Des ateliers gratuits sur le street art à Bondy

D’octobre 2019 à juin 2020, la ville de Bondy (93) lance sa nouvelle université populaire Averroès avec notamment une série d’ateliers gratuits consacrés au street art et une séance dédiée aux femmes street artistes le 25 mai. 

Animées par Batsh, ces séances participatives ouvertes à toustes visent à faire découvrir les origines de ce courant artistique, son fonctionnement et son assise dans la société.

L’artiste pluridisciplinaire nous a expliqué son parcours dans le graffiti et en quoi consistait ce projet.

Comment as-tu rejoint ce projet d’université populaire Averroès à Bondy ?

Dans un objectif d’effacer les barrières sociales et spatiales et d’enrichir les individualités, la ville de Bondy m’a sollicité pour mettre en place un cursus autour du street art. En effet, pour mieux nourrir le commun et éveiller les curiosités, la commune a à cœur de cultiver cette notion avec une ambition toujours plus pertinente. Il n’y a pas d’âge ni de profil pour découvrir, réfléchir et apprendre.

Batsh

Quelle différence fais-tu entre les termes « graffiti » et « street art » ? 

Tout dépend de la définition que l’on donne à ces activités. Le graffiti est à mes yeux la manière d’écrire son nom sur les murs. À l’origine, c’est un cri d’urgence. Le street art est l’art et une manière de créer des œuvres dans l’espace public et un nouveau support d’expression pour les férus d’arts plastiques.

Quel est ton parcours dans le graffiti ? 

Mes premières expériences liées au graffiti se sont manifestées dès le début des années 90. Influencé par des ouvrages comme Spray Can Art de Henry Chalfant et James Prigoff, Subway Art de Martha Cooper et Henry Chalfant et plus tard Paris Tonkar de Tarek Ben Yakhlef et Sylvain Doriath, mon envie de peindre s’est s’accrue. Ces années marquent le début mon parcours dans le graffiti. Et mon fort intérêt pour les différents éléments de la culture hip hop a construit mon amour pour cette culture.

Du 1er octobre 2019 au 23 juin 2020
Espace Marcel Chauzy
Rez-de-chaussée de l’Hôtel de Ville
5 Square du 8 mai 1945 93140 Bondy

Inscription gratuite et obligatoire tout au long de l’année :
– Par mail : educ.populaire@ville-bondy.fr
– Par téléphone : 01 48 50 53 22
– Sur place : Hôtel de ville – 1er étage
Esplanade Claude Fuzier
Du lundi au vendredi de 9h à 17h15 et le mardi de 10h30 à 19h15.

Retrouvez toutes les infos sur le site de la ville de Bondy et Batsh sur Facebook.

Playlist #2 – Octobre 2019

Retrouvez notre playlist du mois d’octobre sur YouTube, Spotify, Deezer et Apple Music !

Avec :

  • Blimes And Gab (États-Unis, Los Angeles)
  • Brooke Candy (États-Unis, Californie)
  • Coeur (France, Paris)
  • CupcakKe (États-Unis, Chicago)
  • Davinhor Pacman (France, Creil)
  • Janus (France, Paris)
  • Kash Doll & Lightskinkeisha (États-Unis, Détroit / Atlanta)
  • Kenny Curly (France, Montreuil)
  • Kitsuné Kendra (France, Gennevilliers)
  • KT Gorique & DJ S-One (Suisse / France, Paris)
  • MC Soffia (Brésil)
  • Medusa (Tunisie)
  • Nyemiah Supreme (États-Unis, New York)
  • Paigey Cakey (Royaume-Uni, Londres)
  • Pearly (France, Paris)
  • Princess Nokia (États-Unis, New York)
  • Rebeca Lane (Guatemala)
  • Reverie & Gavlyn (États-Unis, Los Angeles)
  • Ryaam (France, Paris)
  • Sara Hebe (Argentine)
  • Sarahmée (Canada, Québec)
  • Wynne (États-Unis, Portland)
  • Young M.A (États-Unis, New York)

Dope Saint Jude : « J’ai toujours voulu définir ma propre idée de la beauté »

Dix jours avant son concert aux Cuizines à Chelles, la rappeuse queer sud-africaine Dope Saint Jude nous a parlé de drag king, de résilience et des femmes qui l’inspirent.  

Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?

J’ai découvert le hip hop quand j’étais petite, comme beaucoup. J’ai commencé à m’y intéresser plus sérieusement en 2012, après avoir fait du drag king. Mon personnage était basé sur l’exploration de la masculinité du hip hop.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir rappeuse ?  

Après avoir arrêté le drag, j’avais envie d’explorer d’autres choses. C’est ce qui m’a conduit au hip hop en tant que performance artistique.

Quelle est l’histoire de ton personnage de king ? Existe-t’il toujours aujourd’hui ? 

Mon personnage s’appelait Saint Dude et s’inspirait de Lil’ Wayne. Il n’existe plus aujourd’hui.

Tu as sorti le EP Resilient en 2018. Comment as-tu travaillé sur ce projet ?  

J’ai travaillé sur ce projet à Londres avec des producteurs et en une semaine, j’ai terminé le EP.

De quelles manières es-tu résiliente ?

 Je crois que nous sommes toustes résilient·e·s d’une certaine manière. J’ai été capable de dépasser des moments difficiles au cours de ma vie et continue d’essayer de le faire. 

Au mois de juin, tu as sorti le clip Inside, qui parle du poids des apparences et des normes de beauté oppressives pour les petites et jeunes filles. En quoi ces diktats t’ont-ils affectée en tant qu’artiste ?

J’ai toujours voulu définir mon propre art et avec ça, ma propre idée de la beauté. Je crois sincèrement que la beauté vient de l’intérieur. Donc mon but est de trouver la paix intérieure et la beauté en moi. Cette quête fait partie de mon processus artistique.

Tu es souvent présentée comme une rappeuse queer. Est-ce ainsi que tu t’identifies ? Que signifie le mot « queer » pour toi ?

Oui, je m’identifie comme queer. « Queer » signifie tout ce qui se situe hors de la vision binaire et cisgenre de la sexualité et du genre. 

Quelles sont les femmes qui t’inspirent et pourquoi ?  

Winnie Mandela, Oprah Winfrey et des artistes comme Lizzo m’inspirent. Je les adore parce qu’elles ont su dépasser des moment difficiles avec grâce et amour. Elles sont fortes, intraitables et belles à l’intérieur comme à l’extérieur. 

Quels sont tes projets à venir ? 

Je vais bientôt sortir mon premier album et je suis très impatiente.

Que penses-tu de Madame Rap ?  Des choses à changer/améliorer  ?

Je trouve que c’est un super site. C’est toujours génial d’avoir des plateformes qui nous célèbrent. Je vous encourage à abandonner le terme « féminin » parce qu’il exclut les femmes trans.

Retrouvez Dope Saint Jude sur son siteFacebookTwitterInstagramYouTube et en concert le 11 octobre aux Cuizines à Chelles avec la rappeuse kenyane Muthoni Drummer Queen ! 

Sarahmée : « J’essaie de défier les stéréotypes que je vis en tant que femme noire dans le rap »

Née à Dakar et basée à Montréal, Sarahmée est active depuis plus de dix ans sur la scène hip hop québécoise. La rappeuse nous a parlé de son second album Irréversible, de son processus d’écriture, de la place des femmes dans le rap et de féminisme.

Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?

J’ai découvert le hip hop par mon cousin, quand j’avais 9 ou 10 ans. Il me donnait des cassettes de rappeurs de New York où il y avait une chanson par face. Il m’a fait découvrir les Fugees, Lucy Pearl, Nas et tout le rap de la côte Est. C’est vraiment là que je suis tombée dans la soupe.

Quels sont les rappeuses/eurs que tu écoutais en grandissant ?

