Ettijah est le premier groupe de rappeuses palestiniennes basé dans un camp de réfugiés. Fondé en 2013, le trio composé de Dalya Ramadan, 18 ans, Nadeen Odeh, 17 ans, et Diala Shaheen, 16 ans, vit à Dheisheh, un camp situé au sud de Bethléem en Cisjordanie et administré par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Les trois rappeuses nous ont parlé de leur parcours dans le hip hop et de leurs combats quotidiens.
Comment avez-vous commencé à rapper ?
Nous avons suivi le programme de l’association caritative Musicians Without Borders, en 2011 et 2012. En 2013, nous avons rejoint un groupe de rap composé de neuf filles à Shoruq, (une ONG fondée en 2012 dans le camp de Dheisheh, N.D.L.R.).
Notre premier coach Mohammed Azmi nous a appris à rapper et à développer notre technique. Par la suite, nous avons décidé de lancer notre propre groupe Shoruq Rap Girls et il y a trois ans, nous l’avons rebaptisé Ettijah.
Comment le groupe Ettijah a-t-il été fondé ?
Le groupe a été fondé pendant un camp d’été en 2013. Nous avons participé à ce programme et à la fin, nous avons continué à utiliser le matériel et les studios d’enregistrement mis à disposition par Shoruq. Nous avons reçu le soutien de plusieurs personnes, ce qui nous a permis de continuer. Notre coach actuel est Nadim Alayaseh.
Quel•le•s artistes écoutiez-vous en grandissant ?
Nadeen Odeh : Shadia Mansour, DMAR et Future.
Diala Shaheen : Eminem et Big Sam.
Quels messages souhaitez-vous véhiculer avec votre musique ?
Nadeen Odeh : Notre rap parle des défis quotidiens que nous devons affronter : l’occupation, les attaques nocturnes, les check points, les droits des femmes et les traditions et restrictions auxquelles les femmes doivent faire face.
Diala Shaheen: Nous parlons des droits humains de différents points de vue, de liberté et de la manière dont les gens se jugent entre eux sans se connaître.
Existe-t-il beaucoup de rappeuses en Palestine ? Êtes-vous en contact avec d’autres artistes ?
Oui, il y a Shadia Mansour, les filles de DMAR et Safaa Hathot, mais aujourd’hui Ettijah est le seul groupe de rappeuses actif. Nous sommes les seules rappeuses issues d’un camp de réfugiés en Palestine et les seules à avoir commencé à rapper quand nous étions jeunes.
Nous avons rencontré DMAR cette année et Shadia Mansour plusieurs fois à Shoruq il y a deux ou trois ans.
Vous définissez-vous comme féministes ? Si oui, comment définissez-vous votre propre féminisme ?
Nadeen Odeh : Je ne me définis pas comme féministe mais je parle des droits des femmes dans mes raps et défends les autres femmes.
Diala Shaheen: Non.
Quels sont vos rôles modèles ?
Nadeen Odeh : Chaque femme qui résiste et qui essaie de défendre ses droits.
Diala Shaheen : Pourquoi est-ce que je devrais avoir des rôles modèles ? Je suis moi-même un rôle modèle.
Quels sont vos projets à venir ?
Nous travaillons actuellement sur trois nouveaux morceaux. L’un d’eux s’appelle Ettijah et raconte notre parcours dans le rap depuis sept ans. Il y a aussi un clip sur lequel nous allons commencer à travailler en janvier. Nous essayons également de mettre en place une tournée aux États-Unis pour l’été prochain.
Que pensez-vous de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Nadeen Odeh : C’est génial parce que ça nous permet de découvrir d’autres rappeuses et nous donne l’opportunité de raconter notre histoire et d’être fortes avec d’autres femmes dans le monde. Ça nous aide à continuer notre chemin en tant que jeunes rappeuses. Néanmoins, je serais contente de ne pas voir le nom de l’occupant sur votre site.
Diala Shaheen : J’aime bien ! Je vous suggère de publier plus de chansons sur votre plateforme et des articles sur les événements et les concerts à venir et aussi de développer plus de coopérations avec des rappeuses.