Artiste indépendant de 21 ans originaire de Metz (Moselle), Léo a sorti son premier single de rap en juillet dernier. Le morceau intitulé « COBRA » aborde la question de l’homosexualité dans le rap français et dénonce le harcèlement LGBTphobe dont le jeune créateur de contenu est victime. Léo nous parle de sa relation au rap, de ses rôles modèles et de son identité artistique.
Quand et comment as-tu commencé à faire de la musique ?
J’ai commencé la musique à l’âge de 9 ans en postant ma première cover sur YouTube. J’ai toujours eu cette envie de partager ma passion publiquement sur Internet. A mes 12 ans, j’ai commencé les cours de chants, les concerts, et j’y ai tout de suite pris goût. J’ai ensuite fait de la chorale pendant 3 ans et en 2020, pendant le confinement, j’ai décidé de sortir mon premier single « Réseaux ». Et aujourd’hui je reviens avec mon nouveau titre « COBRA » qui est mon 7e single.
Avais-tu des rôles modèles en grandissant ?
J’ai grandi en écoutant des artistes comme Diam’s, Miley Cyrus, et même Tal. J’ai vraiment été beaucoup inspiré par ce genre d’artistes qui faisaient passer un fort message à travers leurs morceaux. Des messages de société, de bienveillance et surtout de tolérance. Ce qui m’a également aidé à m’affirmer et à être la personne que je suis devenue aujourd’hui.
Pourquoi as-tu décidé de te mettre au rap ?
J’ai décidé de me lancer dans le rap sur un coup de tête. J’ai regardé la saison 1 de Nouvelle École, et à la fin du dernier épisode je me suis challengé et je me suis mis au défi de poser un freestyle en une heure. C’est donc là qu’est né mon single « COBRA », et j’en suis sincèrement très fier.
À la base, c’était un simple délire entre moi et moi-même, puis quand j’ai réécouté le son je me suis dis « là y’a quelque chose« . Et quand j’ai posté un extrait sur mes réseaux sociaux, les gens étaient choqués et ils m’ont innondé de messages pour que je le sorte.
Qu’est-ce qui t’a inspiré ton single « Cobra » ?
C’est un morceau dans lequel je parle de la place de l’homosexualité dans le rap, plus particulièrement dans le rap français. C’est un sujet ultra tabou et très mal vu dans ce milieu. La plupart des rappeurs utilisent même l’homosexualité en guise d’insultes dans leur morceau. Je me suis tout simplement dit « pourquoi pas moi?« , ce n’est pas parce que j’aime les garçons que je ne peux pas être aussi performant que vos rappeurs. Et je me suis donc lancé.
Lil Nas X m’a énormément inspiré ces dernières années, et j’aime beaucoup le fait qu’il mélange le côté « rap gang » avec le côté « plus féminin ». C’est une esthétique que je trouve particulièrement intéressante et qui me plait énormément.
Comment et avec qui as-tu travaillé sur ce projet ?
J’ai travaillé sur ce projet avec plusieurs personnes. Tout d’abord avec des beatmakeurs pour la prod, le photographe Hugot Michael qui a réalisé la cover ainsi que les visuels du single, le graphiste Ovthex et le réalisateur Victor pour mon clip.
Concernant l’enregistrement et la composition, je m’en suis chargé seul. J’aime quand les choses sont spontanées et qu’ellent viennent de moi.
Quels retours as-tu eu de la part de ta communauté et du public ?
Le public a été très surpris lors de la sortie de ce titre. J’ai eu des milliers de retours notamment sur TikTok. Les gens étaient très étonnés de voir la manière donc j’amenais cela à travers le clip. Je rappe, mais en même temps on me voit porter du maquillage et des tenus ultra-sexy.
Et c’est vraiment sur cette « double-personnalité », qui fait partie de ma vie au quotidien, que je voulais appuyer. Je n’ai eu que de très bons retours, quelques haters comme à chaque sorties, mais très peu.
Comment décrirais-tu ta musique et ton identité artistique ?
Je pense que ma musique est parlante. Je parle de sujets de la vie quotidienne, de société, qui peuvent toucher la plupart de gens. Je parle beaucoup d’amour, d’hommes, de mon parcours, et du harcèlement que j’ai subi depuis mon enfance, et je montre que tout cela m’a permis de m’affirmer aujourd’hui.
Donc aujourd’hui, je remercie mes haters, car même s’ils m’ont beaucoup fait souffrir durant mon enfance, ils m’ont permis de ne jamais lâcher et de toujours me battre pour atteindre mes objectifs.
Le rap est souvent considéré comme homophobe. Qu’en penses-tu ?
Dans mon tire « COBRA », je dis : « j‘comprends ça fait peur un PD sur d’la trap, Léo Music et je vais tous vous attraper« , voilà ce que j’en pense hahah !
Non, en vrai, je trouve ça profondément triste et dommage de refuser d’écouter les propositions artistiques de quelqu’un simplement en raison de son orientation sexuelle. Kiffons notre vie, on en a qu’une, et apprenons à nous ouvrir à plus de cultures et de personnalités.
Quel·les rappeurs·euses écoutes-tu aujourd’hui ?
J’écoute énormément Lil Nas X, qui est pour moi une des personnes les plus talentueuses sur cette Terre.
Je suis également un grand fan de Shay, le côté bad bitch assumé mais gang, je me reconnais beaucoup en elle.
Et j’écoute beaucoup de rappeurs comme Tiakola, Niska, SDM que je trouve très talentueux et intéressants.
Est-ce que tu vis de la musique ? Si non, est-ce un objectif à terme ?
Je ne vis pas encore de la musique, cela me permet un complément de revenus qui n’est pas négligeable, mais dans le futur j’espère pouvoir en vivre et être artiste à temps plein. Ce serait mon objectif de vie et mon rêve de gosse.
Quels sont tes prochains projets ?
Je travaille actuellement sur mon premier EP, qui sera composé de 6 ou 7 morceaux. Un projet très artistique et esthétique avec un thème bien spécial et des sons qui vont faire beaucoup parler. J’ai hâte de pouvoir vous le faire découvrir !
Que peut-on te souhaiter ?
Une belle carrière dans la musique, une belle communauté de fans, et beaucoup de dates de concerts, la scène c’est vraiment l’endroit ou je me sens le plus épanoui.
Merci à vous pour l’interview, et merci pour votre joli média qui permet de mettre en avant les personnalités LGBT et les femmes dans le milieu du hip hop, c’est super ce que vous faites !