GOTAL : « Considérez-nous comme des êtres humains avant tout »

Quand et comment avez-vous découvert le hip hop ?

J’ai découvert le vrai vie du hip hop en juin 2011 par le biais d’un ami et frère Cheikh Diop alias Kaze Blue, un rappeur et mon manager qui m’a introduit dans le milieu. Sinon, depuis l’enfance j’ai toujours adoré la musique.

Comment et pourquoi avez-vous fondé le collectif GOTAL en 2009 ?

Le collectif GOTAL a été fondé en 2009 par l’une des membres, Anta Ba, qui avait pour but de regrouper des artistes féminines évoluant dans la culture hip hop, en vue de travailler en équipe et éventuellement sortir des produits sur le marché. J’ai intégré ce collectif en 2013 en même temps que Vénus lors d’une formation avec Beat Making Lab (label de Caroline du nord) en collaboration avec Speak Up Africa, le label Bois Sakre (formation en beatmaking) et DJ Zeyna, qui a intégré le collectif en 2015.

GOTAL est composé de Vénus, Toussa, Lady Zee, Anta Ba et DJ Zeyna. Comment êtes vous-perçues en tant que femmes sur la scène hip hop au Sénégal ?

Le Collectif GOTAL est maintenant composé de Vénus, Anta Ba, Lady Zee et DJ Zeyna, Toussa n’en fait plus partie, elle s’est concentrée exclusivement sur ses produits solo. A mon avis, pn est bien perçu dans le milieu, car on est souvent invité à des concerts, des émissions de radio et télé, concours, à faire des featurings… Il est vrai que ce n’est pas facile de s’imposer mais je pense que cette place nous l’avons travaillée, nous la méritons et commençons à la gagner sur le terrain.

Vous avez repris le célèbre « U.N.I.T.Y » de Queen Latifah. Que représente ce morceau pour vous ?

Nous avons repris ce son de Queen Latifah car c’était un moyen de véhiculer un message frappant, pour dénoncer les hommes qui pensent que pour percer dans ce milieu, il faudrait passer par une promo canapé ou vraiment s’adonner à des techniques malsaines pour se retrouver au sommet de l’échelle. Pour ceux qui pensent aussi que les femmes n’ont pas leur place dans le milieu musical. N’oublions pas que la musique est internationale et revient de droit à tout un chacun. Dons soyons unis pour une seule et même cause.

Vous êtes également actives dans le domaine social. Quels types de projets initiez-vous et en quoi cela est-il important pour vous ?

Effectivement, nous avons œuvré à des actions sociales afin de participer à la mise en place de stratégies gagnantes pouvant inciter la population, et plus précisément les jeunes, à avoir une vision beaucoup plus positive par rapport à nos objectifs et comportements. Comme la « Remise de dons », le 8 mars 2015 lors de la journée des femmes au camp pénal de Liberté 6 en collaboration avec le label DD RECORDZ de Dakar. Le 7 octobre 2015, dans le cadre de l’évènement « Octobre rose » par le biais de nos managers Ina Makosi et Wasso Tounkara, nous avons offert, avec Marie Stopes International,  une journée de consultation gratuite sur les cancers du sein et du col de l’utérus. Nous combattons également contre les vices de la société africaine, avec le single « Null Kukk » (peau noire) qui dénonce le phénomène de la dépigmentation et tant d’autres.

Quelles sont vos modèles féminins ?

Nos modèles féminins, sont avant tout nos mamans, qui nous ont heureusement inculquées une éducation qui fait de nous des références dans le milieu dans lequel nous évoluons. A part elles, personnellement, Coumba Gawlo , pour sa grandeur, sa combativité, le respect qu’elle prône partout où elle va, son acharnement au travail, Fatim de BMG44, et nous avons d’autres exemples comme Queen Latifah en occident…

Vous considérez-vous féministes ? Pourquoi ?

Nous nous considérons comme féministes tout naturellement car nous sommes des femmes lol. Il n’y a pas mille manières de le prouver. Faisons juste les choses de manière équitable. Que tout le monde puisse s’y retrouver. Considérez-nous comme des êtres humains avant tout.

Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Actuellement, je suis en train d’écouter Matador « Sénégal » tiré de l’album Reewgaal Nation, sinon en général nous écoutons tous les genres de musique, ayant un style international.

Quels sont vos projets à venir ?

