La rappeuse Lov’Nee, rappeuse de 24 ans d’origine antillaise, raconte son éducation musicale, ses influences et sa volonté de défendre l’égalité à travers sa musique.
Peux-tu te présentée brièvement ?
J’ai 24 ans. Je suis une antillaise, d’un père guadeloupéen et d’une mère martiniquaise. Toujours d’humeur ensoleillée, je suis une vraie passionnée de musique depuis mon plus jeune âge. J’ai décidée d’apprendre à jouer de la guitare à mes 12 ans, ce qui m’a donné l’envie de découvrir la basse, la batterie et bien d’autres instruments. Attirée par différents styles musicaux, je cherche à mettre en avant ma culture à travers divers genres.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop?
Le hip hop est une tendance qui à bercé mon enfance. J’ai découvert ce style grâce à plusieurs artistes tel que les Fugees avec leurs titres Ready Or Not et Killing Me Softly. Des grands classiques comme on les appelle, avec une vraie vibe hip hop soul valorisée par un texte et un message concret. Missy Eliott, grande rappeuse de Virginie, a eu beaucoup d’influence dans ma vision du hip hop car j’ai aimé ses flows. Sans parler de Snoop Dogg qui aujourd’hui et à jamais restera un des kings du hip hop. C’est un style fondamental qui sera toujours un repère dans mon univers musical.
Tu chantes, tu rappes et tu es aussi musicienne. Comment ces activités se complètent-elles ? Est-ce que tu as commencé les trois en même temps ?
Je n’ai pas commencé les trois en même temps. Plus jeune, j’ai eu la chance de découvrir le groupe IAM ainsi que la rappeuse Diam’s qui ont complétement changé ma vision du rap français. J’ai commencé par écrire quelques textes sans vraiment me prendre au sérieux. C’était mes premiers raps.
Ma pratique de divers instruments à été renforcée lors de mon intégration en classe de musique. J’ai pu mettre en pratique mes connaissances en intégrant différents styles de groupe locaux.
Ces prestations live ont renforcé mon désir de faire de la musique et d’en faire mon métier. Arrivée en France, j’ai ressenti le besoin d’écrire mes propre textes et depuis je ne m’arrête plus.
Alors oui, ces trois activités se complètent totalement. J’ai eu la chance d’avoir un temps d’apprentissage pour chacune d’entre elles et aujourd’hui mon souhait serait de réunir tout cela sur un maximum de projets.
Comment composes-tu tes morceaux ? Est-ce que tu produis ou est-ce que tu travailles régulièrement avec certains producteurs ?
Tous les projets qui sont sortis à ce jour ont été des collaborations. Il est vrai que je n’ai pas de producteur mais je suis entourée d’une équipe qui m’accompagne au quotidien dans mon évolution musicale.
Que raconte ton titre « Pacificante » ?
Clairement, je dénonce les attitudes mal placées de certaines personnes. J’ai eu l’occasion d’en rencontrer et dans ce titre, je m’adresse à elles pour leur dire que je ne garde que le meilleur.
En fouinant sur Internet, on trouve peu de rappeuses qui vivent en Martinique. Pourquoi d’après toi ?
En Martinique, notre culture est différente. Le dancehall et le zouk ont été pendant longtemps les genres musicaux les plus écoutés. Depuis peu, le rap se démocratise de plus en plus. Les îles sont remplies de talents de tous âges qui émergent difficilement car malheureusement trop peu arrivent à faire une carrière nationale voire internationale. Dans cette pépinière, on trouve beaucoup de rappeuses que j’encourage sincèrement à poursuivre leurs rêves.
Quelles sont les femmes, connues ou pas, qui t’inspirent ?
Les trois femmes qui m’inspirent sont : Jocelyne Beroard, grande artiste de zouk, membre fondamentale du groupe Kassav. C’est une femme forte qui a su mettre selon moi sa personnalité au service de sa musique, c’est un bel exemple de réussite qui m’inspire et je la remercie pour cela.
Diam’s, grande rappeuse française en qui je me suis reconnue et qui m’a fait percevoir le rap d’une nouvelle manière, un rap conscient, plus fin, moins cru. Cette artiste est parvenue à me faire ressentir l’émotion de ses textes. J’ai saisi la profondeur de ses mots et j’ai capté son histoire qui faisait écho à la mienne.
La 3ème femme, en revanche, n’est pas connue, mais est de loin mon modèle : c’est ma mère. Grâce à elle, j’ai développé de la persévérance. C’est une passionnée de musique, elle adore chanter et a été choriste dans sa jeunesse. C’est en partie grâce à elle que j’ai eu envie de m’impliquer dans la musique, elle m’a transmis cette passion avec amour. Elle a toujours cru en moi et su valoriser mon apprentissage, et depuis, j’arrive à mettre en œuvre des projets que je n’aurai jamais imaginé monter auparavant.
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
L’égalité entre les hommes et les femmes me tient particulièrement à cœur et l’injustice me fait beaucoup réagir. Je ne suis pas une féministe activiste mais je pense qu’une femme a autant de chances de pouvoir se réaliser comme elle le souhaite. Je les encourage comme je m’encourage moi-même à atteindre tous mes objectifs de vie quels qu’ils soient. C’est pour cela que certains de mes textes défendent des idées d’égalité.
Quels sont tes projets à venir ?
Continuer à lâcher un maximum de matière pour ceux qui me suivent, me faire découvrir par ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de voir ce que je produis, et m’épanouir pleinement dans ma musique.
Passer à des projets plus expressifs en termes visuels mais aussi en termes de production musicale. Et peut-être préparer une mixtape ?
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je suis fière de voir qu’entre femmes, nous pouvons réellement nous entraider. La place des femmes dans l’univers du rap n’est pas encore à son apogée, mais je pense sincèrement que votre média contribuera à changer la donne. Vous motivez toutes les jeunes filles ou femmes à mettre leur talent en avant. Merci pour votre pertinence médiatique dans la musique, nous en avons besoin !