VIDÉO – 22 chansons populaires qui font l’apologie de la pédocriminalité et de l’inceste (Part 2)

En ce 18 novembre 2023, Journée européenne pour la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels, (et à l’avant-veille du 20 novembre, journée internationale des droits des enfants), Madame Rap vous a concocté une sélection de 22 chansons populaires qui font l’apologie de la pédocriminalité et de l’inceste, classées par ordre chronologique de 1952 à 1996.

[TW : inceste, pédocriminalité, violences sexuelles]

Si le rap reste désigné par la culture dominante comme la musique la plus violente et sexiste qui soit, ces chansons de variété, pop ou rock, banalisent la culture du viol, la pédophilie, le grooming et glamourisent les violences sexuelles faites aux enfants.

Un florilège nauséabond qui se décline sous diverses formes : des agressions sexuelles présentées comme des romances consenties (et rock n’roll), des désirs pédophiles vendus comme de sulfureuses transgressions, des jeunes filles mineures décrites comme des aguicheuses assoiffées de sexe piégeant de pauvres hommes adultes, ou des fantasmes, voire des récits, d’incestes.

Ces textes posent de nombreuses questions. Pourquoi, aujourd’hui, six ans après MeToo, ne sommes-nous toujours pas capables de porter un regard critique sur ces paroles plus que problématiques ? Il est urgent de les condamner car elles ont forgé les imaginaires de générations entières et accompagné de nombreux moments de nos vies quotidiennes, amoureuses, festives, familiales ou intimes.

Aussi, alors que l’on continue de nier aux rappeurs leur qualité d’auteurs, leur capacité de narration et de second degré, ces grands messieurs de la chanson peuvent se draper dans leur masculinité bien normée pour bénéficier d’une totale impunité. Mieux encore, ils sont érigés en poètes, génies, fiertés de notre héritage culturel, modèles à suivre ou stars à convoiter. Certains de leurs écrits s’apparentent pourtant clairement à de la prédation.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les images, textes ou représentations sexualisant les enfants et célébrant la pédophilie ne sont pas exceptionnels mais systémiques et totalement acceptés dans notre société. Ils gangrènent la littérature, le cinéma, les arts, la musique, les médias, la publicité et la culture populaire depuis trop longtemps. Si nous ne sommes pas capables de le reconnaître, comment prendre correctement les victimes en charge et prétendre endiguer ces violences ?

160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France selon un rapport de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) paru en septembre 2023. 45 % des enfants qui révèlent les violences au moment des faits ne sont pas mis en sécurité et ne bénéficient pas de soins et 58 % des professionnels alertés n’ont pas protégé l’enfant à la suite de la révélation des violences.

 

Avec :

  • Henri Salvador – Ma petite Jacqueline (1952), écrit par Maurice Pon
  • Claude Nougaro – Cécile, ma fille (1963), écrit par Claude Nougaro
  • Elvis Presley – Kissin’ Cousins (1964), écrit par Bernie Baum et Bill Giant
  • The Grateful Dead – Good Morning, Little School Girl (1967), écrit par inconnu / version originale enregistrée par Sonny Boy Williamson en 1937
  • France Gall & Maurice Biraud – La petite (1968), écrit par Robert Gall
  • Van Morrison – Cyprus Avenue (1968), écrit par Van Morrison
  • Léo Ferré – Petite (1970), écrit par Léo Ferré
  • The Rolling Stones – Brown Sugar (1971), écrit par Mick Jagger
  • Serge Gainsbourg – Ballade de Melody Nelson (1971), écrit par Serge Gainsbourg
  • Christian Delagrange – Petite fille (1972), écrit par Frank Gérald (pseudonyme de Gérald Biesel)
  • Michel Berger & France Gall – Si l’on pouvait vraiment parler (1974), écrit par Michel Berger
  • Led Zeppelin – Sick Again (1975), écrit par Robert Plant
  • Christophe – Petite fille du soleil (1975), écrit par Didier Barbelivien
  • Gilbert Bécaud – Une petite fille entre neuf et dix ans (1976), écrit par Gilbert Bécaud
  • Rod Stewart – Tonight’s the Night (Gonna Be Alright) (1976), écrit par Rod Stewart
  • The Knack – My Sharona (1979), écrit par Doug Fieger
  • Jean-Luc Lahaye – Gamine (1989), écrit par Jean-Luc Lahaye
  • Bernard Minet – Hey jolie petite fille (1990), écrit par Jean-Luc Azoulay
  • François Feldman – Joy (1991), écrit par François Feldman
  • Faith No More – Edge of the World (1991), écrit par Mike Patton
  • Neil Diamond – Happy Birthday Sweet Sixteen (1993), chanson originale écrite par Neil Sedaka et Howard Greenfield en 1961
  • Étienne Daho – Quand tu m’appelles Éden (1996), écrit par Étienne Daho

