NOM : Dope Saint-Jude
TITRE : Grrrl Like
ANNÉE : 2018
PAYS : Afrique du Sud, Cape Town
NOM : Dope Saint-Jude
TITRE : Grrrl Like
ANNÉE : 2018
PAYS : Afrique du Sud, Cape Town
A l’occasion de son concert le 6 octobre au Nouveau Casino à Paris, Danitsa, rappeuse/chanteuse française basée à Genève, nous a parlé de son chemin dans le hip hop, de son album Ego et de ses rôles modèles. Rendez-vous à la fin de l’interview pour bénéficier de places à tarif réduit !
Quand as-tu découvert le hip hop et comment as-tu commencé à rapper ?
J’ai découvert le hip hop avec ma mère et ses frères et je m’y suis un peu plus intéressée en écoutant Radio Ado. Je pense que j’ai appris à chanter/rapper en essayant d’imiter les différents artistes que j’écoutais. Le morceau passait et je posais ma voix dessus en même temps que l’artiste.
Tu es souvent présentée comme la Lauryn Hill suisse. Que penses-tu de cette comparaison ?
Cette comparaison me flatte énormément car elle fait partie des artistes que j’admire mais je pense que je ne mérite pas cette comparaison. Lauryn Hill est une icône. Cette femme a tant d’expériences et de talents. Moi, à côté je suis une artiste en plein développement et j’ai du chemin à parcourir.
En quoi tes origines influencent-elles ta musique ?
Je suis française et de par mes origines : congolaise, espagnole, tchadienne et Serbe. Je ne pense pas que ce sont forcément mes origines qui influencent ma musique mais plutôt la transmission qui s’est faite à la maison. Enfant, j’ai baigné dans différents univers musicaux. Mon père est féru de musique jamaïcaine et ma mère écoutait de la soul et du hip hop. Et puis, les rencontres aidant j’ai exploré d’autres choses. Je me produis avec un DJ mais aussi avec des musiciens. La même chanson prend une autre dimension quand elle est jouée par des musiciens et me pousse à explorer d’autres façons de chanter.
Comment travailles-tu tes morceaux ? As-tu des rituels ou des techniques d’écriture particulières ?
J’écoute des prods en studio de préférence car la qualité du son ressort mieux. Commence alors un long travail de sélection. Une prod doit me donner envie de raconter quelque chose car chacune de mes chansons raconte une histoire. Une histoire dont je cherche aussi la mélodie. La mélodie c’est primordial, c’est ma manière « d’habiter » le son avec le texte c’est ainsi que naissent mes morceaux. J’échange beaucoup avec le producteur Vie d’Ange et c’est ainsi que le morceau naît.
Tu as sorti l’année dernière l’album Ego dont le titre « Remember Me », qui sonne comme un hymne féministe. Es-tu d’accord avec cette appellation ? Te définis-tu comme féministe ?
Oui je le suis, et fière de l’être. Chaque personne est libre d’interpréter ce morceau comme elle le souhaite.
Pour « Remember Me », j’ai écrit des petits moments que j’avais vécus et qui me faisaient marrer ou grogner.
Mes morceaux féministes dans mon album sont plus : « Bachata » où je parle d’un mec qui ne pense qu’à son plaisir sexuel personnel sans penser à l’autre et « Bad Luck » qui raconte une histoire d’amour avec un homme violent et possessif.
Qui sont tes rôles modèles féminins et pour quelles raisons ?
Je dirais que ce sont les femmes de ma famille qui m’ont inculqué des valeurs que je trouve justes. Ma mère m’a appris à me battre pour réaliser mes rêves, à ne pas renoncer, à tirer des leçons de mes échecs et les transformer en victoires. J’aime les femmes qui ont confiance en elles, qui s’estiment, qui n’ont pas peur de se fier à leur instinct.
J’ai envie de dire que j’admire toutes les femmes depuis qu’Eve a croqué la pomme, elles sont des modèles, des modèles de connaissance. Je ne connais pas une femme qui ne négocie pas chaque jour sa place, qui n’est pas une Captain à son échelle. Il y a évidemment les plus célèbres, des écrivaines, des cinéastes, des chanteuses, des politiques, je pourrais dire Angela Davis mais je pense à toutes les femmes ordinaires qui chaque jour réalise des choses qui ne sont peut-être pas de l’ordre de l’exceptionnel mais qui sont puissantes, courageuses qui avancent et qui sont solidaires et croient à tous les possibles! Il y a celles qui bougent et font craquer le plafond de verre, celles dont la parole est enfin libérée avec #MeToo et #BalanceTonPorc pour dire « plus jamais ça » !