Quand j’avais 11-12 ans, j’étais à fond dans le rap. J’écoutais tout ce qui se faisait dans les années 1990, Nèg’Marrons, Doc Gynéco, NTM, IAM, ce rap assez hardcore mais aussi MC Solaar, (son album Prose Combat) et Passy. Après avoir découvert le hip hop par le rap américain, j’étais très rap français.

Tu as sorti en avril l’album Irréversible, qui est très dansant et empowering. Dirais-tu que c’est un album féministe ?

Je pense qu’Irréversible a un côté féministe parce que déjà quand on est une femme, qu’on le veuille ou non, on a ce petit truc féministe en nous, que ce soit assumé ou pas. J’avais des choses à dire qui me brûlaient, je les ai dites, c’est sorti comme ça. Je ne m’attendais pas à ce que les gens le voient si féministe, mais oui, c’est un album qui donne de la force aux femmes et qui m’a fait du bien en l’écrivant. J’avais besoin de cette force-là. J’ai dix ans de carrière et j’ai fait pas mal de choses avant que les gens commencent à découvrir ma musique.

Je pense qu’on est dans une époque où il est important que les femmes se mettent en valeur, en avant, se supportent, et qu’on se dise qu’on est capable de tout parce que tout est possible. C’est juste que parfois on manque de modèles féminins.

Comment composes-tu tes morceaux ?

Pour le premier album, je recevais des beats de producteurs. J’écrivais chez moi et j’allais enregistrer mais je n’étais pas trop fan du studio.

Pour Irréversible, dès 2017, j’ai commencé à beaucoup travailler toute seule, sans mon ingénieur du son. Ça fait une dizaine d’années que je suis autonome sur le logiciel Cubase. L’idée était d’être seule pour travailler les flows et l’écriture. J’avais les maquettes du duo TenAm, qui a produit tout l’album. J’écoutais les instrus et j’avais le micro à côté de l’ordinateur. Je n’ai pas écrit sur papier. J’écrivais des top lines, des mélodies et je construisais le texte des chansons. J’ai enregistré seule devant mon ordinateur, phrase par phrase.

C’est une nouvelle façon de travailler et ça me permet de développer le flow et la technique, j’adore.

As-tu des rituels d’écriture ?

Je commence toujours par la mélodie. Si c’est le refrain dans l’instru qui m’accroche tout de suite, je fais des top lines et des mélodies, je marmonne un air. Pareil pour les couplets. Je fais beaucoup de « play » et « stop » et j’écoute beaucoup la prod. Une fois que la chanson est faite, je peaufine le texte et travaille les métaphores, les figures de style, les punchlines.

Quelle place occupent les rappeuses sur la scène rap à Montréal ?

Les rappeuses occupent de plus en plus de place sur la scène québécoise, ça fait du bien. Dans les dernières années, il y a eu beaucoup de nouvelles venues et je me compte dedans. Les gens commencent à comprendre que, fille ou garçon, ça ne change pas le talent, la performance et les punchlines. C’est le talent qui doit être au centre, et non le genre.

Mais il y encore des choses à faire parce que tout n’est pas gagné, comme partout. En tout cas, je suis contente de faire partie de cette vague-là et de faire changer les esprits parce qu’on a besoin de diversité.

En ce moment, le rap au Québec est de plus en plus diversifié que ce soit en genres ou en styles et c’est important. Ce n’est pas parce que nous sommes des filles qui faisons du rap que nous faisons toutes le même style de rap.

Quelles sont les femmes qui t’inspirent ?

Diam’s avait une fougue et une énergie que j’ai toujours admirées, un énorme talent et une persévérance qui lui ont donné raison puisqu’elle a tout dominé. Malgré tout ce qu’on lui a dit tout au long de son parcours, elle est restée elle-même. Dans la même veine, il y a Lauryn Hill, Alicia Keys et Pink, qui sont des filles que j’écoute depuis que je suis ado et que je continue d’écouter et de suivre parce que ce sont des modèles. Elles ne se sont pas laissé emporter par tout ce business, cette culture très pop, très sexualisée des femmes et des femmes noires aussi. Ce sont des filles qui m’ont toujours fortement inspirée et dans lesquelles je me reconnais.

Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?

Je dirais que je suis féministe, oui. C’est quelque chose que j’ai découvert avec l’expérience et la maturité. J’essaie vraiment de défier tous les stéréotypes que je vis en tant que femme noire dans le rap et de les faire tomber par mon travail, ma performance, mon intelligence et les messages dans mes chansons. Ça fait partie de ma mission, si j’en ai une sur cette Terre. Je sais que je représente différentes choses pour différentes personnes dans le monde. Si ma musique marche et me permet de voyager et de faire des choses bien autour de moi, c’est le but. Et si ça peut inspirer d’autres jeunes femmes, ma mission sera accomplie.

Il y a encore beaucoup de stéréotypes, et pas seulement dans la musique, mais aussi dans le cinéma, les entreprises… Je pense qu’il ne faut pas négliger l’intelligence des femmes et malheureusement, on aime bien nous cantonner à certains rôles. Et moi, je ne rentre pas dans tous ces codes et je ne vais pas rentrer dans les leurs non plus.

Quels sont tes projets à venir ? Bientôt une tournée en Europe ou en France ?

Je termine tranquillement la tournée estivale de tous les festivals au Québec. Je sors un clip très bientôt dans les prochains jours et d’autres cet automne. Je serai à Bruxelles le 10 octobre pour le Festival Francofaune en première partie de Lord Gasmique et je vais passer quelques jours à Paris. Le but est de m’exporter dans la francophonie. J’étais à Paris au mois d’avril avec Chilla dans Planète Rap et j’espère revenir en France mais aussi en Afrique. Donc très bientôt, si tout va bien !

Que penses-tu de Madame Rap ?  Des choses à changer/améliorer ?  

Je connaissais Madame Rap, mais je suis vraiment allée voir le site hier. Je vous donne la force pour continuer. Il faut un média important qui mette la lumière sur ces rappeuses et ces artistes féminines. C’est très bien aussi que ce soit international. Je pense que toutes les rappeuses, où qu’elles soient dans le monde, vivent les mêmes challenges.

Retrouvez Sarahmée sur Facebook, TwitterYouTubeInstagram et toutes les plateformes de téléchargement légal

Tribade : « On se reconnaît dans le féminisme autonome »

Elles s’appellent Bittah, Sombra Alor et Masiva Lulla. Avec le DJ Big Mark, elles forment le groupe de rap barcelonais Tribade, qui a vu le jour en 2017. Les trois rappeuses féministes queer nous ont parlé de la naissance du trio, de leur album Las Desheredadas sorti en février dernier et de féminisme autonome.

Quand et comment avez-vous découvert le hip hop ?  

Nous avons découvert le hip hop à l’adolescence, un âge particulier où on absorbe profondément les choses et où on ressent le besoin de s’exprimer d’une manière ou d’une autre. Le rap a quelque chose dans ses codes qui peut toucher très profondément, pas seulement par sa capacité discursive, mais aussi par sa force et son énergie.

Quand et comment est né Tribade ?

Tribade est né il y a deux ans, en 2017, à Barcelone, d’abord avec la rencontre des rappeuses Masiva Lulla et Bittah, puis avec l’arrivée de Sombra Alor et DJ Big Mark. À l’époque, les mouvements féminismes et hip hop commençaient à se retrouver dans certains squats.

Tribade – De gauche à droite : Bittah, Masiva Lulla, Sombra Alor & DJ Mark.

Comment décririez-vous votre musique à des gens qui ne l’ont jamais entendue ?  

C’est un mélange de discours, de messages et d’esthétique. De la culture, de la résistance et de la musique urbaine.

Vous êtes des artistes indépendantes. Est-ce un choix ?

Nous travaillons avec Propaganda pel Fet!, un label et une boîte de management indépendants, mais aussi une coopérative catalane qui soutient depuis toujours les artistes engagé·e·s et alternatif·ve·s. Cette collaboration ne présente aucune contradiction pour nous, car nous partageons la même vision de la musique et de l’industrie musicale.

