Catégories Articles/Vidéos

Au-delà du boys’ club : le parcours des femmes dans le rap indien

Publié le

A l’instar de tous les autres pays, le rap en Inde a longtemps été considéré comme un boys’ club. Pourtant, les rappeuses talentueuses ne manquent pas et sont ont fait leur apparition dès les années 2000.

Au début des années 2000, Hard Kaur se démarque rapidement grâce à ses performances énergiques et ses collaborations avec la scène de Bollywood. Bien que d’origine tamoule/sri lankaise et de nationalité britannique, M.I.A. a également profondément influencé la diaspora sud-asiatique et inspiré de nombreux artistes indien·nes.

Trouver sa voix

Les années 2010 marquent un tournant, avec une augmentation du nombre rappeuses et une visibilité accrue des femmes dans le rap indien. Des artistes telles que Raja Kumari, Dee MC et Sofia Ashraf se retrouvent sous les projecteurs, et utilisent leur musique pour évoquer l’égalité des sexes, le changement sociétal et le militantisme environnemental.

En 2014, le titre de Sofia Ashraf « Kodaikanal Won’t » attire l’attention nationale sur la crise de l’empoisonnement au mercure à Kodaikanal.

La diversité sur le devant de la scène

Une nouvelle vague de rappeuses insuffle au rap indien une diversité linguistique et régionale sans précédent : Siri, Navz-47 et Irfana rappent dans plusieurs langues (kannada, tamoul, anglais et français), reflétant le la richesse du tissu multiculturel de l’Inde. Alors qu’Irfana traite de thèmes liés à la culture musulmane, au féminisme et à l’antifascisme, Navz-47 séduit un public international grâce à son rap trilingue.

Wild Wild Women

Une étape décisive est franchie en 2020 avec la formation de Wild Wild Women, le premier collectif hip hop entièrement composé de femmes dans le pays. Basé à Mumbai, le groupe (composé de HashtagPreeti, Krantinaari, MC Mahila, JQueen & Pratika) aborde sans détour des sujets tels que la santé mentale, l’émancipation des femmes et les préjugés patriarcaux.

Les morceaux « Game Flip » et « Uddu Azad » remettent en question les stéréotypes de gerne et encouragent les femmes à s’exprimer librement. Le collectif organise également des cyphers et des programmes de sensibilisation afin d’encourager et d’inspirer la prochaine génération de femmes dans le hip hop.

Étoiles montantes

Les rappeuses indiennes poursuivent leur expansion avec Mrunal Shankar, Shia, Meba Ofilia et Reble, qui se frayent chacune leur propre chemin. Originaire de Shillong, Meba Ofilia remporte le European Music Award de la Meilleure artiste indienne avec son premier single. Pour sa part, Mrunal Shankar se fait remarquer grâce à des collaborations avec des rappeurs masculins de renom et à des performances live électrisantes.

La lutte continue

Aujourd’hui, malgré des progrès indéniables, les rappeuses indiennes doivent encore surmonter des obstacles importants, allant du scepticisme familial aux préjugés persistants de l’industrie. Beaucoup se sont battues avec acharnement pour être reconnues et acceptées, jonglant souvent entre leur travail quotidien et leurs aspirations musicales.

Cependant, leur visibilité croissante et leur succès croissant font progressivement évoluer les mentalités et ouvrent la voie aux futures générations de femmes dans le rap indien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *