Madame Rap a rencontré Marine Dubois, Présidente de l’Association Get There, qui organise une soirée 100% rap féminin le 11 mars au Centre Vercingétorix à Paris 14e.
Comment as-tu découvert le rap et depuis quand en écoutes-tu ?
Je viens d’une famille de musiciens, plutôt orienté rock, et c’est la base de ma culture musicale. Petite, je pouvais m’endormir en écoutant AC/DC. Mon premier contact avec le rap, c’est difficilement avouable ! C’était en 1998 avec Panique Celtique de Manau, dont je ne sais comment j’ai eu la cassette… J’adorais cette vibe celtique et ce phrasé, ça me changeait de Céline Dion (dont j’avais aussi la cassette, mais celle-là je sais d’où elle vient ! ). Cette anecdote mise à part, mon vrai coup de foudre avec le rap remonte à mon entrée au collège, vers 2001, où j’ai découvert Sniper, Arsenik, la Mafia K’1 Fry... Et tout ce qui représente aujourd’hui ce qui s’est appelé « l’âge d’or » du rap français… A cette époque, je ne jurais que par Skyrock. En grandissant, je me suis intéressée à d’autres styles, à d’autres univers, et c’est très important pour moi de sortir encore de temps en temps du « 100% rap », je suis fière de cet éclectisme. Mais j’ai toujours laissé une oreille traîner sur le rap, c’est la musique qui me parle et me touche le plus, celle à laquelle je veux me consacrer entièrement…. C’est ma passion !
Comment est née l’idée d’un festival 100% hip hop féminin dans le 14e arrondissement à Paris ?
Dans le cadre de mes études, j’ai effectué un stage dans une association du 14ème arrondissement de Paris, CASDAL14, durant lequel j’ai notamment pu organiser un concert pour la fête de la musique l’année dernière. J’ai beaucoup aimé cette expérience, et j’ai gardé de très bons rapports avec ma responsable de stage, Claire, qui est coordinatrice du Pôle Jeunesse de cette association.
Il y a 3 mois, je travaillais à l’école sur un projet qui m’a déclenché cette envie d’organiser un concert de rap 100% féminin. J’en ai parlé à Claire, qui m’a immédiatement répondu que ça l’intéressait. On a choisi la date symbolique du 11 mars, qui clôture la semaine de l’égalité homme/femme. Le choix de l’artiste principale s’est également fait assez naturellement. J’avais découvert KT-Gorique avec le film Brooklyn, que j’ai adoré. Au vu de sa participation à votre compilation « Still I Rise » contre les violences faites aux femmes, j’ai espéré très fort qu’elle soit disponible. Elle l’était et était intéressée par le projet !
Mais j’ai surtout eu beaucoup de chance que Claire me fasse confiance pour cette première date, qui m’aurait été bien plus difficile à monter sans son aide et son soutien.
Tu as fondé l’association Get There en 2016. Quels sont ses objectifs et qui sont ses membres ?
Durant ma première année à l’l’Institut de Métiers de la Musique (IMM), je me suis particulièrement intéressée au management et à l’accompagnement d’artistes, et c’est de là que m’est venue l’envie de monter une asso dans ce domaine.
Get There Association a deux missions principales : la première est l’accompagnement et le développement d’artistes hip hop, la deuxième est l’organisation d’évènements hip hop ( expositions, concerts, spectacles de danse… ). J’ai déjà commencé à accompagner un groupe de rap du 14ème et un rappeur solo, c’est une super expérience. A plus long terme, j’avais aussi pour envie de monter des ateliers, des conférences même peut-être, autour de la culture hip hop, mais j’attends pour ça d’évoluer, et de fédérer toujours plus de gens autour du projet. Pour l’instant nous ne sommes que deux : j’ai avec moi une trésorière, qui gère l’administratif principalement, et qui n’est pas issue du milieu de la musique. D’ailleurs, si le projet intéresse des lectrices et lecteurs, qui voudraient participer à la croissance de Get There…
Que penses-tu de la place des femmes dans le rap en France ?
J’aimerais voir plus de femmes rapper, évidemment, et j’ai pour souhait depuis la phase de réflexion même de Get There, d’accompagner et développer une rappeuse. Et même si je n’ai pas envie de faire de Get There une asso féministe ou exclusivement féminine, parce que j’aime trop le rap masculin pour ça, il est clair pour moi que je souhaite continuer à promouvoir la place de la femme dans le rap. Et j’observe avec beaucoup de plaisir le succès et la notoriété grandissants de femmes comme Shay ou Sianna, et l’engouement qu’elles peuvent susciter, quand il y a encore quelques années Diam’s avait laissé un vide à combler sur les ondes. J’espère que cela va encourager toujours plus de femmes à se lancer… Rendre visibles et donner la parole aux rappeuses du monde entier, c’est essentiel.
RDV le 11 mars ! Pour acheter des places c’est ici.