Rappeuse trans originaire de Chicago, Miss Pvssy se fait connaître en 2017 avec son ChiRaq Freestyle, qui célèbre la sexualité des femmes trans. Elle nous parle aujourd’hui de son parcours dans le rap, de sa vision inclusive du hip hop et de son premier EP qui va sortir cette année.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
J’ai découvert le hip hop par ma sœur. Elle avait des catalogues entiers d’albums et j’ai forgé une grande partie de mes goûts musicaux comme ça.
Quand et comment as-tu commencé à rapper ?
En primaire, j’écrivais déjà des mélodies mais pas encore de rap. J’avais écrit une chanson que j’ai ensuite essayé de rapper et bim ! Ma sœur m’a aidé à la mettre en musique et j’ai commencé à y prendre goût. C’est fou, je me souviens encore de toutes les paroles !
Qui étaient tes modèles quand tu étais petite ?
Des femmes noires et fortes. Des femmes à qui on répétaient sans cesse qu’elles étaient incapables mais n’entendaient que le mot « capables ». De ma mère à ma grand-mère en passant par une prof, qui ont cru en moi et au fait que je serais là où je suis aujourd’hui.
Tu viens de Chicago, qui a une scène hip hop très active. Quelle relation entretiens-tu avec cette ville ?
J’adore ma ville. Elle est magnifique avec ses clubs, ses musées, ses zoos gratuits et son architecture. Cet endroit m’a tellement construite, c’est là que je suis tombée amoureuse du hip hop et de la musique pour la première fois. Sa scène artistique m’influence de ouf. Elle m’inspire à être originale et à exister tout simplement.
Tu t’es fait connaître avec ton Chiraq Freestyle et le titre Slay, qui sont des hymnes puissants pour les femmes cis et trans. Est-ce que tu dirais que ta musique est politique ?
Ma musique montre aux femmes puissantes, qui croient que d’où on vient et qui on aime n’a pas d’importance, qu’écouter son cœur est essentiel. Personne n’est parfait et ne devrait chercher à l’être. Ma musique parle de confiance, de croire en soi plutôt qu’en les autres. C’est un combat pour la justice et l’égalité. C’est un combat pour la liberté de dire, faire, et porter tout ce que je veux. C’est comme ça que je veux contribuer.
Tu as joué plusieurs fois au Blow Pony, qui est un célèbre événement queer à Portland dans l’Oregon. Qu’as-tu appris de cette expérience ?
Portland est l’un de mes endroits préférés. On y retrouve une vraie ambiance de petite ville et des personnes très créatives. Elles sont toutes tellement libres et donnent envie d’être fort·e et fier·e ! Rien à foutre.
Comment écris-tu tes textes ? As-tu des routines particulières ou des sujets de prédilection ?
J’écris en fonction de mes émotions. Ça peut être un sujet en particulier mais en général j’ai juste besoin de sentir le morceau. Vous pourrez découvrir davantage ma musique et mes histoires sur mon premier EP qui va sortir cette année. Je suis autrice donc je veux que les gens puissent s’identifier et apprécier ce que j’écris. Ça peut être des sujets de réflexion, profonds ou des paroles un peu dingues mais la musique doit être une forme de liberté. Elle doit permettre de tout laisser sortir, comme un cours de boxe ou de yoga. Tu vois l’idée ?
Le hip hop est souvent présenté comme le genre musical le plus LGBT+phobe. Que réponds-tu à ça ?
Je veux qu’on vive l’instant présent, ce qui signifie qu’on doit changer ces idées. Je crois qu’aujourd’hui le hip hop est ouvert à tou·te·s. Le moment est venu de soutenir et/ou créer. Comme ça, quand nous regarderons en arrière, nous ne verrons même plus que c’était un sujet.
Est-ce que tu t’identifies comme une artiste queer ?
Je m’identifie comme moi-même, une enfant de Dieu. Je ne veux laisser personne de côté parce que la mission est d’être entière. Aimez qui vous aimez, soyez ce pour quoi votre cœur bat. Allez là où vos yeux vous emmènent et ne jugez pas votre voisin. Je suis une artiste qui aime toutes les couleurs de ce magnifique arc-en-ciel et plus encore !
Te considères-tu féministe ?
J’espère être un soutien pour les droits que les femmes méritent en ce monde. Nous venons de milieux différents mais avons accompli de grandes choses qui sont devenues pérennes dans notre vie quotidienne : que l’on soit une enfant qui grandit en étant qui elle veut être ou une jeune drag queen qui se sent forte avec son fond de teint correcteur. Nous avons tant créé. Toutes les femmes méritent d’être bien payées et de recevoir des fleurs. Point barre.
Quelles conséquences le Covid a-t-il sur tes activités ?
Au début, c’était difficile de ne pas pouvoir jouer et être en lien avec des gens mortels. Mais cette période m’a permis de m’apprendre beaucoup sur moi haha. Travailler sur mon premier EP, créer des vidéos que je dois encore sortir et chercher à me connaître. Aujourd’hui, je n’aime pas manger et regarder les mêmes choses qu’avant. On dirait Oprah mais ça m’a inspiré à créer plus de contenu et de musique pour que nous puissions nous rassembler tout en étant séparés !
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
J’adore le site et quiconque soutient les vrais artistes. Je veux bien faire un podcast pour ma prochaine interview !
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© Amethyst
Merci pour cette découverte incroyable. SLAY m’a mis la claque. Ca va faire tourner ca fort !