VIDÉO – 10 rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ belges à découvrir

Découvrez notre sélection de 10 rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ belges !

Quand on parle de rappeuses belges, on pense automatiquement à Shay. Et pourtant, l’artiste double disque d’or (avec Jolie Garce en 2016 et Antidote en 2020) est loin d’être la seule active dans le rap wallon et flamand.

Madame Rap vous propose de (re)découvrir 10 rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ de Belgique, sélectionné·es parmi les 42 MCs belges répertorié·es sur notre site.

 

Avec :

K1za : « Heureusement, en Espagne, les rappeuses se serrent les coudes »

Figure montante de la scène actuelle espagnole, K1za officie dans la musique depuis l’adolescence. Avec sa voix cassée si reconnaissable, l’artiste madrilène propose un rap hardcore et sensible. Elle nous parle de son parcours, de la solidarité entre rappeuses dans son pays et de son nouvel album prévu pour 2024.

Comment et quand as-tu découvert le hip hop ?

J’ai découvert le hip hop quand j’avais 10 ou 11 ans. En voyant des gens faire des battles et en écoutant Charlie de Bastard Sons, ou avant ça, Crema et des rappeurs américains.

Comment et quand as-tu commencé à rapper ?

J’ai commencé à rapper quand j’avais environ 15 ou 16 ans. Avant, je composais d’autres styles de chansons plus orientées vers le rock ou la pop. Je jouais de la guitare acoustique, puis je me suis mise à l’électrique. Et à partir d’un certain moment, j’ai commencé à rapper.

Quand as-tu créé le personnage de K1za et comment le définirais-tu ?

Plus qu’un personnage, K1za est le surnom que certains de mes amis m’ont donné. K1za a toujours fait partie de moi, Carmen, avant même que je ne fasse de la musique.

Je la définirais comme ma part sombre et aussi probablement comme ma part la plus forte. Celle qui porte toutes les mauvaises choses et qui a heureusement appris à les évacuer à travers la musique.

Comment ta voix cassée est-elle apparue ? Est-ce quelque chose que tu as travaillé ou est-ce que tu as commencé à rapper comme ça « instinctivement » ?

C’est quelque chose que j’ai travaillé. Au début, quand je chantais avec une voix plus proche de ma voix naturelle, je n’arrivais pas à transmettre ce que je voulais avec mes paroles. Et je trouvais que ma voix n’était pas adaptée au message que je véhiculais.

J’ai essayé différentes voix et j’ai trouvé celle-ci. Et là, j’ai vraiment senti que je pouvais transmettre ce que je voulais avec ma musique.

Comment le public espagnol réagit-il généralement à ta musique ?

En général, les gens réagissent très bien. Je pense que le fait de voir une femme raconter ce que je raconte est quelque chose d’impressionnant.

Quel est le titre dont tu es la plus fière à ce jour ?

Il n’y a pas un titre en particulier. Mais je suis très fière de « Cobarde », à cause de toutes les personnes qui ont pu se reconnaître dans cette chanson et parce que je pense qu’elle définit très bien mon style.

Je suis aussi très fière de mon morceau avec Lasole qui s’appelle  » Yo Quise Ser « . En termes de travail, je pense que c’est la chanson qui m’a le plus guérie et qui a nécessité le plus de réflexion en termes de composition. Et elle m’est venue très naturellement. Musicalement, c’est la chanson la plus spéciale pour moi.

Comment composes-tu en général ? Est-ce que tu commences-tu par le beat ou par les paroles ?

Je commence toujours par les paroles. Je suis très habituée à écrire, donc le texte sort spontanément avec une forme de rythme, qu’il soit plus rapide ou plus lent, et après je peux l’ajuster.

À chaque fois, les idées me viennent sans que je le veuille ou sans que je les cherche. Une phrase ou un concept surgit et je commence à le développer. Une fois que je l’ai creusé, je cherche un beat qui colle avec les paroles.

Lorsque j’enregistre en studio, c’est la même chose. J’y vais avec seulement un texte, que j’ai parfois déjà répété avec une vidéo YouTube ou autre. Et en studio, nous créons un rythme qui correspond à ce message.