Vous avez sorti l’album Las Desheredadas en février dernier. Qui sont ces “desheredadas”?

Ces « défavorisées » sont toutes les femmes qui se battent contre le système et contre sa simple existence. Toutes celles qui sont en dehors de la norme et de la loi, à qui on dicte ce qu’elles sont censées être socialement parlant.

Le titre La Purga est un hymne queer et féministe très fort. Comment a-t‘il été accueilli en Espagne ?

Initialement, nous pensions que La Purga recevrait beaucoup de critiques négatives… Non pas hors du mouvement féministe mais en son sein ; et en fait, la chanson a permis de développer une sororité plus importante. Après sa sortie, nous avons reçu énormément de retours positifs qui ont permis d’ouvrir un débat nécessaire sur le sujet.

Le clip a-t’il été tourné dans une véritable église ?

Oui, le clip a été tourné dans une véritable église, qui est aujourd’hui désacralisée et qui appartient à l’Institut du Cinéma Catalan.

Vous identifiez-vous comme des rappeuses queer ? 

Nous nous identifions comme des rappeuses queer, si on entend par « queer » le fait de parler d’un féminisme autonome qui inclut toutes les identités trans, gay et dissidentes et les notions d’antiracisme et d’anticapitalisme.

De quel courant féministe vous sentez-vous les plus proches ?

On soutient et se reconnaît dans le féminisme autonome, qui prend en compte les différentes formes d’oppressions, et donc, dans le féminisme intersectionnel. Et aussi dans un féminisme qui voit le patriarcat et le racisme comme des aspects centraux du capitalisme et des oppressions qu’il perpétue.

Quels sont vos projets à venir ?

Nous cherchons constamment à améliorer notre live show et travaillons sur de nouveaux featurings et collaborations avec des groupes que nous apprécions. Nous cherchons aussi toujours à explorer de nouvelles sonorités, approfondir nos discours, nos concepts ainsi que les débats et les identités visuelles.

Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer ou améliorer ?

C’est une très bonne idée et un projet intéressant. Il existe peu de médias exclusivement consacrés au rap fait par des femmes. De ce que nous avons vu, en France, la visibilité des femmes sur la scène rap est bien meilleure qu’en Espagne : par exemple, il y a quelques années, avant de lancer Tribade, certaines d’entre nous ont joué au Femcees Fest à Saint-Étienne, un événement international dédié aux rappeuses. Donc, plein d’amour et de soutien à Madame Rap et merci pour votre intérêt !!!!

Retrouvez Tribade sur leur siteFacebookYouTubeInstagram et Twitter.

Comme Nous Brûlons : « On peut faire la fête de façon politique et engagée »

« Brûler de désir et de colère, d’ardeur et de détermination« , tel est le leitmotiv du festival féministe queer et incandescent Comme Nous Brûlons qui revient pour sa troisième édition à La Station à Paris, au cinéma Le Studio à Aubervilliers (93) et au Landy à Saint-Denis (93). Au programme, des concerts, des arts visuels, des performances, des projections et des ateliers, où les rappeuses sont à l’honneur. 

Loren Synnaeve, l’une des co-fondatrices du festival qui s’organise en hiérarchie horizontale, nous en dit davantage sur cet événement à la fois festif et politique.

Comment est né ce festival ? Et surtout pourquoi ?

Fin 2016, La Station a proposé à feu Brigade du Stupre, collectif féministe festif, de prendre un des temps forts de sa saison. À l’appel de Brigade, on s’est retrouvées à 40 meufs et trans dans un salon un dimanche en ramasse, et de là est née l’envie de faire un festival. Il nous semblait important de montrer qu’on peut faire la fête de façon politique et engagée et de proposer des artistEs ou intervenantEs qui le sont toutes autant. C’est un festival organisé à 100% par des femmes et identifiées femmes, avec une programmation à 99.99% femmes et identifiées femmes, pour un public mixte. C’est aussi une façon de montrer que les artistes sont là et que les fausses excuses n’ont pas lieu d’être pour celleux qui trouvent qu’il « n’y a pas assez d’artistes féminines ».

