La rappeuse islandaise Countess Malaise nous parle de son dernier single That Bitch, extrait de son prochain album « All By Myself », et de son féminisme « pro-sexe, radical, honnête, vulnérable.«
D’où vient le nom Countess Malaise ?
À l’époque où je réfléchissais à un nom de scène, j’étais en train de lire une BD intitulée Modesty Blaise et je traînais en studio avec mon ex Lord Pusswhip. Je plaisantais en disant « tu penses quoi de Modesty Blaze ? » et il m’a répondu « Countess Malaise » ? J’ai décidé de regarder ce que signifiait le mot « malaise » (une sentiment global d’inconfort ou de maladie dont la cause exacte est difficile à identifier) et je me suis dit « OK, c’est exactement ce que je ressens en permanence, donc je crois que je vais m’appeler comme ça. »
Parfois, je me dis que je devrais peut-être changer de nom parce que je n’ai pas envie de ressentir ça, mais j’ai l’impression que le message aujourd’hui est davantage devenu « je suis écœurante ».
Quand et comment as-tu découvert le hip hop et comment as-tu commencé à rapper ?
C’est une super longue histoire, je vais essayer de faire court. J’ai découvert le hip hop par mes oncles, la télé et la radio. J’ai grandi avec du karaoké à la maison et chanter et performer a toujours fait partie de ma vie. Dès le plus jeune âge, j’ai commencé à écrire des histoires et des poèmes sur ma vie. J’avais des carnets remplis de dessins et de textes dans des boîtes.
Mais à l’âge de 19 ans, je me suis retrouvée dans une relation abusive avec un homme violent et obsessionnel. J’ai arrêté d’écrire pendant longtemps, et quand je suis finalement sortie de cette relation abusive, hantée par des troubles de stress post-traumatique, j’ai recommencé à traîner avec Pusswhip et à écrire. On a commencé à faire de la musique ensemble et à croire l’un en autre.
C’est comme ça que ça a commencé. Le fait d’écrire, de rapper et de performer m’a poussé à continuer à me battre malgré la douleur et les souvenirs.
Quel titre conseillerais-tu d’écouter en premier à quelqu’un qui veut découvrir ta musique ?
That Bitch. Parce que ça claque et c’est à la fois sauvage et vulnérable. Ou un vieux cru comme Goddam I love my man. Parce que ça montre mon côté plus doux, et j’y parle explicitement de sexe, du fait d’être amoureuse et de me sentir profondément aimée.
Tu viens de sortir le titre That Bitch. Est-ce qu’il annonce la sortie d’un nouveau projet ?
Oui, c’est le single de mon prochain projet “All By Myself”. J’avais prévu de le sortir pour Halloween, comme mon précédent projet “Hystería”, mais cette année a été tellement merdique que j’ai décidé de sortir d’abord That Bitch et de repousser la sortir de l’album à début 2021. Mais ça va arriver vite !
Tu dénonces régulièrement le sexisme et la culture du viol dans tes textes. En quoi le rap représente t’il un outil pour exprimer tes idées féministes ?
Le rap vient initialement de l’oppression subie par les Noirs et de leur besoin de faire entendre leurs voix et de se faire respecter. Les femmes et les BIPOC (Black Indigenous People Of Color) sont encore là-dedans aujourd’hui, à se battre pour leurs droits… Donc c’est naturel d’utiliser l’un des genres musicaux les plus influents pour véhiculer ce message et continuer à lutter contre un système sexiste et raciste en tous points.
Comment définirais-tu ton propre féminisme ?
LGTBQ+, BIPOC, radical, honnête, vulnérable et pro-sexe.
Qui sont tes rôles modèles ?
Missy Elliott, Björk, Lisa “Left Eye” Lopez, Gangsta Boo, La Chat et The Lady of Rage.
Y-a t’il beaucoup de rappeuses sur la scène hip hop islandaise ?
Il y a peu de femmes. Peu de choses se passent en ce moment en tout cas. Mais je ne me limite pas à l’Islande. J’ai des sœurs dans le monde entier et je veux être internationale.
Quels sont tes projets à venir ? En quoi la pandémie de coronavirus impacte tes activités ?
Je travaille sur les clips et le merchandising de “All By Myself”. Aussi sur des collaborations avec des artistes mortels, principalement via internet.
Le coronavirus a foutu mes plans en l’air, mais comme le dit un proverbe de chez nous, le désespoir apprend à une femme nue à coudre.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je suis très enthousiasmée par Madame Rap. Je trouve qu’une plateforme dédiée aux LGBTQ+ dans le hip hop/le rap est vraiment un super moyen de construire un sentiment de communauté et de découvrir des artistes.
Je trouve que ce serait génial d’avoir une liste de producteurs sur votre site. J’ai aussi envie de voir plus de producteurs femmes et LGBTQ+ !
Retrouvez Countess Malaise sur Facebook, Instagram et YouTube.