Après plusieurs années d’absence et à l’occasion de la sortie du clip « Le retour du phoenix », la rappeuse Lady Laistee nous a parlé de sa carrière de rappeuse, de son retour et de ses projets à venir !
Quand et comment as-tu commencé à rapper ?
J’ai commencé à rapper vers 1994. Je faisais partie d’un groupe de danse et nous étions très souvent invité·e·s à performer dans des concerts. Ce fût lors d’un de ces concerts que j’ai eu le déclic sur ce que je voulais faire dans un futur très proche.
D’où vient ton nom de rappeuse ?
Je l’ai inventé. Il veut dire la lady stylée, en verlan.
Peux-tu me faire un petit rappel de tes projets précédents, de tes succès ?
- 1995 : Freestyle sur l’album des Sléo : “Ensemble pour une nouvelle aventure”
- 1995 : Compilation “Cool Session”
- 1997 : Compilation L432
- 1999 : Sortie Album : “Black Mama”, et succès du titre “Et Si”” vendu à plus de 500 000 exemplaire.
- 2002 : Album “Hip-hop Therapy”
- 2005 : Album “ Second souffle”
Est-ce que tu pourrais revenir en quelques mots sur le pourquoi de ton absence dans la musique ces dernières années ?
Je devais me trouver en tant personne. Le fait d’être loin de l’industrie de la musique était quelque chose de voulu et de nécessaire. J’ai eu besoin de faire ma thérapie personnelle.
J’ai eu un passé plein de rebondissements : l’accident cérébral, la séparation d’avec mon mari… Ma vie devait correspondre à mes décisions du moment. Je devais m’arrêter et faire un “reset” si je peux dire ça comme ça.
L’intro de ton récent clip commence par une voix de Jacky des Nèg’ Marrons qui scande « c’est son retour ». Ce morceau annonce-t-il un album, une tournée, une suite ? Quels sont tes projets à venir ?
L’intro du morceau annonce bien mon retour. Il y a un deuxième single prévu pour courant mai, puis le dernier prévu à la rentrée. Sortira en même temps l’EP, Un monde meilleur, un ensemble de quatre à six morceaux de musique formant un tout.
Début 2020 sortira un album.
Qu’est-ce qui t’a motivé à revenir dans la musique ?
Je suis une artiste passionnée. Le public m’a donné la possibilité de partager mes pensées, mes réflexions et c’est ce que je fais.
Je crois que j’ai changé durant ces années. Je crois aussi que j’ai des choses à dire, sur la société, sur les valeurs, sur ma vie dans cette société…
Je partage tout ça avec le public.
Tu as donc connu le rap quasiment à ses débuts en France, qu’est-ce qui a changé selon toi par rapport à la scène rap actuelle ?
A l’époque, nous avions une motivation commune, une culture commune importée des États Unis. Même si nous étions dans des “crews différents” on respectait le “MC” (maître de cérémonie, soit le rappeur). On pouvait se rencontrer dans des soirées pour danser sur les enchaînements et les scratchs d’un DJ connu, faire des freestyles ou tout simplement montrer notre style. J’ai l’impression que tout cela est révolu maintenant.
Pourrais-tu me citer quelques artistes rap du moment que tu suis ?
Je n’écoute pas beaucoup de rap, mais j’aime beaucoup Youssoupha et Oxmo Puccino.
Pourquoi penses-tu qu’il y ait si peu de femmes visibles sur la scène rap en France aujourd’hui ?
Réussir dans cette sphère est quelque chose d’assez difficile quand tu es une femme.
Je crois qu’il faut s’entourer des bonnes personnes. La motivation joue un très grand rôle. Il faut s’accrocher pour réussir quelles que soient les épreuves. Mais d’une manière générale, la “femme” a toujours été dans ce challenge. Je crois que même si il faut qu’elle mette les bouchées doubles “elle” se battra jusqu’au bout.
Quel est ton rapport aux féminismes aujourd’hui ? Est-ce que tu te dis féministe, est-ce que tu te reconnais là-dedans ?
Pendant longtemps, quand j’abordais la question des femmes dans mes raps ou le fait que je sois une femme dans le rap, les journalistes avait tendance à me prendre pour une féministe.
Aujourd’hui, je refuse d’être mise dans une case. Le féminisme est un concept très large…
Je suis juste une citoyenne qui aime la justice.
Connaissais-tu Madame Rap ? Qu’en penses-tu ?
Je ne connaissais pas. Pour moi, c’est “faire bande à part” que de créer un magazine juste pour les femmes. Je crois qu’il faut opérer là où les “hommes” opèrent.
Mais je crois aussi que l’époque du ”genre” des MC est révolue. Une rappeuse est un “MC”, point !
Que peux-t-on te souhaiter aujourd’hui ?
Que j’écoute plus de rap français ! Moi, je vous souhaite d’être connu·e·s et reconnu·e·s par vos pairs !
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Propos recueillis par Maëlis Delorme.