La rappeuse argentine Sara Hebe nous a parlé de résistance politique, de féminisme et de son quatrième album qui sortira en février 2019.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
Quand j’étais petite, j’ai pris beaucoup de cours de danse hip hop et c’est comme ça que j’ai commencé à m’intéresser au rap. J’ai découvert le rap à l’âge de 13 ans avec les Beastie Boys, les Fugees et avec des artistes argentins comme Attitude Maria Marta, un groupe très politique des années 1990.
Quand et comment as-tu commence à rapper et quels sont les artistes qui t’ont influencée ?
Les artistes que je viens de citer, mais aussi la rappeuse espagnole Mala Rodriguez. J’ai commencé à écrire en 2007, mais c’était du théâtre parce que j’étudiais la mise en scène et l’écriture théâtrale. Aussi grâce à la danse.
Comment décrirais-tu ta musique à des gens qui ne l’ont jamais entendue ?
Je fais de la musique en duo avec Ramiro Jota, mon producteur. On ne définit pas la musique que l’on fait. C’est une sorte de fusion unique. Ça va du punk au rap, en passant par la cumbia. On vient d’un pays de métissage et de colonialisme et tout ça se retrouve dans nos chansons. Il y a aussi des éléments de musiques latino-américaines d’autres pays. On aime tous les genres de musique, nous ne sommes pas des puristes.
Tu as récemment sorti le titre « La noche ». De quoi parles-tu dans ce morceau ?
« La noche » parle du fait de partir sans avoir peur, de laisser les choses se faire, de laisser aller son corps et son esprit et de faire de la danse une forme de résistance politique. C’est-à-dire de danser pour occuper la rue et l’espace, surtout pour les femmes. Nous avons une longue histoire d’oppression sexiste et aujourd’hui, grâce au combat de nombreuses femmes, je renforce et étends la lutte féministe.
Le morceau parle aussi de désir, du fait que j’aime bien quelqu’un et que j’ai envie de danser avec cette personne. Ça parle des femmes qui n’ont pas de préjugés mais aussi de plusieurs autres choses, parce que je n’aborde jamais qu’un seul sujet.
En quoi le hip hop est-il un outil politique ?
Le privé est politique. Si je décide de parler de certaines choses dans mes paroles et pas d’autres, c’est un choix politique. Je ne crois pas que tout le hip hop doit être politique. J’adore la trap et les textes qui n’ont pas forcément d’enjeux sociaux. Bien sûr que le hip hop peut être un outil politique, en fait ça a été une dimension très importante dans notre histoire à nous, quartiers marginalisés. Je crois aussi que la musique accompagne les mouvements sociaux, comme une bande-son…
Quelle place les femmes occupent-elles sur la scène rap en Argentine ?
Il y a beaucoup de rappeuses. Je vous recommande d’aller écouter Kriz Alanis, Sasha Sathya, Negrah Lyah, Dakalachina, Tnxx, et plein d’autres qui font des trucs super.
Dans quel féminisme te reconnais-tu le plus ?
Avec le féminisme populaire. Pas le féminisme marketing. Je crois aussi que nous avons beaucoup à apprendre de l’afro-féminisme et qu’il faut lire bell hooks.
Quelles sont les femmes qui t’inspirent ?
J’essaie d’être la meilleure version de moi-même. Mais de nombreuses femmes m’inspirent. Des journalistes, des chanteuses, des politiciennes… Des femmes qui ont fait de la musique avec passion, des femmes qui continuent à en faire avec passion.
Quels sont tes projets à venir ?
Je sors mon quatrième album en février 2019. Avec des sons de plusieurs beatmakers et produit par Ramiro Jota. J’aimerais aussi aller aux États-Unis. Vous pouvez m’aider ?
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
C’est cool ! On se verra en 2019, on fait des concerts en France !