À lire aussi : 30 chansons populaires qui font l’apologie de la pédocriminalité et de l’inceste (Part 1), 30 chansons populaires bien sexistes qui ne sont pas du rap Part 1 et Part 2 et 30 punchlines sexistes qui ne sont pas du rap mais de la littérature et Pourquoi je suis féministe et j’aime le rap.

Zetas : « Notre musique vient de la rue et de ses histoires »

Le duo de rappeuses Zetas vient tout droit de la ville de Salerne, en Campanie, sur la côte sud-ouest de l’Italie. Annarella et Miriade nous parlent de leur amour pour le boom bap, de leur musique « 100% underground », et de leur premier album Didattica, produit par le beatmaker, rappeur et DJ Tonico 70, figure phare de la scène old school.

Vous souvenez-vous de quand et comment vous avez découvert le hip hop pour la première fois ?

On a commencé à écouter du hip hop quand on était adolescentes. On a grandi pendant le boom du rap en Italie, en regardant des émissions de télévision comme MTV Spit, où des rappeurs nationaux et des freestylers s’affrontaient dans des battles.

Ce monde nous fascinait tellement, les rappeurs étaient libres de montrer leur talent sans compromis et c’est ce que nous avons toujours eu envie de faire. 

Quels artistes vous ont inspiré pendant votre enfance ? 

Le rap underground et mainstream nous a toujours inspirées. En Italie, les artistes qui nous ont donné de l’inspiration sont Marracash, Fabri Fibra, Club Dogo, CoSang, Tonico 70 (notre producteur et manager) et Morfuco. Ce sont quelques noms parmi nos préférés, mais la liste est bien plus longue.

Notorious B.I.G, Sean Price, Nas et Salt’N’Pepa sont des artistes internationaux qui sont également très importants pour nous.

Comment avez-vous commencé à rapper ?

On a fait nos premiers pas dans des battles, des jam sessions et des événements hip hop partout dans notre région. On a toujours aimé écrire des chansons et le fait de découvrir le rap sous toutes ses formes nous a fait croire en nous-mêmes. On a mélangé nos mots avec la musique hip hop, et c’est comme ça que nous avons commencé.

Comment vous êtes-vous rencontrées et avez-vous décidé de créer Zetas ?

On avait des amis en commun et on se connaissait de vue, mais on s’est officiellement rencontrées à TheSquare, un espace social qui organise toujours des sessions d’écriture musicale dans la rue et des cours de breakdance avec les crews de bboys et flygirls de la ville. Quand on a commencé à rapper, on s’est rendu compte que nos styles de rap étaient plus forts ensemble, et que le produit final était cool et frais.

Comment décririez-vous votre musique et votre identité musicale ?

100% underground. Notre musique vient de la rue et de ses histoires, allant des luttes quotidiennes à notre désir de nous émanciper de notre réalité.

Comment avez-vous rencontré le producteur Tonico 70 et comment avez-vous collaboré sur votre album Didattica ?

On connaissait déjà Tonico car il est très connu et important dans et pour notre ville. On l’a rencontré à TheSquare et il a cru en notre musique. On a commencé notre collaboration officielle avec lui en 2020.

À partir de là, l’album a pris des années de travail parce qu’on on voulait proposer un produit de qualité. Chaque morceau a une histoire et un son unique, c’est notre objectif.

À quoi ressemble la scène pour les rappeuses en Italie ? Êtes-vous en contact avec certaines d’entre elles ?

Il n’y a pas beaucoup de rappeuses en Italie. Par rapport aux années précédentes, il y a beaucoup plus de filles qui font du rap, mais l’idée que des filles rappent est encore stéréotypée.

On connait d’autres artistes, mais nous n’avons jamais collaboré avec elles. Sur Didattica, notre seul featuring est avec Angelica Cascone, une excellente chanteuse de notre région.

Quels sont vos projets à venir ?

On veut faire connaître notre musique dans toute l’Italie, et même, on l’espère, au-delà de l’Italie. On travaille sur de nouveaux morceaux et nos dates de tournée sont régulièrement mises à jour, alors suivez-nous pour avoir toutes les infos !