Nos projets sont déjà d’avoir des vidéos qui passent un peu partout, sortir un produit sur le marché (mixtape, maxi ou autres), nous y travaillons, faire des tournées nationales et internationales, continuer à œuvrer dans le social et tenir un langage de vérité à la population à travers nos lyrics.

Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

Nous ne pouvons que remercier Madame Rap de cette initiative et d’imprégner au max les femmes dans le milieu hip hop pour se faire une place assez visible. Nous sommes très enchantées de voir l’intérêt que vous nous portez et aussi de faire partie des rubriques de votre site. One Love.

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Speech Debelle : « Etre une femme noire signifie que nous sommes encore plus ignorées »

Est-il vrai que tu as commencé à rapper à l’âge de 13 ans parce que tu n’aimais pas ta voix en tant que chanteuse ?

J’ai écrit mon premier poème à l’âge de 9 ans et j’ai continué à écrire de la poésie pendant des années. J’ai réalisé seulement récemment qu’en devenant rappeuse, la poètesse ou écrivaine en moi était toujours restée. Je suis d’abord tombée amoureuse des mots. Vers 13 ans, des amis et moi avons lancé un groupe de chansons. Très vite j’ai réalisé que ce n’était pas mon point fort, même si je chante un peu plus sur mon nouvel album.

Tu as grandi à South London mais as des origines jamaïcaines. En quoi ces origines ont-elles influencé ta musique ?

La culture jamaïcaine est tellement colorée et intéressante que le monde entier se passionne pour elle. J’ai la chance d’avoir des racines et des connexions profondes. C’est puissant et très beau.

Tu cites Tracy Chapman et Me’Shell Ndegeocello comme des influences majeures. Qu’est ce qui te plaît le plus chez elles ?

Leur simple éloquence en tant qu’autrices. Quand elles écrivent, elles vont à l’essentiel. La retenue peut être très sexy.

En 2009, tu as remporté le Mercury Music Prize pour ton premier album “Speech Therapy. En quoi cette récompense t’a-t-elle aidé dans ta carrière ?

Elle m’a confirmé que je n’étais pas folle et que je ne m’étais pas trompée quand je croyais que j’étais venue au monde pour partager des mots. En tant qu’artistes, nous imaginons notre avenir et l’avenir du monde dans lequel nous vivons. Certains d’entre nous cherchent à créer cette réalité et quand les gens reconnaissent leur art, c’est un véritable soulagement. Comme tout, ça peut également être un poids, mais la vie repose sur l’équilibre. Tout dépend de ce que tu choisis de croire.

En tant que femme artiste, as-tu déjà été discriminée dans le hip hop ? 

L’industrie de la musique, comme le reste, est un monde d’hommes. Il y a deux mois, il y avait le Red Bull Culture Clash à Londres. J’ai pu voir environ 100 hommes monter sur scène et prendre le micro, et seulement une seule femme. Etre une femme noire de surcroît signifie que nous sommes encore plus ignorées, alors que nous avons permis aux autres de trouver leur propre voix. Injuste mais courant.

Te considères-tu féministe ? Pourquoi ?

L’égalité entre les sexes et les origines ethniques, c’est ça le but. Nous avons été envahis par trop d’énergie masculine, qui nous prive de notre capacité à aimer et à faire preuve de compassion. Nous devons nous questionner sur l’équilibre entre l’énergie masculine et féminine. Nous avons besoin de plus d’énergie féminine divine.

Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Oh la la, les découvertes de la semaine de Spotify m’aident vraiment à dénicher de la nouvelle musique. Sans ça, je serais encore en train d’écouter Beres Hammond, du hip hop old school et du R&B. J’écoute toujours beaucoup l’album de Denai Moore. Aujourd’hui, j’ai commencé à écouter le nouvel album de Giggs, que j’adore.

Quels sont tes projets à venir ?

Je viens juste de sortir un EP intitulé « Breathe » qui est disponible en streaming. Je sortirai plus tard cette année l’album « Tantil before I breathe« , que j’ai coproduit. Vous pouvez écouter en ligne deux titres extraits de l’EP : « The Work » et « Terms and Conditions« .

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

Je pense que vous faites du super travail. Ne changez rien sauf si vous sentez que le moment est venu !

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Keny Arkana : « Je suis pour les droits de tout le monde »

Les médias te présentent souvent comme « une contestataire qui fait du rap » et non comme une rappeuse. Quelle est la différence entre les deux pour toi ?