Tu seras en concert le 6 octobre à Paris au Nouveau Casino. A quoi devons-nous nous attendre ?
Attendez-vous à un concert de folie. Un moment magique que l’on partagera avec vous. Un gros turn up. Beaucoup de chaleur et d’émotions !
Quels sont tes autres projets à venir ?
Je suis actuellement en train de travailler sur mon deuxième album. Un single sera disponible prochainement et j’ai plein de surprises que je vous ferai partager, mais pour l’instant chut !
Madame Rap vous propose des places à 19 euros au lieu de 22 euros pour le concert de Danitsa le 6 octobre au Nouveau Casino à Paris ! Pour bénéficier de l’offre rendez-vous ici avec le code promo « madamerap » !
Parce qu’en 2018, il n’est plus possible de dire « il n’y a aucune femme dans le rap » ou « il n’y a pas eu de rappeuse depuis Diam’s », voici une sélection de 65 rappeuses françaises actives aujourd’hui.
Avec :
A2N – Paris (75)
AK47Meow – Saint-Ouen (93)
Amy – Choisy-le-Roi (94)
Bau Bô – Paris (75)
Billie Brelok – Nanterre (92)
Bounty – Montreuil (93)
Brö – Paris (75)
Bumble Bzz – Saint-Ouen (93)
Casey – Le Blanc-Mesnil (93)
Cayene – Millau (12)
Chilla – Paris (75)
Dieselle – Pontoise (95)
EMMA – Lille (59)
Fanny Polly – Paris (75)
FLO – Guadeloupe
Grâce et Volupté Van Van – Toulouse (31)
Illustre – Clermont-Ferrand (63)
K’s Khaldi – Saint-Etienne (42)
Kayanna Isis – Guyane
Kayline – Aubervilliers (93)
Keny Arkana – Marseille (13)
Kwezi Kimosi – Paris (75)
L’Originale K – Nantes (44)
La Go 2 Feu – Paris (75)
Ladéa – Aix-en-Provence (13)
Lala &ce – Paris (75)
Larose – Guadeloupe
Lasista – Montélimar (26)
Lean Chihiro – Paris (75)
Le Juiice – Boissy-Saint-Léger (94)
Lexie T – Lille (59)
Leys – Reims (51)
Liza Monet – Paris (75)
Lor’A Yéniche – Metz (57)
Lylice – Paris (75)
Mac Manu – Paris (75)
Maëv – Béziers (34)
Méryl – Martinique
Milky M – Colombes (92)
Moon’A – Athis-Mons (91)
Nayra – Saint-Denis (93)
Orel Sowha – La Rochelle (17)
Original Laéti – Paris (75)
Paloma – Paris (75)
Pumpkin – Nantes (44)
Punchlyn – Roubaix (59)
Radikale Junkypop – Saint-Etienne (42)
Renä – Nîmes (30)
Ryaam MC – Paris (75)
Safyr Sfer – Lyon (69)
Sarazz – Avignon (84)
Shani – Wissous (91)
Sianna – Beauvais (60)
Siren – Brest (29)
Skyna Justecause – Cannes (06)
Stélyna – Paris (75)
Sweet Chili – Aix-en-Provence (13)
Syn Cha – Marseille (13)
Tipimente – La Réunion
Tracy De Sá – Lyon (69)
Tracy K – Marseille (13) / Paris (75)
Veuve Noire – Marseille (13)
Vicky R – Lille (59)
Waka – Marseille (13)
Yésima – Granville (50)
Madame Rap a rencontré la rappeuse parisienne A2N, qui nous a parlé de son EP « La tape dans les étoiles », qui sortira le 28 septembre (et disponible en pré-commande ici) et de son parcours dans le rap !
NOM : Jackel
TITRE : Daddy
ANNÉE : 2018
PAYS : Nouvelle-Zélande
NOM : MC Frog
TITRE : ジユウニマウ
ANNÉE : 2018
PAYS : Japon
NOM : Ms. Fystee
TITRE : Mind Ya Business
ANNÉE : 2018
PAYS : États-Unis, Philadelphie
Quand et comment as-tu commencé à rapper ?
Mon père m’a encouragé à rapper quand j’avais 10 ans. Il voulait qu’on fasse un EP avec mon jeune frère, qui avait 5 ans à l’époque. Il a produit la musique et j’ai co-écrit les paroles des morceaux. Nous sommes allés en studio et tout. Nous avons même joué lors d’événements locaux et vendu nos CDs et nos affiches. Le EP s’appelait « Me and My Little Brother ». Mais e n’étais pas prête pour l’aspect management d’artiste… Parfois, je voulais regarder des dessins animés au lieu de répéter donc cette histoire de rap n’a pas durer longtemps. Je voulais arrêter, donc à 11 ans, je n’étais déjà plus rappeuse lol.
Et à faire des claquettes ?
J’ai commencé à prendre des cours dans une école dans le New Jersey. J’ai fait tous styles de danses de 5 à 17 ans, mais les claquettes étaient ma préférée. J’ai réalisé que j’aimais vraiment ça vers 11 ans.
Comment as-tu rencontré Fabrice Theuillon et rejoint le projet The Wolphonics ?
Fab a découvert ma musique sur Soundcloud. Je venais de mettre en ligne ma première mixtape « Masterbait ». Si vous ne l’avez pas encore écoutée, accordez-moi vos oreilles pour quelques minutes. Donc il m’a envoyé un mail pour me dire qu’il était originaire de Paris et voulait me rencontrer pour parler d’un featuring sur un album sur lequel il travaillait. J’avais quelques appréhensions au début, mais nous nous sommes rencontrés quelques jours plus tard à Brooklyn et l’année suivante nous avons collaboré sur plusieurs titres. Il m’a ensuite fait venir à Paris pour le premier concert des Wolphonics. On continue de construire ensemble depuis.
Selon toi, quels sont les points communs entre le hip hop et le jazz ?
La culture et l’expression. Le jazz et le hip hop sont des musiques noires américaines et une extension de la musique africaine. Sans les luttes et l’oppression des Noir.e.s aux États-Unis, il n’y aurait ni de hip hop ni de jazz. Ce que les gens aiment dans ces deux musiques est l’authenticité. C’est transparent. C’est vrai. C’est brut. C’est ce qui les rend si incroyables.
Tu viens du New Jersey. Quelle place occupent les femmes sur la scène hip hop là-bas ?
Il n’y a pas de scène « féminine » ou « masculine ». Il y a des femmes très talentueuses qui se démarquent dans le New Jersey. Felisha George est l’une de mes préférées dans la communauté hip hop. Beaucoup de chanteuses s’essayent au rap, mais là encore, ce n’est pas le propre des femmes.
Te définis-tu comme féministe ? Si oui, de quelle forme de féminisme te sens-tu la plus proche ?
Je crois en l’égalité politique, économique et sociale. Je ne connais pas les différentes formes de féminisme. Donne-moi deux secondes pour regarder sur Google et je reviens … Hum, je ne me reconnais pas vraiment dans les dénominations que j’ai trouvées. Je peux juste dire que je ne suis pas radicale ou anti-hommes.
Qui sont tes rôles modèles féminins et pour quelles raisons ?
Ma mère. Je la connais personnellement et je sais à quel point elle a travaillé dur pour ce qu’elle a.
Quels sont tes projets à venir ?
Je travaille sur un album intitulé « Moodswings! » et un EP qui s’appelle « Songs That Smell Good ».
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Vu que je ne parle pas français, mon expérience sur le site est limitée, mais j’ai l’impression que la mise en page a changé depuis la dernière fois que j’y suis allée. C’est bien le cas ? Quoiqu’il en soit, je kiffe et j’aime le fait que Madame Rap soutiennent les femmes du monde entier, et pas seulement en France.
Retrouvez Asha Griffith sur son site, Soundcloud, Twitter, et Instagram et avec The Wolphonics sur Facebook.
Photo © Stanislas Augris
NOM : Suka
TITRE : PLMV (Freestyle)
ANNÉE : 2018
PAYS : Stains, France
NOM : Djaahaya
TITRE : Lindor du meilleur Backstage 2018 – Guyane 1ère
ANNÉE : 2018
PAYS : Châteauroux/Cayenne, Guyane, France
A l’occasion de la sortie de son clip « Bucket », Clémoade, rappeuse de Montréal d’origine haïtienne qui a grandi à Longueuil, nous parle de son parcours dans le rap.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
J’ai découvert le Hip Hop quand j’avais 9 ans . Mon père m’avait offert pour mon anniversaire le disque « Ready to Die » de Notorious B.I.G . Depuis, je suis tombée en amour non seulement avec B.I.G mais aussi avec cet art qui s’appelle le rap .
Comment as-tu commencé à rapper ?
