Découvrez la mixtape « Purple Flows » concoctée par la DJ KelyBoy spécialement pour Madame Rap !
Originaire de Rennes et actuellement basée à Paris, KelyBoy (Eléna à la ville) fait de la production, du mix, écrit, chante, joue de plusieurs instruments et se produit en live et en DJ set. Cette mixtape est l’occasion d’en savoir davantage sur l’artiste couteau-suisse de 27 ans qui revendique « une grande passion pour les trucs de geek, le sport, le milieu queer, les délires californiens et tout ce qui à avoir de près ou de loin avec le cheesy et le tuning.«
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
Je dirais que ça remonte au tout début des années 2000, quand mes deux cousines branchées m’ont offert pour Noël mes premiers CDs de grande personne, à savoir Britney Spears et Eminem. Tout un programme. On comprend mieux ma trajectoire avec ce point de départ en tête je pense.
Toute mon adolescence je me suis passionnée pour les cultures urbaines, le graff, le rap, le skate, le breakdance… Je touchais un peu à tout. Skyrock en feat de ma vie provinciale H24 sur l’objet le plus tuning de ma chambre, à savoir ma chaine hifi JVC à écran bleu fluo. Sur mon mp3 128 Mo première génération on pouvait trouver les albums de Sniper, Sinik, Diam’s, NTM… du rap américain aussi, que je m’appliquais consciencieusement à tenter de traduire à l’aide de mon badass dictionnaire Robert & Collins. Je passais aussi mon temps dans les médiathèques à emprunter plein de CDs, à les graver sur l’unique ordinateur familial (à une époque ou Spotify n’existait pas et où le forfait internet pour quatre était limité à 10h par mois) pour en faire des compiles perso, ou destinées aux potes, aux trainings de danse…
Comment as-tu commencé à mixer ?
De manière très iconoclaste, comme je n’avais pas de platines et que j’adore bidouiller des heures dans mes trucs de geek ; avec un Launchpad, un Launchcontrol XL et Ableton. Je pataugeais tranquillement dans mes expérimentations quand on m’a appelée pour faire l’interset d’un gros tremplin à Rennes, alors comme j’aime bien le challenge je me suis motivée, puisque comme dit l’adage ‘je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ! » Je n’ai plus jamais arrêté depuis, mais j’ai investi dans des platines quand même.
Quelles techniques utilises-tu et pour quelles raisons ?
Pour composer j’utilise beaucoup de midi, de numérique, je travaille essentiellement sur Ableton, avec comme éléments organiques souvent de la guitare, parfois de la basse, et ma voix.
Pour mixer j’utilise Ableton quand c’est destiné au web, et en dj set ça dépend, des contrôleurs divers ou des CDJs.
De manière générale je m’intéresse beaucoup à l’air du temps, aux innovations, je ne suis absolument pas puriste ni nostalgique d’un point de vue technique.
Qui sont tes rôles modèles et pourquoi ?
Toute mon enfance et mon adolescence je n’ai eu quasiment que des idoles masculines, que ce soit dans le sport ou les arts, mais avec la tournure que prend l’époque, l’essor d’internet, en ayant également bougé à Paris… aujourd’hui de plus en plus de personnalités féminines m’inspirent et me motivent. De ma génération essentiellement. Je crois que c’est finalement le fait d’évoluer dans un cercle amical et social éminemment créatif qui m’inspire le plus, cette synergie si particulière, que je ressens intensément à Paris.
Te définis-tu comme féministe ?
Oui, mais une féministe du ‘soft power’. C’est mon côté californien sans doute, je ne suis pas très adepte des combats frontaux, je préfère apporter ma pierre à la cause de manière plus diffuse, en aidant à faire programmer plus de femmes dans les évènements auquel je contribue, en mettant des artistes femmes en avant dans les médias dans lesquels j’écris, dans mes playlists, mes djsets, en partageant leur travail autour de moi…
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Beaucoup de rap et d’urban pop, notamment des artistes émergents français ; Chaton, Hyacinthe, Shelmi, Safia Bahmed-Schwartz, Stensy, Distractions, Pauline r2b, GodzillaOverkill, Lala &ce, P A, .dxf, Nusky, Lago 2 Feu… mais aussi des noms plus mainstream comme PNL, Booba, Columbine…
Sinon j’écoute toujours pas mal de pop, émergente et française surtout ; Léonie Pernet, Fishbach, Oklou, Claude Violante, Theodora, Oh Mu, Alice et moi, Vendredi sur mer, L’Impératrice…
De la synthwave aussi, Colorado, Contrefaçon, Agar Agar, Scratch Massive…
Pas mal de techno également, et de tracks rave, gabber, notamment pour digguer des sons pour mon nouveau crew de djing, Vödkabanane, puis c’est souvent ce qui passe dans les soirées club où j’aime sortir (Casual Gabberz, Sentimental Rave, Krampf, Lëster, Regina Demina…).
Et enfin pas mal de deep house forcément, l’équation summer + longboard + California dreamin lover !
Quels sont tes projets à venir ?
Et bien pas mal de choses, là je finis un nouveau set complet pour mon live, où il n’y aura plus que des morceaux d’urban pop en français, avec moins d’instruments et de machines. J’aspire à quelque chose de plus minimaliste et incarné. Je vais sortir quelques track by track ces prochains mois, et très certainement un clip.
En parallèle je diggue toujours beaucoup pour mes dj sets et ceux à venir avec Vödkabanane, je collabore aussi avec d’autres artistes, je compose pour des projets de spectacle vivant, j’organise des soirées, j’aide toujours pas mal chez Manifesto XXI… je ne devrais encore pas trop m’ennuyer cette année !
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Full support ! La sphère musicale et cette société en pleine métamorphose ont grandement besoin de médias comme vous, on sait à quel point le phénomène d’identification peut être crucial dans le développement des enfants, des ados, des identités et des projets en général, je pense que beaucoup de choses auraient été différentes pour moi si j’avais grandi avec plus de modèles féminins, merci pour ce que vous faites, ne lâchez rien !
Retrouvez KelyBoy sur son site, Facebook, Soundcloud, YouYube, Spotify, Bandcamp, Twitter et Instagram.
© Marie Rouge