Flash Marley est la première rappeuse à sortir un album au Togo. L’artiste nous a expliqué pourquoi son projet La Madre, prévu pour début novembre, représente une mini révolution dans son pays et comment elle définit son féminisme.
Quand et comment as-tu commencé à rapper ?
J’ai découvert le hip hop en 2013 par le biais de mon grand frère. Au début, j’écrivais des poèmes et je dessinais. À la base, c’était ma véritable et très chère passion. À l’époque, mon frère Diff Plies était rappeur (il est toujours artiste à l’heure actuelle mais s’investit plus dans l’afro dance hall). Je lui fais un coucou au passage ! Lorsque je suis arrivée au lycée, je restais lors des pauses avec mon frère et ses amis. La plupart du temps, ils faisaient des freestyles. J’étais toute timide à l’époque, je n’osais pas sortir un mot, mais dans ma tête, il fallait voir les disques que je produisais (rires) !
Un soir, lorsque je suis rentrée à la maison, je me suis encore assise devant ma table de nuit et je me suis mise à rédiger un poème. D’un coup je me suis dit, « pourquoi ne pas rapper ce que j’ai écrit ? » Et c’est de là que tout est parti ! J’ai fait un petit a capella et je l’ai fait écouter à mon petit frère qui m’a aussitôt encouragée (un big up à lui aussi en passant). Depuis ce jour, quand j’étais en classe, je ne faisais qu’écrire parce que j’aimais vraiment ce que ça procurait en moi. J’ai commencé à rapper officiellement à partir de 2015.
Tu sors début novembre l’album La Madre, ce qui fait de toi la première rappeuse à sortir un album au Togo. Quelles difficultés les rappeuses rencontrent-elles dans ce pays et comment as-tu réussi à faire aboutir ce projet ?
Dans mon entourage, ce n’est pas du tout facile de se positionner en tant que rappeuse. Parfois, lorsque d’autres voient que tu as du talent, d’autres voient juste que tu as un beau corps à travers ton habit (rires). Alors, pour imposer le respect, il faut beaucoup prier et travailler sans relâche ! Il faut faire ses preuves à chaque instant, saisir les occasions qui se présentent.
La principale difficulté des rappeuses au Togo est le manque de soutien et d’attention de la part des confrères. Les gens ne sont pas encore totalement habitués aux rappeuses. Je pense que c’est ce qui pousse mes sœurs à raccrocher en chemin malgré le talent qu’elles possèdent !
J’ai réussi cet album grâce à Dieu, à mon staff, à ma famille et mes amis, à mes fans qui sont là depuis le début et à plein de personnes qui me soutiennent dans l’ombre. Pour être honnête, ça n’a pas été facile du tout, mais avec mon équipe, on s’est toujours rappelé pourquoi on avait commencé et tous ceux qui croient en nous. On a donc prié et on a continué le travail !
Quels sont les thèmes que tu abordes dans cet album ?
À travers cet album, je raconte mon histoire. Je parle des femmes en général et de tout ce à quoi elles sont confrontées. La femme est à l’honneur !
A quoi ressemble la scène des rappeuses au Togo ? Es-tu en lien avec d’autres artistes ?
Il y a deux ans, la scène était mouvementée et d’un coup, elle s’est mise à stagner. Mais actuellement, j’apprécie l’effort des promoteurs et organisateurs pour y remédier. Et oui, je suis en lien avec d’autres artistes. On s’entend bien, et c’est tout ! Pour la petite info, j’ai invité deux superbes et talentueuses artistes de la région sur mon album. J’en profite pour leur faire un gros S/O (shout out) ainsi qu’à toute leur équipe.
Qui sont les femmes qui t’inspirent ?
Il y a plein de femmes qui m’inspirent, je ne pourrais pas les citer toutes, mais je vais en citer quelques-unes : ma mère tout d’abord, qui m’inspire chaque jour parce que son amour m’a transformée et me pousse à devenir meilleure, Angélique Kidjo, que j’ai toujours admirée depuis toute petite, sa personnalité me fait fondre. Ingrid Awade, qui est une grande dame de mon pays (d’ailleurs je lui fais une dédicace sur mon album). Ou encore Victoire Dogbe, une femme politique qui mérite d’être respectée.
Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton féminisme ?
Oui, j’ose me définir comme tel ! Je soutiens ardemment le fait que les femmes soient un canal par lequel beaucoup de changements transitent. Elles jouent un rôle très important dans la société. Sans elles, la société serait incomplète. Feindre de ne pas voir ce qu’elles lui apportent, c’est être ailleurs dans ses pensées ! Même un nouveau-né connaît l’importance d’une femme dans la société ! Les femmes sont capables, et c’est ce que je m’efforce de montrer avec ma carrière !
Quels sont tes projets après ce nouvel album ?
Vu que cet album est le tout premier du genre dans mon pays, l’objectif visé est vraiment grand !
Que peut-on te souhaiter ?
Plus de lumière ! Et beaucoup d’argent …
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer ou améliorer ?
Madame Rap est une très belle initiative. Des projets du genre sont assez rares ! J’ai confiance en tout ce que vous pouvez faire et vous souhaite, de toucher encore plus de monde par votre abnégation !
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