J’ai commencé à rapper en 2017, à 21 ans. Avant de rapper, je chantais. J’ai commencé à chanter à l’âge de 5 ans à l’église. Par la suite, j’étais dans une chorale nommée “ La classe enfantine “. Mes trois sœurs et moi avons créé notre propre groupe et on chantait lors de funérailles et de mariages. À 17 ans , j’ai été admise à la Burman University en Alberta. J’ai passé un bac musique, ce qui m’a permis d’apprendre plusieurs techniques de chant. À mon retour au Québec , j’ai été la chanteuse principale d’un groupe de blues et de jazz pendant deux ans . Pendant tout mon trajet musical, j’ai composé des chansons. Le rap pour moi est venu plus tard pour moi. Je suis tombé en amour avec un homme qui est mon mari aujourd’hui . Il écoutait beaucoup de rap francophone et j’ai beaucoup aimé.
Tu viens de sortir le clip « Bucket ». Que raconte ce titre ?
Ce titre exprime tout simplement mon désir de prendre encore plus ma place dans l’industrie du rap , non seulement au Canada mais aussi internationalement.
Comment travailles-tu tes morceaux ? As-tu des rituels ou des techniques d’écriture particulières ?
Oui j’ai des rituels… mais ils sont secrets.
Quelle place occupe les femmes sur la scène hip hop à Montréal ?
La seconde place, mais ça va très bientôt changer. Il faut qu’on s’exprime de plus en plus, qu’on n’ait pas peur de prendre notre place et ignorer nos “haters”. Les femmes vont tôt au tard prendre la première place .
Qui sont tes rôles modèles féminins et pour quelles raisons ?
Oprah Winfrey. Je trouve cette femme d’une grande sagesse et totalement extraordinaire. Ça philanthropie m’inspire beaucoup.
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
Oui , par ce que être une féministe, ce n’est pas compliqué . Le terme pour moi veux tout simplement dire vouloir l’égalité entre les hommes et les femmes.
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Du Cléomade, j’aime beaucoup !!! C’est mon artiste préférée !!!
Quels sont tes projets à venir ?
Être heureuse.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je félicite Madame Rap pour ce beau travail!! Vous êtes sur la bonne voie donc je n’ai aucun commentaire négatif à faire. Le travail que vous faites et votre professionnalisme parle pour vous !
Retrouvez Cléomade sur Facebook, YouTube et Instagram.
NOM : PBL
TITRE : Freestyle #1
ANNÉE : 2018
PAYS : France, Les Ulis/La Réunion
NOM : LightSkinKeisha
TITRE : Believe Dat
ANNÉE : 2018
PAYS : États-Unis, Atlanta
Madame Rap a rencontré Billie Brelok lors de la sortie du premier volet de son nouvel EP « Gare de l’Ouest ». L’occasion de parler avec la rappeuse de Nanterre de ses nouvelles collaborations, de son statut d’artiste indépendante, de colonialisme et de féminisme.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
Je me suis mise à écouter du rap presque indépendamment de ma volonté. C’est une histoire d’époque et d’endroit. Quand je suis arrivée au collège, le rap passait à la radio, il y avait des clips à la télé, c’est ce qu’on chantait tous dans la cour de récré. Je crois que le premier disque de rap français que j’ai eu est « Les Tentations » de Passi. C’est une espèce de bande-son de mon collège. Je trouve qu’à l’époque il y avait pas mal de bon rap commercial. Je ne dis pas ça dans le sens où aujourd’hui le rap commercial serait mauvais, juste je connais moins le rap commercial d’aujourd’hui.
Comment as-tu commencé à rapper ?
Nanterre est une ville où il y a toujours eu du rap. A chaque fois qu’il y avait une fête de la musique ou une fête de quartier, il y avait tout le temps des rappeurs du coin. Ce rap que j’appelle « rap proximal » est concret et je crois que c’est ça qui donne envie de rapper. En plus de ça, vers le lycée, j’ai rencontré la FATSK (Fatskool), une équipe de graffeurs qui faisaient aussi du rap, même si aujourd’hui ils sont essentiellement actifs dans le graffiti et la peinture. Je passais des soirées avec des potes qui étaient tout le temps en train de rapper, du coup ça m’a aussi donné envie.
Il y avait des rappeuses aussi ?
Je me souviens qu’il y avait deux filles dans une équipe qui s’appelait Recta Music à Nanterre, Une qui s’appelait Iklam et l’autre Dounia, elles n’avaient rien à envier aux autres kickeurs et je me souviens que leurs prise de mic étaient fortement saluées.
La Vipère vient aussi de vers chez nous. On ne va pas se mentir, la proposition était largement masculine, mais ce n’était pas le désert non plus.
Tu viens de sortir le premier volet du double EP « Gare de l’Ouest ». Pourquoi avoir eu envie de sortir ce projet en deux temps ?
