J’ai des beats frais mais classiques sur mon disque dur, qui attendent que je les prenne en main. Mais que dire ? En général, ça me parle tout de suite ou pas du tout.

Quelle est la chanson dont tu es le plus fier à ce jour et pourquoi ?

Ma réponse nécessite un peu de contexte. Mon petit bijou personnel est « Bądźmy sobą » (« Soyons nous-mêmes »), qui contient un couplet de Gonix, une rappeuse, productrice et autrice-compositrice polonaise extrêmement talentueuse.

Vers 2020, j’étais déjà fan d’elle depuis sept ou huit ans. J’ai composé une chanson intitulée « Nie rusz mnie » qui attendent (« Ne me touchez pas ») pour contribuer, aussi bruyamment et énergiquement que possible, à la grève des femmes en Pologne. Je l’ai enregistrée dans ma cuisine, je l’ai mixée moi-même, et mon petit ami de l’époque (mon fiancé aujourd’hui) en a fait une reprise que nous avons mise en ligne sur YouTube.

J’ai contacté Gonix pour la tenir informée et partager mon ressenti. Sa réaction a été incroyable et ça m’a poussé à lui demander de participer à l’une de mes chansons. Elle m’a dit : « si je le sens, je le ferai. » Et elle l’a fait. Je n’arrive toujours pas à y croire, mais c’est la chanson dont je suis le plus fier.

Et la suivante, « Tacy sami », produite par St. Elmo, un artiste très doué basé à Varsovie qui me fait toujours sentir à l’aise en studio.

Les médias te présentent souvent comme « le premier rappeur gay de Pologne ». Que penses-tu de cette expression ?

Nous sommes en 2023, et c’est sûr que c’est une formulation croustillante pour les médias polonais. Et cela en dit long sur la Pologne, non ? Je ne vais pas mentir, j’ai intitulé mon album PROJEKT GEJ X RAP non pas pour avoir du poids, mais pour provoquer certaines personnes, pour les bousculer un peu. Comme une petite aiguille plantée dans un ballon de baudruche.

De toute façon, je ne me préoccupe pas beaucoup des appellations ou des expressions. Je suis plus que certain qu’il y a eu un tas de rappeurs gays en Pologne avant moi. Qu’ils le disent ou non, c’est une autre histoire.

Le hip hop est souvent considéré comme homophobe. Es-tu d’accord avec cela ? Et pourquoi t’es-tu initialement senti attiré par cette musique ?

Le hip hop n’est pas exempt d’homophobie, de haine envers les femmes ou de masculinité toxique. Il en va de même pour notre société. Dans le hip hop, je vois qu’elle se transforme. Lentement, douloureusement, mais quand même, dans le bon sens. En Pologne, ce n’est peut-être pas encore aussi visible que je le souhaiterais, mais tous les changements ont besoin de temps. Et de voix pour les soutenir.

Quant à mon attirance pour le hip hop, tout a commencé avec Lil’ Kim. Je l’ai découverte avec « Lady Marmalade », puis j’ai plongé dans Hardcore, son premier album. Je n’en revenais pas : quel talent, quel flow, quelle bravoure elle avait et a toujours ! Je me suis ensuite penché sur le catalogue de Biggie, puis sur Junior M.A.F.I.A., et j’ai eu l’impression de découvrir un monde qui m’était inconnu jusqu’alors.

En 2021, tu as sorti ton premier album, PROJEKT GEJ x RAP, qui traite en grande partie d’homosexualité. Comment a-t-il été accueilli par le public polonais ?

C’est justement le problème : il ne s’agit pas de « traiter de l’homosexualité ». C’est une idée que j’ai souvent dû combattre dans les médias polonais. Alors d’accord, j’ai appelé mon album comme ça – et nous sommes en train d’en discuter, n’est-ce pas ? Je plaisante bien sûr, mais comme dans toute plaisanterie, il y a une part de vérité.

PROJEKT GEJ x RAP n’a rien à voir avec l’homosexualité. Il s’agit de moi. Et je suis gay. C’est un album qui parle d’amour, de colère contre la société, de doutes et d’espoirs pour l’avenir. C’est ma vérité. J’ai simplement choisi de ne pas l’édulcorer et de ne pas me censurer ou censurer ma sexualité.

L’accueil qu’il a reçu a dépassé mes attentes. La vague de haine homophobe que j’ai reçue est rapidement devenue insignifiante, car j’ai reçu beaucoup de messages personnels sur Instagram ou par mail. Les gens m’ont dit que je les avais grandi, qu’ils se sentaient représentés, entendus. Je me suis senti fier et j’ai eu l’impression que ça en valait la peine.

C’est ce qui m’a beaucoup manqué quand j’étais enfant ou adolescent. Presque personne n’était ouvertement gay à l’époque en Pologne. Il n’y avait pas une seule chanson d’amour à la radio qui aurait pu suggérer, même de loin, qu’elle parlait d’une histoire entre deux hommes.