Comme nous brûlons #2 – Septembre 2018
© Gaëlle Matata

Pourquoi ce nom « Comme Nous Brûlons » ? 

Trouver le nom du festival nous a pris plusieurs heures de brainstorming qui ne menaient à rien, jusqu’à ce que l’une d’entre nous nous sorte qu’elle avait rêvé qu’on s’appelait « Comme Nous Brûlons » et là, ça été la révélation.

Votre festival a lieu en Seine-Saint-Denis. En quoi ce territoire est-il compatible avec votre démarche ? 

C’est à la fois un pur hasard, puisque La Station nous a ouvert ses portes, et à la fois un territoire extrêmement intéressant en termes de rapport hommes-femmes. Déjà, avec la situation des migrant·e·s, auprès desquel·le·s toutes les équipes de La Station font un énorme travail, ensuite avec Aubervilliers, qui est connu pour être un endroit sensible, terrain de beaucoup d’associations qui font un boulot remarquable. On avait pour ambition de renforcer ce lien avec le territoire, mais malheureusement on n’a pas vraiment eu le temps de le creuser jusqu’à maintenant.

Countess Malaise à La Station – Comme nous brûlons #2 – Septembre 2018
© Gaëlle Matata

Absence de femmes à la tête des grosse majors, très peu de femmes productrices en France, agressions sexuelles dans les festivals… La place des femmes dans la musique, ce n’est pas encore ça. Selon vous, quels combats sont les plus urgents à mener ?

Certes, il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais il y a aussi une véritable prise de conscience comme on peut le voir avec F.E.M.M. (Femmes Engagées dans les Métiers de la Musique), les campagnes de sensibilisation dans les lieux ou festivals, la parole qui se libère… Tout est lié, donc il n’y a pas vraiment lieu d’établir un ordre d’urgence des combats, il faut revoir le système en profondeur, et alors, les choses commenceront à aller mieux à tous les niveaux. Sans compter l’éducation, qui est évidemment primordiale.

Dans quel courant féministe vous reconnaissez-vous le plus ? Pourquoi ?

Comme Nous Brûlons compte 19 membres officielles, et tout autant de satellites qui nous filent des coups de main ponctuels. On a donc l’habitude de dire qu’on a 19 féminismes différents et il est donc difficile de répondre à cette question, sauf pour les grandes lignes : intersectionnel et anti-abolitionniste.

Qui sont vos rappeuses fétiches ?

Avec 19 personnes dans le collectif, il y a pour tous les goûts. On peut citer Countess Malaise, rappeuse islandaise qu’on a invitée l’an dernier et qui a mis le feu sur scène. Cette année, c’est au tour des madrilènes d’IRA qui vont enflammer le dimanche aprèm. Et je crois qu’on a toutes eu un énorme coup de cœur pour BbyMutha, mais qui malheureusement vient des États-Unis, donc on a pas pu l’inviter cette année, faute de budget.

Myss Keta à La Station – Comme nous brûlons #2 – Septembre 2018
© Gaëlle Matata

Quelles sont les femmes qui vous inspirent ?

Chacune a ses propres héroïnes en fonction de ses expériences, de son vécu, mais on est unanimement fans de Myss Keta, qui résume bien notre démarche festive & engagée en même temps, de Ramona, de l’association Acceptess-T, qui est intervenue sur la question de la prostitution l’an dernier.

Que peut-on vous souhaiter ? 

Une troisième édition réussie, pas seulement en termes d’affluence, mais aussi, et surtout, en termes d’ambiance. Les mots d’ordre sont respect, bienveillance, engagement et festivités : on espère que ça transparaitra dans le public comme les années précédentes, voire encore plus !

Retrouvez toutes les infos sur la programmation du festival et le collectif sur Facebook.