À l’occasion de la sortie de son clip Run It Up, la rappeuse de San Francisco MicahTron nous parle de son parcours dans le hip hop, de ses projets et de ce que signifie pour elle le fait d’être une femme noire et queer.
D’où vient le nom MicahTron ?
Je m’appelle Tramicah, donc Tricah est un détournement de mon prénom. Ça fait également référence à mon intérêt pour la technologie via le film Transformers quand j’étais plus jeune.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
J’ai grandi avec de la musique à la maison et le hip hop était le genre musical préféré de mes mères. J’ai découvert le hip hop pour la première fois au début des années 90 avec des artistes West Coast comme NWA, Snoop Dogg et Dr. Dre.
Comment as-tu commencé à rapper ?
J’avais 13 ans la première fois que j’ai enregistré ma voix sur de la musique. J’ai utilisé une machine de karaoké et j’ai rappé sur un CD instrumental que j’ai enregistré sur une cassette ! Le fait d’entendre tous les jours de la musique à la maison m’a inspiré à créer.
Quel titre conseillerais-tu d’écouter en premier à quelqu’un qui veut découvrir ta musique ?
Je recommanderais Push Thru. Je trouve que le message du morceau est puissant et représente bien mon histoire et mon personnage.
Dans un second temps, je conseillerais Good Energy parce que je pense que ce titre représente bien mon essence et mes attentes envers les autres.
Tu as sorti l’album Gone, Later en mars dernier. Comment et avec qui as-tu travaillé sur ce projet ?
Sur Gone, Later on retrouve la chanteuse Breana Marin, le rappeur Cakes Da Killa et la rappeuse Blimes. Toutes les instrus ont été faites par des producteurs du monde entier que j’admire. Et c’est moi qui ai créé tous les interludes.
As-tu des rituels d’écriture ou des sujets de prédilection ?
J’ai tendance à mieux écrire sous pression et avec des délais, mais en général j’arrive à écrire dès que je suis inspirée ou que j’entends une prod qui me plaît.
Mes deux sujets de prédilection sont le fait de surmonter des épreuves et la sexualité. Je trouve que c’est important de raconter mon histoire. Parler de sexualité est risqué mais ça devrait être normal d’entendre des femmes parler de leur amour pour d’autres femmes dans la musique.
Tu cites Missy Elliott comme l’une de tes principales influences. Qu’est-ce que tu trouves de plus inspirant chez elle ?
Le plus inspirant chez elle est que c’est une artiste aux multiples facettes. Elle performe, produit, écrit et de manière générale, a une vision créative incroyable ! Elle crée de la musique atemporelle et des visuels impossibles à copier, ce qui est finalement tout ce qu’un artiste a envie d’accomplir.
En tant que fille noire et queer, à quel·le·s artistes t’identifiais-tu quand tu étais petite ?
Je crois que je m’identifiais surtout à Da Brat, j’admirais son style. Elle était « garçon manqué » mais n’était pas jugée pour ça en tant que femme noire. Missy Elliott a aussi été une influence majeure sur mon style et m’a incité à sortir des sentiers battus.
Te considères-tu comme une rappeuse queer ?
Je me vois comme une artiste. J’ai été étiquetée « rappeuse queer » en raison de mon orientation sexuelle et de mon choix d’en parler ouvertement dans ma musique. Mais en fin de compte, je suis une artiste complexe et je pense que je peux m’asseoir avec n’importe quel artiste de n’importe quel genre et crée de l’art qui ne n’ait rien à voir avec ma sexualité.
Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?
Je suis féministe à 100 %. Mon existence entière repose sur le fait d’être une femme noire et queer qui est souvent sous-payée et dévaluée. Donc je milite pour toutes les femmes comme je le ferais pour moi au quotidien.
Quels sont tes projets à venir ? En quoi la pandémie de coronavirus a-t’elle impacté tes activités ?
J’ai plusieurs nouveaux clips avec le projet Gone, Later qui doivent sortir avant fin 2020. Et je termine actuellement deux autres projets. Le EP Here, Now, qui sortira avant la fin de l’année également et qui est une brève « suite » de la mixtape Gone, Later. J’ai aussi prévu de sortir un projet de beats avant la fin de l’année.
Le Covid m’a permis de créer plus souvent. Je suis une casanière et j’ai profité de l’opportunité de cette période pour travailler davantage et créer du nouveau contenu.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je trouve que Madame Rap est génial ! J’ai découvert des rappeuses incroyables sur votre plateforme ! Merci ! Et merci pour le soutien !
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