Que pouvons-nous vous souhaiter ?

D’arriver là où on le souhaite et bien sûr de rester authentiques.

Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer ou à améliorer ?

Super travail ! On a découvert des rappeuses grâce à votre magazine et c’est très important d’écouter de nouveaux artistes.

Retrouvez Zetas sur Instagram.

© Gaetano Rispoli

VIDÉO – 6 rappeuses palestiniennes à connaître

Éminemment politique, le rap palestinien a toujours représenté un espace d’expression et de revendication pour les femmes depuis son apparition à la fin des années 90. 

Dès 2003, Shadia Mansour ouvre la voie et devient le porte-voix hip hop de la cause palestinienne dans le monde. En 2019, le groupe de rap DAM, actif depuis 1998 et considéré comme le premier du genre, intègre la rappeuse et chanteuse Maysa Daw.

Bien que peu visibles, les femmes occupent aujourd’hui une place importante sur la scène rap de Palestine, souvent désignée comme l’une des plus dynamiques du Moyen-Orient.

Voici donc 6 MCs palestiniennes à connaître, sélectionnées parmi les 8 artistes palestiniennes répertoriées sur Madame Rap.

 

 

Avec :

Safaa Hathot

Artiste et actrice, Safaa Hathot envisage le rap comme un outil d’éducation et d’émancipation pour les femmes palestiniennes. Elle officie en tant que MC depuis 2001, au sein du groupe ARAPYAT, et dénonce dans ses paroles l’occupation israélienne et l’oppression patriarcale.

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Makimakkuk

Pionnière de la scène hip hop underground de Ramallah, Makimakkuk est productrice et rappeuse. Initialement issue de la scène électro, elle mêle dans sa musique des sonorités rap et expérimentales avec des textes socio-politiques.

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Maysa Daw

Musicienne, autrice et compositrice, Maysa Daw fait partie du premier groupe de hip hop palestinien DAM. Elle fusionne rock, rap, soul et jazz et explore dans ses textes les thématiques des relations interpersonnelles et des luttes collectives.

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Shadia Mansour

Considérée comme l’une des stars de la scène hip hop moyen-orientale, Shadia Mansour est surnommée « la première dame du hip hop arabe ». Dans ses textes en arabe et en anglais, elle dénonce l’occupation de la Palestine, la répression des femmes et toute forme de conservatisme.

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Ettijah

Fondé en 2013, Ettijah est le premier groupe de rappeuses palestiniennes basé dans un camp de réfugiés. Dans ses textes, le trio parle de l’occupation, des bombardements, des droits des femmes et des traditions et restrictions auxquelles elles doivent faire face.

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Haifa Beseisso

YouTubeuse palestino-américaine, Haifa Beseisso rappe pour dénoncer des problèmes sociétaux et des discriminations. Avec le titre « The 3aib Song », sortie en 2021, elle dénonce la « culture de la honte » et les pressions permanentes que subissent les femmes au sujet de leur apparence et de leurs choix de vie.

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Playlist #54 – Novembre 2023

Retrouvez notre playlist #54 sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music avec 20 titres de rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ du monde entier !

Avec :

🇫🇷🇨🇱Angie & Lazuli
🇫🇷Le Juiice
🇫🇷Neige
🇪🇸Ptazeta
🇪🇸Cardden
🇪🇸Anier
🇦🇷Chocolate Remix
🇯🇵 Awich
🇨🇮 Marla
🇧🇷 Mac Julia
🇺🇦 Alyona Alyona
🇩🇪 badmómzjay
🇩🇪 Die P & Presslufthanna
🇩🇪 Alice Dee
🇬🇧 Trillary
🇺🇸 Lady Londyn & Dreezy
🇺🇸 $hyfromdatre
🇺🇸 Erica Banks & Gloss Up
🇰🇷🇺🇸 Jessi
🇲🇽 🇺🇸 Snow Tha Product

Léo : « L’homosexualité dans le rap est un sujet ultra tabou »

Artiste indépendant de 21 ans originaire de Metz (Moselle), Léo a sorti son premier single de rap en juillet dernier. Le morceau intitulé « COBRA » aborde la question de l’homosexualité dans le rap français et dénonce le harcèlement LGBTphobe dont le jeune créateur de contenu est victime. Léo nous parle de sa relation au rap, de ses rôles modèles et de son identité artistique.

Quand et comment as-tu commencé à faire de la musique ?

J’ai commencé la musique à l’âge de 9 ans en postant ma première cover sur YouTube. J’ai toujours eu cette envie de partager ma passion publiquement sur Internet. A mes 12 ans, j’ai commencé les cours de chants, les concerts, et j’y ai tout de suite pris goût. J’ai ensuite fait de la chorale pendant 3 ans et en 2020, pendant le confinement, j’ai décidé de sortir mon premier single « Réseaux ». Et aujourd’hui je reviens avec mon nouveau titre « COBRA » qui est mon 7e single.

Avais-tu des rôles modèles en grandissant ?

J’ai grandi en écoutant des artistes comme Diam’s, Miley Cyrus, et même Tal. J’ai vraiment été beaucoup inspiré par ce genre d’artistes qui faisaient passer un fort message à travers leurs morceaux. Des messages de société, de bienveillance et surtout de tolérance. Ce qui m’a également aidé à m’affirmer et à être la personne que je suis devenue aujourd’hui.

Pourquoi as-tu décidé de te mettre au rap ?

J’ai décidé de me lancer dans le rap sur un coup de tête. J’ai regardé la saison 1 de Nouvelle École, et à la fin du dernier épisode je me suis challengé et je me suis mis au défi de poser un freestyle en une heure. C’est donc là qu’est né mon single « COBRA », et j’en suis sincèrement très fier.

À la base, c’était un simple délire entre moi et moi-même, puis quand j’ai réécouté le son je me suis dis « là y’a quelque chose« . Et quand j’ai posté un extrait sur mes réseaux sociaux, les gens étaient choqués et ils m’ont innondé de messages pour que je le sorte.

Qu’est-ce qui t’a inspiré ton single « Cobra » ?

C’est un morceau dans lequel je parle de la place de l’homosexualité dans le rap, plus particulièrement dans le rap français. C’est un sujet ultra tabou et très mal vu dans ce milieu. La plupart des rappeurs utilisent même l’homosexualité en guise d’insultes dans leur morceau. Je me suis tout simplement dit « pourquoi pas moi?« , ce n’est pas parce que j’aime les garçons que je ne peux pas être aussi performant que vos rappeurs. Et je me suis donc lancé.

Lil Nas X m’a énormément inspiré ces dernières années, et j’aime beaucoup le fait qu’il mélange le côté « rap gang » avec le côté « plus féminin ». C’est une esthétique que je trouve particulièrement intéressante et qui me plait énormément.

Comment et avec qui as-tu travaillé sur ce projet ?

J’ai travaillé sur ce projet avec plusieurs personnes. Tout d’abord avec des beatmakeurs pour la prod, le photographe Hugot Michael qui a réalisé la cover ainsi que les visuels du single, le graphiste Ovthex et le réalisateur Victor pour mon clip.

Concernant l’enregistrement et la composition, je m’en suis chargé seul. J’aime quand les choses sont spontanées et qu’ellent viennent de moi.

Quels retours as-tu eu de la part de ta communauté et du public ?

Le public a été très surpris lors de la sortie de ce titre. J’ai eu des milliers de retours notamment sur TikTok. Les gens étaient très étonnés de voir la manière donc j’amenais cela à travers le clip. Je rappe, mais en même temps on me voit porter du maquillage et des tenus ultra-sexy.

Et c’est vraiment sur cette « double-personnalité », qui fait partie de ma vie au quotidien, que je voulais appuyer. Je n’ai eu que de très bons retours, quelques haters comme à chaque sorties, mais très peu.

Comment décrirais-tu ta musique et ton identité artistique ?

Je pense que ma musique est parlante. Je parle de sujets de la vie quotidienne, de société, qui peuvent toucher la plupart de gens. Je parle beaucoup d’amour, d’hommes, de mon parcours, et du harcèlement que j’ai subi depuis mon enfance, et je montre que tout cela m’a permis de m’affirmer aujourd’hui.

Donc aujourd’hui, je remercie mes haters, car même s’ils m’ont beaucoup fait souffrir durant mon enfance, ils m’ont permis de ne jamais lâcher et de toujours me battre pour atteindre mes objectifs.

Le rap est souvent considéré comme homophobe. Qu’en penses-tu ?

Dans mon tire « COBRA », je dis : « j‘comprends ça fait peur un PD sur d’la trap, Léo Music et je vais tous vous attraper« , voilà ce que j’en pense hahah !