Il y a quelques semaines, tu as sorti le titre « Jaleo » avec les rappeuses Tribade. Comment vous êtes-vous rencontrées et avez-vous décidé de travailler ensemble ?

C’est grâce à Tribade que j’ai fait ma première scène. Elles m’ont invité à chanter lors d’un de leur concert à Madrid il y a quelques années.

À partir de ce jour, nous nous sommes très bien entendues et nous avons récemment décidé de travailler sur une chanson ensemble. Elles sont venues à Madrid pour l’enregistrer, faire le clip et tout le reste. C’était génial.

Es-tu en lien avec d’autres rappeuses espagnoles ?

Heureusement, en Espagne, les rappeuses se serrent les coudes. Je suis amie avec Lasole, comme je l’ai dit, mais aussi avec Anier, Santa Salut, Elane, Lia Kali, et Tribade évidemment. Que des femmes qui savent s’amuser et qui déchirent.

Pour moi, c’est un honneur de faire partie de ces femmes, de développer des relations d’amitié, de se soutenir mutuellement et de pouvoir compter les unes sur les autres.

Te définis-tu comme féministe et/ou queer ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme et/ou ta propre « queerness » ?

Je me considère comme une femme féministe et une femme queer. Une artiste féministe, je ne sais pas. Je parle de ce que je vis et c’est tout. Je n’essaie pas de défendre une quelconque lutte. Je sais qu’il y a des choses que je dis dans mes textes qui relèvent du féminisme, mais je pense que le féminisme est avant tout une attitude.

Évidemment, je suis contre le machisme et cela fait de moi une féministe. Dans mes textes, je dénonce les agressions sexuelles, ou je parle de casser la gueule d’un mec qui a dépassé les limites avec une femme. C’est donc intrinsèquement féministe. Mais je n’essaie pas de me coller une étiquette féministe, c’est ce que je suis naturellement.

Et c’est la même chose avec le fait d’être queer. Je chante l’amour entre femmes et ça donne de la visibilité ou ça aide d’autres personnes à s’identifier. C’est quelque chose qui me vient naturellement, donc je ne passe pas mon temps à essayer de brandir le drapeau LGBT.

Quels sont tes projets à venir ?

En ce moment, mon projet le plus important est un album qui sortira en 2024. Et je travaille très dur dessus.

À part ça, je prépare des collaborations avec des artistes que j’admire beaucoup, et qui sortiront petit à petit.

Il me reste aussi encore quelques concerts avant la fin de l’année. J’espère qu’en 2024 nous aurons la chance d’être programmés à autant de festivals que cette année.

Et sinon, continuer à sortir de la musique avant la sortie de l’album.

Que pouvons-nous te souhaiter ? 

Vous pouvez me souhaiter de ne jamais manquer de volonté pour continuer à travailler et à faire avancer ce projet. Parce qu’en fin de compte, je ne crois pas tant à la chance qu’au travail. Il ne faut jamais cesser de se battre pour ses rêves et j’espère ne jamais manquer de force pour me battre.

Retrouvez K1za sur Instagram, TikTok et YouTube.

Tkay Maidza : « Il faut en faire beaucoup pour que les hommes nous entendent »

Rappeuse, chanteuse et autrice-compositrice, Tkay Maidza est née à Harare au Zimbabwe, a grandi à Adélaïde en Australie, et vit aujourd’hui à Los Angeles. En tournée jusqu’à la fin de l’année, l’artiste nous parle de son parcours de « caméléon » et de son deuxième album Sweet Justice qui sortira le 3 novembre.

Comment et quand as-tu découvert le hip hop pour la première fois ?

J’y ai été initiée quand j’avais environ 3 ans. Mes parents écoutaient beaucoup Missy Elliott, mais j’ai vraiment commencé à y prêter attention quand Nicki Minaj a sorti sa première mixtape. J’ai eu l’impression qu’elle me parlait vraiment à ce moment-là.

Tu es rappeuse, chanteuse et autrice compositrice. Quelle pratique est venue en premier ?

