Est-il vrai que tu as commencé à rapper à l’âge de 13 ans parce que tu n’aimais pas ta voix en tant que chanteuse ?
J’ai écrit mon premier poème à l’âge de 9 ans et j’ai continué à écrire de la poésie pendant des années. J’ai réalisé seulement récemment qu’en devenant rappeuse, la poètesse ou écrivaine en moi était toujours restée. Je suis d’abord tombée amoureuse des mots. Vers 13 ans, des amis et moi avons lancé un groupe de chansons. Très vite j’ai réalisé que ce n’était pas mon point fort, même si je chante un peu plus sur mon nouvel album.
Tu as grandi à South London mais as des origines jamaïcaines. En quoi ces origines ont-elles influencé ta musique ?
La culture jamaïcaine est tellement colorée et intéressante que le monde entier se passionne pour elle. J’ai la chance d’avoir des racines et des connexions profondes. C’est puissant et très beau.
Tu cites Tracy Chapman et Me’Shell Ndegeocello comme des influences majeures. Qu’est ce qui te plaît le plus chez elles ?
Leur simple éloquence en tant qu’autrices. Quand elles écrivent, elles vont à l’essentiel. La retenue peut être très sexy.
En 2009, tu as remporté le Mercury Music Prize pour ton premier album “Speech Therapy” . En quoi cette récompense t’a-t-elle aidé dans ta carrière ?
Elle m’a confirmé que je n’étais pas folle et que je ne m’étais pas trompée quand je croyais que j’étais venue au monde pour partager des mots. En tant qu’artistes, nous imaginons notre avenir et l’avenir du monde dans lequel nous vivons. Certains d’entre nous cherchent à créer cette réalité et quand les gens reconnaissent leur art, c’est un véritable soulagement. Comme tout, ça peut également être un poids, mais la vie repose sur l’équilibre. Tout dépend de ce que tu choisis de croire.
En tant que femme artiste, as-tu déjà été discriminée dans le hip hop ?
L’industrie de la musique, comme le reste, est un monde d’hommes. Il y a deux mois, il y avait le Red Bull Culture Clash à Londres. J’ai pu voir environ 100 hommes monter sur scène et prendre le micro, et seulement une seule femme. Etre une femme noire de surcroît signifie que nous sommes encore plus ignorées, alors que nous avons permis aux autres de trouver leur propre voix. Injuste mais courant.
Te considères-tu féministe ? Pourquoi ?
L’égalité entre les sexes et les origines ethniques, c’est ça le but. Nous avons été envahis par trop d’énergie masculine, qui nous prive de notre capacité à aimer et à faire preuve de compassion. Nous devons nous questionner sur l’équilibre entre l’énergie masculine et féminine. Nous avons besoin de plus d’énergie féminine divine.
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Oh la la, les découvertes de la semaine de Spotify m’aident vraiment à dénicher de la nouvelle musique. Sans ça, je serais encore en train d’écouter Beres Hammond, du hip hop old school et du R&B. J’écoute toujours beaucoup l’album de Denai Moore. Aujourd’hui, j’ai commencé à écouter le nouvel album de Giggs, que j’adore.
Quels sont tes projets à venir ?
Je viens juste de sortir un EP intitulé « Breathe » qui est disponible en streaming. Je sortirai plus tard cette année l’album « Tantil before I breathe« , que j’ai coproduit. Vous pouvez écouter en ligne deux titres extraits de l’EP : « The Work » et « Terms and Conditions« .
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je pense que vous faites du super travail. Ne changez rien sauf si vous sentez que le moment est venu !
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