Non, en vrai, je trouve ça profondément triste et dommage de refuser d’écouter les propositions artistiques de quelqu’un simplement en raison de son orientation sexuelle. Kiffons notre vie, on en a qu’une, et apprenons à nous ouvrir à plus de cultures et de personnalités.

Quel·les rappeurs·euses écoutes-tu aujourd’hui ?

J’écoute énormément Lil Nas X, qui est pour moi une des personnes les plus talentueuses sur cette Terre.

Je suis également un grand fan de Shay, le côté bad bitch assumé mais gang, je me reconnais beaucoup en elle.

Et j’écoute beaucoup de rappeurs comme Tiakola, Niska, SDM que je trouve très talentueux et intéressants.

Est-ce que tu vis de la musique ? Si non, est-ce un objectif à terme ?  

Je ne vis pas encore de la musique, cela me permet un complément de revenus qui n’est pas négligeable, mais dans le futur j’espère pouvoir en vivre et être artiste à temps plein. Ce serait mon objectif de vie et mon rêve de gosse.

Quels sont tes prochains projets ?

Je travaille actuellement sur mon premier EP, qui sera composé de 6 ou 7 morceaux. Un projet très artistique et esthétique avec un thème bien spécial et des sons qui vont faire beaucoup parler. J’ai hâte de pouvoir vous le faire découvrir !

Que peut-on te souhaiter ?

Une belle carrière dans la musique, une belle communauté de fans, et beaucoup de dates de concerts, la scène c’est vraiment l’endroit ou je me sens le plus épanoui.

Merci à vous pour l’interview, et merci pour votre joli média qui permet de mettre en avant les personnalités LGBT et les femmes dans le milieu du hip hop, c’est super ce que vous faites !  

Retrouvez Léo sur Instagram, TikTok, YouTube et Twitter.

VIDÉO – 10 rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ belges

Découvrez notre sélection de 10 rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ belges !

Quand on parle de rappeuses belges, on pense automatiquement à Shay. Et pourtant, l’artiste double disque d’or (avec Jolie Garce en 2016 et Antidote en 2020) est loin d’être la seule active dans le rap wallon et flamand.

Madame Rap vous propose de (re)découvrir 10 rappeuses et rappeurs·euses LGBT+ de Belgique, sélectionné·es parmi les 42 MCs belges répertorié·es sur notre site.

 

Avec :

K1za : « Heureusement, en Espagne, les rappeuses se serrent les coudes »

Figure montante de la scène actuelle espagnole, K1za officie dans la musique depuis l’adolescence. Avec sa voix cassée si reconnaissable, l’artiste madrilène propose un rap hardcore et sensible. Elle nous parle de son parcours, de la solidarité entre rappeuses dans son pays et de son nouvel album prévu pour 2024.

Comment et quand as-tu découvert le hip hop ?

J’ai découvert le hip hop quand j’avais 10 ou 11 ans. En voyant des gens faire des battles et en écoutant Charlie de Bastard Sons, ou avant ça, Crema et des rappeurs américains.

Comment et quand as-tu commencé à rapper ?

J’ai commencé à rapper quand j’avais environ 15 ou 16 ans. Avant, je composais d’autres styles de chansons plus orientées vers le rock ou la pop. Je jouais de la guitare acoustique, puis je me suis mise à l’électrique. Et à partir d’un certain moment, j’ai commencé à rapper.

Quand as-tu créé le personnage de K1za et comment le définirais-tu ?

Plus qu’un personnage, K1za est le surnom que certains de mes amis m’ont donné. K1za a toujours fait partie de moi, Carmen, avant même que je ne fasse de la musique.

Je la définirais comme ma part sombre et aussi probablement comme ma part la plus forte. Celle qui porte toutes les mauvaises choses et qui a heureusement appris à les évacuer à travers la musique.

Comment ta voix cassée est-elle apparue ? Est-ce quelque chose que tu as travaillé ou est-ce que tu as commencé à rapper comme ça « instinctivement » ?

C’est quelque chose que j’ai travaillé. Au début, quand je chantais avec une voix plus proche de ma voix naturelle, je n’arrivais pas à transmettre ce que je voulais avec mes paroles. Et je trouvais que ma voix n’était pas adaptée au message que je véhiculais.

J’ai essayé différentes voix et j’ai trouvé celle-ci. Et là, j’ai vraiment senti que je pouvais transmettre ce que je voulais avec ma musique.

Comment le public espagnol réagit-il généralement à ta musique ?

