« Brûler de désir et de colère, d’ardeur et de détermination« , tel est le leitmotiv du festival féministe queer et incandescent Comme Nous Brûlons qui revient pour sa troisième édition à La Station à Paris, au cinéma Le Studio à Aubervilliers (93) et au Landy à Saint-Denis (93). Au programme, des concerts, des arts visuels, des performances, des projections et des ateliers, où les rappeuses sont à l’honneur.
Loren Synnaeve, l’une des co-fondatrices du festival qui s’organise en hiérarchie horizontale, nous en dit davantage sur cet événement à la fois festif et politique.
Comment est né ce festival ? Et surtout pourquoi ?
Fin 2016, La Station a proposé à feu Brigade du Stupre, collectif féministe festif, de prendre un des temps forts de sa saison. À l’appel de Brigade, on s’est retrouvées à 40 meufs et trans dans un salon un dimanche en ramasse, et de là est née l’envie de faire un festival. Il nous semblait important de montrer qu’on peut faire la fête de façon politique et engagée et de proposer des artistEs ou intervenantEs qui le sont toutes autant. C’est un festival organisé à 100% par des femmes et identifiées femmes, avec une programmation à 99.99% femmes et identifiées femmes, pour un public mixte. C’est aussi une façon de montrer que les artistes sont là et que les fausses excuses n’ont pas lieu d’être pour celleux qui trouvent qu’il « n’y a pas assez d’artistes féminines ».
Pourquoi ce nom « Comme Nous Brûlons » ?
Trouver le nom du festival nous a pris plusieurs heures de brainstorming qui ne menaient à rien, jusqu’à ce que l’une d’entre nous nous sorte qu’elle avait rêvé qu’on s’appelait « Comme Nous Brûlons » et là, ça été la révélation.
Votre festival a lieu en Seine-Saint-Denis. En quoi ce territoire est-il compatible avec votre démarche ?
C’est à la fois un pur hasard, puisque La Station nous a ouvert ses portes, et à la fois un territoire extrêmement intéressant en termes de rapport hommes-femmes. Déjà, avec la situation des migrant·e·s, auprès desquel·le·s toutes les équipes de La Station font un énorme travail, ensuite avec Aubervilliers, qui est connu pour être un endroit sensible, terrain de beaucoup d’associations qui font un boulot remarquable. On avait pour ambition de renforcer ce lien avec le territoire, mais malheureusement on n’a pas vraiment eu le temps de le creuser jusqu’à maintenant.
Absence de femmes à la tête des grosse majors, très peu de femmes productrices en France, agressions sexuelles dans les festivals… La place des femmes dans la musique, ce n’est pas encore ça. Selon vous, quels combats sont les plus urgents à mener ?
Certes, il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais il y a aussi une véritable prise de conscience comme on peut le voir avec F.E.M.M. (Femmes Engagées dans les Métiers de la Musique), les campagnes de sensibilisation dans les lieux ou festivals, la parole qui se libère… Tout est lié, donc il n’y a pas vraiment lieu d’établir un ordre d’urgence des combats, il faut revoir le système en profondeur, et alors, les choses commenceront à aller mieux à tous les niveaux. Sans compter l’éducation, qui est évidemment primordiale.
Dans quel courant féministe vous reconnaissez-vous le plus ? Pourquoi ?
Comme Nous Brûlons compte 19 membres officielles, et tout autant de satellites qui nous filent des coups de main ponctuels. On a donc l’habitude de dire qu’on a 19 féminismes différents et il est donc difficile de répondre à cette question, sauf pour les grandes lignes : intersectionnel et anti-abolitionniste.
Qui sont vos rappeuses fétiches ?
Avec 19 personnes dans le collectif, il y a pour tous les goûts. On peut citer Countess Malaise, rappeuse islandaise qu’on a invitée l’an dernier et qui a mis le feu sur scène. Cette année, c’est au tour des madrilènes d’IRA qui vont enflammer le dimanche aprèm. Et je crois qu’on a toutes eu un énorme coup de cœur pour BbyMutha, mais qui malheureusement vient des États-Unis, donc on a pas pu l’inviter cette année, faute de budget.
Quelles sont les femmes qui vous inspirent ?
Chacune a ses propres héroïnes en fonction de ses expériences, de son vécu, mais on est unanimement fans de Myss Keta, qui résume bien notre démarche festive & engagée en même temps, de Ramona, de l’association Acceptess-T, qui est intervenue sur la question de la prostitution l’an dernier.
Que peut-on vous souhaiter ?
Une troisième édition réussie, pas seulement en termes d’affluence, mais aussi, et surtout, en termes d’ambiance. Les mots d’ordre sont respect, bienveillance, engagement et festivités : on espère que ça transparaitra dans le public comme les années précédentes, voire encore plus !
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