Les médias ont beaucoup utilisé cette phrase qui est extraite de mon premier album Entre ciment et belle étoile, mais je ne me suis jamais auto-proclamée comme telle. Cette phrase veut dire que ma priorité est de mettre mon art au service des causes qui me tiennent à cœur. Mais je suis aussi une enfant du rap, j’ai grandi là-dedans, j’ai fait mes classes et je ne suis pas arrivée en touriste.

Cette étiquette t’a-t-elle desservie ou écartée des médias ?

Je n’ai jamais vraiment voulu entré dans le jeu des médias. Quand j’ai sorti « La rage »  il y a dix ans, de nombreuses télés voulaient m’inviter, et j’ai souvent refusé. Les mass media, même pas en rêve ! Je n’ai jamais été ambitieuse ou eu la volonté de sortir des disques. Si je peux être utile et toucher des gens, tant mieux. C’est surtout le bouche-à-oreille et les concerts qui fonctionnent, et non les médias. Parce que le jour où ils ne te suivent plus, tu n’as plus personne. Matraquer les gens via la radio n’est pas dans mon état d’esprit. Sans aucune prétention, je préfère mettre ma musique au service de choses que j’estime justes. Je ne connais pas le show-biz et ce monde ne m’intéresse pas.

On peut aussi lire que tu es altermondialiste, anticapitaliste, anarchiste, révolutionnaire, anticolonialiste… Comment te définis-tu vraiment ?

En fait, c’est encore une étiquette, mais je suis juste une humaine qui fait de la musique, qui a des idées et qui essaie de les partager.

J’ai participé à des forums altermondialistes à Porto Alegre ou à Bamako et il peut y avoir de tout, même des fachos. C’est un mouvement hétéroclite, qui rassemble des personnes aux idées très différentes.

On dit aussi que je suis anarchiste, mais ce n’est pas le cas. Déjà si j’étais vraiment anarchiste, je n’aurais peut-être pas mis des CDS en vente dans les bacs. En plus, même si je n’ai pas de religion, je suis croyante, et ça, c’est compliqué pour les anars !

Je pense que la solution est l’autonomie et l’autogestion. Plus les gens se constitueront en réseaux, créeront des villages ou des espaces, plus cela permettra de fonder de nouvelles sociétés à échelle humaine. Je crois au changement par le bas et non par le vote ou par le fait de renverser l’Etat. C’est à nous de construire le monde de demain. Le système sera alors déséquilibré et tombera de lui-même, car sans nous, il n’est rien. Tout ça n’est pas utopique, c’est dans l’air du temps. Beaucoup de jeunes retournent à la terre et construisent leur village ou leur organisation de leurs propres mains.

Dirais-tu que ton rap est politique ?

Mon rap est humain. Je ne fais pas de dissertation politique, et tout passe par un prisme émotionnel ou spirituel. Si on parle de politique au sens organisation de la cité, alors oui. Mais tout est politique, sourire à quelqu’un qui fait la manche l’est aussi. En tout cas, je ne suis pas une politicienne et n’en serai jamais une. Je suis une artiste du peuple. Mes morceaux racontent ma vie mais n’entrent dans aucune case politique. En plus, aujourd’hui je ne me reconnais dans personne politiquement parlant. Hormis dans le mouvement zapatiste.

Quatre ans après ton dernier album Tout tourne autour du soleil, tu viens de sortir un nouvel EP intitulé Etat d’urgence. Qu’as-tu fait pendant ces quatre ans d’absence ?

En 2013, j’étais en tournée et après je suis partie au Mexique, où j’étais invitée dans le cadre d’un projet zapatiste. Ca devait durer quelques semaines mais en fait je suis restée un an. Je suis revenue en France fin 2014. Je vis toujours à Marseille dans le même quartier et côtoie les mêmes personnes. J’ai fini Etat d’urgence, après avoir réglé des histoires personnelles et m’être remise à l’écriture.

Tu as choisi de mettre le EP en vente à prix libre. Pourquoi cette démarche ?

J’avais envie de tester le principe de prix libre depuis longtemps. De plus, je n’avais pas forcément envie de mettre cet EP en vente dans les bacs. En France, le fait de donner aux gens est très mal compris. La gratuité est perçue comme synonyme de travail bâclé ou sans valeur. Alors, c’est une manière de laisser les gens lui donner la valeur qu’ils veulent ou aussi de se le procurer gratuitement (ils ne sont pas obligés de donner de l’argent pour le télécharger.) Je ne m’attendais pas à grand-chose, mais je suis très agréablement surprise. Les gens se montrent très généreux, même s’ils réclament aussi souvent le CD !