Au lieu de cela, nous avions des chanteurs qui sont ouvertement gays aujourd’hui, mais qui adressaient leurs chansons d’amour à des femmes imaginaires, si vous voyez ce que je veux dire (contrairement à l’anglais, le polonais différencie les genres dans la plupart des conjugaisons de verbes…) Quoi qu’il en soit, l’album a joué son rôle à mon sens.

Te considères-tu comme un activiste ?

Personnellement, je connais quelques personnes qui sont de véritables activistes – je n’aspirerais pas à un tel titre. Je fais ce qui est en mon pouvoir pour soutenir les communautés locales, et si je vois quelqu’un qui a besoin d’aide, je lui tends la main.

Mais il existe des héros qui consacrent littéralement la majeure partie de leur vie à se battre pour une cause. Le fait d’être qualifié d’activiste devrait peut-être être un honneur qui leur est réservé.

Es-tu en contact avec d’autres rappeurs·euses queer polonais·es? 

Des rappeurs queers – non. Je n’en ai pas entendu parler. J’ai cependant fait une belle collaboration avec Nick Sinckler, qui est gay, mais qui est surtout un excellent chanteur. Et je suis sincère, il est incroyablement talentueux.

Nous avons remixé une de mes chansons, « Snyyy » (« Rêves »), et il lui a donné un tel coup de fouet que ça vaut le coup de l’écouter. Vous pouvez la trouver sur toutes les plateformes de streaming ou sur YouTube, accompagnée d’une vidéo animée réalisée par Duśka « Zuo » Wacławik.

Maintenant que j’y pense, ce remix figure peut-être sur la liste des titres dont je suis le plus fier avec « Bądźmy sobą ». C’est une ode aux rêves sexuels entre hommes et mon hommage à « Dreams » de Lil’ Kim.

Quels sont tes prochains projets ?

Le nouveau chapitre de ma vie que j’ai entamé récemment va probablement me pousser à me remettre à la musique. Je ne pense pas que je vais faire une folie comme avec mon premier projet et sortir un autre album complet, mais qui sait ! Le temps nous le dira, restez à l’écoute. En attendant, je me consacre à la pâtisserie, qui est une autre de mes passions.

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer et/ou améliorer ?

J’adore ce que vous faites ! Les efforts que vous déployez, les recherches que vous menez, la visibilité que vous donnez – c’est un véritable trésor dans le monde des médias d’aujourd’hui.

Retrouvez Drinu sur Instagram et YouTube.

VIDÉO – 6 titres à écouter cette semaine #26

Découvrez notre sélection de 6 titres à écouter cette semaine !

 

Avec :

  • Crystal – Drill Na Drill (Belgique)
  • Effy – Silence… ça tourne ! (Le Blanc-Mesnil, France)
  • Gender Panik (Hellon & Cheapjewels) – L’appart est trop petit (Belgique)
  • Nikolija – Nicky (Serbie)
  • Santa Salut – Atenea (Espagne)
  • XG – Nothin’ (Japon)

Eesah Yasuke : « Chaque scène est une célébration »

Originaire de Roubaix (Nord) et aujourd’hui basée à Lille, la rappeuse Eesah Yasuke a fait du chemin depuis son premier projet en 2021. Après plus de 80 concerts en 2022, elle vient de sortir le EP Prophétie, dense et introspectif, qui mêle boom bap, rap électro, jersey ou encore afrobeat.

Tu viens de sortir ton nouvel EP Prophétie. Comment te sens-tu ? 

Je ressens beaucoup d’excitation, ce projet est une mise à jour de qui je suis en tant qu‘artiste donc j’ai plutôt hâte de célébrer ce nouveau Moi.

Comment as-tu travaillé sur ce projet ?

C‘est un projet sur lequel j’ai pris le temps de maturer les choses pour aller au plus près de ce que je voulais transmettre, surtout dans la façon de le faire. Je pense à «Chaud l’hiver» notamment, la première maquette qu’on a bossée avec Lucci date de novembre 2021 par exemple.

Sur tous les morceaux, chaque approche est chirurgicale. Les ambiances, adlibs, mélodies, tout a été fait et refait jusqu’à ce que je sois satisfaite du rendu.

Pourquoi as-tu appelé ton EP « prophétie » ?

Je pense qu’il ne pouvait pas se nommer autrement. je suis arrivée avec mon premier projet Cadavre Exquis sans savoir où ça me mènerait. Je n’avais pas franchement de cap précis, et lorsque je vois tout ce qui en a découlé (les prix, les médias, des artistes comme Youssoupha et Oxmo qui valident mon univers), je me dis que c’était prédit. Rien n’est dû au hasard.

