Quand et pourquoi as-tu changé ton nom L.S.G (Little Shady Gigglez) en Lil’ London?
Je jouais et sortais de la musique sous le nom L.S.G. depuis très jeune, alors vers 2007 je me suis dit qu’il était temps de changer. A la base, Lil’ London était juste censé être utilisé comme alias quand je faisais d’autres styles musicaux (house) mais c’est resté.
Tu as sorti ton premier disque solo à l’âge de 14 ans. Comment cela s’est-il passé ?
Je travaillais avec un producteur très talentueux nommé Bobzee, qui était un ami de la famille. Il m’a présentée plus tard à un manager qui travaillait avec quelques autres producteurs (Ebey & Curtis). J’écrivais les textes et les producteurs me proposaient des super samples. Aujourd’hui je grimace quand je les écoute. J’avais un faux accent américain et tout (comme la plupart des rappeurs britanniques dans les années 90) lol.
Tu as travaillé avec Ski Beatz. Comment vous êtes-vous rencontrés et qu’as-tu appris de cette collaboration ?
Je suis restée quelque temps dans le New Jersey en 2012. Un bon ami à moi D. Rilla , également rappeur, est venu à New York rendre visite à sa sœur, qui est aussi une amie de Ski Beats. On s’est tous retrouvé au Dojo, le studio d’enregistrement de Ski. D. Rilla et moi sommes restés et avons enregistré un titre avec lui. Ski est vraiment cool, humble et talentueux ! Il jouait avec les sons, supprimait tout et recommençait un nouveau projet, et j’étais assise sur ma chaise en me disant « mais c’était ouf ! »
Le titre “London’s I” est très politique. Est-ce que tu dirais que tu fais du rap conscient ?
Ma musique a un côté conscient. J’ai plein d’avis et j’écris ce que j’ai dans mon cœur ou ma tête à ce moment-là. Je n’aime pas particulièrement les étiquettes, et je déteste qu’on me mette dans une case ! C’est génial quand les gens peuvent s’identifier à ta musique, et si tu peux véhiculer un message positif ou éduquer avec tes morceaux, c’est encore mieux. Mais je suis une artiste polyvalente et demain j’aurai peut-être envie de faire un son qui fasse danser et sauter les gens en l’air. Les gens ont des humeurs différentes, tout comme ma musique.
Tu as joué dans plusieurs films indépendants. Selon toi, quelles sont les similitudes entre la comédie et la musique ?
Je pense que c’est très similaire, le fait d’apprendre des paroles ou un texte, de jouer sur scène et de se retrouver devant un public et des caméras. Parfois tu n’as pas envie d’aller sur scène ou de sourire à la caméra, ça peut être une performance en soi. En fait, je suis en train d’apprendre un texte pour un rôle dans un prochain film intitulé « 198 Grand« .
Tu coproduis tes titres et coréalises tes clips. Est-ce commun pour les femmes artistes au Royaume-Uni ?
Je suis juste une control freak lol ! J’ai toujours des idées et j’adore participer au processus créatif en coulisses. Je pense que c’est important pour un artiste de savoir ce qu’il veut ou au moins d’avoir une idée sur comment il veut procéder, ce à quoi il veut ressembler ou comment il veut sonner, sinon tu es juste un pantin ! Je crois que de nombreux artistes, hommes et femmes, laissent d’autres personnes prendre des décisions importantes. J’ai la chance d’avoir une personne, Rozar, à qui je balance des idées et qui semble toujours partager ma vision des choses.
Te considères-tu féministe ? Pourquoi ?
Encore une fois, je n’aime pas vraiment les étiquettes mais je soutiens clairement les femmes ! Je suis pour l’égalité, mais je crois qu’il faut faire attention à ne pas perdre les attributs que Dieu nous a donnés, pendant qu’on se bat pour encore plus. Je pense que c’est très important que les femmes se construisent mutuellement au lieu d’essayer de se tirer dans les pattes ! Surtout dans l’industrie de la musique, les gens veulent toujours mettre les femmes en compétition et nous comparer, comme s’il n’y avait de la place que pour une seule rappeuse à la fois. Je ne vais pas brûler mon soutien-gorge mais j’adore les femmes fortes et indépendantes et j’aime voir d’autres femmes réussir ! Je suis toujours ouverte à des collaborations avec d’autres talents féminins, mais on dirait que les gens préféreraient voir les femmes se battre les unes contre les autres, plutôt que de travailler ensemble. Je ne suis en concurrence avec personne, à part avec moi-même ! Je déteste les femmes qui s’opposent à tout ce pour quoi nous nous sommes déjà battues, et défont tout le travail qui a déjà été accompli avant nous… C’est là que je passe en mode sauvage et que j’ai des envies d’attaques et de de meurtres lol. D’où quelques titres que je vais bientôt sortir (“Hunting Season”, “Bang Girl”, “Fight Talk”).
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Je suis old school lol… Wu-Tang Forever est dans ma voiture en ce moment. Sur mon ordinateur portable, tu peux trouver du Billie Holiday.
Quels sont tes projets à venir ?
Je me suis retirée quelque temps de la scène hip hop, pour me concentrer sur le travail et l’écriture. Je suis récemment retournée en studio avec mon ami rappeur et producteur John Hectic. On a collaboré sur quelques titres et on est en train de bosser sur des visuels. Je viens de commencer à travailler sur un EP, et vais aussi tourner les clips de ces titres. J’ai enregistré un tube house qui devrait sortit cet été et j’apprends mon texte pour un film… Donc beaucoup de nouveaux projets stimulants à venir.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
J’adore vraiment ce que vous faites et je trouve génial que Madame Rap offre une plateforme aux femmes… Nous en voulons assurément plus !
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© Kay Mills at Captured Studio