En général, les gens réagissent très bien. Je pense que le fait de voir une femme raconter ce que je raconte est quelque chose d’impressionnant.

Quel est le titre dont tu es la plus fière à ce jour ?

Il n’y a pas un titre en particulier. Mais je suis très fière de « Cobarde », à cause de toutes les personnes qui ont pu se reconnaître dans cette chanson et parce que je pense qu’elle définit très bien mon style.

Je suis aussi très fière de mon morceau avec Lasole qui s’appelle  » Yo Quise Ser « . En termes de travail, je pense que c’est la chanson qui m’a le plus guérie et qui a nécessité le plus de réflexion en termes de composition. Et elle m’est venue très naturellement. Musicalement, c’est la chanson la plus spéciale pour moi.

Comment composes-tu en général ? Est-ce que tu commences-tu par le beat ou par les paroles ?

Je commence toujours par les paroles. Je suis très habituée à écrire, donc le texte sort spontanément avec une forme de rythme, qu’il soit plus rapide ou plus lent, et après je peux l’ajuster.

À chaque fois, les idées me viennent sans que je le veuille ou sans que je les cherche. Une phrase ou un concept surgit et je commence à le développer. Une fois que je l’ai creusé, je cherche un beat qui colle avec les paroles.

Lorsque j’enregistre en studio, c’est la même chose. J’y vais avec seulement un texte, que j’ai parfois déjà répété avec une vidéo YouTube ou autre. Et en studio, nous créons un rythme qui correspond à ce message.

Il y a quelques semaines, tu as sorti le titre « Jaleo » avec les rappeuses Tribade. Comment vous êtes-vous rencontrées et avez-vous décidé de travailler ensemble ?

C’est grâce à Tribade que j’ai fait ma première scène. Elles m’ont invité à chanter lors d’un de leur concert à Madrid il y a quelques années.

À partir de ce jour, nous nous sommes très bien entendues et nous avons récemment décidé de travailler sur une chanson ensemble. Elles sont venues à Madrid pour l’enregistrer, faire le clip et tout le reste. C’était génial.

Es-tu en lien avec d’autres rappeuses espagnoles ?

Heureusement, en Espagne, les rappeuses se serrent les coudes. Je suis amie avec Lasole, comme je l’ai dit, mais aussi avec Anier, Santa Salut, Elane, Lia Kali, et Tribade évidemment. Que des femmes qui savent s’amuser et qui déchirent.

Pour moi, c’est un honneur de faire partie de ces femmes, de développer des relations d’amitié, de se soutenir mutuellement et de pouvoir compter les unes sur les autres.

Te définis-tu comme féministe et/ou queer ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme et/ou ta propre « queerness » ?

Je me considère comme une femme féministe et une femme queer. Une artiste féministe, je ne sais pas. Je parle de ce que je vis et c’est tout. Je n’essaie pas de défendre une quelconque lutte. Je sais qu’il y a des choses que je dis dans mes textes qui relèvent du féminisme, mais je pense que le féminisme est avant tout une attitude.

Évidemment, je suis contre le machisme et cela fait de moi une féministe. Dans mes textes, je dénonce les agressions sexuelles, ou je parle de casser la gueule d’un mec qui a dépassé les limites avec une femme. C’est donc intrinsèquement féministe. Mais je n’essaie pas de me coller une étiquette féministe, c’est ce que je suis naturellement.

Et c’est la même chose avec le fait d’être queer. Je chante l’amour entre femmes et ça donne de la visibilité ou ça aide d’autres personnes à s’identifier. C’est quelque chose qui me vient naturellement, donc je ne passe pas mon temps à essayer de brandir le drapeau LGBT.

Quels sont tes projets à venir ?

En ce moment, mon projet le plus important est un album qui sortira en 2024. Et je travaille très dur dessus.

À part ça, je prépare des collaborations avec des artistes que j’admire beaucoup, et qui sortiront petit à petit.

Il me reste aussi encore quelques concerts avant la fin de l’année. J’espère qu’en 2024 nous aurons la chance d’être programmés à autant de festivals que cette année.

Et sinon, continuer à sortir de la musique avant la sortie de l’album.

Que pouvons-nous te souhaiter ? 

Vous pouvez me souhaiter de ne jamais manquer de volonté pour continuer à travailler et à faire avancer ce projet. Parce qu’en fin de compte, je ne crois pas tant à la chance qu’au travail. Il ne faut jamais cesser de se battre pour ses rêves et j’espère ne jamais manquer de force pour me battre.

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