Pour prendre le temps justement. Pouvoir gagner un peu d’argent avec le premier va m’aider à finir le deuxième. Comme je suis complètement dans l’indé, ça prend du temps. Je ne savais pas vraiment quel format allait prendre ce projet. Ce n’était pas réfléchi comme un album, c’est juste un regroupement de morceaux et d’envies textuelles ou de collaborations. En deux wagons ça me semblait pas mal. Du coup, tout va tellement vite aujourd’hui, quand tu sors 8 titres, c’est oublié en deux jours donc si tu en sors 25, tu es encore plus déprimé. Je préfère prendre le temps, laisser une chance aux morceaux d’exister et de circuler, et voir si les gens arrivent à tomber dessus.
Avec qui as-tu travaillé sur cet EP ?
Avec Didaï, encore et toujours, avec qui j’avais travaillé sur le premier projet. Je travaille aussi avec un DJ qui s’appelle High C. Contrairement au premier projet, on a intégré la guitare (Dan Amozig) et la basse (Gaye Sidibé) dans la création et c’était cool pour moi de voir le processus d’enregistrement avec des musiciens. Sinon, j’avais super envie de tafer avec Crown et Gemo DGZ. Crown est un beatmaker qu’on ne présente plus, du collectif Grim Reaperz, c’est un pote qui m’a fait découvrir Crown, on a fait pas mal d’aprèm à kicker ses prods, donc grand plaisir de pouvoir collaborer avec lui . Gemo est un mec du coin de chez moi aussi, archi polyvalent, qui fait du graffiti, de la musique, c’est un multi-coutellier de l’underground, Guillaume Dekerle est le tout premier DJ avec qui j’ai travaillé sur scène. On a bossé sur ce morceau il y a super longtemps, et on a fini par l’achever.
Et côté visuel c’est Fériel Naoura qui a réalisé la cover avec les contributions de luxe des graffeurs/muralistes Poné, La Main Gauche et JoBer dans l’habillage.
Être en indé, c’est choisi ou subi ?
J’ai cherché à travailler avec des partenaires sur ce projet, mais on dirait qu’un label veut avant tout s’assurer qu’il ne met pas d’argent pour rien. Les gens que j’ai rencontrés dans un premier temps m’ont quasiment exclusivement parlé de followers. J’avais l’impression que le contenu artistique était plutôt très secondaire. Mais pour l’instant, je suis contente de la collab avec iM, le label digital suisse chez qui on vient de sortir le volet 1 de Gare de l’Ouest. Ils ont été hyper réactifs et très encourageants sur le projet, du coup je sors les deux volets chez eux.
J’ai recommencé une collaboration avec une structure de booking, Well Done Productions. On est en train de remonter une petite tournée autour du nouveau projet. Parce que moi ce qui m’intéresse le plus, ce sont les concerts. Ce qui me fait le plus kiffer, c’est la scène.
Ton dernier projet « L’embarras du choix » est sorti en 2014. Que s’est-il passé pour toi durant ces quatre années ?
On a fait beaucoup de concerts après. Il y a eu le coup de pouce du Printemps de Bourges qui a permis de mettre en avant le projet. On a eu la chance de tourner en France, un peu en Europe et même en Amérique Latine. Ce qui était super cool. Après ça, je me suis mise à fabriquer la suite. Je suis assez lente dans la création, je prends vraiment le temps. Parallèlement à ça, j’ai fait des ateliers d’écriture, et quelques jobs pour l’intermittence. J’étais un peu en vadrouille aussi, et j’ai pris du temps avec mi gente.
Comment écris-tu ? As-tu des rituels ou des techniques particulières ?
Je n’ai aucune recette. Ça peut être une prod qui me lance sur une thématique, un sujet sur lequel j’ai envie d’écrire depuis longtemps… Ce qui est sûr, c’est que je tire au maximum sur la corde du temps, comme un élastique, le plus possible, et que ça finit souvent par se régler dans l’urgence. En fait j’ai besoin de me repasser mes textes plusieurs fois pour être sûre que c’est bien comme ça que je voulais dire ça. Si je doute, ma mémoire refuse d’imprimer.
Dans le titre « Plaisance », tu évoques les touristes colonialistes qui consomment les pays qu’ils visitent et perpétuent une forme d’appropriation culturelle. Pourquoi as-tu eu envie d’aborder cette question ?
Le deuxième couplet est complètement vrai. J’ai eu l’occasion d’aller en Thaïlande. On m’avait dit que les gens avaient un sens incroyable de l’accueil et c’est vrai, mais parfois, souvent même, « le paradis trône assis sur l’enfer ». Je suis d’origine péruvienne et le Pérou est aussi un pays qui déclenche toute une fascination exotique autour de la question du tourisme. Ça crée in situ des conséquences qui mettent en relief les inégalités entre touristes et Péruviens.