Que penses-tu de la scène rap actuelle en France et de la place que les femmes y occupent ?

Je trouvais plus de profondeur et d’émotion dans le rap des années 1990. Le rap actuel manque un peu de fond et de message, peu importe lequel.

En voyageant, j’ai rencontré plusieurs artistes sud-américains. Là-bas, le hip hop a une portée sociale et est perçu comme un moyen de véhiculer un message ou d’amener nouvelles idées.

Le rap français est tourné sur le business, ça fait un moment que le rap game a tué le hip hop. Ca fait environ trente ans que l’industrie du disque rap est puissante. Ce n’est pas le cas dans tous les autres pays.

En France, le hip hop est toujours hyper mal vu, boycotté ou jugé comme une sous-culture dans les médias, alors que c’est la musique la plus écoutée. Quand on regarde les meilleures ventes de disques, on ne trouve que des artistes de rap, et pourtant on ne les voit pas à la télé.

Te considères-tu comme féministe ? Pourquoi ?

Féministe non, mais anti-patriarcale, oui. Je trouve que certaines organisations féministes peuvent être hyper agressives et excluantes du masculin avec beaucoup de discussions dans des espaces non-mixtes. C’est dommage car les mecs aussi souffrent du patriarcat, ce n’est pas facile pour eux non plus.

Il existe plein de féminismes différents, mais j’ai rencontré de nombreuses féministes radicales et je trouve qu’elles avaient beaucoup de haine et de rancœur. Je ne pense pas que la solution soit dans le fait d’inverser la tendance. Je sais que chaque extrême appelle son contraire, mais le juste milieu c’est bien aussi. Je ne suis pas pour l’exclusion, je pense qu’il faut réfléchir tous ensemble, discuter et se comprendre.

Bien sûr, je suis pour les droits de tout le monde, des femmes, des enfants, des animaux, je suis pour la justice, ou plutôt pour la justesse, pour toutes les minorités.

Qu’écoutes-tu en ce moment ?

J’écoute énormément d’instrus, du rap mais aussi tous styles de musiques. Je ne pourrais pas citer un nom en particulier, mais je me tiens au courant de tout ce qui sort.

Quels sont tes projets à venir ?

Je travaille sur L’esquisse 3, l’album que j’avais mis entre parenthèses pour faire Etat d’urgence. Après, je recommencerai les concerts et repartirai en tournée  partout dans le monde.

Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

Je ne suis pas hyper connectée – dans mon quartier on m’appelle la préhistorique – donc je n’ai pas encore regardé, mais je trouve l’idée de s’intéresser aux artistes non visibles hyper intéressante et très utile et de faire entendre des discours et des artistes inconnus.

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Daughters of Reykjavík : « On a besoin de rester ensemble pour briser le statu quo de la scène rap »

Daughters of Reykjavík est un groupe de rappeuses basé en Islande et composé de 17 membres. Localement connu sous le nom de Reykjavíkurdætur, le collectif est actif depuis 2013 et s’est fait connaître avec ses chansons politiques et féministes qui dénoncent une scène largement dominée par les hommes. Le groupe nous parle de son parcours, de ses combats et de ses projets.

Dans votre bio, on peut lire que Daughters of Reykjavik est composée de 16 rappeuses, mais certains articles indiquent que vous êtes 17 ou 19. Combien êtes-vous réellement ?

16 plus une DJ qui joue avec nous en concert !

Vous avez lancé votre collectif en 2013 et aucune d’entre vous ne rappait avant sa création. Comment avez-vous appris à rapper ?

Certaines d’entre nous rappaient déjà mais, plus pas en tant qu’artistes professionnelles. C’était plus comme un hobby. On s’est appris à rapper entre nous et d’autres ont eu des mentors. On se lance de défis et on se soutient en permanence. L’honnêteté, la confiance et le soutien nous ont appris plus que tout.

En quoi le fait d’être un clan vous rend-t-il plus fortes ?

On est plus nombreuses. On a besoin de rester ensemble pour briser le statu quo de la scène rap.

A quoi ressemble la scène hip hop islandaise aujourd’hui ?

La scène rap islandaise connaît un grand essor aujourd’hui. Elle est dominée par les hommes. Quelques autres artistes et nous sommes l’exception. Il n’y a jamais eu autant de groupes hip hop, avec une palette de styles qui s’élargit.