J’ai d’abord commencé en tant que rappeuse. Je me suis mise au chant parce que je cherchais quelqu’un pour chanter mes refrains et que je ne connaissais personne.

Comment et quand as-tu créé le personnage de Tkay Maidza et comment le définirais-tu ?

C’est une extension de moi. Ce n’est pas tant un personnage qu’une manifestation de la version ultime de moi-même. Une personne que l’enfant que j’étais admirerait.

Le 3 novembre prochain sort ton deuxième album Sweet Justice. Comment ta musique a-t-elle évolué depuis ton premier projet ?

J’ai l’impression de définir mes objectifs et de faire de la musique que j’aime aujourd’hui. Je parle de ma vraie vie au lieu d’inventer des scénarios. C’est plus facile de s’y identifier.

Quelle est la chanson qui te représente le mieux et pourquoi ?

« What Ya Know » de mon nouvel album ou « 24k ». C’est un mélange de toutes les versions de moi : le chant, le rap, l’introspection mais aussi la confiance.

Comment écris-tu habituellement ? As-tu des routines ?

Pas vraiment. J’essaie juste d’écrire toutes ce qui me passe par la tête et de laisser le flot de ma conscience s’exprimer. Parfois, c’est juste un poème. D’autres fois, ce sont des mélodies.

Tu es née au Zimbabwe, puis tu as déménagé en Australie, et tu vis maintenant à Los Angeles. Quelle est ta relation à ces trois endroits ?

J’ai appris que je pouvais être un caméléon et emprunter de petits éléments de chaque endroit où je vivais. Ce qui compte, c’est la façon dont je me sens dans une ville et non le fait que j’y appartienne ou pas.

En tant que femme artiste, quels sont les problèmes auxquels tu as dû faire face tout au cours de ta carrière ?

Je pense qu’on ne nous prend parfois pas au sérieux… Il faut en faire beaucoup pour que les gens, surtout les hommes, nous entendent et nous voient.

Te considères-tu comme féministe ?

Oui, je crois que les femmes doivent pouvoir s’exprimer et être entendues. Je suis pour l’équité entre les sexes et je pense que les femmes sont sous-estimées, alors j’essaie de faire de mon mieux pour être un bon exemple de femme forte.

Quel a été l’impact de la pandémie de Covid sur tes projets ?

Cela n’a pas vraiment arrêté quoi que ce soit pour moi. J’ai été coincée en Australie pendant un moment, mais j’avais vraiment besoin de ce temps d’arrêt pour réaliser que je devais déménager de chez mes parents et voler de mes propres ailes.

Tu es actuellement en tournée nord-américaine. Prévois-tu également de venir en Europe ?

Oui, j’y serai en novembre.

Que penses-tu de Madame Rap ? Qu’est-ce qui devrait être changé ou amélioré ?

Vous êtes formidables ! Merci de m’avoir donné l’occasion d’échanger avec vous.

Retrouvez Tkay Maidza sur Instagram, YouTube, Twitter, TikTok, Facebook et son site.

© Dana Trippe

Playlist #53 – Octobre 2023

Retrouvez notre playlist #53 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

Avec :

  • Vicky R (Lille/Paris, France)
  • KT Gorique (Martigny, Suisse) & Le Juiice (Boissy-saint-Léger, France)
  • oXni (Paris, France)
  • Sheyni (Paris, France)
  • Nua (Angers, France)
  • Andy S (Côte d’Ivoire)
  • Finna (Allemagne)
  • BigMama (Italie)
  • Fata (Italie)
  • Tribade & K1za (Espagne)
  • Ptazeta (Espagne)
  • Queen Parker (République Dominicaine)
  • Villano Antillano (Porto Rico)
  • Justina (Iran)
  • Nolay (South London, Royaume-Uni)
  • TeeZandos (Hackney, Londres, Royaume-Uni)
  • Tkay Maidza (Zimbabwe/Australie)
  • Ms Boogie (New York, États-Unis)
  • Sexyy Red (Saint-Louis, Missouri, États-Unis)
  • Flyanaboss, Missy Elliott & Kaliii (Los Angeles/Portsmouth/Atlanta, États-Unis)

VIDÉO – 20 rappeuses pionnières actives avant 1990

Découvrez notre sélection de 20 rappeuses pionnières actives avant 1990 !

