Comment visibiliser davantage les journalistes africains et permettre que leur parole soit entendue sans intermédiaire ? Telle est la mission que s’est lancée Elsa Miské, co-fondatrice du projet Slice Up, qui propose des formations pour redonner la voix à l’Afrique dans les médias.
Alors que les formations en journalisme sur le continent africain sont rares, manquent de ressources et n’intègrent pas le numérique dans leurs programmes, les jeunes journalistes se retrouvent souvent dépendants des vieux médias et peinent à créer des espaces médiatiques autonomes.
Pour y remédier, Elsa Miské et son associé Nicolas Baillergeau ont lancé Slice Up l’année dernière à Nouakchott, en Mauritanie. « Nous avons animé une semaine d’ateliers et comme ça s’est bien passé, nous avons décidé de reproduire l’initiative dans d’autres pays et de créer une association pour porter ce projet », explique Elsa Miské. La structure propose ainsi de former de jeunes journalistes africains indépendants à créer des contenus vidéo efficaces, afin d’encourager l’émergence de nouveaux récits sur l’Afrique, portés par les premiers concernés.
La co-fondatrice de Slice Up est elle-même d’origine mauritanienne, même si cela ne se voit pas. C’est ce que l’on appelle le « passing » (le fait qu’une personne soit considérée en un coup d’œil comme membre d’un groupe social autre que le sien). Petite-fille de l’homme politique et intellectuel Ahmed Baba Miské, décédé à Paris en mars 2016, et fille de l’écrivain et réalisateur Karim Miské, Elsa Miské se retrouve régulièrement confrontée à des situations d’incompréhension quand elle parle de ses origines africaines, comme elle le raconte dans cette interview ici.
Une dizaine de journalistes mauritaniens ont déjà participé à la formation Slice Up et ont réalisé trois reportages à destination du web. Pour promouvoir cette campagne, l’association a sorti une websérie d’interviews de personnalités de la diaspora qui ont un point de vue sur « les médias et l’Afrique ». Parmi elles, on retrouve la comédienne Aïssa Maïga, la réalisatrice et journaliste Rokhaya Diallo, l’animateur de radio et de télévision Claudy Siar, l’écrivain et musicien Felwine Sarr et l’animateur de radio Soro Solo …
Enfin, ce projet peut aussi permettre de visibiliser les femmes, qui se retrouvent confrontées à la double peine du sexisme et du racisme. « Cela peut participer à l’empowerment des femmes », estime Elsa Miské. « Je constate d’ailleurs souvent qu’elles sont très douées techniquement. A Nouakchott, on avait une pro du montage âgée de 20 ans ! »
Afin de financer une prochaine formation au Togo en 2018, Slice Up a lancé une campagne de crowdfunding que nous vous invitons fortement à soutenir pour promouvoir une information plus équitable et représentative de notre société !
Retrouvez Slice Up sur son site, Facebook, Twitter, YouTube et Instagram.