Par exemple, il y a tout un tas de sites archéologiques qui sont plus connus des étrangers que des Péruviens eux-mêmes. Des sites historiques ou naturels, dont l’existence est plus que menacée, voir déjà condamnée, sous le poids du tourisme de masse, alors que la priorité est que tous les Péruviens puissent avoir accès à leurs histoires et géographies, et qu’il y a de nombreux efforts de lutte et de résistance pour ça. Ma double culture fait que je me suis déjà retrouvé du côté du touriste, et c’est très malaisant. Tout comme quand je tombe sur des pièces archéologiques de Pachacamac dans la collection permanente du musée du Quai Branly, alors que Pachacamac a son musée. Et que j’aimerais bien savoir quel bracelet de Clovis ou quelle céramique la France a cédé aux musées nationaux de Lima ou de Cuzco ?
Selon moi, il y a dans la façon de regarder le monde et de voyager aujourd’hui des mécanismes trop proches de nos antécédents coloniaux (même si dire cette phrase est bien schizophrénique pour certains d’entre nous). Comme si le monde demeurait un grand terrain de jeux, une galerie de papillons, un arboretum des curiosités. Ça explicite qu’on n’a pas les mêmes choix. Je trouve que la question de la colonisation n’est pas claire encore en France. Il faut trouver tous les moyens pour qu’on en parle plus.
Hors du milieu hip hop, quels sont les clichés sexistes que l’on te renvoie le plus souvent en tant que rappeuse ?
Je crois que c’est très difficile de traverser cette vie sans être victime de sexisme. En tout cas, j’espère que celles qui y échappent ont conscience qu’elles sont l’exception qui confirme la règle. Et je ne suis pas cette exception.
En tant que rappeuse, ce sont des clichés du style « ah bon, tu es rappeuse ? Il n’y en a pas beaucoup« , ou alors « tu rappes bien pour une fille« . En plus quand c’est une meuf qui te le dit, c’est chaud ! Mais c’est plus touriste que sexiste, ça ne gagne pas mon moral. J’essaie de trouver comment ne pas me retrouver confrontée à ces réflexions-là.
De la part des journalistes, je constate une méconnaissance abyssale. Et sereinement en plus. Ça m’est arrivé d’avoir des interviews où je sentais qu’on cherchait une ambassadrice d’un discours qui n’était pas le mien, pas celui de mes références, et où esquiver ça relevait de décevoir l’interviewer(euse).
Qui sont les femmes qui t’ont inspirée ? (dans la musique ou autre…)
Je suis nulle en name dropping en général. Et je pense qu’on est plus le fruit d’une foule que de quelques têtes. Mais je dirais que cette question me fait penser aux femmes de la vraie vie, dans la mienne c’est Margnia, Mimouna, Laura, Rosa, Lolita y Luzecita, et plein d’autres, de la mono, aux tantes, aux grandes sœurs de tes copines… tous ces ruisseaux qui font le fleuve que tu deviens.
Mais sinon je pourrais citer Mercedes Sosa, Lucha Reyes, Lauryn Hill ou Casey, et au fond à leur façon Scully, Cléôpatre, ou Christine Aaron et tellement d’autres, qui donnent toutes à voir comment ça peut aussi se passer.
Te définis-tu comme féministe ?
Je pense qu’on est plus ce qu’on fait que ce qu’on dit. Donc j’essaye de « faire » et d’avancer féministe, de fabriquer féministe. Tu peux dire que tu es féministe, mais depuis le petit pixel de ton existence, ce n’est pas facile de refuser tous les rapports de domination. On va dire que j’aspire à pouvoir mériter le titre. Je vois ça comme une course de fond. J’essaie de ne pas malmener le mot, parce qu’il l’est déjà beaucoup.
Je trouve ça bien quand le féminisme est pluriel. Il y a des féminismes desquels je me sens proche et sympathisante et d’autres avec lesquels je ne roulerai jamais. Je ne les destitue pas de se dire féministes pour autant. Pour moi, la diversité des féminismes est déjà une avancée pour la considération des femmes dans la société, la possibilité d’être multiples, d’être en désaccord contribue à rompre l’idée d’une définition unique du féminin. Et il existe parmi cette multitude d’options, des courants auxquels je m’oppose frontalement.