Systématiquement effacées de l’histoire du hip hop, les rappeuses ont pourtant toujours été présentes dans ce mouvement depuis son émergence à la fin des années 1970. MCs, autrices, mais aussi parfois productrices et activistes, les femmes ont participé activement à faire du rap ce qu’il est aujourd’hui : une musique inclusive, plurielle, innovante, ancrée dans son époque et en perpétuelle évolution.

Afin de visibiliser ces artistes, voici une sélection non-exhaustive de 20 rappeuses pionnières actives avant 1990 et une playlist à (re)découvrir ici.

 

Avec :

The Sequence – Funk You Up (1979)
Columbia, Caroline du Sud, États-Unis

Lady B – To The Beat Y’all (1979)
Philadelphie, États-Unis

Sha-Rock – Rappin and Rockin the House Live with The Funky 4+1 at NYC’s The Kitchen (1980)
Bronx, New York, États-Unis

Lisa Lee – Wild Style Deletes Scenes (1980)
Bronx, New York, États-Unis

Debbie D – Us Girls Can Boogie Too ft. Sha-Rock & Lisa Lee (1984)
Bronx, New York, États-Unis

Classy Crew – Peter King Nitelife CFCF 12 Montreal (1983)
Québec, Canada

Roxanne Shante – Roxanne’s Revenge (1984)
Queens, New York, États-Unis

Pebblee Poo – A Fly Guy (1985)
Bronx, New York, États-Unis

Freaky D – Time Is Up / Beep Rap (1986)
Montréal, Québec, Canada

MC Lyte – Paper Thin (1988)
Brooklyn, New York, États-Unis

Real Roxanne – Respect (1988)
Brooklyn, New York, États-Unis

JJ Fad – Supersonic (1988)
Rialto, Californie, États-Unis

Oaktown 3-5-7 – Juicy Gotcha Krazy (1988)
Oakland, Californie, États-Unis

Queen Latifah & Movie Love – Ladies First (1989)
Newark, New Jersey, États-Unis/Battersea, Londres, Royaume-Uni

Ms Melodie – Live On Stage (1989)
Brooklyn, New York, États-Unis

Nikki D – My Love Is So Raw (The Love Mix) ft. Alyson Williams (1989)
Newark, New Jersey, États-Unis

Wanda Dee – To The Bone (1989)
Bronx, New York, États-Unis

Sony and Mony – Toma y toma (1989)
Espagne

Antoinette – Who’s The Boss (1989)
Bronx, New York, États-Unis

Cookie Crew – Born This Way (1989)
Clapham, Londres, Royaume-Uni

VIDÉO – 11 rappeurs·euses qui s’identifient comme bisexuel·les

À l’occasion de la Journée internationale de la visibilité de la bisexualité, découvrez notre sélection de 11 rappeurs·euses qui s’identifient comme bisexuel·les !

4 % de la population mondiale se définit comme bisexuelle d’après une enquête IPSOS menée dans 30 pays et parue en juin 2023. Les bi·es seraient 5 % en Espagne, 4,5 % aux États-Unis et 3 % en France. Par ailleurs, aux États-Unis, le nombre de personnes bisexuelles a quasiment quadruplé en dix ans, selon une autre étude de juin 2023 publiée dans The Journal of Sex Research.

Si on ne peut que se réjouir de cette visibilité accrue des personnes bies dans la société, la pop culture, et sur les réseaux sociaux, les artistes hip hop bisexuel·les demeurent toujours peu représenté·es dans les médias traditionnels.

Contrairement au préjugé selon lequel le rap serait un espace ultra hostile aux LGBT+, Madame Rap souhaitait profiter de cette journée pour rappeler que les rappeurs·euses bi·es existaient bel et bien ! Voici donc 11 MCs à connaître, sélectionné·es parmi les 32 artistes qui s’identifient comme bisexuel·les répertorié·es sur notre site.

 

Avec :