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Tahra : « Je ne comprends pas comment on peut vaincre des oppressions par d’autres oppressions »

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Rappeuse originaire de Montpellier, Tahra s’est fait un nom sur la scène locale depuis ses débuts en 2015. L’artiste nous parle de Sniper, Eminem et Missy Elliott, de son féminisme intersectionnel et de son prochain projet Exutoire qui sortira courant 2023.

Quand et comment as-tu découvert la culture hip hop et/ou le rap ?

J’ai plusieurs souvenirs rap/hip hop. Le tout premier morceau qui m’a marqué à en pleurer était « Sans [re]Pères » de Sniper, je devais avoir onze ans. J’avais adoré cette manière de retranscrire des émotions difficiles sur papier, de les exprimer, pour tous ceux qui souffrent de la même manière. Je suis devenue une grande fan d’Eminem également par la suite, car il avait ce côté « je raconte ma vie », ce côté storytelling décalé, que j’aimais beaucoup. Le(s) texte(s) est donc très important pour moi.

Depuis quand rappes-tu ? Qu’est-ce qui t’a décidé à te lancer ? 

Je rappe depuis 2015. Je rappais en anglais avant. Ce qui m’a décidé à me lancer, c’est le côté expressif du rap : j’avais envie de lâcher tout ce que j’avais sur le cœur, et pourquoi pas de faire ressentir ceci à d’autres personnes. J’avais envie, moi aussi, de parfaire des flows. Je parle très vite, et « on ne reproche jamais à un MC d’être un moulin à paroles » (Scred Connexion). Je me suis dit que ce serait dommage si je ne me lançais pas.

Tu rappais auparavant sous le nom de Tahrassss. Pourquoi avoir changé ?

J’ai changé de nom de scène car je trouvais que Tahrasssss ne faisait pas assez sérieux. Tahrasssss, c’est un peu le côté slim shady, le côté marrant. C’est d’ailleurs mon blaze pour les battles rap, je garde ce côté mauvais élève.

En revanche, pour la musique, pour mes projets, j’estime avoir évolué et faire de la musique beaucoup plus authentique désormais. Je ne dirais pas faire de la musique sérieuse, mais je suis très sérieuse dans ma démarche et mon partage.

Comment définirais-tu ta musique/ton univers artistique ?

C’est une question à laquelle il m’est difficile de répondre. Je travaille énormément toute seule, et j’aspire à faire ressortir mon authenticité dans mes morceaux. J’essaie d’être humble, et honnête sur ce que je ressens. J’adore l’autotune et les mélodies attenantes, j’aime aussi les rythmes un peu soutenus. En ce moment, ce que je préfère, c’est la drill mélodieuse.

Comment travailles-tu tes morceaux ? As-tu une équipe (beatmaking, production…) qui t’accompagne ?

Je travaille depuis peu avec D-clic, studio d’enregistrement à Montpellier.

Tout d’abord, je me pose et j’écris, ce qui me vient en tête, avec une instrumentale chinée qui me plaît. Je fais attention à ce que j’écris. Il faut que l’instrumentale me parle également. J’évalue ce que j’écris, je pose un refrain.

Par la suite, j’enregistre ma maquette. Cette maquette sera destinée à être retravaillée en studio ou non.

Quelles sont les femmes (connues ou pas) qui t’inspirent et pour quelles raisons ?

Il y en a tellement. Une femme qui m’a toujours inspirée est Missy Elliott. C’est une artiste confirmée et tellement talentueuse dans plein de domaines. Elle est autonome, un peu dans l’ombre, mais produit des choses incroyables, que ça soit musicalement ou visuellement parlant. J’aime beaucoup son univers insolite, ses tenues dans ses clips.

Elle a fait preuve de beaucoup de résilience dans sa vie pour s’imposer comme une véritable rappeuse et productrice, et ce à une époque où les femmes indépendantes n’étaient pas légions dans la musique urbaine.

Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?

Je me définis bien sûr comme féministe. Mon féminisme est inclusif, non racisé, non genré. Mon féminisme est bien sûr libre. Je ne comprends pas comment on peut vaincre des oppressions par d’autres oppressions. Je suis une personne de paix, mais me permets de me mettre en colère lorsque certaines choses me dégoûtent. Ce qui est le cas avec la société actuelle. La femme et l’homme ne doivent pas dépendre uniquement de leur rôle genré dans la société.

Est-ce que le rap est ton activité principale aujourd’hui ? Si non, est-ce un objectif à terme ?

Le rap n’est toujours pas mon activité principale aujourd’hui, même si je pratique tous les jours. Ce n’est pas mon gagne-pain.

C’est une question que je me pose actuellement, j’aimerais beaucoup que le rap prenne plus de place dans ma vie professionnelle, mais j’aimerais également garder l’équilibre entre passion et travail.

Quels sont tes projets à venir ?

Je prépare un EP qui fait suite à R, mon premier projet, uniquement disponible sur YouTube. Il s’appellera Exutoire et sortira courant 2023.

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

J’apprécie énormément vos playlists, ainsi que vos posts Instagram. J’apprécierais grandement peut-être une section évenements, qui recenserait les artistes féminines qui passent en concert. Et pourquoi pas organiser vos propres évènements plus souvent ?

Retrouvez Tahra sur YouTube et Instagram.

  1. Elle est géniale
    j’aime sa voix et je lui déjà dit
    je la suis depuis longtemps
    bon c’est aussi la fille d’une de mes cousines

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