La rappeuse queer new-yorkaise nous parle de son dernier clip Bounce avec Ms. Boogie, de ses projets et des discriminations auxquelles elle est confrontée en tant qu’artiste noire trans et travailleuse du sexe.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
J’ai découvert le hip hop au moment du passage au nouveau millénaire. J’ai commencé à écouter des artistes comme Ja Rule, Jay Z, Nas, Q-Tip et Busta Rhymes, pour citer certains de mes préférés.
Quand et comment as-tu commencé à rapper ?
Il y a trois ans, pour rigoler, avec mon premier titre That Boy Likes To Party. J’ai commencé en assemblant des rimes de manière parodique.
Tu viens de sortir le clip Bounce avec Ms. Boogie. Vous avez déjà collaboré sur le titre Fem Queen en 2020. Comment vous êtes-vous rencontrées et avez-vous décidé de travailler ensemble ?
Ms. Boogie et moi sommes des sœurs depuis le tout début, avant nos transitions. La vie nous a mené sur des chemins différents et en 2020, nous avons repris contact et la boucle était bouclée. Comme elle était déjà dans la musique et que je commençais tout juste, c’était parfait. Tout était organique et tout ce que vous entendez et voyez est nous qui nous amusons comme on en a l’habitude.
Comment écris-tu tes textes ? As-tu des routines particulières ou des sujets de prédilection ?
J’essaie d’écrire tous les jours, que ce soit un couplet ou juste une phrase. Mes sujets de prédilection traitent du fait de gagner de l’argent et d’incarner ce personnage de it-girl que j’ai créé.
Le rap est régulièrement présenté comme le genre musical le plus LGBT+phobe. Que réponds-tu à cela ?
C’est le cas. Peu d’entre nous sont inclus dans le hip hop mainstream en raison de nos modes de vie et de nos identités. J’ai le sentiment que tous les artistes queer doivent se battre et défoncer des portes pour qu’on les remarque en tant qu’artistes et non comme des gadgets d’un sous-genre du hip hop.
D’après toi, quelles sont les principales difficultés et discriminations auxquelles les artistes noir·e·s et trans sont confronté·e·s dans l’industrie musicale actuelle ?
Je ne peux que parler des difficultés et discriminations que j’ai rencontrées, à savoir être trop sexualisée, surtout en tant que travailleuse du sexe. Beaucoup de personnes ne voient que cette partie de moi et ne voient pas l’artiste que je suis. Jusqu’à aujourd’hui, je rencontre des producteurs et des gens du métier qui ne s’intéressent qu’à mon apparence.
Est-ce que tu t’identifies comme une artiste queer ? Qu’est-ce que le mot « queer » signifie pour toi ?
Oui, je m’identifie comme une artiste queer. Pour moi, le terme queer signifie différente et unique.
Te définis-tu comme féministe ?
Non. Je soutiens les femmes mais le féminisme n’inclut pas toujours les personnes trans.
Qui sont tes rôles modèles ?
Kelis, Grace Jones, Jhene Aiko, Ms. Boogie et Gia Love.
Quels sont tes projets à venir ? Quelles conséquences le Covid a-t-il sur tes activités ?
Le Covid a un peu étouffé tous mes projets. J’ignore comment les gens vont les accueillir, surtout qu’il y a tout le temps de nouvelles infos sur la pandémie.
Mon premier single solo sort en mars et j’ai aussi un autre projet avec Ms. Boogie.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
J’adore Madame Rap et le fait que le site s’intéresse aux femmes dans le rap. C’est génial et rare, et pourtant j’ai du vécu ! Ne changez rien et continuez de nous soutenir.
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