Figure majeure de la scène hip hop en Tanzanie, Rosa Ree connaît aussi un certain succès au Kenya, où elle a partiellement grandi. Mais en novembre dernier, cette fervente défenseuse des droits des femmes est interdite de « toute activité musicale » suite à un clip avec le chanteur kenyan Timmy Tdat jugé « pornographique ». Désormais libre de faire sa musique (dont le titre en question remis en ligne sur YouTube dans une version éditée), l’artiste nous parle de cette censure, de son féminisme et de ses projets.
Comment as-tu découvert le hip hop ?
J’ai toujours adoré le hip hop et la musique en général depuis que je suis petite. Mais j’ai commencé à faire de la musique de manière professionnelle il y a cinq ans. J’ai sortir mon premier titre One Time en octobre 2015.
Comment as-tu commencé à rapper ?
J’ai commencé à rapper vers l’âge de 6 ans. À l’époque, j’écoutais P. Diddy, Da Brat, Missy Elliott, Lil’ Wayne et d’autres artistes et je rappais sur leurs morceaux. J’adorais vraiment ce qu’ils faisaient.
De quoi parles-tu dans tes textes ?
Je parle principalement de ma vie et de mes expériences. J’écris aussi sur ce que je ressens. La musique est mon refuge quand je veux exprimer mes sentiments et mes émotions sans me sentir jugée ou incomprise.
Tu viens d’être interdite de « toute activité musicale » en Tanzanie pendant six mois après un clip que tu as sorti avec Timmy Tdat. Que t’inspire cette sanction ?
À l’heure où on parle, je suis ravie que l’interdiction ait été levée ! Je suis libre de continuer à faire de la musique. Mais je pense également que personne ne devrait être empêché de faire ce qu’il aime et ce qui le fait vivre tant qu’il n’est pas dans l’illégalité.
Quelle place les rappeuses occupent-elles sur la scène tanzanienne ?
La scène est encore très brute et jeune mais nous faisons ce que nous pouvons pour garder la boutique. En Tanzanie, les gens pensent que le hip hop est un milieu hardcore, donc que seuls les hommes peuvent en faire. Mais il y a plein de femmes qui sont capables de rapper et qui sont très talentueuses. Donc, en tant que femmes dans le hip hop, notre but est de changer ce stéréotype.
Te définis-tu comme féministe ?
OUI ! Je défends assurément les droits des femmes ! J’aime voir d’autres femmes gagner. Je crois que dans notre monde actuel, les femmes doivent travailler deux fois plus dur que n’importe qui pour réussir et beaucoup ont prouvé qu’elles étaient capables d’être multitâches et de gagner quand même. Ça me remplit de joie quand on donne la même chance aux femmes qu’aux hommes d’accomplir de grandes choses dans la société, bien qu’elles aient à travailler dur pour faire leurs preuves.
Quelles sont les femmes qui t’inspirent ?
De nombreuses personnes m’inspirent, certaines m’inspirent dès notre première rencontre, mais j’essaie de puiser mon inspiration dans ma vie et les expériences que je fais.
Quels sont tes prochains projets ?
J’ai beaucoup de choses prévues cette année. J’ai un album qui va sortir et je travaille aussi sur des collaborations locales et internationales. Restez connecté·e·s pour suivre le mouvement.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
C’est une super plateforme qui transmet grave l’esprit hip hop et je suis honorée d’y être interviewée !
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