Basée à Dubaï, l’artiste d’origine libanaise nous parle de son parcours dans le hip hop, de la place des rappeuses aux Émirats Arabes Unis et de sa vision du féminisme.
Comment as-tu découvert le culture hip hop ?
J’ai découvert le hip hop très jeune. Je me souviens qu’à l’âge de 9 ans, je regardais MTV et j’écoutais du hip hop sur mon baladeur. Mais c’est vraiment grâce à MTV que j’ai été exposée à la musique et à la culture hip hop.
Comment as-tu commence à rapper ?
J’ai commencé à rapper vers l’âge de 11 ans après avoir écouté beaucoup de hip hop et m’être découvert plus d’affinités avec le rap qu’avec d’autres genres musicaux. Ma sœur cadette a été la première personne qui m’a inspirée parce qu’elle écrivait des poèmes et s’est mise à rapper avant moi. On a commencé à rapper ensemble mais elle a arrêté ensuite et est aujourd’hui photographe. S/O à elle qui a pris la photo qui accompagne cette interview et qui m’aide lors de photo shoots.
Quels artistes as-tu écouté en grandissant ?
J’ai écouté un grand nombre d’artistes en grandissant, dont Tech N9ne, Lil Wayne, 50Cent, Fabulous, Missy Elliott, Nicki Minaj, Snoop Dogg, Nelly, DMX, Lauryn Hill, Busta Rhymes, Chris Brown, Akon, T-Pain, Tyga et beaucoup d’autres.
Vu d’Europe, on a l’impression qu’être rappeuse aux Émirats Arabes Unis demeure difficile. Est-ce que tu dirais que c’est un cliché ?
Honnêtement, ce n’est pas facile d’être rappeur en général, homme ou femme. Mais le fait d’être une femme moyen-orientale qui rappe défie beaucoup de normes sociétales. Donc c’est un challenge supplémentaire, même si c’est ce challenge qui me motive et me pousse parce que j’aimerais créer un précédent pour les futures autres rappeuses.
Es-tu en lien avec d’autres rappeuses aux EAU ? Si oui, est-ce que vous collaborez parfois ensemble ?
À ma connaissance, il n’y a pas d’autres rappeuses actives aux EAU aujourd’hui, ou avec qui je suis en contact. Mais dans la région en général, il y a de plus en plus de femmes actives sur la scène hip hop et je suis ouverte à toute collaboration si c’est le bon moment pour moi.
Comment définirais-tu ta musique ?
Je n’ai pas envie de me mettre dans une case, c’est ce que j’aime faire. Ça me permet de m’exprimer et ça me plaît d’être « indéfinie » alors que tout est possible. Je peux évoluer librement artistiquement/musicalement, et les gens peuvent s’attendre à l’inattendu à chaque fois.
Qui sont tes rôles modèles ?
Ma mère est clairement mon premier rôle modèle dans la vie. C’est une femme incroyablement forte, indépendante et inspirante même si on a parfois des avis différents sur la vie. Il y a eu des moments où ce n’était pas facile pour elle de comprendre mon choix d’être artiste, et surtout rappeuse, parce que c’est une forme d’art dans laquelle aucune autre femme de la région n’a réussi à faire carrière sur le plan international. J’apprécie le fait qu’elle ne m’ait pas empêché de poursuivre mes rêves et on est arrivé à un stade où elle peut voir les résultats et comprend ma vision pour l’avenir.
En grandissant, j’admirais aussi des femmes comme Oprah Winfrey, Maya Angelou, Alica Keys, Angelina Jolie, Raya Abirachid et Nadine labaki.
Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?
Pour moi, le féminisme est le mouvement qui normalise l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce qui signifie qu’un homme et une femme sont tous deux libres de choisir qui ils ont envie d’être et comment ils ont envie de se comporter sans être définis par des normes préexistantes. Je crois en l’équilibre, nous pouvons être plus forts ensemble, mais nous pouvons être tout aussi forts par nous-mêmes si c’est ce que nous choisissons. L’époque où on mettait les hommes et les femmes dans des cases qui les définissent est révolue. Une femme peut tout faire, même si elle n’y est pas obligée, un homme peut tout faire, même s’il n’y est pas obligé. Tout dépend de comment on choisit de vivre, et ce qu’on choisit de faire de nos vies sans les restrictions liées aux rôles de genre.
Pour cela, je peux dire que je suis féministe et que j’aime célébrer notre condition de femmes. Cependant, je suis aussi favorable au fait d’abandonner ces termes et d’adopter notre « individualité ». Je crois que si tant qu’en qu’individus, nous comprenons comment utiliser au mieux notre intelligence émotionnelle et nos aptitudes physiques, cela nous servira bien davantage. À notre époque, on ne devrait plus être défini par notre genre, mais par notre essence et nos véritables capacités.
Quels sont tes prochains projets ?
Je l’annonce ici pour la première fois, je travaille sur plusieurs projets avec mon label VVIP. L’un des plus excitants d’entre eux s’appelle France. Il s’agit d’une collaboration entre le label et EZOW, l’un des artistes les plus mortels de Dubai. Le titre devrait sortir vers septembre avant la Fashion Week de Paris. Avant ça, je vais sortir un single en août, et j’ai vraiment hâte ! S/O à mon équipe et ma famille qui rendent tout ça possible, Saber, Sydney, Charli et Danni !
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je trouve que le site de Madame Rap est impressionnant ! Vous m’avez contactée alors que je suis à Dubai, ce qui signifie que vous faites un super travail de veille et allez chercher des artistes pour ce qu’elles sont. Vous avez été incroyablement gentilles et patientes. J’aime le fait qu’il existe un magazine qui soutienne ce créneau ! Je vais assurément continuer à vous suivre et vous donner l’amour que vous méritez.
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