Madame Rap a rencontré la rappeuse et beatboxeuse Lexie T, double championne de France de beatboxing. L’artiste originaire de banlieue parisienne et installée à Lille depuis quelques années nous a parlé de la place des femmes dans le beatbox et de son prochain EP qui sortira le 26 mai.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
À la base je viens plutôt du punk. J’écoutais un peu de rap, et je me suis toujours plus ou moins intéressée à cette culture, mais c’est en découvrant le beatbox que j’ai plongé dedans. J’ai halluciné en allant à mon premier championnat de beatbox, tout le monde jammait partout, tout le temps. Peu importe le niveau, les beatboxeurs étaient super tolérants, je n’étais personne et des beatboxeurs pros venaient me donner des conseils, tout ça. Je me suis tout de suite dit que ça me correspondait plus que le punk. J’ai lâché les instruments, je me suis mise à fond dans le beatbox et j’ai écouté beaucoup plus de rap.
Tu rappes et fais du beatbox. Comment as-tu commencé les deux ? L’un est-il venu avant l’autre ?
J’ai commencé le beatbox en 2011 en participant à un stage. Le rap ça fait à peu près deux ans. En fait, j’avais un texte d’open mic que je rappais quand je ne voulais pas faire de beatbox. Ça commençait à m’ennuyer de rapper toujours le même texte, et je faisais partie d’un groupe dans lequel on m’a proposé de poser. Petit à petit, j’ai commencé à écrire des textes par ci par là, et finalement j’ai commencé à créer des instrus de beatbox avec ma pédale de boucles. Du coup, j’avais trop envie de rapper dessus.
Tu as remporté 2 fois le titre de championne de France de beatbox. Qu’est ce que cela t’a apporté ?
C’était cool! Surtout pour la confiance en soi, ça fait plaisir. Tu te rends compte que tu vaux quelque chose. J’ai eu quelques propositions de dates sympas aussi grâce à ça je pense.
Tu as concouru dans la catégorie « femme solo ». En quoi est-ce important pour toi d’avoir des catégories réservées uniquement aux femmes dans ce type de compétition ?
Je pense que c’est positif et négatif. Ça donne l’impression qu’il y a une différence de niveau, mais en même temps on est tellement peu de beatboxeuses que ça permet de donner une visibilité à toutes. Les autres catégories sont mixtes (tag team, équipe, loop station) parce qu’il y a moins de participants. En fait il y a tellement de beatboxeurs que s’il n’y avait pas ces catégories, les femmes auraient encore moins de place.
Les femmes demeurent très minoritaires dans le beatboxing, comme de nombreux domaines de la société. Pourquoi d’après toi ? Et que faire pour changer ça ?
Je pense que les femmes se disent que le beatbox, ce n’est pas pour elles. C’est pour ça que c’est bien de mettre en avant au maximum les femmes. En tant que spectatrice, si on ne voit que des hommes sur scène, c’est plus difficile d’avoir envie d’y aller aussi. Perso, j’essaie d’organiser des évènements pour que ça bouge. J’ai organisé deux battles mixtes au Flow à Lille avec des initiations au beatbox pour les femmes. Ca reste difficile d’avoir autant de femmes que d’hommes sur les évènements.
Qui sont tes rôles modèles féminins et pour quelles raisons ?
En musique, Kaila Mullady, c’est l’actuelle championne du monde de beatbox. J’ai bien aimé quand Beth Ditto est arrivée dans le game avec les Gossip. En rap, Rêverie, 070 Shake, Chilla…
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
Oui, bien sûr. Etre féministe ça veut juste dire vouloir une égalité des droits entre tout le monde. C’est pas parfait mais on n’en serait pas là aujourd’hui si ça n’existait pas.
Quels sont tes projets à venir ?
Je sors mon premier projet solo le 26 mai au Flow à Lille. Ça fait presque un an que je travaille sur la sortie d’un EP et d’un show rap, beatbox et loop. C’est un projet dans lequel il y a zéro instrument, tout est fait à partir de la bouche. Je travaille dessus avec le Flow et la Générale d’Imaginaire et on a mis en place pleins d’évènements beatbox autour de cette release. Je mène des ateliers beatbox pour les femmes tous les mercredis, on projette le documentaire de Pascal Tessaud sur le beatbox au cinéma L’Univers, et le soir du 26 mai j’ai eu carte blanche pour la prog. Je me suis fait plaisir et n’ai invité que des pointures du beatbox : le duo PLDG, Karlotta (l’actuelle championne de France), D-Low (champion UK) et Wawad de Berywam.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Rien à changer, Big up Madame Rap, je kiffe ce site! J’ai découvert pleins de rappeuses grâce à vous.