J’ai arrêté le sprint brutalement et cet événement a déclenché mon écriture. C’est puissant de se rendre compte que tout était écrit depuis le début, la Prophétie se réalise.

Comment as-tu choisi les prods et les personnes avec qui tu as collaboré ? 

Le choix des prods s’est fait au fur et à mesure du temps et surtout des rencontres. Je pense à Frok qui a produit «Galère» et «Mangeurs d‘hommes». Il m‘a découverte en première partie de Josman et m’a envoyé des prods dès le lendemain. J’ai eu un vrai coup de cœur pour son univers atypique. Après c’est de l’humain avant tout, c’est très important pour moi de matcher avec les personnes avec qui je collabore.

C’est pareil pour Lucci, qui est présent à trois reprises. Le feeling est bien passé et surtout on se comprend en termes d’influences musicales.

Tout part toujours d’un engouement musical à la base puis se confirme par la rencontre humaine. C’est à partir de ce moment que la collaboration démarre.

Qu’est-ce qui te plaît/déplaît le plus dans le studio ?

Ce qui me plaît, c’est ce moment bulle, suspendu, où je suis avec moi-même dans l’énergie créative. C’est intéressant de voir tout ce qui peut sortir de soi lorsque l’on est face à soi-même. C’est un moment de qualité à ne pas négliger selon moi.

Tu as donné plus de 80 concerts en 2022. Quel est ton rapport à la scène ? 

Chaque scène pour moi est une célébration. Je prends conscience de la bénédiction que j’ai de vivre de ma musique, c’est incroyable de vivre cela, j’en suis reconnaissante.

C’est évidemment le rendez-vous avec le public, un moment d‘osmose, de lâcher prise et de défoulement. Chaque scène est sacrée pour DJ Asfalte et Petit Écume (danseur) et moi-même. On essaie toujours de se surpasser.

Nous t’avions interviewée en février 2021 au moment de la sortie de ton EP Cadavre Exquis. Tu as fait beaucoup de chemin depuis. Quel regard portes-tu aujourd’hui sur ce premier projet ? 

C’est vrai que vous donnez la force depuis le début et merci pour cela. Je vois Cadavre Exquis comme une esquisse, un premier jet, mais c’est vrai que j’ai fait pas mal chemin depuis, et mon art a mûri.

Est-ce que ça t’arrive d’écouter tes anciens titres pour travailler ou juste pour le plaisir ? 

Ahah en fait je ne les écoute jamais pour tout te dire. Je pense que beaucoup d’artistes sont comme ça. On a tellement fait de maquettes, d‘allers-retours dans le mixage et mastering qu’après l’écoute se fait rare.

Depuis tes débuts, tu n’hésites pas à explorer différentes sonorités. Y a-t-il un style de rap (ou de musique en général) dont tu te sens la plus proche ? 

C’est vrai que j’aime explorer différentes sonorités. Je ne pense pas avoir de style de rap particulier dont je suis le plus proche. Ce qui est important pour moi c’est la musicalité et les paroles. 

Quel est le morceau dont tu es la plus fière à ce jour et pourquoi ?

À ce jour, sans hésiter je dirais «Mangeurs d‘hommes», pour l’exploration vocale, les différentes tessitures et la D.A que je suis fière d’avoir menée.

Tu as joué au Point Éphémère à Paris pour fêter la sortie de Prophétie. Quels sont tes autres projets ?

Je n’ai pas d’autres projets pour le moment. Prophétie m‘a pris beaucoup de temps. Maintenant qu’il est enfin disponible, je vais laisser le public se l’approprier, et de mon côté, je continue évidemment de créer. Mais pour l’instant, il n’y a pas lieu d’annoncer un nouveau projet.

Que peut-on te souhaiter ?

Que Prophétie puisse s’ancrer dans le temps.

Retrouvez Eesah Yasuke sur Instagram, Facebook et YouTube.

© Noémie Lacote

Playlist #50 – Mai 2023

Retrouvez notre playlist #50 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

Avec :

  • Nayra (France, Saint-Denis)
  • Ash To The Eye (France, Champigny-sur-Marne)
  • Le Lou (France, Strasbourg)
  • Eesah Yasuke (France, Roubaix/Lille)
  • Liza Monet (France, Paris)
  • KT Gorique (Suisse)
  • La Gale (Suisse)
  • Comagatte (Italie)
  • Zamaera (Malaisie)
  • Justina (Iran)
  • Antifuchs (Allemagne)
  • Noel (Allemagne)
  • Liz (Allemagne)
  • Ana Tijoux (France/Chili)
  • Anier & K1za (Espagne)
  • DXVA (Venezuela/États-Unis, Miami)
  • Chung (Jamaïque/Canada, Québec)
  • Raaqel (États-Unis, San Francisco)
  • Connie Diiamond & KenTheMan (États-Unis, New York/Houston)
  • Monaleo (États-Unis, Houston)