Née à Valence en Espagne, la rappeuse/chanteuse Kitty110 vit aujourd’hui entre Burjassot et Godella, dans la Communauté valencienne, et consacre la majeure partie de son temps à la musique. Active depuis 2019, l’artiste nous parle de son nouvel EP 22:22, dans lequel elle explore des sonorités garage, club et drill et de son intérêt pour le rap français.
Te souviens-tu quand et comment tu as découvert la culture hip hop ?
J’ai découvert le hip hop à l’âge de 16 ans quand le rap US est arrivé en Espagne. Mon entourage écoutait 2pac, Wu Tang Clan, Notorious B.I.G., pourtant je n’ai jamais vraiment aimé le rap US et n’en ai jamais écouté. C’est à la même époque que j’ai découvert la musique française et que je me suis focalisée dessus en écoutant des rappeurs comme Booba ou PNL.
As-tu reçu une éducation musicale dans ton enfance ?
Quand j’étais petite, je chantais dans la chorale de mon école et à l’église, ce qui m’a permis d’acquérir des notions de chant. J’ai aussi pris des cours de solfège pendant quelques années parce que j’ai commencé à jouer du violon, même si j’ai très vite arrêté.
Quand et comment as–tu commencé à rapper ?
J’ai commencé à écrire à l’âge de 12 ans, mais ce n’était pas de la musique à proprement parler, c’était des histoires ou de la poésie. Ce n’est qu’en 2018 que j’ai commencé à expérimenter la musique et il m’a fallu un an pour commencer à faire écouter ce que je faisais.
Comment définirais–tu ta musique à des personnes qui ne la connaissent pas ?
Je ne la cataloguerais pas dans un genre particulier, j’aime expérimenter et changer. Je leur dirais de m’écouter pour comprendre qui je suis car dans mes textes je parle du quotidien et de ma vie.
Comment as-tu travaillé sur ton EP 22:22 ?
Pour mon EP 22:22, j’ai décidé de travailler sur de nouveaux genres et pour cela, j’ai fait appel à trois producteurs. Falih, qui a travaillé sur l’afro et le reggaeton, Rvbi qui a travaillé sur la drill, et Rapas, avec qui j’ai expérimenté un peu plus et fait des morceaux qui mélangent du UK garage avec du club ou de l’afro.
En plus de travailler sur de nouveaux genres, je voulais travailler sur le son et la vidéo d’une manière plus professionnelle. La totalité du EP a été enregistrée, mixée et masterisée par Unity23 et les vidéos ont été réalisées par Lowbattery et Laura Lobos.
En bref, c’est un projet qui représente un changement de style, plus de maturité dans le travail et le professionnalisme et une nouvelle étape.
Quelle est la chanson dont tu es la plus fière et pourquoi ?
Je suis fière de toutes les chansons parce qu’elles ont toutes nécessité beaucoup de travail, mais je dirais que ma préférée est « Viernes ». Le rythme et les paroles vont vraiment bien ensemble et expriment exactement ce que je voulais.
Peux-tu expliquer ton processus créatif, pars-tu généralement du texte ou du beat ?
Je n’ai pas de processus créatif spécifique. J’aime écrire beaucoup sur mon téléphone le soir et je sauvegarde des paroles que j’adapte plus tard à un beat. Parfois, je travaille sur le beat ou je vais même en studio et j’écris les paroles sur place. Je fais ce que je ressens à chaque instant et si j’ai des idées très concrètes, je peux faire un morceau en une heure.
Tu te dis influencée par le rap français, notamment par le Jul. Qu’aimes-tu dans sa musique ?
Jul est le dernier rappeur de la scène française que j’ai découvert mais c’est celui qui m’a le plus influencée. Je l’ai rencontré quand je suis allée à Marseille et ce que j’ai le plus aimé dans sa musique ce sont les instrus et le mélange avec le club.
Es-tu en lien avec la scène hip hop valencienne ? Si oui, quelle est l’importance des femmes et des artistes queer sur cette scène ?
Je dirais que je ne fais pas partie de la scène hip hop valencienne parce que ma musique n’appartient pas à ce genre, mais je pense qu’il est essentiel de donner de la visibilité aux femmes et aux artistes queer sur cette scène et toutes les autres.
Te définis–tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?
Oui, je suis féministe. Je pense que le féminisme doit être intersectionnel et n’exclure aucune femme. Et je pense qu’il est important que les artistes prennent position et parlent davantage de ces questions pour leur donner de la visibilité.
Qu’est-ce qui te manque en tant qu’artiste aujourd’hui ?
Je pense que j’ai besoin de plus de ressources pour pouvoir travailler sur ma musique et vivre sereinement sans autres préoccupations qui m’éloignent de mon véritable objectif.
Quels sont tes prochains projets ?
Mes prochains projets sont de travailler sur des featurings et de nouvelles chansons tout au long de l’année. Je veux que 2023 soit une année avec beaucoup de musique.
Que peut-on te souhaiter ?
Cette année, j’aimerais pouvoir proposer plus de shows au public pour me faire connaître davantage et que les gens puissent écouter ma musique. Ça me ferait super plaisir de jouer en France et que cela m’ouvre des portes là-bas.