En tant que femmes artistes, quels stéréotypes sexistes rencontrez-vous le plus souvent ?

Que nous sommes juste célèbres parce que nous sommes des femmes et non parce que nous avons du talent. Les gens disent trop que nous sommes sexy mais que nous n’avons aucun talent. Les médias parlent davantage de nos vêtements et de notre attitude que de notre musique. Mais nous avons bien l’intention de changer ça.

En France, nous avons l’impression que l’Islande est un pays très ouvert doté d’une forte conscience politique par rapport au notre. Vous avez poussé votre Premier ministre à démissionner après les Panama Papers, vous êtes le premier pays à avoir donné les mêmes droits aux femmes et aux hommes en 1850 et vous avez élu la première femme Présidente en Europe en 1980. Cependant, dans une interview pour Noisey, Vigdís Ósk a déclaré : « 50% de la nation est raciste, anti-féministe, fermée d’esprit et vit dans une boîte. » Comment expliquez-vous cette différence de perception ?

Bien sûr certaines personnes en Islande sont corrompues, fermées d’esprit et s’encroûtent. L’Islande n’est pas aussi paradisiaque qu’elle n’y paraît. Nous avons clairement l’impression d’avoir parcouru du chemin en termes de féminisme mais en même temps, il reste encore beaucoup à faire. La politique est une toute autre histoire parce qu’il y a beaucoup de corruption et que deux membres du gouvernement actuel figurent dans les Panama Papers par exemple. Beaucoup de gens ont cette fausse perception de l’Islande mais nous avons encore besoin de beaucoup de temps pour construire un nouveau système avec des standards moraux plus élevés.

Même pour des auditeurs qui ne parlent pas islandais, votre musique sonne très féministe. Pouvez-vous expliquer quels sujets vous abordez dans vos textes pour celles et ceux qui ne parlent pas votre langue ?

La politique, les abus sexuels, l’approche maternelle face aux politiciens corrompus, le féminisme, la sodomie, les poils, le body shaming, l’empowerment des femmes, la culture du viol, les ruptures amoureuses… Mais certaines chansons n’ont volontairement aucune signification particulière afin que notre audience les interprète comme elle le souhaite.

Qu’écoutez-vous en ce moment ? Quelles autres artistes féminines admirez-vous?

Angel Haze, Nneka, Cell7, Beyonce, Little Simz, Dreezy, JOJO Abot, Shadia Mansour et beaucoup d’autres.

Quels sont vos projets à venir ?

Notre RVKDTR EUROPE TOUR commence le 18 juin et s’achève le 17 juillet. La tournée commencera au Secret Solstice en Islande et prendra fin au FIB festival en Espagne. Entre les deux, nous jouerons en Norvège lors d’un atelier sur l’empowerment féministe, puis dans une boutique d’art au Canada et enfin au Roskilde festival.

Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?

Nous trouvons que c’est une approche très cool et un site enthousiasmant ! Continuez à évoluer et à écrire ! Restez ouvertes à tous les artistes et continuez le boulot ! On vous aime !

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EXCLU – Yugen Blakrok sort le clip « Picture Box »

La rappeuse sud-africaine Yugen Blakrok sort le clip « Picture Box » en exclusivité sur Madame Rap !

Après un premier album en 2013 et un puissant featuring avec Kendrick Lamar sur la bande originale du film Black Panther, Yugen Blakrok revient avec un second opus intitulé Anima Mysterium, disponible le 1er février 2019.

En guise d’avant-goût, la rappeuse sud-africaine, accompagnée de son fidèle acolyte le producteur sud-africain Kanif The Jhatmaster, révèle en exclusivité le clip onirique « Picture Box ».

Avec cette ode à l’éveil spirituel, l’artiste rappelle notamment la nécessité de se recentrer face à l’omniprésence et l’intrusion des médias dans notre quotidien : « le feu était le premier endroit où les histoires se contaient, aujourd’hui c’est autour d’une télévision que l’on se réunit. Nous ne faisons que mimer nos propres ombres dans des dimensions parallèles à travers cette ‘boite à images’ . Ces personnages influent sur nos pensées et nos vies dans cet espace- temps dans lequel nous vivons. Où partent-il alors lorsque l’on change de chaîne ou que l’on s’éteint ? L’esprit ne peut imaginer ce qui n’existe pas. »

Vous pouvez pré-commander l’album Anima Mysterium ici, relire notre interview de Yugen Blakrok et la suivre sur FacebookTwitter et Instagram.