Avec toutes les années d’arabophobie et d’islamophobie qu’on se mange en France, je trouve qu’il y a eu des usages très critiquables d’un certain féminisme qui parle des femmes musulmanes comme une espèce de dernière marche de la liberté et de l’indépendance. Je me souviens qu’on a beaucoup exigé des musulmanes et musulmans de se distinguer, haut et fort, de ci, de ça… Pas tellement aux féministes. Je suis donc une féministe qui se distingue et condamne sans détour cette attitude raciste et ce féminisme opportuniste.
Je n’aime pas du tout le féminisme quand il donne des leçons et qu’il exclut certaines femmes de son combat. Moi, on m’a transmis l’idée qui dit qu’un coup porté à une femme, c’est un coup porté à toutes les autres. J’ai l’impression que le féminisme est comme un cadeau que ma mère m’a offert, je crois que c’est pour ça que je suis aussi très précautionneuse avec ça.
Quels sont tes projets à venir ?
J’ai quelques dates prévues à la rentrée entre autre à Nantes le 2 septembre, Nanterre, Annonay et une release party à Paris fin novembre pour la sortie du double EP, et d’autres dates à venir, et quelques ateliers aussi qui se mettent en place.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Sans aucun dénigrement, ça me donne l’impression qu’une journaliste parle aux journalistes et que ça permet une traduction pour des gens qui n’ont aucune accessibilité à ce milieu-là. Ça, je trouve que c’est utile et positif pour toutes les rappeuses et les rappeurs en général. Après, je ne consulte pas assez et je devrais le faire davantage parce que ça m’arrive qu’on me parle de rappeuses qu’on a pu écouter ou découvrir sur Madame Rap.
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© Reda Dare
Elles viennent du Japon, de Corée du Sud, de Birmanie, de Mongolie ou de Chine et elles rappent, découvrez notre sélection de 35 rappeuses de pays asiatiques !
Avec :
– #AV ( Malaisie )
– Abie Flinstone ( Philippines/Belgique )
– Amber ( Corée du Sud )
– Anty The Kunoichi ( Japon )
– Arabyrd ( Malaisie )
– Aristophanes (Taïwan )
– Ash Chughtai ( Pakistan )
– Bora ( Corée du Sud )
– Chacha ( Chine )
– Chippy Nonstop ( Inde )
– CL ( Corée du Sud )
– Coma Chi ( Japon )
– DB ( Philippines )
– Deane Sequeira ( Inde )
– Dee Mc ( Inde )
– Femcee Evil ( Inde )
– Gennie Bolor ( Mongolie )
– Hard Kaur ( Inde )
– Ish Kaur ( Inde )
– Lisha ( Cambodge )
– MaryJane ( Japon )
– Masia One ( Singapour )
– Miryo ( Corée du Sud )
– Misnomer(S) ( Corée du Sud )
– Miss Monday ( Japon )
– Ramika ( Afghanistan )
– Rumi ( Japon )
– Sonita Alizadeh ( Afghanistan )
– Soosan Firooz ( Afghanistan )
– Suboi ( Vietnam )
– Uranus ( Chine )
– Y.A.K. ( Birmanie )
– Yacko ( Indonésie )
– Yoon Mirae ( Corée du Sud )
De l’Egypte au Maroc en passant par la Jordanie et la Palestine, découvrez notre sélection de 20 rappeuses originaires de pays arabes. La preuve que le rap ne connaît pas les frontières et qu’il existe des rappeuses dans le monde entier !
Avec :
– Alyssa Marie ( Liban )
– Amani Yahya ( Yemen )
– Dania DN Closer ( Syrie )
– Empres*1 ( Egypte )
– Evaa ( Maroc )
– Lessa A ( Arabie Saoudite )
– Malikah Lynn ( Liban )
– MC Meera ( Jordanie )
– Medusa ( Tunisie )
– Mona Haydar ( Syrie / USA )
– Myam Mahmoud ( Egypte )
– Queen Nesrin ( Tunisie )
– Safaa Hathot ( Palestine )
– Serly (Algérie)
– Shadia Mansour ( Palestine/Angleterre )
– Soska Girl ( Egypte )
– Soultana ( Maroc )
– Tendresse ( Maroc )
– Tuny Girl ( Tunisie )
– Venus ( Liban )
NOM : Lady Dahlia
TITRE : Love Is Blind
ANNÉE : 2018
PAYS : États-Unis, Nouvelle-Orléans
Originaire d’Anvers, la rappeuse compositrice et chanteuse belgo-portugaise Blu Samu nous parle de ses influences hip hop soul, de la sortie de son premier EP Moka et de sa passion pour Sade.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
Adolescente, quand j’habitais encore à Anvers. J’avais du mal avec l’école, je traînais beaucoup avec des potes et on écoutait énormément de son. Mais pas que du hip hop hein, je suis fan de rock aussi.
