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PALAS : « Les femmes sont toujours mises en concurrence ou réduites à leur apparence »

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Tina Turnup & Babylit se rencontrent pendant leurs études à Fribourg, dans le sud-ouest de l’Allemagne. Après quelques explorations musicales en dilettante, elles décident de fonder le duo de rap PALAS. Les deux artistes nous parlent de leurs influences punk, afro-dance et néo-soul, de leur féminisme et de leur premier EP à venir intitulé « ballert ».

D’où vient le nom PALAS ?

PALAS est un nom qui combine une sorte de noblesse et de dureté. Comme notre musique a plusieurs facettes et joue sur les contrastes, nous nous sommes dit qu’il représentait parfaitement notre projet.

Quand et comment ce projet a t’il vu le jour ?

Le projet est né alors qu’on s’amusait à faire de le musique entre amies. Mais très vite, nous nous sommes rendu compte que nous avions toutes les deux de plus grands rêves et que nous voulions les réaliser. Les premières jams qui ont débouché sur le projet PALAS se sont déroulées en 2018 dans la chambre de Tina Turnup, dans une colocation.

Quand et comment avez-vous découvert le hip hop pour la première fois ?

Nous avons toutes les deux grandi en banlieue et avons découvert le hip hop à travers des émissions de télé quand nous étions petites. Pour Tina Turnup, ça a été un coup de foudre, alors que Babylit a aussi passé beaucoup de temps dans les milieux punk, gothique et métal.

Comment sont nés les personnages de Tina Turnup & Babylit et comment les définiriez-vous ?

Nous ne les avons pas vraiment créés. Nous avons plutôt trouvé des noms qui nous ressemblaient et qui ressemblaient à ce qu’on voulait être dans le rap. Nous ne voulons pas les définir, parce que ce serait cheap et limitant, alors que nous sommes des êtres libres, sans limites et prêtes à évoluer chaque jour. Namasté bitches !

Votre musique mêle différents styles allant du punk au R&B, en passant par la trap. Quel·le·s sont les artistes qui vous inspirent ?

Oui, notre musique mélange de nombreuses sonorités parce que nous sommes deux individus aux personnalités et aux goûts musicaux complexes. Outre le hip hop (gangsta rap, trap, cloud …), nous écoutons d’autres styles musicaux comme l’afro-dance (pop), la néo-soul ou le R&B… Toutes ces différentes histoires d’amour musicales influencent inconsciemment notre musique d’une manière ou d’une autre, même si nous n’essayons pas d’imiter ou de copier qui que ce soit.

La liste des artistes qui nous inspirent est longue, donc nous n’allons citer que quelques noms : Haiyti, Keke, Ebow, Ufo361, Doja Cat, Iamddb, Princess Nokia, Tierra Whack, Cardi B, Beyonce…

Lequel de vos morceaux vous représente le mieux et pourquoi ?

Nous ne pensons pas qu’un seul de nos morceaux reflète complètement qui nous sommes, puisque nous sommes toutes ces facettes à la fois. Mais pour répondre à la question, en ce moment, ce serait notre prochain titre, Vallah. Parce qu’il combine beaucoup de choses : de la noirceur, de la sensualité, de l’entrain et de l’humour. Nous aimons particulièrement les titres Nie wieder Broke, notre premier morceau en featuring avec DOP, l’Intro de notre EP, Bossy et Vallah. Mais chaque titre a son propre charme ;-)!

Comment écrivez-vous ? Est-ce que vous avez des techniques particulières ?

Nous avons commencé à écrire nos premières chansons pour PALAS ensemble. Au début, nous sommes même parties au Maroc pendant un mois pour nous inspirer de la magie du pays et écrire ensemble tous les jours. D’abord, en yaourt ou en faisant des freestyles à partir d’idées de textes et ensuite, en créant des morceaux durant de longues sessions de brainstorming. Plus tard, nos techniques de rap et d’écriture se sont améliorées et accélérées.

Aujourd’hui, nous écrivons parfois nos couplets séparément à la maison. Certaines parties du EP sont venues spontanément en studio, lors de freestyles. Nous n’avons pas de techniques particulières d’écriture, mais nous écrivons régulièrement quand l’inspiration est là.

En tant que femmes artistes, quelles difficultés avez-vous rencontré au cours de votre carrière ?

Nous nous sommes retrouvées dans des situations où des hommes nous prenaient un peu de haut ou essayaient de nous pousser à faire du rap pop et girly. C’était probablement inconscient de leur part parce que ces stigmates sont ancrés dans les mentalités. Certains hommes essaient encore de nous imposer leur opinion, comme si nous ne savions pas ce que nous faisions. C’est la posture archaïque des hommes qui veulent contrôler les femmes… Mais ça a toujours une limite, probablement parce que nous avons déjà suffisamment confiance en nous et aussi parce que nous nous entourons de partenaires de travail qui sont intelligents et non sexistes.

Par ailleurs, nous devons souvent faire face aux commentaires de « haters » parce que certains hommes ne veulent toujours pas voir des femmes rapper, et à du harcèlement sur les réseaux sociaux. Les femmes sont toujours mises en concurrence ou réduites à leur apparence, dans la musique et la société en général, mais heureusement, nous recevons beaucoup plus d’amour de toutes parts que de haine.

Vous définissez-vous comme féministes ? Si oui, comment définiriez-vous votre propre féminisme ?  

Nous sommes juste honnêtes. Le terme « féministe » est encore associé à tort à des femmes butées qui détestent les hommes. Ce que nous ne sommes pas. Nous voulons juste que les femmes/lesbiennes/homosexuel·le·s/trans puissent vivre leur vie librement, libres des idéaux de beauté, de la condescendance masculine, des violences sexuelles…

Oui, on peut dire que nous sommes féministes. Parce que ce sont juste des gens qui veulent la justice. Nous voulons aussi la justice pour tous les êtres vivants. Notre féminisme consiste à faire librement ce que nous voulons et à exprimer nos opinions.

Quels sont vos projets à venir ?

Notre prochain single Vallah extrait de notre EP « ballert » arrive bientôt, avec un clip. Et très bientôt, notre EP. Ensuite, nous verrons !

Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

C’est un projet vraiment cool et nous aimons le fait qu’il mette en lumière le talent de femmes et d’artistes queer. Nous ne voyons rien à améliorer. Peut-être que vous pourriez organiser des événements en ligne ?

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