Originaire d’Anvers, la rappeuse compositrice et chanteuse belgo-portugaise Blu Samu nous parle de ses influences hip hop soul, de la sortie de son premier EP Moka et de sa passion pour Sade.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
Adolescente, quand j’habitais encore à Anvers. J’avais du mal avec l’école, je traînais beaucoup avec des potes et on écoutait énormément de son. Mais pas que du hip hop hein, je suis fan de rock aussi.
Comment as-tu commence à rapper ? As-tu reçu une éducation musicale ?
Je savais que je voulais faire de la musique depuis longtemps, mais j’ai réalisé assez tard que le rap était le meilleur moyen d’exprimer ce que je voulais. J’ai grandi avec ma mère qui écoutait assez peu de musique, je me suis fait ma culture musicale toute seule et via mes potes. Mon premier rap date de mes 19 ans. Depuis, je n’ai plus arrêté d’écrire.
Tu viens de sortir ton premier EP Moka. Comment décrirais-tu ce projet ?
C’est un condensé de ce que j’ai pu expérimenter depuis que j’habite à Bruxelles (un an et demi). Je commence à peine à me créer mon univers, je m’essaie de plus en plus au chant… Disons que c’est un échantillon très brut de tout ce que j’explore actuellement. Je suis super étonnée de l’accueil qu’il reçoit, j’ai vu qu’on m’écoutait jusqu’en Corée (rires)!
Le projet, et notamment le single « Sade Blu », mêlent rap, soul et jazz. D’où viennent ces différentes influences ?
C’est réellement un petit hommage à Sade qui fait partie des artistes que j’admire le plus au monde. Vous avez entendu qu’elle bossait sur un album?! J’ai évidemment aussi beaucoup écouté Lauryn Hill, Erykah Badu, Missy Elliot, Beyoncé,… toutes les reines quoi. Ça vient surtout de là.
Quelle place les rappeuses occupent-elles sur la scène belge?
On commence à se faire entendre ! Coely a lancé le mouvement, aujourd’hui il y a aussi les Juicy qui sont capables de donner quelques leçons de flow aux garçons, Miss Angel qui vit à Anvers est super forte! Les révélations vont continuer à arriver, je le souhaite de toutes mes forces !
Qui sont tes rôles modèles ?
Ma maman qui a tout donné pour mon éducation et qui est encore très présente pour moi aujourd’hui. Je lui ai donné beaucoup de fil à retordre… aujourd’hui je veux la rendre fière. Mes colocataires du 77 (Rayan, Morgan, Peet et Félé Flingue) qui m’ont ouvert tellement de portes et m’ont fait énormément progresser depuis que je les ai rejoints. Tous ceux qui m’ont permis d’être où j’en suis aujourd’hui, je leur dois tellement…
Te définis-tu comme féministe ?
Oui et non. Oui parce qu’il est primordial que l’égalité des droits entre les hommes et les femmes soit défendue et revendiquée partout où c’est nécessaire. Je ne me sentirai jamais inférieure à un homme quelle que soit la comparaison établie. Non, parce que je crois qu’aujourd’hui le féminisme souffre de ses mauvaises interprétations/utilisations. Il faut faire attention à la manière dont on défend la cause des femmes, au risque de créer l’effet inverse. C’est un sujet sérieux, pas une mode.
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Nathy Peluso, OSHUN, Shaka Shams, Miss Angel, J.I.D.,…
Quels sont tes projets à venir ?
Je bosse déjà sur la suite de MOKA et j’ai beaucoup de dates jusqu’à l’automne. Musique, musique, musique ! Et profiter des miens dès que possible.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
C’est très cool! J’ai vu que vous faisiez découvrir des artistes du monde entier. À améliorer je ne sais pas mais pourquoi pas lancer un festival Madame Rap ? Ou une compilation ? Je serais super chaude !