Comment as-tu commence à rapper ? As-tu reçu une éducation musicale ?
Je savais que je voulais faire de la musique depuis longtemps, mais j’ai réalisé assez tard que le rap était le meilleur moyen d’exprimer ce que je voulais. J’ai grandi avec ma mère qui écoutait assez peu de musique, je me suis fait ma culture musicale toute seule et via mes potes. Mon premier rap date de mes 19 ans. Depuis, je n’ai plus arrêté d’écrire.
Tu viens de sortir ton premier EP Moka. Comment décrirais-tu ce projet ?
C’est un condensé de ce que j’ai pu expérimenter depuis que j’habite à Bruxelles (un an et demi). Je commence à peine à me créer mon univers, je m’essaie de plus en plus au chant… Disons que c’est un échantillon très brut de tout ce que j’explore actuellement. Je suis super étonnée de l’accueil qu’il reçoit, j’ai vu qu’on m’écoutait jusqu’en Corée (rires)!
Le projet, et notamment le single « Sade Blu », mêlent rap, soul et jazz. D’où viennent ces différentes influences ?
C’est réellement un petit hommage à Sade qui fait partie des artistes que j’admire le plus au monde. Vous avez entendu qu’elle bossait sur un album?! J’ai évidemment aussi beaucoup écouté Lauryn Hill, Erykah Badu, Missy Elliot, Beyoncé,… toutes les reines quoi. Ça vient surtout de là.
Quelle place les rappeuses occupent-elles sur la scène belge?
On commence à se faire entendre ! Coely a lancé le mouvement, aujourd’hui il y a aussi les Juicy qui sont capables de donner quelques leçons de flow aux garçons, Miss Angel qui vit à Anvers est super forte! Les révélations vont continuer à arriver, je le souhaite de toutes mes forces !
Qui sont tes rôles modèles ?
Ma maman qui a tout donné pour mon éducation et qui est encore très présente pour moi aujourd’hui. Je lui ai donné beaucoup de fil à retordre… aujourd’hui je veux la rendre fière. Mes colocataires du 77 (Rayan, Morgan, Peet et Félé Flingue) qui m’ont ouvert tellement de portes et m’ont fait énormément progresser depuis que je les ai rejoints. Tous ceux qui m’ont permis d’être où j’en suis aujourd’hui, je leur dois tellement…
Te définis-tu comme féministe ?
Oui et non. Oui parce qu’il est primordial que l’égalité des droits entre les hommes et les femmes soit défendue et revendiquée partout où c’est nécessaire. Je ne me sentirai jamais inférieure à un homme quelle que soit la comparaison établie. Non, parce que je crois qu’aujourd’hui le féminisme souffre de ses mauvaises interprétations/utilisations. Il faut faire attention à la manière dont on défend la cause des femmes, au risque de créer l’effet inverse. C’est un sujet sérieux, pas une mode.
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Nathy Peluso, OSHUN, Shaka Shams, Miss Angel, J.I.D.,…
Quels sont tes projets à venir ?
Je bosse déjà sur la suite de MOKA et j’ai beaucoup de dates jusqu’à l’automne. Musique, musique, musique ! Et profiter des miens dès que possible.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
C’est très cool! J’ai vu que vous faisiez découvrir des artistes du monde entier. À améliorer je ne sais pas mais pourquoi pas lancer un festival Madame Rap ? Ou une compilation ? Je serais super chaude !
C’est l’été ! L’heure de la détente, du bronzage et du RER sans clim’. L’heure aussi de bouquiner tranquillement et de se (re) plonger dans les classiques sur une plage paradisiaque aux eaux cristallines à l’ombre d’un palmier géant (ou sous une Quechua au camping de Chiry-Ourscamp.)
Seulement voilà, de Voltaire à Proust en passant par Bukowski et Oscar Wilde, chaque livre que vous ouvrez vous offre son lot de phrases bien sexistes qui vous hérissent le poil. Vous vous dites que c’est vraiment pas de chance, et qu’à ce prix-là autant se coller du Niska, du XXXTENTACION ou du Damso dans les oreilles. Et vous avez bien raison.
Car contrairement au rap, sans cesse désigné comme le principal (et le plus virulent) producteur de sexisme dans notre société, la littérature et ses grands noms (masculins bien sûr) se voient bizarrement épargnés.
Pour vous le prouver, voici 30 citations d’écrivains à la renommée planétaire, étudiés à l’école, érigés en référence et vénérés, sans que personne ne pointe du doigt le sexisme de leurs écrits.
Bonnes vacances et à vos playlists !
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