Figure montante de la scène rap bruxelloise, Boa Joo nous parle de son parcours dans le hip hop, de son féminisme et de ses projets.
Comment as-tu découvert la culture hip hop pour la première fois ?
C’est difficile de dire quand exactement, mais je pense que c’est quand j’étais petite sur MCM et MTV.
Quand et comment as-tu commencé à rapper ?
Il y a deux ans maintenant. Faire de la musique, c’est quelque chose dont je rêve depuis au moins l’âge de 8 ans, mais je n’ai jamais osé me lancer avant très récemment. J’écoute beaucoup de rap à la base mais, petit à petit, j’ai commencé à être dérangée d’écouter des hommes parler toujours des mêmes choses. J’ai eu envie d’écouter quelqu’un qui aurait un discours qui pèserait dans la balance. Je me suis dit que cette personne pourrait être moi. Ça a été le déclic dont j’avais besoin.
Tu rappes et tu chantes. Est-ce que tu as développé les deux activités en même temps ou est-ce qu’elles sont venues à des moments différents ?
Oui, j’ai développé les deux en même temps. J’aime bien la forme du rap aujourd’hui. On a gardé les flows propres au rap mais on a ajouté de la mélodie. Faire les deux en même temps me convient bien. D’ailleurs, même si je chante un peu plus dans certains sons et rappe un peu plus dans d’autres, je ne vois pas trop l’un sans l’autre pour le moment.
Quels artistes écoutais-tu quand tu étais petite?
J’écoutais les trucs mainstream qui passaient à la télé… Du genre Tragédie, les Destiny’s Child, Shakira, les Pussycat Dolls, Eminem, Booba, Diam’s, Snoop Dog, et beaucoup d’autres.
Dans ton titre Leurs mamans, tu dis « ils sont tous misogynes, mais ne t’en prends pas à leurs mamans« . Qui sont « ils » ?
Je parle des hommes qui ont baigné dans la culture du rap. Je trouve assez ironique que dans leurs textes les femmes aient soient le rôle de p** qu’ils méprisent, soit de leur mère qu’ils aiment plus que tout. La phrase m’est venue après avoir traité un rappeur qui avaient des propos sexistes de fils de p**. Il était outré que je m’en prenne à sa maman.
Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?
Oui. Dans ma musique, l’aspect sur lequel je me concentre pour le moment c’est de casser les stéréotypes liés aux genres. Je suis une femme féministe hétérosexuelle, ce qui ne m’empêche pas d’être aussi vulgaire et trash qu’un homme dans mes lyrics. Je revendique tout simplement le droit d’être aussi médiocre qu’un homme.
De manière plus générale, je suis une féministe intersectionnelle. J’estime que les femmes, selon leurs appartenance sociales, ethniques ou religieuses, n’ont pas toujours les mêmes préoccupations face au sexisme. Par exemple, une femme noire va subir un sexisme qui va aussi être raciste parfois.
Tu as remporté le concours “Girls On Stage” organisé par Mouv’ en 2019. Que t’ont apporté cette victoire et cette expérience ?
J’ai fait une scène dans les locaux de Radio France. C’était une expérience très prestigieuse à mon niveau.
Quelles sont les femmes qui t’inspirent?
Il y en a beaucoup. Pour en citer quelques-unes, Lauryn Hill, M.I.A, Christiane Taubira, Fatou Diome, Rihanna, Little Simz.
Quels sont tes projets à venir ?
Je viens de sortir le titre Shabondy et j’ai un projet à venir. Malheureusement avec le confinement les échéances sont un peu perturbées.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je trouve le concept assez cool. Ça donne une visibilité aux femmes dans le rap. Ça m’a permis de découvrir certaines artistes dont je n’avais jamais entendu parlé.