Figure montante de la scène actuelle espagnole, K1za officie dans la musique depuis l’adolescence. Avec sa voix cassée si reconnaissable, l’artiste madrilène propose un rap hardcore et sensible. Elle nous parle de son parcours, de la solidarité entre rappeuses dans son pays et de son nouvel album prévu pour 2024.
Comment et quand as-tu découvert le hip hop ?
J’ai découvert le hip hop quand j’avais 10 ou 11 ans. En voyant des gens faire des battles et en écoutant Charlie de Bastard Sons, ou avant ça, Crema et des rappeurs américains.
Comment et quand as-tu commencé à rapper ?
J’ai commencé à rapper quand j’avais environ 15 ou 16 ans. Avant, je composais d’autres styles de chansons plus orientées vers le rock ou la pop. Je jouais de la guitare acoustique, puis je me suis mise à l’électrique. Et à partir d’un certain moment, j’ai commencé à rapper.
Quand as-tu créé le personnage de K1za et comment le définirais-tu ?
Plus qu’un personnage, K1za est le surnom que certains de mes amis m’ont donné. K1za a toujours fait partie de moi, Carmen, avant même que je ne fasse de la musique.
Je la définirais comme ma part sombre et aussi probablement comme ma part la plus forte. Celle qui porte toutes les mauvaises choses et qui a heureusement appris à les évacuer à travers la musique.
Comment ta voix cassée est-elle apparue ? Est-ce quelque chose que tu as travaillé ou est-ce que tu as commencé à rapper comme ça « instinctivement » ?
C’est quelque chose que j’ai travaillé. Au début, quand je chantais avec une voix plus proche de ma voix naturelle, je n’arrivais pas à transmettre ce que je voulais avec mes paroles. Et je trouvais que ma voix n’était pas adaptée au message que je véhiculais.
J’ai essayé différentes voix et j’ai trouvé celle-ci. Et là, j’ai vraiment senti que je pouvais transmettre ce que je voulais avec ma musique.
Comment le public espagnol réagit-il généralement à ta musique ?
En général, les gens réagissent très bien. Je pense que le fait de voir une femme raconter ce que je raconte est quelque chose d’impressionnant.
Quel est le titre dont tu es la plus fière à ce jour ?
Il n’y a pas un titre en particulier. Mais je suis très fière de « Cobarde », à cause de toutes les personnes qui ont pu se reconnaître dans cette chanson et parce que je pense qu’elle définit très bien mon style.
Je suis aussi très fière de mon morceau avec Lasole qui s’appelle » Yo Quise Ser « . En termes de travail, je pense que c’est la chanson qui m’a le plus guérie et qui a nécessité le plus de réflexion en termes de composition. Et elle m’est venue très naturellement. Musicalement, c’est la chanson la plus spéciale pour moi.
Comment composes-tu en général ? Est-ce que tu commences-tu par le beat ou par les paroles ?
Je commence toujours par les paroles. Je suis très habituée à écrire, donc le texte sort spontanément avec une forme de rythme, qu’il soit plus rapide ou plus lent, et après je peux l’ajuster.
À chaque fois, les idées me viennent sans que je le veuille ou sans que je les cherche. Une phrase ou un concept surgit et je commence à le développer. Une fois que je l’ai creusé, je cherche un beat qui colle avec les paroles.
Lorsque j’enregistre en studio, c’est la même chose. J’y vais avec seulement un texte, que j’ai parfois déjà répété avec une vidéo YouTube ou autre. Et en studio, nous créons un rythme qui correspond à ce message.
Il y a quelques semaines, tu as sorti le titre « Jaleo » avec les rappeuses Tribade. Comment vous êtes-vous rencontrées et avez-vous décidé de travailler ensemble ?
C’est grâce à Tribade que j’ai fait ma première scène. Elles m’ont invité à chanter lors d’un de leur concert à Madrid il y a quelques années.
À partir de ce jour, nous nous sommes très bien entendues et nous avons récemment décidé de travailler sur une chanson ensemble. Elles sont venues à Madrid pour l’enregistrer, faire le clip et tout le reste. C’était génial.
Es-tu en lien avec d’autres rappeuses espagnoles ?
Heureusement, en Espagne, les rappeuses se serrent les coudes. Je suis amie avec Lasole, comme je l’ai dit, mais aussi avec Anier, Santa Salut, Elane, Lia Kali, et Tribade évidemment. Que des femmes qui savent s’amuser et qui déchirent.
Pour moi, c’est un honneur de faire partie de ces femmes, de développer des relations d’amitié, de se soutenir mutuellement et de pouvoir compter les unes sur les autres.
Te définis-tu comme féministe et/ou queer ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme et/ou ta propre « queerness » ?
Je me considère comme une femme féministe et une femme queer. Une artiste féministe, je ne sais pas. Je parle de ce que je vis et c’est tout. Je n’essaie pas de défendre une quelconque lutte. Je sais qu’il y a des choses que je dis dans mes textes qui relèvent du féminisme, mais je pense que le féminisme est avant tout une attitude.
Évidemment, je suis contre le machisme et cela fait de moi une féministe. Dans mes textes, je dénonce les agressions sexuelles, ou je parle de casser la gueule d’un mec qui a dépassé les limites avec une femme. C’est donc intrinsèquement féministe. Mais je n’essaie pas de me coller une étiquette féministe, c’est ce que je suis naturellement.
Et c’est la même chose avec le fait d’être queer. Je chante l’amour entre femmes et ça donne de la visibilité ou ça aide d’autres personnes à s’identifier. C’est quelque chose qui me vient naturellement, donc je ne passe pas mon temps à essayer de brandir le drapeau LGBT.
Quels sont tes projets à venir ?
En ce moment, mon projet le plus important est un album qui sortira en 2024. Et je travaille très dur dessus.
À part ça, je prépare des collaborations avec des artistes que j’admire beaucoup, et qui sortiront petit à petit.
Il me reste aussi encore quelques concerts avant la fin de l’année. J’espère qu’en 2024 nous aurons la chance d’être programmés à autant de festivals que cette année.
Et sinon, continuer à sortir de la musique avant la sortie de l’album.
Que pouvons-nous te souhaiter ?
Vous pouvez me souhaiter de ne jamais manquer de volonté pour continuer à travailler et à faire avancer ce projet. Parce qu’en fin de compte, je ne crois pas tant à la chance qu’au travail. Il ne faut jamais cesser de se battre pour ses rêves et j’espère ne jamais manquer de force pour me battre.